Pierre Segrétain est né le 7 novembre 1909 dans une famille de militaires.
A sa sortie de Saint-Cyr, il est affecté au 35e RI, puis il rejoint la Légion étrangère. Il sert à Colomb-Béchar entre 1936 et 1938, puis au 2e REI avant d’être affecté au Levant où vient d’être créé le 6e REI. Il participe aux combats de 1939-40. Comme beaucoup d’autres, à l’issue des combats fratricides de 1941, il choisit la légalité et retourne en Afrique du Nord. En 1942-43, il participe à la campagne de Tunisie au sein du 1er REIM, puis il est affecté au RMLE. Le débarquement de Provence, le 15/08/1944, la trouée de Belfort, le Doubs, l’Alsace et la percée en Allemagne sont autant de combats qui lui valent la croix de « Chevalier de la Légion d’honneur ».
Il se révèle un remarquable meneur d’hommes et un excellent tacticien. Dès que la guerre se termine, il est affecté à l’école militaire interarmes de Coëtquidan. Mais comme bien d’autres officiers, il a tiré les enseignements du désastre de 1940. Aussi se tourne-t-il résolument vers l’avenir. Et pour lui, l’avenir c’est les troupes aéroportées. Il obtient son brevet de parachutiste et est muté au 1er RCP.
Nommé chef de bataillon, il se porte volontaire pour l’Extrême-Orient. En prenant le commandement du 1er BEP, le 1/07/1948, il retrouve la Légion qu’il avait quittée en 1945. Pendant 2 ans, il est de toutes les opérations, de tous les coups durs. Ses bilans sont impressionnants. C’est lui notamment qui fait flotter à nouveau le fanion de la Légion sur la vieille citadelle de Tuyen-Quang, ou qui découvre l’usine de guerre du Song-Chay. Affaibli, préoccupé par une sciatique tenace sans parler d’une crise de paludisme, il n’en saute pas moins sur That-Khé, à la tête de son bataillon le 30/09/1950.
3 jours plus tard, le BEP échoue devant Dong-Khé, mais il signe également l’une des plus belles pages de gloire de la Légion étrangère en Extrême-Orient et la première page de gloire de sa jeune existence. Le bataillon disparaît entièrement dans la fournaise des calcaires de Coc-Xa.
Blessé grièvement à deux reprises, perdant son sang et ses forces, il donne l’ordre au Capitaine Jeanpierre de le laisser sur place et de sauver ce qui peut encore l’être.
C’est à son bataillon que vont ses dernières pensées : « Le BEP, le BEP » murmura-t-il avant de s’éteindre au milieu de ses légionnaires. Dans le même temps périssait le bataillon dont il avait été l’âme.
Le chef de bataillon Segrétain est tombé au champ d’honneur le 8 octobre 1950. Il avait 40 ans.
Il est titulaire de 8 citations dont 4 à l’ordre de l’Armée.
- Chevalier de la Légion d’honneur
- Croix de guerre 39–45
- Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs avec 3 palme
- Médaille commémorative de la Guerre 1939 1945 agrafes « Levant » « France » « Afrique ».
- Médaille commémorative de la campagne d’Indochine.