vendredi 19 avril 2024

A LIRE : « Les fondations de la science de la guerre », de JFC Fuller

fULLER GUERREAu mois de juin 1963, le Brigadier John Stephenson, administrateur du fameux Royal United Service Institution, RUSI, annonce au Major-general en retraite John-Frederick-Charles Fuller qu’avec Liddell Hart il recevra conjointement la Chesney Gold Medal. Fuller est alors âgé de 85 ans. Cette distinction représente pour lui la seconde médaille d’or puisque en 1919 il avait déjà remporté la médaille d’or du RUSI pour son étude The Application of recent developments in mechanics and other scientific knowledge to preparation and training for future war on land. Mais en cette année 1963, cette seconde médaille constitue pour la première fois LA véritable accolade de la communauté militaire anglo-saxone. Après Mahan, Corbet et Churchill, Fuller voit l’ultime récompense de ses travaux dévolus à l’avancée de la science militaire. Le 31 octobre, lors de la conférence de remise des prix il déclare : 

« Associé à mon vieil ami, Basil Liddell Hart,… c’est pour moi un très grand plaisir de le (ce prix) recevoir et je me remémore quelque quarante étranges années en arrière lorsque les lauriers qui n’en étaient pas étaient alors habituellement jetés sur moi… Je n’étais pas un prophète. Je n’ai jamais pensé être un prophète. Je pense que je possède trop de bon sens pour être un prophète. J’étais un missionnaire et j’avais en définitive seulement une simple chose à réaliser. C’était un slogan quelque peu teinté de propagande, “Quelques centimètres d’épaisseur d’acier semblent être une bonne protection contre le poids d’une balle” c’était une devise très simpliste mais ses conséquences allaient être énormes. » 

 Liddell Hart versus Fuller

Son vieil ami Liddell Hart a écrit en 1928, dans l’ouvrage The Ghost of Napoleon [1] : « L’influence de la pensée sur la pensée est dans l’histoire le facteur le plus important. Ce phénomène étant immatériel il est donc moins tangible que les effets des actions et il n’a jusqu’alors reçu que peu d’attention de la part des écrivains de l’histoire… l’inspiration de nouvelles idées et l’introduction des nouvelles méthodes dans l’organisation militaire, la stratégie et la tactique ont joué un rôle qui n’est pas moins significatif que les exploits des génies militaire. » Cette constatation amène donc d’emblée à saisir toute l’actualité et la pertinence de ses écrits, puisque Fuller a exercé tout au long du siècle passé, et continue d’exercer, une influence sur la pensée militaire dans le monde entier. En effet Fuller est un écrivain militaire prolixe qui a écrit pas moins de 48 livres entre 1907 et 1965.

C’est encore plus de 50 textes de conférences dactylographiés, par ses soins alors qu’il occupe la fonction centrale de directeur de l’instruction au Staff College de Camberley de 1923 à 1925, auxquels il faudrait aussi ajouter les principaux articles publiés, 121 au total. Cependant en France nous connaissons en fin de compte très mal ce penseur non conformiste de l’entre-deux-guerres. Pourquoi ? Parce qu’il est peu traduit en français ? Pour son engagement comme adjoint du British Union Facist d’Oswald Mosley entre 1933 et 1939 ? Pour sa sympathie pour l’occultisme ?

Pour approfondir cette question, il faut être capable de situer le cadre de cet éclairage historique en découvrant quels furent la filiation et le bouillonnement de la pensée militaire au début des années 1920 et comprendre le hold-up intellectuel commis par le jeune Capitaine Liddell Hart dès 1925. En effet, le plus français des penseurs britanniques a eu l’outrecuidance de conclure ses Mémoires en écrivant « la tragique ironie du destin voulut qu’en ce printemps 1940 je visse mes propres idées utilisées pour percer les défenses de la France, pays qui me vit naître. » Liddell Hart est né en France, le 31 octobre 1895. Dans ses Mémoires autobiographiques, ce personnage controversé – au Royaume-Uni comme aux États-Unis – oublie très souvent de reconnaître sa dette intellectuelle envers le Major-general J.F.C. Fuller. La simple lecture de leur volumineuse correspondance conservée au King’s College London suffit pour attester cette dette. Entre 1921 et 1927, Liddell Hart est l’élève qui apprend doctement du maître. Mais à partir de 1933, son sens de l’entregent, ses relations très « politiquement correctes » avec l’establishment, la traduction de la quasi-totalité de ses livres en français font de lui un homme écouté et respecté des deux côtés de la Manche. Cependant, ses choix politiques, un soutien inconditionnel à la politique de Chamberlain et au refus de l’engagement continental le conduisent à une période de disgrâce beaucoup plus longue que celle son vieil ami. Chez Liddell Hart, les amitiés sont toujours intéressées et à sens unique. Son salut viendra de l’amitié contractée avec le Capitaine Beaufre en 1937. Au début des années 1950, l’appui de cet officier français devenu général lui permet de retrouver une place dans la pensée stratégique post-1945. Le Général Beaufre imposera à l’École de guerre une conférence de stratégie présentant les axiomes du Britannique. Ces faits sont les seules causes expliquant qu’en France une lecture partielle et partiale de l’histoire n’a globalement retenu que le nom de Liddell Hart comme principal penseur militaire britannique de l’entre-deux-guerres.

Et pourtant, l’homme, qui, le 14 mai 1940, à 7 heures 20, dans son SdKfz 251 /3, sur la berge de Gaulier, voit deux des trois Panzerdivisionen du XIXe Corps blindé débuter le franchissement de la Meuse sur un seul pont flottant bombardé par l’aviation franco-britannique, met simplement en application un Plan 1919 actualisé. Le General der Panzertruppe Heinz Guderian reconnaît par cette anthologie de l’Operativ toute sa dette envers Fuller. Chez le jeune Maréchal soviétique Mikhaïl Nikolaévitch Toukhatchevski, ou chez les Généraux américains Georges Smith Patton et Douglas MacArthur : Liddell Hart, connais pas ! « Il faut rendre à César ce qui à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Puisse le nouvel historien reconnaître enfin ici que l’inspiration d’Erich von Manstein qui conduit à imposer à Hitler sa stratégie, en livrant « une bataille à fronts renversés sur l’arrière de la Ligne Maginot [2] », a une filiation directe avec les théories blindées développées par le chef des opérations du Tank Corps depuis 1917 ! La philologie devient ici l’outil idoine pour l’historien ! Ainsi, cet avertissement initial a pour unique but de souligner que, portés à la connaissance de lecteurs aptes à revisiter voire à reconsidérer l’histoire militaire, les ouvrages non traduits du Général Fuller participeront grandement à réparer cet oubli.

Le nom de Fuller est toujours associé à une rupture technologique, celle de l’apparition du combat de chars. Or aujourd’hui, les armées occidentales peinent à se désempêtrer d’une guerre, que les officiers britanniques ne souhaitent pas qualifier de « 4e guerre anglo-afghane », après celles de 1839-1942, de 1874-1879 et  de 1919-1920. Aussi est-il alors curieux de constater l’inertie provoquée par près de 50 années de guerre froide : les complexes militaro-industriels occidentaux continuent à produire des chars lourds, cœur de la mobilité opérative développée par die Panzerwaffe, alors que la mobilité tactique nécessaire pour faire face en souplesse à une insurrection demande des hélicoptères de transport lourd. Ainsi, confronté à de nouveaux types de conflits dits asymétriques où le tank doit affronter une guérilla localisée dans les fonds de vallée, l’étudiant militaire a le droit de penser que le char semblerait être un avatar de la bataille de Koursk ou un anachronisme de la guerre froide. L’armada blindée géante qui resta postée durant près d’un demi-siècle derrière le rideau de fer, prête à intervenir dans la trouée de Fulda, ne symbolisait-elle pas la véritable réalisation du rêve du Colonel Fuller, c’est-à-dire une « phalange all-tank », mise en pratique par le jeune Maréchal Toukhatchevski et ses successeurs ? Alors pourquoi chercher à étudier la pensée d’un homme qui contribua à créer chez les Allemands, les Soviétiques, puis les Américains et enfin les Israéliens la doctrine du « tank à outrance » ? Certes, il est aujourd’hui incontournable de dire que le Colonel Fuller fut la prima donna des blindés, le véritable haruspice de la mécanisation des forces armées. Cependant il serait particulièrement réducteur de limiter notre champ de vision à cet aspect. « Je suis un étudiant de la guerre et un critique militaire [3] », voilà comment il aimait se présenter devant les élèves du Staff College de Camberley lorsqu’il était directeur de l’enseignement en 1924. Fuller fut un authentique scientifique militaire puisque son unique ambition fut d’essayer d’établir un ordre supérieur pour l’étude puis la conduite de la guerre fondé sur une analyse et des méthodes scientifiques. En tant que critique et prétendu hérétique, tout au long des deux guerres mondiales et au cours de la guerre froide, ses écrits et ses prises de position ont toujours cherché à remettre en question et à influencer les establishments militaire et politique du Royaume-Uni d’Angleterre et d’Irlande du Nord et d’autres pays ou à proposer de nombreux événements militaires imprévus.

En tant que prophète, Fuller réussit à prédire avec beaucoup de succès l’avenir de la guerre au cours du XXe siècle, c’est-à-dire des derniers jours des troupes montées à cheval de la cavalerie vers la mécanisation puis l’âge atomique. Parmi ces principales prédictions, citons par exemple : d’avoir anticipé et prévu la dimension décisive qu’allaient jouer les forces blindées ; d’avoir prédit la mécanisation du champ de bataille et la puissance déterminante qu’allaient avoir les forces aériennes lors d’opérations terrestres ou maritimes ; d’avoir prédit que lors de la seconde guerre mondiale l’exigence des Alliés à obliger l’Allemagne à se rendre de manière inconditionnelle donnerait naissance à la guerre froide ; d’avoir prédit que la Chine deviendrait communiste. Mais aussi en tant que participant, observateur et critique de tous les conflits majeurs du début jusqu’au milieu du XXe siècle, puis en tant qu’historien militaire qui a cherché à revenir sur l’étude des batailles de l’antiquité, le Major-general Fuller doit être considéré, par l’immense étendue de ses connaissances et une pensée résolument provocatrice, comme un penseur militaire référent du XXe siècle.

 Qui fut véritablement le Major-général Fuller

Le professeur Brian Holden-Ried a écrit dans J.F.C. Fuller: Military Thinker qu’il est le premier penseur militaire britannique à pouvoir être comparé à Jomini et à Clausewitz. Face à ce monument de la pensée militaire du XXe siècle il est donc  incontournable dans ce chapitre introductif de présenter les grandes étapes de sa vie. Le Major-general John Frederick Charles Fuller (1878-1966) est né le 1er septembre 1878 à Chichester. Il est le fils du Révérend Alfred Fuller, recteur de la paroisse de West Itchenor (Sussex de l’Ouest) et de son épouse Selma Marie Philippine de la Chevallerie. Son père descendait des Tête Rondes [4] (Roundheads), et sa mère des Huguenots, une ascendance par laquelle Fuller expliquait sa propre attitude hérétique à l’encontre du dogme accepté, la raison de son existence. Très tôt, il développa un dégoût de l’appartenance religieuse conventionnelle dans laquelle il vivait, d’abord à Chichester, puis à Lausanne, en Suisse, où ses parents déménagèrent lorsqu’il avait huit ans. Trois ans plus tard, il fut envoyé dans une école préparatoire pour l’examen d’entrée à la Royal Military Academy de Sandhurst dans le comté du Hampshire, d’où, à quatorze ans,  il fréquenta le Malvern College. Il y resta deux ans, détestant cette vie de public-school, comme il le dit lui-même dans ses mémoires. Les souhaits de son grand-père maternel le conduisirent vers l’armée, il intégra ainsi la prestigieuse académie royale militaire de Sandhurst en 1897, où il resta une année. Fuller fut commissionné à sa sortir de Sandhurst à l’été 1898 au sein de la 43e brigade, où il fut nommé sous-lieutenant dans le 1er bataillon d’infanterie légère du Oxfordshire. Il rejoignit son unité en Irlande, où il mena la vie oisive d’un officier subalterne d’infanterie jusqu’à ce que le bataillon fût envoyé, au mois de novembre 1899, participer à la Seconde Guerre des Boers ; il fut promu Lieutenant deux mois plus tard. Il dut être retiré de l’unité pour cause d’une grave crise d’appendicite, puis, après une longue convalescence, il passa la dernière année de la guerre comme Officier de renseignements et c’est à ce moment qu’il commença à véritablement s’intéresser à sa profession de « soldat de métier ». À la fin de la guerre son régiment fut envoyé en Inde, où il tuera l’ennui de la vie en garnison en étudiant la religion et la philosophie hindou, y compris le yoga, un intérêt qui perdurera jusqu’à la fin de sa vie. La maladie vint une nouvelle fois l’atteindre, cette fois sous la forme de crises aiguës de fièvre entérique ; il fut alors envoyé en Angleterre en 1906 pour un congé de convalescence d’une année.

Il fut nommé capitaine en 1905 et, afin d’éviter un retour en Inde, il avait posé sa candidature et obtenu un poste d’adjudant d’un bataillon de milice, qui peu de temps après fut transformé en unité de la nouvelle Territorial Army, la 10e brigade du Middlesex. Il apprécia l’indépendance du travail, et l’association avec de vifs soldats britanniques qui effectuent leur métier de soldat pour ainsi dire à temps partiel. En 1911, la perspective de retourner dans son régiment planait et, afin d’éviter cela, il décida d’essayer d’entrer au Staff College de Camberley. Sa première tentative en 1912 fut un échec, mais la seconde, en 1913, un succès. Lorsque la mobilisation générale fut décrétée le Staff College ferma ses portes, les cours s’arrêtèrent à mi-parcours des deux années de scolarité, et Fuller s’en alla organiser la circulation des trains régimentaires à l’entrée et la sortie du port de Southampton. Il fut alors promu au grade temporaire de Major, qui n’entra en vigueur qu’en septembre 1915. Après un passage à l’état-major de Tunbridge Wells (Kent), il rejoignit le quartier général du VIIIe Corps en France au mois de juillet 1915 comme SO3, Staff Officer [5], d’où il fut promu en février 1916, SO2 de la 37e division. Sa division fut dissoute après les sanglantes offensives de la Somme, et Fuller, en tant que lieutenant-colonel temporaire, rejoignit un poste similaire au quartier général de la IIIe Armée de Sir Edmund Allenby. Il était alors responsable de l’entraînement et de l’organisation de l’ensemble des unités de cette armée. Depuis le déclenchement de la guerre, il avait eu le temps de penser à la conduite de la guerre, d’écrire à ce sujet, et d’acquérir une solide réputation d’officier d’état-major efficace et méthodique, à l’humour grinçant, enclin à la critique incisive.

C’est dans cette atmosphère de boue et de pelles de tranchées qu’arriva, à la fin de l’année 1916, le tournant de sa vie, son affectation de SO2 puis de SO1 au quartier général nouvellement formé du Corps des blindés (Tank Corps). Il s’agissait d’une unité nouvellement créée à la fin de la bataille de la Somme : la Division lourde, le Corps des mitrailleuses (Heavy Branch, Machine-Gun Corps), sa première appellation, commandé par Sir Hugh Elles. D’emblée Fuller, dont la connaissance des blindés était jusqu’ici limitée, appliqua sa puissance de travail et une imagination débordante pour façonner la première unité de tanks britanniques. Après 4 années de Sitzkrieg et de stagnation opérationnelle, c’est principalement l’irruption d’une nouvelle arme sur le champ de bataille qui permet de restaurer la mobilité et de sortir de l’impasse. Et c’est le colonel Fuller qui conceptualisa le premier cette nouvelle façon de penser et de conduire la guerre en employant le char comme moyen de rupture. Dans cette tâche de développement d’une toute nouvelle arme associée à de nouvelles méthodes pour combattre l’ennemi et de nouvelles façons de s’entraîner, Fuller fit ressortir tout ce qu’il y avait de meilleur en lui et le plan pour la célèbre bataille de Cambrai [6], duquel il était en grande partie responsable, fut à la fois son accomplissement et sa récompense. Ce succès conduisit à l’examen de plans et d’idées plus ambitieuses, et à la décision de créer un département autonome pour les blindés au sein de l’État-major du War Office [7], sous la direction de Fuller, en juillet 1918. Dans cet objectif Fuller avait développé le Plan 1919, fondé sur les résultats d’un blindé expérimental qui avait atteint la vitesse de 20 miles par heure (environ 32 km/h). Son concept était révolutionnaire : le déploiement de blindés rapides avec une portée de 200 miles (environ 321 km) en masse et en profondeur, modifiant toute la représentation d’un blindé, d’une lente forteresse permettant de passer les tranchées, travaillant étroitement avec l’infanterie, à une arme réellement mobile remplaçant la cavalerie dans son rôle historique, un concept qui allait devenir réalité dans la seconde guerre mondiale puisque tous les grands penseurs militaires de l’entre-deux-guerres, soviétiques et allemands, s’en sont inspirer. Cependant, la fin de la guerre en 1918 mit fin à cela, et Fuller, à sa grande frustration, vit tous ces plans relégués aux oubliettes, ainsi que l’intention de l’armée de retourner à son schéma pré-guerre, accordant un rang de priorité élevé à la politique impériale. Comme exutoire, il déversa son énergie dans sa plume redoutable, la première effusion, peut-être l’écrit le plus significatif de tous, étant l’essai avec lequel il gagna la médaille d’or du Royal United Service Institution (RUSI) en 1919 dans lequel il énonçait le plan pour un nouveau modèle d’armée, basé sur les blindés, la mécanisation totale des forces, et l’exploitation en temps de guerre des progrès scientifiques et techniques. Il quitta le War Office et, en 1923, devint directeur de l’instruction au Staff College de Camberley. Son esprit et sa plume devinrent alors plus actifs, même si le War Office empêcha pendant un temps la publication de nombre de ses conférences et écrits.

En 1926, il prit les fonctions d’assistant militaire du nouveau Chef d’état-major général de l’Empire britannique (Chief of the Imperial General Staff), Sir George Milne. Fuller, avec d’autres, avait bon espoir que Milne et lui pourraient, ensemble, transformer l’armée en un « nouveau modèle », mais l’opposition était trop grande et Milne trop prudent. Le point de rupture vint lors de la sélection de Fuller en 1927 pour prendre le commandement de ce qui devait être une force mécanisée expérimentale, mais qui fut réduite à une brigade associée à une garnison d’infanterie standard sur le plateau de Salisbury avec un contrôle ad hoc temporaire sur quelques unités mécanisées. Fuller refusa ce commandement expérimental prestigieux. Il refusa de retirer sa démission et partit occuper la fonction de SO1 au sein de la 2e division à Aldershot (comté de Hampshire), commandée par Sir Edmund Ironside. En 1929, il reçut le commandement d’une brigade d’infanterie, d’abord dans l’armée d’occupation du Rhin, puis à Catterick (Yorkshire du Nord), jusqu’à sa promotion de Major-général (septembre 1930) à l’âge de cinquante-deux ans, avant de demander d’être placer en demi-solde. En effet, en 1931, on lui offrit le commandement du district de Bombay, avec à peine quelques soldats à commander ; ce qu’il refusa. Il resta ainsi en demi-solde jusqu’à sa retraite à la fin de 1933. Depuis la fin de la Grande Guerre, Fuller avait inlassablement tenu des conférences pour promouvoir une New Model Army, et sa plume avait été dure à la tâche. 

Libéré des soucis de service, Fuller dédia le reste de sa vie à l’écriture, explorant plus profondément le passé et plus loin dans sa recherche de la vérité. Cela le conduisit à de curieux détournements, le premier étant vers une forme idéalisée du fascisme avec lequel on l’associa dans les années 1930 puisqu’il avait rejoint Oswald Mosley et le British Union of Fascist. Il passa plusieurs mois au cours de deux séjours  en 1935 et en 1936 avec les troupes italiennes en Abyssinie puis avec les troupes du général Franco durant la guerre d’Espagne. Entre sa retraite et le déclenchement de la guerre en 1939, il publia plus d’une douzaine de livres, dont ses Mémoires d’un soldat non-conventionnel en 1936. Depuis 1923, il s’était plongé avec méthode et rigueur dans l’approfondissement de l’histoire militaire, et son étude fructifia en un double volume Decisive Battles (1939-1940), suivi de The Decisive Battles of the USA (1942). L’épisode de la seconde guerre mondiale et son métier de journaliste qu’il occupa à temps plein depuis 1933 vont le hisser au rang de stratégiste reconnu. Cette indéniable qualité doublée de sa réputation d’historien qui s’emploie à développer la dynamique d’évolution dans la conduite de la guerre se trouve rigoureusement illustrée dans ses dernières publications : The Decisive Battles of the Western World, and their Influence upon History (en trois volumes, 1954-1956) et The Conduct of War (La conduite de la guerre de 1789 à nos jours).

 Les fondations de la science de la guerre

Pour comprendre Fuller, c’est-à-dire suivre la genèse et l’évolution de sa pensée tout au long de sa vie il est fondamental de lire les livres qui ont jalonné ses différentes étapes intellectuelles. « Comprendre Fuller » est à ce prix. « Comprendre ». Le mot est utilisé ici dans sa racine étymologique. « Comprendre », c’est tenter de saisir le sens de la pensée de Fuller. Pour Jean Guitton, l’acte de comprendre c’est gagner le sommet des choses. L’auteur de cet ouvrage s’est donc pénétré patiemment de Fuller en traduisant des ouvrages complets ou des articles peu connus. Il se propose maintenant de faire découvrir une de ses œuvres majeures. Il s’agit de The fondations of the Science of War qui est en définitive une compilation retravaillée et synthétisée de l’ensemble des 50 textes de conférences qu’il donna au Staff College entre 1923 et 1925. Mais quel est l’état d’esprit du colonel Fuller lorsqu’il prend les fonctions de directeur de l’instruction du Staff College au mois de janvier 1923 ? Après quatre années passées au War Office, les six mois en demi-solde, half-pay, lui laisse le temps de préparer cette nouvelle affectation. Son chef direct, le général Sir Edmund Ironside l’a choisi ; il lui octroie donc une autonomie totale. Le binôme CommandantChief Instructor devient rapidement un tandem mentalement très complémentaire. À son arrivée à Camberley, Fuller refuse de réaliser une passation de consigne dans les règles de l’art avec son prédécesseur car il souhaite partir d’une page blanche. Il écrit dans ses mémoires [8] : « Heureusement après six mois passés en demi-solde j’étais capable de penser par moi-même ce que je voulais, et je suis navré d’avoir offensé mon prédécesseur en répondant à la question suivante : quand ai-je l’intention de prendre en compte mes consignes avec lui ? Je n’avais nullement l’intention de prendre en compte ses dossiers. Cependant, j’ai oublié de dire que ma volonté était de partir d’une page blanche. Je ne voulais pas amender des vieux schémas ou réécrire des anciennes conférences. Ainsi, quand le temps fut venu, j’entrais dans mon bureau, je sonnais la cloche et à la consternation du chef de mon secrétariat je lui demandé de retirer puis de brûler toute la documentation et les archives qui se trouvaient dans mon rayonnage. Et j’espère que mon successeur a fait la même chose que moi à son arrivée. »  

Dès sa prise de fonction à Camberley, à partir d’une connaissance étendue de l’histoire militaire, de ces expériences opérationnelles et des conditions de la vie quotidienne, Fuller commence à bâtir un système qui repose principalement sur le cycle de conférences qu’il dispense à ses stagiaires. Lors de sa première intervention il leur déclare [9] : « Aujourd’hui nous rencontrons en tant qu’étudiant, et c’est seulement grâce à une loyauté mutuelle que nous tirerons profit du travail qui nous attend. En tant que directeur de vos études, l’idéal que je souhaite voir se réaliser est que nous puissions apprendre les uns des autres. Premièrement parce que nous avons tous un bagage derrière nous et deuxièmement parce que, à mon avis, ce n’est qu’en examinant ouvertement d’un œil critique nos idées respectives que nous ferons surgir la vérité… Pendant votre séjour ici personne ne vous obligera à travailler et la raison en est bien simple : si une personne doit se faire dicter sa conduite, c’est qu’elle ne vaut pas la peine d’être dirigée. Ainsi, vous serez votre propre élève, et, tant que vous ne saurez pas comment apprendre par vous-même, vous ne pourrez pas apprendre des autres. » Dès lors, le colonel Fuller est seul dans sa bulle où il s’apprête à intellectualiser et théoriser la science de la guerre. Son pragmatisme et son esprit critique si développé le poussent à développer une pédagogie interactive. L’exemple qu’il essaye de montrer à ses élèves est de chercher à oublier les habitudes de pensées, les coutumes, la tradition et les mots d’ordres de la hiérarchie. Il s’agit de penser librement [10]. Le mot clé de cette instruction est le « Why? ». En entraînant le cerveau à chercher les causes de tout principe, il laisse apparaître une des idées-forces du raisonnement utilisée pour construire The Foundations of Science of War. Cet ouvrage cardinal de la pensée de Fuller aborde des domaines aussi variés que la philosophie, la psychologie, l’histoire, la politique, l’économie, la technologie, la stratégie ou la tactique dans une trame conceptuelle plus ou moins rigoureuse. Son étude est nécessaire pour comprendre le cheminement de la pensée d’un homme qui est à l’apogée de sa carrière militaire. Par sa complexité et un mode de raisonnement singulier, ce livre doit être qualifié de « Système Fuller ». Fuller utilise le terme de fondation car il a la volonté de définir « une fondation de la science de la guerre, ou au moins une science de la guerre [11] ». Fruit de près de 15 années d’expérience ces fondations doivent permettre aux étudiants militaires de penser la guerre de manière scientifique. Cela représente la condition sine que none pour devenir de vrais artistes de la guerre. Ainsi, le caractère scientifique doit permettre au soldat de lui faire comprendre « ce que les moyens de la science civile peuvent lui apporter [12] ». La préface permet à son auteur de définir les limites de ses recherches. Il explique que ses lectures scientifiques et philosophiques font référence à des travaux des années 1908 à 1912 et qu’il n’a pas eu le temps de les compléter après la guerre. De même, il déplore de n’avoir eu que de rares occasions de pouvoir converser avec des hommes de sciences. Il affirme également s’être détaché de la méthode historique. Ensuite, il reconnaît que son raisonnement peut paraître chaotique mais il affirme l’avoir fait sciemment pour accentuer le catholicisme de ses principes. Selon lui la principale faute que peut découvrir la critique est la répétition. Mais là encore il écrit que cela a été fait volontairement car Napoléon disait : « Il n’existe qu’une seule figure de style pour la foule : la répétition. » En définitive il nous invite à lire le livre en gardant toujours à l’esprit que :

  • Le sujet est traité dans sa globalité et par conséquent il doit être incomplet.
  • Il a été écrit en avance de phase sur la pensée militaire d’aujourd’hui.
  • Beaucoup des problèmes traités sont particulièrement complexes.
  • Certains des termes utilisés sont vagues, donc pour une terminologie militaire scientifique ils manquent cruellement de définition. Jusqu’ici que signifie exactement le mot semi-mystique moral ?

Fuller cherche à faire comprendre à son lecteur qu’il vit dans une période où tout change. Ainsi en faisant face à la guerre dans les airs, à la mécanisation de la guerre sur terre, à la guerre sous-marine, à la guerre chimique n’importe où, quelles sont les tendances et la valeur de ces changements ? Face à cette complexité, au temps présent comme en temps de guerre, le tacticien et le stratégiste sont des amateurs. Cet amateurisme qui est pour le soldat seulement le reflet d’une grande ignorance de sa profession milite donc pour arriver à une véritable compréhension de la guerre. Le dernier paragraphe de la préface souligne les buts du livre. D’emblée, Fuller a la prétention de montrer à son lecteur qu’il place son œuvre à un niveau conceptuel très élevé : « Dans ce livre j’essaye quelque chose de nouveau, c’est-à-dire nouveau depuis les jours de Henry Lloyd et Robert Jackson car selon l’étendue de mes connaissances, seuls ces deux compatriotes ont essayé de ramener la guerre à une science. À un moindre niveau, j’essaye de faire ce que Copernic fit pour l’astronomie, Newton pour la physique et Darwin pour l’histoire naturelle. Je crois que mon livre est le premier dans lequel l’auteur a essayé d’appliquer la méthode scientifique à l’étude de la guerre. Car Lloyd, Jackson, Clausewitz, Jomini et Foch ne le réalisèrent pas. Dans quelques années j’espère qu’il sera dépassé par d’autres livres qui seront meilleurs ; nous commencerons alors à comprendre la nature de la guerre et de cette manière à découvrir, pas seulement comment préparer la guerre, mais comment résister à ses ravages, comment l’harnacher, et peut-être aussi, comment transmuter la férocité destructive du singe en la créativité modératrice de l’ange. »

Comme l’objet de ce livre est d’apprendre à penser la guerre de manière scientifique afin que les étudiants puissent un jour devenir de véritables artistes de la guerre, Fuller débute son analyse en montrant l’absence de vraie méthode scientifique pour étudier la guerre. Il la qualifie d’alchimie. Selon lui, ce manque de méthode incombe au poids de la tradition et aux méconnaissances des écrits du Baron de Jomini et de I.S. Bloch ou encore à la myopie du commandement pendant et après la Grande Guerre. La première brique des fondations de l’art de la guerre repose d’abord sur la connaissance de l’histoire militaire. Il utilise le Comte de Guibert pour étayer son idée-force. En effet dans son essai général de tactique, le Français déplore qu’« alors que toutes les autres sciences sont sans cesse perfectionnées, la science de la guerre est confinée au berceau ».

L’étude de l’histoire permet ensuite de percevoir les réalités de la guerre ; elles sont douloureuses et rapidement oubliés. Ces réalités doivent être soigneusement étudiées pour essayer de s’en guérir. Fuller écrit alors : « Et pourtant en 1914, il nous fallut apprendre derechef la leçon de la mitrailleuse et à quel prix ? Nous avons dû le faire car la guerre était vue comme une tragédie théâtrale ne nécessitant que de très maigres répétitions. “La réalité du champ de bataille, écrit le Maréchal Foch, est qu’on étudie pas, simplement, on fait ceux que l’on peut pour appliquer ce que l’on sait. Dès lors, pour y pouvoir un peu il faut savoir beaucoup et bien.” Je suis tout à fait d’accord avec cela, mais je pense que nous ne pourrons jamais comprendre la guerre – c’est-à-dire bien la connaître – si nous ne nous dotons pas d’une science de la guerre qui nous révélera sa réalité, sans nous contenter d’un art qui se préoccupe principalement des apparences. »

Fuller pense que la méthode scientifique n’a jamais été appliquée à l’histoire de la guerre. Il est donc, selon lui, le premier à se livrer à cet exercice en vue de définir l’existence d’une vérité absolue. L’absence totale d’étude scientifique de la guerre est longuement illustrée. La Grande Guerre constitue alors un excellent exemple pour développer ce constat : « Pendant la Grande Guerre 1914-1918 beaucoup d’entre nous furent témoins d’évènements bizarres. Beaucoup d’entre nous prirent part à des messes noires stratégiques et des opérations tactiques dignes d’un sabbat païen. Beaucoup d’entre nous sont partis en quête de la pierre philosophale et ont échoué, mais il est horrifiant de voir que nous sommes très peu à nous en rendre compte ; car aujourd’hui encore, nous n’avons pas les moyens de distinguer entre les fruits de notre incapacité et ceux de notre incompétence. Malgré ce triste état de fait, il ne faut pas désespérer d’une petite lueur : du crépuscule des laboratoires d’alchimie médiévale éclatèrent les grandes sciences de notre époque, alors, de cette ignorance apparemment invincible peut émerger, si nous le voulons, une véritable science de la guerre. C’est pour cela que j’ai intitulé ce premier chapitre “L’Alchimie de la Guerre”, non parce que l’alchimie était complètement absurde, mais parce qu’elle était un art sans science. Que trouvons-nous dans l’alchimie ? Une classification erronée de faits véritables combinés de façon inconsistante – “c’est-à-dire, des combinaisons qui ne répondent pas à des déductions rationnelles. Dès que la science a investi le domaine de l’alchimie avec une véritable classification et une véritable méthode, cette dernière s’est transformée en chimie pour devenir une branche importante du savoir humain.” Il en va de même pour la guerre : des faits authentiques ont été observés, mais leurs valeurs n’ont pas été comprises, et ce sont ces valeurs qui seront mon sujet dans ce livre. »

Cependant, en arrivant à se débarrasser du poids de la tradition et en faisant fi de la myopie militaire d’avant-guerre Fuller invite les étudiants militaires à s’inscrire dans le progrès scientifique. Pour faire acquérir à son lecteur sa méthode, il présente l’évolution historique de la pensée scientifique. Le point de départ est d’arriver à simultanément détruire et recréer l’autorité, car il est incontournable de démolir le système en place, qui dicte : « Believe, and ask no questions [13] ». L’ère de la scholastique militaire héritée du Moyen Âge est révolue. Il définit la science comme « organized common sense [14] ». Cette théorie scientifique de la guerre doit être centrée sur l’homme, car le phénomène de la guerre est une activité humaine dans laquelle chaque action doit être comprise comme une nouvelle action. Ainsi, dans cette étude de la guerre, la plus grande difficulté est de déterminer la part jouée par l’élément humain. Il est alors fidèle à la pensée philosophique grecque en utilisant l’assertion de Protagoras, « l’homme est la mesure de toute chose ». 

La méthode qu’il développe doit concourir à la connaissance des causes ou des raisons afin de commencer à comprendre la vérité. Pour définir sa méthode, Fuller nous affirme qu’il est un disciple d’Aristote, de Bacon, de Descartes et de Comte. Elle doit également permettre l’expression de la libre critique et montrer la valeur de l’imagination qu’il comprend comme étant le télescope de l’esprit. La valeur de la critique est encore rehaussée par des propos de Galilée : « Who is willing to set limits to the human intellect? The man who does petrifies his brain [15]. » La méthode Fuller est donc un mélange des procédés de raisonnement par induction et par déduction qu’il fond dans la logique de la pensée rationnelle. Les maximes d’Auguste Comte, « Induire pour déduire afin de construire » et de Descartes « Cogito ergo sum » servent de base à un procédé qui s’inscrit dans un cycle : « Observation, Reflection and Decision ». 

The Foundations of Science of War offre une vision de profondeur philosophique de la pensée de Fuller. Pour lui, si l’officier  passe plus de la moitié de son temps à étudier la science de la guerre il ne doit pas pour autant en oublier la philosophie. Cette complémentarité, science-philosophie doit produire « une belle moisson de généraux ». Jusqu’en 1923, Fuller a toujours proposé une vision duale des choses, l’aspect positif par rapport au côté négatif ou encore l’approche morale par opposition au physique. Les fondements philosophiques de la connaissance sont désormais bâtis sur The Threefold Order, l’ordre trinitaire qui devient le « Cogito ergo sum » de Fuller. Le philosophe Hegel devient en quelque sorte son précepteur et son modèle. La doctrine de l’Allemand est un système complet qui embrasse tous les domaines du savoir. Par sa dialectique il reconstruit l’expérience humaine. Les mystères et autres antériorités cachés doivent disparaître. Les thèmes qu’il aborde sont l’idéalisme, l’idée et le concept, la pensée et l’universel et la division du système. Ainsi, par transposition analogique, le colonel Fuller définit un système global, complexe, qui englobe tous les domaines de la guerre. Or, comme l’homme pense souvent de manière très désordonnée sans voir ni comprendre le lien et les interactions qui relient les choses entre elles, il est nécessaire de s’employer à bâtir un système cohérent. C’est cette universalité qu’il propose pour définir la science de la guerre en tant que système. La pierre d’angle repose alors sur l’Aufhebung hégélienne, le dépassement en allemand, qui permet d’atteindre la contradiction et de construire un concept singulier. 

Finalement, la simple lecture du Général Fuller permet de distinguer comment et pourquoi l’étude de ses écrits doit continuer à aiguillonner la réflexion de l’historien et de l’officier. Son originalité, sa dimension prospective et les fondations qu’il posa de ce que l’on appelle désormais la science militaire demeurent un référent historico-stratégique incontournable. En allant à la rencontre des écrits du Major-general Fuller le lecteur entre aussi brutalement dans la sphère de la guerre, dans toutes ses dimensions : humaines, techniques, tactiques, stratégiques et politiques. Mais au cœur de la problématique de l’histoire militaire nous devons surtout garder à l’esprit que pour Fuller, disciple inconditionnel de Clausewitz, le phénomène guerre est d’abord, et essentiellement, un problème philosophique. Ainsi  les champs de quatre études thématiques deviennent un tuteur pédagogique : « Comprendre la guerre ». La pensée de Fuller aborde toujours l’étude de la conduite de la guerre dans sa globalité, en ce sens à l’aide de notre macroscope, le lecteur doit faire face à la complexité d’un phénomène sociologique que l’on veut étudier ab abstracto.

Olivier ENTRAYGUES

Le lieutenant-colonel Olivier Entraygues, officier d’infanterie, a traduit et présente le livre de J.F.C. Fuller, The Foundations of the Science of War. Stagiaire de la 15e promotion du Collège Interarmées de Défense, École Supérieure de Guerre, il est titulaire d’un double doctorat en histoire contemporaine – Paris IV La Sorbonne et King’s College London, Department of War Studies. L’auteur a tenu la fonction d’officier de liaison interarmées au sein de la Defence Academy du Royaume-Uni. Il est depuis le mois de septembre 2013 responsable du domaine transverse « Penser la guerre » à l’IRSEM.

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[1] Faber& Faber Limited, London, p. 11 et 13.

[2] Verlorene Siege traduit en français en 1954 chez Plon : Victoires perdues, p. 91.

[3] Mémoires page 244.

[4] Surnom donné aux puritains partisans du Parlement d’Angleterre pendant la Première Révolution anglaise. Ils étaient dirigés par Oliver Cromwell.

[5] Grade difficilement traduisible puisqu’il s’agit d’une fonction pour un major qui sert en état-major, soit littéralement : officier d’état-major général classe 3.

[6] Le 20 novembre 1917.

[7] Ministère chargé de l’administration de l’armée de terre britannique.

[8] Mémoires, p. 417.

[9] Ibid., p. 417 et 418.

[10] « Liberate your thoughts from customs, traditions and shibboleths; learn to think freely, not imitatively or anarchically, and, when anything appeals to you or displeases you, do not accept it at its face value », Mémoires, p. 419.

[11] The Foundations of the Science of War, p. 16.

[12] Ibid., p. 17.

[13] « Croire et ne pas poser de question. »

[14] Dans la pensée de Fuller l’organisation du bon sens et le bon sens sont à comprendre comme « action adapted to circumstances », l’action adaptée aux circonstances.

[15] « Qui a la volonté de poser des limites à l’intelligence humaine ? L’homme qui le réalise paralyse son cerveau. »

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