Ancien résistant, ancien déporté, le Fuiletais s’est éteint à 99 ans le 19/09 2019. Pendant des décennies, l’auteur de Stück, cobaye humain à Dachau a rencontré les jeunes.
« J’avais 14 ans. On a embarqué en famille dans une 404 Peugeot pour Dachau. Mon père y retournait pour la première fois. Arrivés tard dans la journée, on n’a pas pu tout visiter. Mais je le revois s’allongeant sur une planche à bastonnade pour nous montrer ce qu’il avait vécu. » Pour son fils Serge, qui raconte l’anecdote, Clément Quentin luttait contre ses démons « en libérant sa parole ». C’était un « combattant ».
Pourtant, et jusqu’à ses 97 printemps, il n’a cessé de témoigner publiquement de l’horreur des camps nazis et de promouvoir la paix. Il avait été déporté à Dachau de 06/1944 à 04/1945, après avoir connu les tortures de la Gestapo à Angers.
Des milliers et des milliers de jeunes – « Entre 25 000 et 30 000 » , estime Serge Quentin – ont eu en face d’eux cet homme longiligne au front dégarni qui, des années durant, aura sillonné, à leur demande, les établissements scolaires des Mauges et au-delà dans le département. On l’aura aussi vu régulièrement lire le célèbre texte du général de Gaulle lors de la commémoration de l’appel du 18/06.
Passionné de montagne, il s’en prit d’abord aux parois pyrénéennes, puis à l’occupant allemand durant la Seconde guerre mondiale. Démobilisé en 40, cherchant rapidement à entrer dans la Résistance, il s’engage fin 42 dans le groupe Libération Nord puis dans le réseau Cohors. En devient le responsable quand ses amis sont arrêtés. Mais il « tombe » à son tour, le 26/04/1944.
La suite, c’est dans Stück, cobaye humain à Dachau. Un petit livre de 171 pages que l’on conseille d’aller lire. Le Fuiletais avait 82 ans quand il a rédigé ce récit fort, parfois insoutenable, de son passage en prison puis de sa déportation.
Pourtant, « il n’a pas tout dit de ce qu’il avait supporté. Notamment en prison, à Angers. Ces démons régulièrement remontaient à la surface, lui causant des crises régulières d’asthénie morale depuis des décennies et de plus en plus ces dernières années », dit son fils. Dire et raconter n’auront donc pas suffi.
C’est un homme tuberculeux, traumatisé, « un mort-vivant » qui pèse 37 kg, que les Américains libèrent, en 04/1945, après être entrés dans Dachau. Il est remis sur pied, au moins physiquement, mais doit attendre 1947 pour être autorisé à reprendre une activité professionnelle.
Ce sera dans la chaussure. Après une formation d’un an, l’ancien résistant crée un atelier de fabrication au Fuilet qui emploie 30 personnes. Trop social pour l’époque, l’employeur doit faire face à une rude concurrence. L’atelier finit par fermer. Il se reconvertit dans l’élevage avicole. « La roue tourne. Une ascension s’enclenche qui me mènera en 20 ans jusqu’à la vice-présidence de la fédération nationale des coopératives avicoles. »
IN MEMORIAM – Clément QUENTIN, résistant-déporté (décédé le 19 septembre 2019)
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M&O 287 de juin 2025
