samedi 15 février 2025

IN MEMORIAM – Yves MEYER, résistant-déporté (décédé le 31 janvier 2024)

A l’ombre de la coupole séculaire, les pensionnaires des Invalides maintiennent la mémoire vivante d’une histoire de bravoure et d’engagement. L’un d’entre eux nous a quittés centenaire, le 31 janvier 2024 : le résistant Yves Meyer, né le 18 décembre 1923 à Paris XVIe, d’origine alsacienne, membre de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française.

Depuis Marseille, où s’était réfugiée sa famille, l’adolescent distribuait des tracts, volait les cachets à la préfecture pour établir des faux-papiers. Très vite, il prit plus de risques encore, et intégra le réseau Judith, dans le sud-ouest. Arrêté à la frontière espagnole, il s’évada et monta un maquis dans la vallée de la Maurienne, où se mêlaient ouvriers croupiers, cuisiniers, artistes, que tout opposait, âge, convictions, condition, sauf la volonté de servir leur pays. Yves Meyer leur apprit à manier les armes, organiser des sabotages et des embuscades.

Mais la Gestapo resserrait sur lui ses filets. Reconnu à la faveur d’un trajet de train, il est arrêté à la sortie de la gare de Grenoble. Insaisissable, Yves Meyer profite d’une corvée pour leur échapper encore, gagner Chambéry puis Paris, arborant soutane et faux-papiers de séminariste.

Il prend alors, en mars 1944, la direction des maquis de Seine inférieure, aux côtés du chef régional du Service national maquis, le commandant de Kergaradec, dit Rocher. Trois mois après, dénoncé par un agent double de la Gestapo qui a infiltré son réseau, Yves Meyer est arrêté et interrogé.

Commence alors une lente descente aux enfers, de Rouen à Paris, au siège de la Sipo, avant Fresnes et le camp de Royallieu à Compiègne. Un matin, lui et ses camarades sont poussés sous la menace des armes dans les wagons du convoi n° 7909, qui marque l’histoire sous le nom de « Train de la mort » : minés par la soif, la faim, l’épuisement et la promiscuité, ce train à destination de Dachau a coûté la vie à plus de 900 personnes sur les quelques 2 500 déportés de ce train. Là encore, c’est l’esprit de solidarité et de résistance qui sauve Yves Meyer : les nombreux résistants de son wagon instaurent un roulement entre passagers, pour profiter chacun leur tour de la position assise, et gagner quelques minutes de sommeil salvatrices.

Après une quarantaine à Dachau, il fut transféré au camp de Neckargerach, affecté à des travaux de terrassement dans une mine-usine Daimler-Benz Mercedes, contracta le typhus. Sonna 1945, et la libération par les troupes américaines. Yves Meyer regagna Paris, guérit, retourna à la vie civile, et créa sa propre société d’imprimerie boulevard Barbès.

Mais il ne se départit jamais de son sens de l’engagement en faveur de son pays, et pour continuer à honorer ses frères de l’armée de l’Ombre, intégra la Commission nationale de la Médaille de la Résistance française.

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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