Au Vietnam, le déploiement par Pékin d’une plateforme pétrolière dans des eaux revendiquées par Hanoï a provoqué la colère de milliers de manifestants anti-chinois. Plus de 500 émeutiers ont été interpellés. Plus de dix usines ont été incendié au Vietnam, ces dernières heures, par des manifestants anti-chinois. Une éruption de rage sans précédent depuis des décennies, consécutive au déploiement par Pékin d’une plateforme pétrolière dans des eaux revendiquées par Hanoï.
La Chine a exprimé ses “graves inquiétudes” après ces incendies qui ont été accompagnés du pillage d’usines et de bureaux d’entreprises estampillées “chinoises” lors de ces incidents, rarissimes au Vietnam, tenu par un régime communiste autoritaire à parti unique.
Les violences ont eu lieu, mardi 13 mai, lors de manifestations de milliers de Vietnamiens travaillant dans des zones industrielles à capitaux étrangers, élément clé de l’économie vietnamienne. Plusieurs usines ont dû fermer temporairement, dont un fournisseur pour les groupes américains Nike et Adidas.
Ces incidents se sont produits dans des zones industrielles de la province de Binh Duong, près de Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique, dans le sud du pays. Des entreprises taïwanaises, sud-coréennes et japonaises en ont également été victimes, dans une apparente méprise des manifestants.
Aucun blessé n’a été signalé. Mais quelque 500 émeutiers ont été interpellés après avoir été “pris en flagrant délit de pillage, de vol et d’incendie des usines”, a déclaré mercredi à l’AFP Le Xuan Truong, de la police de la province de Binh Duong.
Hanoï a promis “des sanctions sévères pour ceux qui ont abusé de la situation pour créer des troubles”, selon un responsable de la police cité par le site d’information VNExpress.
Ces émeutes montrent “les dangers d’une ferveur nationaliste déchaînée, notamment dans un environnement institutionnel répressif comme au Vietnam”, commente Jonathan London, de la City University de Hong Kong.
Dans ce pays sans médias indépendants, des vidéos et des images postées sur des blogs de dissidents ont montré des milliers d’ouvriers détruisant des portails d’usines, brisant des fenêtres et détruisant des bureaux.
Les exportations de biens de production sont un pilier de l’économie, avec des entreprises comme le géant de l’électronique sud-coréen Samsung.
Des entreprises taïwanaises, japonaises et sud-coréennes ont suspendu leur activité mercredi, plaçant des drapeaux vietnamiens devant leurs bâtiments pour tenter de se protéger, selon VNExpress.
Les violences ont d’ailleurs été condamnées par Taïwan, qui a demandé au Vietnam d’assurer la sécurité de ses ressortissants.
Source du texte : FRANCE 24
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