dimanche 21 juillet 2024

Chronique des blindés : AMX 13 F3 155 mm au 40e régiment d’artillerie

Le 40e régiment d’artillerie a été créé le 1er octobre 1894, à Saint-Mihiel dans la Meuse. Au cours de la Grande Guerre, le régiment est équipé de pièces de campagne de 75 mm, avec lesquelles il s’illustre dans les batailles de la Marne, en Argonne, dans l’Aisne, en Champagne… Pendant la campagne de France de 1940, le 40e RA se bat rageusement à Haubourdin dans les Flandres françaises, avant d’être anéanti dans la poche de Lille. Le régiment renaît au sein de la 2e DB en Afrique et participe aux combats de la Libération équipé de M7 Priest. Le 40e RA est dissous en 1949 avant de renaître à nouveau en 1952 et change de garnison à plusieurs reprises en passant par l’Allemagne avant d’occuper plusieurs quartiers en Champagne. Le régiment s’installe en 1976 à Suippes, dans la Marne, quartier dans lequel il est toujours. En 1996, le 40e RA est engagé en Bosnie. C’est sur le mont Igman que les puissants canons automoteurs AUF1 connaîtront leur baptême du feu. Une histoire régimentaire très riche, du glorieux 75 mm, jusqu’au canon CAESAR et c’est à l’un de ces témoins que l’on s’intéresse aujourd’hui : l’AMX 13 F3 155 mm. 

Quelle est l’histoire de ce modèle ?           

L’histoire de ce modèle en particulier n’est pas connue, le canon automoteur porte le numéro 2940249. Ce type de pièce a équipé le régiment de 1975 à 1990. C’est l’automoteur AuF1 qui vient remplacer l’AMX 13 F3 auto-mouvant progressivement à partir de 1989. La portée de l’AMX 13 F3 n’était pas suffisante, seulement 20 kilomètres. L’AuF1 offre quant à lui la protection d’un blindage conséquent pour l’équipage de pièce et une portée pratique autour de 25 kilomètres. À titre de comparaison historique, le 155 GPF imaginé pendant la Grande Guerre comme une pièce lourde portée, pouvait tirer selon les munitions jusqu’à 20 kilomètres. Aujourd’hui, le CAESAR est capable d’atteindre la portée de 45 kilomètres. 

Comment cette pièce a t elle été restaurée ? 

La pièce a été restaurée au régiment dans les ateliers notamment avec l’aide du 8e RMAT. Son aspect extérieur a été remis à neuf, sablé et repeint dans une couleur kaki. Il est exposé aujourd’hui dans les quartiers devant ces mêmes ateliers.      

Quelle est l’importance pour le régiment, d’exposer une telle pièce ? 

Il s’agit de conserver une trace matérielle de l’histoire opérationnelle de l’unité. De nombreuses personnes, au grès notamment du service militaire, ont pu servir sur ce type de pièce, c’est donc un témoin matériel. De plus, c’est montrer aux jeunes générations sur quels engins les anciens ont pu servir. 

Il y a t il d’autres pièces ou engins blindés exposés au régiment ?

Le régiment possède plusieurs pièces d’artillerie, dont certaines sont en restauration aujourd’hui comme le mythique 75 mm. En plus de ces pièces d’artillerie, le régiment expose à l’entrée du quartier un AMX 10 VOA ainsi qu’un AMX 30 B. Un AuF1 est aussi exposé et porte le nom du 1er classe Ziolkowski, mort pour la France, en Côte d’Ivoire en 2004.

L’AMX 13 F3 Automouvant 155 en quelques chiffres

Cet AMX 13 est équipé d’un canon de 155 mm avec chargement manuel et pointage manuel. Les munitions sont transportées dans un véhicule d’accompagnement. Long de 6,22 m, large de 2,72 m avec une hauteur de 2,08 m, l’engin pèse 17 tonnes. Équipé d’un moteur essence SOFAM 8Gxb 8 cylindres de 250 ch, il est capable d’atteindre la vitesse maximale de 60 km/h sur route et possède une autonomie de 300 km. Au niveau des transmissions, l’AMX 13 F3 possède un poste émetteur/récepteur VHF et d’une téléphone extérieur. L’engin est protégé par un blindage de 20 mm. Compact et léger, l’AMX 13 F3 ne dispose que de deux places à l’intérieur, les autres membres d’équipe composée de 8 personnes embarquent dans un véhicule de soutien.

 

Propos recueillis par Camille Harlé-Vargas.

Remerciements au 40e RA pour avoir partagé une part de leur histoire régimentaire avec passion.


Le 40e RA vient de lancer une souscription pour son nouvel ouvrage régimentaire : 

https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/livre-regimentaire-du-40e-ra

Camille HARLÉ VARGAS
Camille HARLÉ VARGAS
Auteur et spécialiste de l'histoire des conflits et de la mémoire du XXe siècle. Chargée de mission à l'ONaCVG de la Marne dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre (programme pédagogique, médiation et mise en place de projets). Engagée dans la vie associative visant à faire connaître au public l'histoire et les sites de la Première Guerre mondiale (Main de Massiges). En collaboration avec des historiens pour la rédaction d'articles et d'ouvrages sur les deux guerres mondiales.
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6 Commentaires

  1. Si vous le permettez, je crois pouvoir vous écrire que la pièce présentée (qui a le N°2940249) date de 1969 (le premier chiffre 2 pour l’armée de Terre année 1960, le deuxième 9 pour 1969, le troisième 4 pour un blindé non reconstruit, les quatre derniers pour le N° d’ordre du véhicule en question dans l’ordre chronologique depuis le début d’année). C’est donc le 249° blindé délivré à l’armée de terre en 1969. Cela dit, je suis un peu surpris qu’il n’ait pas été reconstruit, c’est à dire qu’il ne soit pas passé par un ERGM car la plupart de ces engins ont souffert pendant leur vie soit dans les grands camps de Champagne, soit à Canjuers. Camp qui leur fut fatal avec ses rochers qui ont détruit les rondelles « Belleville » qui assuraient le maintien de la masse pivotante sur le châssis. Enfin, le système de tension de chenille assuré par le dernier galet de roulement était fragile. Quant au moteur, celui de l’AMX13, il avait de la peine à tirer la masse de l’obusier de 155! La pièce d’artillerie, quant à elle, était une amélioration du 155BF50 avec quelques sécurités supplémentaires et un nouveau frein de bouche l’ensemble permettant une amélioration de la portée de 18 à 20km. La pièce était accompagnée d’un véhicule BERLIET GBC8KT spécialement aménagé pour le transport des munitions et des servants puisque seuls le pilote et le chef de pièce étaient dans le blindé, ce dernier dans un réduit escamotable derrière le pilote.

  2. Bonjour
    En 1985 j’étais pilote d’un AMX13F3 au 24eme RA à Reutlingen.
    Je voudrai bien revoir cet engin.
    Est il possible de rentrer dans la caserne pour le voir.
    Merci
    Bien à vous

  3. J’étais lieutenant au 19° RA. Pendant des manoeuvres dans la neige et le verglas à Canjuers, un de nos F3 a glissé et s’est renversé, tuant son chef de pièce MDL DROZ (PDL). Une petite stèle commémore le tragique accident.

  4. Jeune Sous Officier tout juste sorti de l’EAA ( à Châlons sur Marne à l’époque) j’ai été affecté à la 3ème Batterie du 40 ème RA en mai 1969. Nous avions des 105 AU50 mais il n’y avait pas de canon disponible pour moi. Le Capitaine m’a consolé en me promettant de me confier le 1er 155 AMF3 que nous attendions. C’est comme cela que quelques semaines plus je me suis retrouvé Chef de Pièce du 249 présenté ici. Je suis un peu nostalgique d’avoir été le premier Chef de Pièce de ce canon que j’ai bien apprécié, puis avec la gestion des personnels et des pièces j’ai servi les 252, 253 et 255, avant de terminer une carrière de 20 années.
    Major (er) Woille

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