Situation générale
- La France est en Indochine depuis 1858.
- Les Japonais envahissent l’Indochine en septembre 1940 mais un accord passé avec le gouvernement de Vichy, le 16 mai 1941, permet une occupation calme malgré la présence de troupes japonaise, le versement d’avantages en nature et d’importantes concessions minière.
- Le 9 mars 1945, les Japonais sentant la chute, attaquent par surprise les troupes françaises en Indochine et en massacrent une partie. L’armée et l’administration française sont anéanties.
- Capitulation japonaise le 2 septembre 1945.
- Proclamation de l’indépendance de l’Indochine par Ho Chi Minh aidé par les Japonais.
- La guerre d’Indochine commence le 20 novembre 1946 par le bombardement de Haiphong.
- La guerre froide commence en 1947.
- La guerre de Corée commence en 1950.
1952
- Octobre : Offensive Viêt Minh en pays thaï.
- 16 octobre et le 30 novembre : Pont aérien de Na San pour acheminer 15 000 hommes (11 bataillons), 6 batteries d’artillerie, 2 500 tonnes de fret et 125 véhicules.
- Novembre : Installation de la base de Na San.
- Du 28 octobre au 14 novembre : Opération Lorraine avec trois groupes mobiles (GM1, GM3 et GM 4 et un groupe aéroporté).
- 23 novembre, 20 h : Attaque de Na San.
- 4 décembre : Le camp retranché a résisté. Giap admet sa défaite et retire ses divisions.
1953
- 5 mars : Mort de Staline.
- 8 mai : Le général Navarre est nommé au poste de Commandant en chef, en remplacement du général Salan.
- 21 mai : Chute du gouvernement René Mayer.
- 27 juin : Début du premier gouvernement Laniel.
- 2 juillet : L’Assemblée nationale vote par 606 voix contre 0 la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur le trafic des piastres indochinoise.
- 8 juillet : L’Assemblée nationale vote des pouvoirs spéciaux au gouvernement Laniel (329 voix contre 277) lui permettant de légiférer par décret-loi dans le domaine économique pour réduire le déficit public qui devient abyssal avec le financement des opérations militaires extérieures et la crise économique. Ce vote sera à l’origine d’une des plus grandes crises sociales de la IVe République.
- Manifestation du 14 juillet 1953 : 7 morts par balle, dont 6 Algériens, Place de la Nation à Paris, lors de la manifestation contre le colonialisme en Algérie.
- 17-19 juillet : Opération Hirondelle dans la guerre d’Indochine.
- 24-26 juillet : Bataille du fleuve Samichon, échec de la dernière attaque chinoise en Corée.
- 27 juillet : Fin de la guerre de Corée. Signature de l’armistice de Panmunjeom, sur la ligne de démarcation entre les représentants de l’ONU, ceux de la Chine et de la Corée du Nord, qui marque la fin de la guerre de Corée. La Corée du Sud s’oppose au texte qui reconnaît la partition.
Accroissement de l’aide sino-soviétique au Việt-minh à la fin de la guerre de Corée. Les masses d’armement et de munitions abandonnée par les Etats Unis au nord du 28e Parallèle vont approvisionner les troupes Vietminh et former des division de guerre au format Chinois. Les Division sont formées en Chine à la frontière nord du Tonkin.
C’est le passage de la contre insurrection à la guerre de haute intensité.
Jusqu’alors les troupes Vietminh s étaient majoritairement contentées d’un assaut par surprise puis d’un replis dès que la situation devenait plus complexe et que le rapport de force n’était plus à leurs avantages.
Pour Diên Biên Phu, les troupes du Viêt-minh s’annoncent ouvertement et s’installent sous les remparts de l’ennemi.
Nous entrons dans une guerre de siège d’un modèle médiéval.
- 28 juillet : Début de l’opération Camargue sur la côte annamite dans la guerre d’Indochine.
- 6 août : Loi n° 53-681 portant amnistie est un texte législatif français de 47 articles portant amnistie de certaines infractions commises durant la Seconde Guerre mondiale.
- Août : Évacuation de Na San. Il est déjà question de se déplacer et de reprendre Diên Biên Phu.
- Septembre-octobre : Opération Brochet dans la guerre d’Indochine
- 15 octobre : Début de l’opération Mouette dans la guerre d’Indochine
- 9 novembre : Indépendance du Royaume du Cambodge, obtenue pacifiquement par le roi Norodom Sihanouk dans le cadre de l’Union française
- 20 novembre : Début de l’opération « Castor » pour l’occupation de Diên Biên Phu.
Pourquoi avoir choisi Diên Biên Phu ?
Le choix n’est pas nouveau, déjà l’étude a été réalisé par l’état-major de Hanoï avant la rétraction de Na San, en début 1953, d’organiser la reprise de Diên Biên Phu et l’abandon de Lai Chau afin d’y déplacer les troupes.
Pourquoi avoir choisi cette cuvette située à 250 km de Hanoï, dans le haut pays Thaï, à la frontière du Laos ?
- Parce que c’est la seule zone dans la région qui permet l’implantation d’un terrain d’aviation utilisable par les Dakota et autres avions, mais aussi l’implantation de troupes pour un rayonnement régional. Laï Chau, plus au nord, est trop enclavé dans la montagne et sa piste trop fragile et complexe pour être maintenue.
- Parce que c’est la route de passage depuis la Chine pour les troupes Vietminh vers le Laos et que Diên Biên Phu doit être un verrou sur la route de Luang Prabang.
Le Laos et son obligation de défense : Évoqué dans la lettre de mission du général Navarre mais jamais confirmé ni infirmé dans les réunions parisiennes lors de la présentation du plan Navarre. Le général Navarre est chargé de trouver une porte de sortie honorable de la guerre d’Indochine.
Le général Giap considère la situation du général Navarre comme un piège. Deux options s’offrent à lui : protéger le Laos ou protéger le Delta du Tonkin.
Dans l’option de barrer la route du Laos la plaine de Diên Biên Phu s’impose comme une base de rayonnement des unités. Mais déjà des voix s’élèvent signalant que l’on ne peut stopper le ruissellement Vietminh. La seule solution est de créer un point bas, une bassine, pour recueillir et stocker l’eau. Mais le problème est que la bassine peut se remplir très vite et noyer les troupes.
D’autres voix alertent également sur l’éloignement du camp retranché de ses bases même pour l’aviation qui est le seul mode de ravitaillement des unités déployées.
Diên Biên Phu se retrouve abcès de fixation de plusieurs divisions Vietminh alors que son implantation n’est au début que temporaire comme le fut Na San. Sa structure tactique de défense n’est pas adaptée à recevoir un choc frontal de cette ampleur, un barrage qui cède et une lame d’eau qui vient engloutir le château de sable en bord de mer.
Pour mémoire Na San a joué son rôle de fixation et d’attrition des troupes Vietminh mais ceux-ci ont retenu la leçon.
Quant au rayonnement des troupes françaises, il a été très limité et s’est retrouvé stoppé de plus en plus près du camp retranché au fur et à mesure de l’arrivée des divisions Vietminh.
La protection du Delta tonkinois est un gouffre à unités, des implantions sous béton ou légère soutenus par de l’artillerie et nécessitant des troupes très importantes pour ouvrir les routes et renforcer les points fortifiés, attaqués jours après jours dans un jeux de chat et de souris. En arrière de cette ligne le Vietminh version insurrection est dans son élément, infiltré intégré à la population qui le nourrit et l’héberge et qui n’hésite pas à faire le coup de feu avec lui avant de revenir à ses cultures.
Les forces en présence à Diên Biên Phu : les troupes françaises atteindront 15 000 hommes face à 5 divisions vietminh regroupant 80 000 hommes et au minimum 50 000 coolies assurant la logistique des unités.
L’aérodrome est l’artère vitale du camp ; toute la logistique s’y déploie mais cette artère est fragile. Le camp retranché compte une dizaine de chars, une vingtaine de canons de 105.
1954
- 16 janvier : Début de la Présidence de René Coty, (fin au 8 janvier 1959) ; fin du premier gouvernement Laniel ; début du second gouvernement Laniel.
- 25 janvier – 18 février : Conférence de Berlin annonçant la conférence de Genève.
- 1erfévrier : Vague de froid de l’hiver 1954. L’abbé Pierre lance un appel à la solidarité avec les sans-abris, sur les ondes de Radio Luxembourg.
- 5 février : Encerclement de Diên Biên Phu par le Viêt-Minh.
- 18 février : Annonce de la conférence de Genève.
- 1er mars : Tir test de la première et plus grosse bombe thermo-nucléaire à hydrogène américaine « Castle Bravo » dans l’atoll de Bikini.
- 9 mars : Début du débat sur l’Indochine à l’Assemblée nationale. Pierre Mendès France se prononce en faveur de négociation directes avec le Viêt-minh.
Les états-majors n’imaginent pas que le Viêt-minh dispose de canons en nombre supérieur malgré les services de renseignements français qui annoncent l’arrivée d’armement lourd. Au début l’artillerie est peu présente mais elle se révèle au fur et à mesure de la bataille. À partir du 13 mars elle se dévoile complètement, écrasant les points d’appuis.
Les contre-batteries françaises sont inefficaces, les batteries vietminh sont enterrées dans les montagnes totalement protégées dans des tunnels.
Dès le début de la bataille la piste d’aviation, l’artère vitale du camp est coupée. Les aviateurs vont tenter de se poser dans n’importe quelle situation au péril de leur vies en particulier pour évacuer les blessés.
Les chasseurs, les bombardiers, les avions de transports sont harcelés en permanence par une artillerie anti aérienne tout en puissance, du jamais vu en Indochine. D’anciens pilotes de la seconde guerre mondiale la compareront à la flak des bombardements de la Ruhr en Allemagne.
- 13 mars : Début de la bataille à Diên Biên Phu.
- 26 avril : Ouverture de la conférence de Genève : étude de la question Coréenne.
- 7 mai : Capitulation de Diên Biên Phu.
- 8 mai : Ouverture de la conférence de Genève sur l’Indochine.
- 3 juin : Le général Ely est nommé Commandant en chef et Commissaire général de l’Indochine.
- 19 juin : Investiture du gouvernement Mendès France.
- 28 juin – 4 juillet : Opération Auvergne. Les troupes franco-vietnamiennes évacuent la zone sud du delta du Tonkin (évêchés de Phat Diem et de Bui Chu) et organisent leur défense autour d’Hanoï et Haiphong.
- 21 juillet : Accords de Genève fin de la guerre d’Indochine.
- Nuit du 20 au 21 juillet : Accord de paix de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine. Non signés par les États-Unis, ils reconnaissent aux communistes la moitié nord du Viêt Nam. Les Français doivent se retirer d’Indochine. Indépendance totale du Laos et du Cambodge, évacués par le Viêt-minh. Le Viêt Nam est partagé en deux États par le 17e parallèle sous réserve que des élections générales aient lieu dans les deux ans en vue d’une réunification.
1955
La France quitte l’Indochine remplacée déjà par les États-Unis pour qui s’ouvre une nouvelle guerre.
La France, quant à elle, rétracte ses troupes vers l’Algérie où elles sont immédiatement engagées.