Homme politique décrié et méconnu à la fois par certains militaires et hommes politiques, Adolphe Messimy mérite néanmoins d’être réhabilité.
Saint-Cyrien de la promotion de Tombouctou où il côtoie les futurs généraux Mordacq et Mangin, Adolphe Messimy débute sa carrière au 13e BACP où il se fait remarquer par son dynamisme. Au cours de cette affectation, il ouvre une voie, appelée aujourd’hui « voie Messimy » vers le sommet de la Grande Casse, plus haut sommet du massif de la Vanoise qui culmine à 3 855 m.
Plus jeune breveté de l’ESG à 26 ans, il assiste avec ses camarades à la dégradation du capitaine Dreyfus le 5 janvier 1895. Cette cérémonie le trouble au point qu’à la lecture de l’article d’Emile Zola trois ans plus tard, il devient dreyfusard et conteste un haut commandement qu’il accuse de forfaiture. Il est poussé à la démission en 1899.
En 1902, il s’engage en politique. Elu député de la Seine, il rejoint le parti radical et radical-socialiste où il se spécialise dans les questions coloniales et militaires. Ministre des Colonies puis par ministre de la Guerre en 1911 où son action est saluée, il rejoint de nouveau l’hôtel de Brienne en 1914 quand éclate la Grande Guerre.
Limogé du gouvernement à la suite de l’affaire du XVe CA (où il n’avait pas tout à fait tort) et pour ses relations délicates avec le président de la République, il rejoint le front le 1er septembre 1914 comme chef de bataillon de réserve, il est le seul parlementaire à être démobilisé, en janvier 1919, au grade de général de brigade de réserve à titre définitif ayant commandé la 162e DI, première grande unité à entrer à Colmar, deux blessures de guerre, titulaire de 7 citations, Légion d’honneur à titre militaire.
Sénateur de l’Ain, membre puis président de plusieurs commissions sénatoriales dont celle de l’armée, en remplacement de Albert Lebrun élu à la présidence de la République, il continue un combat qu’il a débuté dès 1902 (il est à l’origine de la création du Conseil supérieur de la Défense nationale en 1906), à savoir la création d’un ministère unifié de la Défense nationale, combat qu’il n’a jamais abandonné y compris au cours de la Grande Guerre, comme le prouve son importante correspondance. Il faudra attendre 1958 pour qu’il voit le jour après une tentative avortée en 1932, sous le gouvernement Tardieu.
Il décède le 1er septembre 1935 d’une commotion cérébrale.
Doté d’un caractère fort, ambitieux, Messimy était un grand serviteur de l’Etat qui s’est en permanence battu pour ses idées dans de nombreux domaines.
LCL (ER) Christophe ROBINNE
Adolphe Messimy (1869-1935), un colonial méconnu.