e point important des décisions prises le 10 décembre est bien sur le fait que les États-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara dit « occidental » et que Washington va ouvrir un consulat à Dakhla au Sahara marocain. Selon le président des États-Unis « Le Maroc a reconnu les États-Unis en 1777. Il est donc approprié que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental ». Il a ajouté que le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour régler ce conflit artificiel « est une proposition sérieuse, crédible et réaliste et la seule base pour une solution juste et pérenne afin d’assurer paix et prospérité ! » C’est dans ce contexte que le président Trump a informé le Roi du Maroc de la promulgation d’un décret présidentiel visant à de reconnaitre la pleine souveraineté du Royaume du Maroc sur l’ensemble de la région du Sahara marocain, avec ce que cet acte comporte comme force juridique et politique indéniable et à effet immédiat. Pour le Maroc c’est d’autant plus important que cela représente un renforcement considérable de sa politique africaine et c’est un excellent signe pour les pays africains qui ont déjà reconnu la marocanité des provinces du sud marocain.
Il est indéniable que la décision américaine qui ne pourra pas être remise en question par une autre administration américaine, constitue une formidable victoire pour le Royaume marocain qui n’a pas manqué de saluer la prise de position historique de Washington. Il est vrai que c’est de la part des États-Unis, un soutien franc et sans ambiguïté à la marocanité du Sahara, donc un nouveau camouflet infligé au régime algérien et aux séparatistes du Polisario qui menacent la stabilité et la paix dans toute la région saharo-sahélienne.
Lors de l’entretien qu’il a eu, le 10 décembre, avec le président des États-Unis, le Roi Mohammed VI a également affirmé que le Maroc allait reprendre les contacts officiels avec les autorités d’Israël en procédant à la « réouverture des bureaux de liaison dans les deux pays, comme cela fut le cas pendant plusieurs années jusqu’en 2002 ». Par ailleurs, il a annoncé que son pays veut accorder des autorisations de vols directs pour le transport au Maroc des membres de la communauté juive marocaine (plus de 650 000 personnes).
Mais le Souverain a rappelé que le Maroc soutient une solution au conflit israélo-arabe fondée sur deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, et que les négociations entre les parties palestinienne et israélienne restent le seul moyen de parvenir à un règlement définitif, durable et global de ce conflit. En sa qualité de Président du Comité Al-Qods, le Roi a insisté sur « la nécessité de préserver le statut spécial de cette ville ».
Finalement, le Roi a souligné l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la juste cause palestinienne et « sa détermination à continuer à contribuer efficacement et de manière constructive à une paix juste et durable au Moyen-Orient ». Ainsi, on ne peut pas dire que le Maroc a cédé à un quelconque chantage des États-Unis car il s’inscrit très clairement dans la ligne du plan arabe de paix proposé lors du sommet arabe de Beyrouth en 2002 et adopté lors du sommet de Riyad en 2007. De fait la balle est toujours dans le camp des Israéliens qui doivent choisir entre la guerre ou la paix.
Dans cette affaire on ne peut que regretter l’atonie de la diplomatie française et le déclin de la grande politique arabe de la France restaurée par le général de Gaulle. Il est en effet déplorable de voir la France une nouvelle foi hors-jeu alors que c’est évidemment Paris qui aurait dû prendre l’initiative d’ouvrir un consulat au Sahara marocain et d’affirmer l’incontestable marocanité de ce territoire comme elle le fit naguère sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing.
Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques