dimanche 21 juillet 2024

Chronique des blindés : le char Renault FT du Musée de l’Armée

Le musée de l’Armée crée en 1905 est situé dans l’Hôtel National des Invalides, à Paris dans le 7e arrondissement. Il présente une riche collection d’œuvres, d’armes, figurines anciennes et armures du XIIIe jusqu’à notre époque. Le musée de l’Armée est un incontournable pour les amateurs d’histoire militaire, autant pour l’illustre bâtiment qu’il habite que pour ses collections. Les habitués du site savent qu’au détour d’un angle et de l’escalier, est logé un char de la Première Guerre mondiale. En effet, nous allons nous intéresser ici à l’histoire de ce Renault FT.

Propos recueillis par Camille Harlé-Vargas.

           

Comment le Renault FT est-il parvenu dans la collection du musée ?           

Ce char Renault FT possède le numéro de série 73523, construit par Berliet. Son historique au cours de la Grande Guerre n’est pas connu, hormis une hypothèse sur son appartenance au 502e RAS. Il est réutilisé par l’armée allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale, comme beaucoup d’autres Renault FT. Le « beutepanzer » est utilisé ici pour défendre l’accès d’un pont à la Ferté-sous-Jouarre au moment des combats dans la région en 1944. Le char est ensuite abandonné et reste sur site jusqu’en 1945 avant d’être acheté par un tenancier afin de le mettre en présentation dans son parc. Tombé dans l’oubli et à l’état d’abandon, le FT est découvert par monsieur Fontaine un amateur d’histoire militaire au début des années 70. Celui cède à titre onéreux la carcasse du char au musée de l’Armée pour la somme de quatorze mille francs le 5 juin 1974. L’Établissement de Réserve Générale du matériel / Engins Blindés (ERGM/EB) de Gien se charge de la remise en état du char. La tourelle-mitrailleuse d’origine est remplacée par une tourelle canon. Après la campagne de restauration, le char est transféré au musée de l’Armée le 11 mars 1975 dans la cour de l’hôtel national des Invalides.            

Où était-il placé au sein du musée au fil des années ? 

Le Renault FT a été placé dans les angles de la cour d’Honneur et sous l’escalier, sa position actuelle. 

Qu’est-ce que la présence de ce char apporte à la collection ? 

D’après Emmanuel Ranvisy, conservateur au musée ; au-delà d’une arme blindée, il s’agit d’un objet dimensionnant. Il y a peu d’objets de dimension aussi marquante dans les collections du musée : le taxi de la Marne ou la Jeep Willys de de Lattre en sont de rares exceptions. Le char Renault FT est exposé aux abords des escaliers qui jouxtent la cathédrale de Saint-Louis. Il représente une source d’appel, un objet préalable à la visite, marquant pour le public.  

Le Renault FT a-t-il été restauré depuis son arrivée ? 

Il a été restauré une première fois avant son arrivée au musée de l’Armée par l’ERGM de Gien (entrepôt de réserve générale du matériel). Sa tourelle-mitrailleuse est remplacée par une nouvelle tourelle canon. Au cours du centenaire de la Grande Guerre, le Renault FT est restauré par cryogénisation avec le soutien du constructeur de véhicules blindés ARQUUS. Il s’agit d’une méthode innovante qui permet de nettoyer les surfaces et de retirer les corrosions à l’aide de projection de glace carbonique à -78 °C sans altérer la matière ou la peinture. 

Le musée envisage-t-il d’intégrer des pièces similaires à l’avenir ? 

Pour l’exposition « Comme en 40… » le musée expose deux chars, un B1 Bis et un Panzer III à l’entrée de l’Hôtel National des Invalides. Outre ces pièces en prêt, Emmanuel Ranvoisy ajoute qu’il serait intéressant d’exposer en plein air des pièces contemporaines, qui se détachent de l’artillerie et qui se démarquent par rapport à l’architecture classique du site. Le poids des chars ne permet pas de les exposer dans les salles fermées.

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Remerciements à l’équipe de communication du Musée de l’Armée et des conservateurs pour leur disponibilité, leur sympathie et la documentation sur le Renault FT.

Camille HARLÉ VARGAS
Camille HARLÉ VARGAS
Auteur et spécialiste de l'histoire des conflits et de la mémoire du XXe siècle. Chargée de mission à l'ONaCVG de la Marne dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre (programme pédagogique, médiation et mise en place de projets). Engagée dans la vie associative visant à faire connaître au public l'histoire et les sites de la Première Guerre mondiale (Main de Massiges). En collaboration avec des historiens pour la rédaction d'articles et d'ouvrages sur les deux guerres mondiales.
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