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17 décembre 546 : prise de Rome par le roi Ostrogoth Totila
Le deuxième siège de Rome par les Goths entre 545 et 546, lors de la guerre des Goths entre l’Empire byzantin et le royaume ostrogoth, intervient lors de la contre-offensive ostrogothe menée par le roi Totila, qui profite des errements stratégiques byzantins pour reprendre les positions perdues lors des premières années du conflit. Rome, qui est un objectif d’une importance politique cruciale, est alors soumise à un siège d’un an avant de tomber en dépit des tentatives de secours élaborées par les Byzantins. Au terme de cette chute, elle est soumise à un pillage d’importance qui aggrave le déclin de la ville.
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La guerre des Goths débute en 535 avec l’invasion de l’Italie, occupée par les Ostrogoths, par l’Empire byzantin de Justinien. Celui-ci s’est lancé dans une entreprise de reconquête des territoires anciennement détenus par l’Empire romain et l’Italie est une cible cardinale étant donné qu’elle est le cœur historique de la puissance romaine. Rapidement, les Byzantins, menés par le général Bélisaire, s’emparent du Sud de l’Italie et de Rome que les Ostrogoths ne peuvent reprendre malgré un siège de treize mois entre 537 et 538. Par la suite, Bélisaire parvient à s’emparer de la quasi-totalité de l’Italie et à obtenir la reddition des Ostrogoths. Toutefois, son départ pour l’Orient en 540 met à mal cette conquête encore fragile et les Ostrogoths ne tardent pas à se rebeller en se choisissant comme roi Totila. Celui-ci profite de la faiblesse des effectifs byzantins en Italie et de la division du commandement entre plusieurs généraux pour reprendre méthodiquement les territoires perdus. Rome devient de nouveau le point névralgique du conflit étant donné son importance politique et symbolique. Elle est alors défendue par Bessas et, à partir de 545, est soumise à un blocus de plus en plus serré des Ostrogoths.
La stratégie des Ostrogoths est de réduire la cité par la famine en la soumettant à un siège étroit. En outre, Bessas fait preuve de cupidité en profitant de la situation pour spéculer sur le prix des vivres et s’enrichir. De ce fait, la population ne tarde pas à souffrir de la famine. Rapidement, il apparaît que le salut de la cité impériale doit venir de l’extérieur, au travers de l’envoi de renforts à la garnison. Pour réagir à cette perte d’initiative en Italie, Justinien a renvoyé Bélisaire en Italie, qui décide très tôt de se porter au secours de Rome. Toutefois, il a d’abord besoin d’hommes supplémentaires et il envoie Jean à Constantinople pour les y trouver. Il met du temps à remplir sa mission mais parvient à regrouper une petite troupe qu’il emmène à Dyrrachium. De là, Bélisaire les envoie directement à Porto, le port de Rome situé à l’embouchure du Tibre. Commandée par Valentin et Phocas, cette force de secours mène une première sortie mais Bessas, pourtant au courant, ne fait rien. Une deuxième sortie est tentée le lendemain et, de nouveau, Bessas s’illustre par sa passivité. Cette fois-ci, Valentin et Phocas sont tués lors de l’affrontement.
Dans le même temps, le pape Vigile s’efforce d’acheminer des vivres dans la cité romaine. Il achète du blé alors qu’il est en Sicile, en route pour Constantinople. Néanmoins, les navires sont pris par les Ostrogoths qui viennent de s’emparer de Porto. À l’intérieur de la ville assiégée, la situation devient critique et des négociations sont entamées, sous la responsabilité du diacre Pélage. Il tente d’obtenir une trêve en assurant à Totila que la ville se rendra si aucun secours n’arrive avant la fin de cette période. Néanmoins, le monarque ostrogoth refuse cette proposition. Dès lors, la famine s’aggrave et les assiégés en sont réduits à se nourrir de tous les animaux qu’ils peuvent trouver comme des chiens ou des rats tandis que les suicides se multiplient. Pour Bélisaire, il devient urgent d’agir. Basé à Otrante, il décide de se rendre à Rome par la mer en quelques jours seulement mais Jean refuse de le suivre. Il préfère emprunter la voie terrestre et se lance dans la reconquête de l’Apulie, du Bruttium et de la Lucanie, délaissant Rome. Bélisaire arrive à Porto et se retrouve confronté à la mise en place d’un barrage sur le Tibre par les Ostrogoths, pour empêcher tout ravitaillement par voie fluviale. Cela ne l’empêche pas de tenter de forcer le barrage. Il regroupe deux cents barques chargées de vivres et de soldats et les lance en direction de Rome. Cette flottille est précédée de deux barques remplies de produits inflammables pour brûler les obstacles en bois dressés par Totila. Les Byzantins sont en passe de briser le blocus quand Bélisaire apprend qu’Isaac Kamsarakan, le chef de la garnison de Porto est capturé. Il en déduit immédiatement que la ville de Porto est tombée. Or, sa femme Antonina s’y trouve et il craint qu’elle ne fasse partie des prisonnières. Par conséquent, il bat en retraite précipitamment et, arrivant à Porto, se rend finalement compte que la ville est toujours tenue par les Byzantins. En réalité, Isaac Kamsarakan s’est risqué à une sortie au mépris des ordres de Bélisaire. Celui-ci ne peut que constater sa méprise et le fait qu’il a perdu une occasion décisive de secourir Rome, d’autant qu’il tombe gravement malade peu après.
Cet échec est la dernière tentative byzantine de sauver Rome. À l’intérieur de la ville, les assiégés sont dans une situation désespérée. Le , quatre soldats isauriens de la garnison font défection et ouvrent la porte Asinaria à Totila et à ses troupes. Bessas et ses hommes ont tout juste le temps de fuir avant le pillage de la ville. Si les massacres de civils sont rapidement interdits par Totila, la ville est mise à sac, les soldats s’emparant du trésor amassé par Bessas.
La chute de Rome a une portée symbolique importante. Elle est la démonstration du retour en force des Ostrogoths et de la faillite des Byzantins à consolider leurs conquêtes des années précédentes. En s’emparant de la cité impériale, Totila fait la preuve de ses talents stratégiques et consolide sa position comme monarque. Toutefois, il ne s’attarde pas dans la ville et préfère partir en campagne contre Jean dans le Sud de l’Italie. En outre, il ne parvient pas à obtenir la paix auprès de Justinien. De ce fait, Bélisaire est en mesure de reprendre Rome dès . Cela démontre que la possession de Rome a une importance plus politique que militaire car il faut attendre encore plusieurs années pour que les Byzantins soient réellement en mesure de reprendre l’initiative et de remporter la guerre des Goths en 552-553, avec l’intervention de Narsès. La ville de Rome en elle-même est d’ailleurs reprise quelque temps en 550 par les Ostrogoths. En revanche, la position de Totila est effectivement fragilisée car le roi des Francs, Childebert 1er, refuse de lui donner sa fille en mariage au prétexte que la perte rapide de Rome a affaibli son prestige.
En ce qui concerne la cité romaine en elle-même, le siège et le sac qui s’ensuit ont des conséquences plus profondes. La population a grandement souffert des privations. Déjà déclinante depuis le IVe siècle, fragilisée par les sacs de 410 et de 455, Rome ressort épuisée de cette épreuve. Sa population continue de chuter et, à la fin de la guerre, elle n’est guère supérieure à 30 000 habitants. Si Totila a renoncé à démanteler les murailles sous la pression de Bélisaire, qui a d’ailleurs immédiatement restauré les pans en partie détruits, les destructions opérées ainsi que le pillage appauvrissent la cité. Cet impact est aggravé par le troisième siège que subit la ville entre 549 et 550. À l’image de l’impact plus global du conflit sur l’Italie, cet épisode confirme le déclin de Rome, de l’aristocratie romaine qui fuit en masse la ville et de l’Italie en général comme cœur de la puissance impériale.
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Totila ou Baduila dit « l’Immortel », né à Trévise et mort en 552 à Taginæ, est un roi ostrogoth d’Italie de 541 à 552.
Depuis 535 l’empereur byzantin Justinien cherche à reconquérir l’Italie. En 540, son général Bélisaire prend Ravenne, la capitale des Ostrogoths, et s’empare de leur souverain Vitigès. Totila est élu roi des Ostrogoths à l’automne 541 pour succéder à Vitigès. Son élection intervient après la mort de son oncle Ildebad et celle de son successeur, son cousin Éraric, dont il organise l’assassinat en 541. Doué d’indéniables qualités militaires, il est victorieux à Faenza puis reprend aux Byzantins la Toscane, l’Ombrie et l’Italie du Sud (prise de Naples en 543). Ces succès s’expliquent aussi par un choix politique habile. Totila en effet se présente comme le défenseur de l’Italie et de la Romanité face à l’« étranger » grec et son imposante fiscalité. Il cherche à se concilier les catholiques, et, selon Grégoire le Grand, il rencontre Benoît de Nursie (saint Benoît), l’abbé du Mont-Cassin, qui lui dit « Tu fais beaucoup de mal, tu as fait beaucoup de mal. Cesse enfin de te montrer aussi cruel ». De plus il esquisse une « révolution sociale » en libérant les esclaves présents sur les grands domaines.
Totila assiège la ville de Rome en 544 et, après un siège de deux ans, s’empare de la ville en 546. Il tente alors d’entamer des négociations avec Justinien et essaye de rallier les sénateurs romains à sa politique. C’est un échec et Totila abandonne Rome, vide la ville de tous ses habitants et commence à la détruire systématiquement. Mais Bélisaire reprend la ville en 548. En 549, il organise la dernière course de chars au Circus Maximus alors déjà à l’abandon, mais il est bientôt rappelé à Constantinople. Totila profite du départ du plus célèbre général byzantin de l’époque et reprend l’offensive ; Rome est reprise en 550. Peu après, Totila arme une flotte qu’il place sous la direction d’Indulf, un déserteur byzantin, et s’empare de la Corse, de la Sardaigne, d’une partie de la Sicile et de la Dalmatie ; Corfou et l’Épire sont elles-mêmes menacées en 551.
Face à ces succès, Justinien envoie en Italie Narsès avec une armée composée en grande partie de contingents de mercenaires « barbares » (Huns, Gépides, Lombards, Hérules…). Totila est battu par l’armée de Narsès lors de la Bataille de Taginae en 552, et est blessé mortellement après la bataille par un jeune Gépide nommé Asbad. Même s’ils résistent encore sous la direction d’un nouveau chef, Theia ou Teias, la mort de Totila marque le début de la fin de la domination des Ostrogoths en Italie. En 555, les dernières troupes gothiques capitulent dans la forteresse de Conza, au nord-est de Salerne.
17 décembre 1398 : bataille de Pānīpat (Près de Dehli – Inde) et victoire de Tamerlan.
La conquête de l’Inde par Tamerlan avait pour objectif, selon René Grousset, de mener une fructueuse expédition de pillage « dans une des terres les plus riches du monde ». Le sultanat de Delhi, tombé en décadence, était alors politiquement morcelé. Ses provinces les plus riches avaient fait sécession au cours des dernières décennies. La raison officielle donnée par Tamerlan fut cependant de châtier un sultanat ayant fait preuve d’une trop grande complaisance envers ses sujets non musulmans.
Il envoya dans un premier temps son petit-fils Pir Muhammad qui s’empara de la ville de Multan dans le Pendjab. Tamerlan franchit l’Indus le , fit jonction avec les troupes de son petit-fils, et marcha en direction de Delhi. Après avoir installé son quartier général à Loni, au nord de Delhi, il fit exécuter 100 000 prisonniers. Le , il remporta une victoire décisive contre l’armée du sultan Mahmûd II et entra dans Delhi. Tamerlan donna l’ordre d’épargner la population, mais celle-ci se rebella contre les réquisitions des soldats timourides. En conséquence, ces derniers pillèrent et saccagèrent la ville. Comme à l’accoutumée, des pyramides de têtes coupées furent érigées, et les artisans qualifiés furent déportés à Samarcande.
17 décembre 1773 : naissance du maréchal Sylvain Charles Valée.
Orphelin dès ses premières années, il est nommé élève du roi à l’École militaire de Brienne à l’âge de 8 ans, grâce à l’entremise de la famille Loménie de Brienne. Il s’y trouve en même temps que Napoléon Bonaparte, de quatre ans son aîné, mais cela ne jouera aucun rôle particulier par la suite.
En 1792, il passe de l’école de Brienne (alors supprimée) à l’École d’artillerie de Châlons, comme élève sous-lieutenant ; il s’y trouve avec, notamment, Haxo, Marmont, Duroc, et Paul-Louis Courier.
En 1793, il est lieutenant d’artillerie, et participe aux opérations autour des places du Quesnoy, de Landrecies, de Charleroi, de Valenciennes, de Condé et de Maastricht. Au commencement de 1794, il reçoit le grade de capitaine et est envoyé à l’armée du Rhin, alors commandée par Moreau.
Il passe plusieurs années à l’armée du Rhin ; il y commande l’artillerie du général Decaen. En 1797, il est nommé commandant de la 2e compagnie du 3e régiment d’artillerie à cheval.
En 1800, il se marie à Françoise-Caroline Von Moëgling.
En 1802 il est promu au grade de chef d’escadron et est chargé de la formation des camps de l’artillerie de réserve. Nommé major en 1804, affecté au parc général d’artillerie, il fait plus tard la campagne d’Austerlitz, comme inspecteur général du train d’artillerie, puis le devient sous-chef d’état-major du général Songis, commandant en chef l’artillerie de l’armée. Colonel le il se distingue en Prusse lors des batailles d’Eylau et de Friedland.
Peu après, l’Empereur l’envoie en Espagne où il débute sous les ordres du maréchal Lannes au siège de Saragosse. Après la reddition de cette ville, il reçoit le commandement de l’artillerie du 3e corps, devenu armée d’Aragon. Général de brigade en 1809, il dirige celle du général Suchet aux sièges de Lérida, de Tortosa, de Mequinenza, de Sagonte et de Tarragone. Après la prise de Tarragone, qui a résisté à cinq assauts, l’Empereur le nomme général de division. Il suit le maréchal Suchet devant Valence, qu’il oblige par le feu de son artillerie à ouvrir ses portes, et met en état de défense toutes les places qui se trouvent dans le vaste commandement du duc d’Albufera.
En 1813, à la suite des échecs de Napoléon en Russie et en Allemagne, les Français doivent évacuer la péninsule ; malgré les efforts des armées anglo-espagnoles et des populations soulevées, il parvient à conserver et à ramener en France l’immense matériel des troupes françaises en Espagne. Pour lui en témoigner sa reconnaissance, Napoléon le fait comte de l’Empire par un décret daté de Soissons le , (il était déjà baron de l’Empire depuis le ). Il est ensuite nommé commissaire extraordinaire pour traiter de la remise des places d’Espagne le .
Durant les Cent-Jours, l’Empereur le charge de l’armement de Paris que le général Haxo doit mettre en état de défense.
En 1818 la place de premier inspecteur général de l’Artillerie donné au général Sorbier en 1814 est supprimée ; ses attributions sont remises aux mains d’un Comité de direction de cette arme, dont l’importance est devenue considérable ; le général Valée est appelé par le général Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre, à siéger dans ce Comité, et, pendant cinq ans, ses collègues le choisissent comme rapporteur de leurs séances. Appelé en 1818 à faire partie d’une commission de défense du royaume, il y fait adopter un système général d’armement pour les places fortes et l’immense littoral de l’Ouest et du Sud.
En 1822 le gouvernement crée pour lui le titre et les fonctions d’inspecteur du service central de l’artillerie. De 1822 à 1830, Valée se consacre sans relâche à la conception puis à l’exécution d’un vaste plan d’amélioration de l’artillerie, rendu public en 1827. Il rend l’artillerie plus mobile et simplifie son système de construction : par exemple, dans le matériel de campagne, les pièces de 6, de 8, de 12, sont réduites aux calibres de 8 et de 12 ; toutes les pièces sont montées sur quatre roues de même modèle et de la même grandeur. Pour faciliter la marche et le transport des pièces, par une nouvelle forme donnée à l’affût, les deux trains deviennent indépendants l’un de l’autre ; les pièces purent passer dans les chemins les plus étroits, tourner court et presque sur elles-mêmes ; toutes reçurent un coffret qui, placé sur l’avant-train, en était inséparable et suffisait aux premières nécessités du combat. Le général Valée étendit bientôt les mêmes idées à l’artillerie de siège et au matériel destiné à la guerre de montagne.
Les manufactures d’armes françaises placées près de la frontière sont, sur sa proposition, transférées à l’intérieur, à Saint-Étienne, à Châtellerault. Pour la fabrication de la poudre, des meules remplacent l’ancien mode de trituration.
Le corps du train d’artillerie est supprimé. Sa tâche consistait à mener les pièces sur le terrain, où il demeurait immobile au milieu des balles et des boulets. Valée, frappé des inconvénients de la division de l’artillerie en trois corps, a l’idée de donner, au personnel comme au matériel, l’unité qui leur avait toujours manqué. La batterie devient un tout complet, où les conducteurs et les canonniers, placés dans les mêmes conditions, obéissent au même officier. Chaque régiment d’artillerie a le même nombre de batteries à pied et de batteries à cheval ; les batteries à pied reçoivent des chevaux d’attelage. Officiers et soldats sont tenus de compléter pendant la paix leur instruction de guerre.
Le gouvernement, pour récompenser ses services, rétablit pour lui l’emploi et la dignité de premier inspecteur général, et le roi Charles X le nomme pair héréditaire du royaume, par une ordonnance du .
Quand l’expédition d’Alger est décidée au début de 1830, une commission composée des officiers les plus expérimentés des armées de terre et de mer est chargée d’examiner les difficultés et de préparer le plan de campagne. Valée estime que l’entreprise est susceptible d’un plein succès ; il emploie ensuite son activité à organiser le service de l’artillerie. L’expédition d’Alger est effectivement une réussite.
Après la Révolution de 1830, l’emploi de premier inspecteur général de l’artillerie est supprimé. Valée se retire dans le Loiret et s’y consacre à l’agriculture ; puis il est rappelé au service par le nouveau régime : conseiller d’État en 1834, membre de la Commission chargée des questions relatives à la fabrication de la poudre et au commerce du salpêtre, il revient finalement à la Chambre des Pairs.
En 1837 il est chargé de diriger l’artillerie et le génie pour la seconde expédition de Constantine en Algérie. Mais le commandant en chef Damrémont ayant été tué la veille de l’assaut à côté du duc de Nemours, Valée le remplace et mène à bien la prise de la ville ; à cette nouvelle, Louis-Philippe nomme Valée gouverneur général de l’Algérie et lui fait envoyer le bâton de maréchal de France.
La province de Constantine est ensuite soumise en moins de deux années, organisée, administrée de telle manière qu’un impôt régulier s’y percevait sans la moindre résistance, et qu’un voyageur pouvait la parcourir sans escorte.
Jugeant inévitable la reprise des hostilités avec Abd el-Kader, et sentant la nécessité de fortifier les places françaises dans les provinces d’Oran et d’Alger, Valée propose au gouvernement d’occuper les villes de Koléa et de Blida.
Bien que l’émir invoque le traité de Tafna signé en 1837, le maréchal occupe ces deux villes en , portant sur la Chiffa la frontière française de l’Ouest ; à l’Est, il établit des camps au Fondouk et sur les bords de l’Ouad-Kaddura. Il emploie l’automne et l’hiver à organiser la province de Bône.
Au début de 1839, le cabinet du 12 mai s’étant retiré, le maréchal Valée envoie sa démission ; mais le roi et le maréchal Soult le convainquent de la reprendre.
Au début de l’automne 1839, Valée met à exécution son projet d’occuper définitivement le plateau de Sétif et d’obtenir la soumission des tribus que les agents d’Abd-el-Kader travaillent à soulever. Le , l’armée française franchit le passage des Portes de Fer en Kabylie. C’est cette incursion sur un territoire placé sous l’administration d’Abd el-Kader qui est à l’origine de la reprise de la guerre, l’émir l’ayant considéré comme une violation grave du traité de la Tafna. Pressé par les tribus de réagir, Abd-el-Kader avertit les autorités militaires françaises de la reprise des hostilités.
Le prince royal faisait partie de l’expédition et accompagnait le maréchal en novembre. Il franchit, le 24, la Chiffa sans déclaration préalable. L’effectif de l’armée française en Algérie était alors de 43 000 hommes, dont seulement 35 000 sous les drapeaux. L’Émir avait réuni toute son infanterie et sa cavalerie régulière, de nombreux contingents de Kabyles, les goums de la province de Titteri et d’une partie de celle d’Alger. Le maréchal se disposa à l’attaquer avec un corps de 3 000 hommes. L’infanterie arabe était défendue par des escarpements d’un difficile accès. Le , le maréchal attire les Arabes dans la plaine en avant de Bouffarik, non loin du cours de la Chiffa, s’élance sur eux à la baïonnette sans laisser tirer un seul coup de fusil, et obtient bientôt la victoire la plus complète. Les bataillons réguliers de l’Émir sont détruits ; ses drapeaux, son artillerie tout entière tombent aux mains des Français. L’Émir, lui-même en fuite, repasse l’Atlas, et Valée, obéissant à l’hiver, suspend les opérations et rentre à Alger.
Le vieux maréchal veut faire à l’Émir une guerre patiente et opiniâtre, anéantir ses principaux établissements, placer les troupes et les autorités françaises dans des centres militaires et commerciaux, sur une ligne parallèle de Constantine à Tlemcen, rassembler dans chacun de ces centres une garnison assez forte pour en tirer une colonne de 3 à 4 000 hommes, destinée à combattre ou à châtier les tribus selon le besoin. Tel est le plan du gouverneur général auquel le gouvernement donna, en , une entière approbation ; l’effectif de l’armée venait d’être porté à 57 000 hommes.
La première division devait être commandée par le duc d’Orléans ; à la fin de février, le maréchal fit occuper Cherchell. Abd-el-Kader avait choisi la position inexpugnable du col de Mouzaïa qu’il faisait encore fortifier. Mais le ministère du 1er mars remplaça celui du ; le nouveau cabinet prescrivit au gouverneur général d’envoyer, dans la province d’Oran, une partie des troupes qu’il tenait réunies dans celle d’Alger. Le plan de campagne allait être totalement changé. Les avis se partagèrent dans le Conseil, et les projets de Valée, un instant repoussés, furent de nouveau adoptés. Le duc d’Orléans partit pour se rendre à son poste, son frère d’Aumale l’accompagnait. Cette campagne fut glorieuse ; le prince royal et le duc d’Aumale y rivalisèrent d’intelligence et de bravoure. Après le départ de ces jeunes princes, le , le maréchal continua l’offensive, et quand il rentra à Alger le , il avait repoussé l’Émir au-delà de l’Atlas, anéanti ses meilleures troupes, occupé définitivement Cherchell, Médéa, Miliana, et châtié, dans leurs propres foyers, les tribus turbulentes qui entourent la Mitidja. Il fit alors trois essais nouveaux de colonisation qui réussirent, à Blida, Cherchell et Coléa.
Mais le traité de Londres du avait changé en Europe la position de la France. En présence des éventualités que présentait l’avenir, le maréchal doit renoncer à tous projets d’agrandissement en Afrique pour s’occuper de conserver les possessions acquises. Il fait rédiger le projet d’une nouvelle enceinte pour Alger et d’une série de forts détachés destinés à en défendre les approches. Il charge une commission d’examiner le système de digues présenté par les ingénieurs maritimes, et indique lui-même les travaux à exécuter pour la défense de la rade d’Alger et la formation d’une batterie formidable qui empêcherait les flottes ennemies d’approcher des bâtiments mouillés dans le port. Dans l’hypothèse d’un débarquement à Sidi-Ferruch et du blocus de la capitale, le maréchal veut faire de Médéa la capitale militaire de l’Algérie. C’est sur ce point qu’il a réuni ses forces pour prendre à revers l’armée envahissante et faire lever le siège d’Alger. Il a fait étudier le système à adopter pour les fortifications de Médéa et la défense de l’Atlas, au-delà duquel il veut porter la capitale, en cas de guerre européenne, lorsqu’une dépêche ministérielle lui apprend qu’il n’est plus gouverneur des possessions françaises en Afrique. Pour la troisième fois en deux ans, le ministère est changé en France.
Le , Valée quitte l’Algérie. Il devient président de la commission pour l’armement de Paris. Il meurt à Paris le , âgé de 72 ans. Ses restes sont déposés à l’Hôtel des Invalides, et le roi ordonne que sa statue soit placée à Versailles.
17 décembre 1805 : naissance du général Charles d’Autemarre d’Erville.
Charles François Xavier d’Autemarre d’Erville, communément appelé le général d’Autemarre, né le à Cheppy (Meuse) et mort le , est un général de division français, grand-croix de la Légion d’honneur. Il s’illustre particulièrement au cours de la conquête de l’Algérie et pendant la guerre de Crimée.
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À l’âge de 16 ans, le 4 novembre 1821, il intègre l’école de Saint-Cyr et en ressort le 1er octobre 1823 avec le grade de sous-lieutenant. Il est affecté au 51e régiment d’infanterie de ligne, puis transféré au 59e le 29 octobre 1828, où il est promu lieutenant le 26 juin 1830.
En 1833, il s’embarque pour l’Algérie avec son régiment à Toulon sous les ordres du général Trézel pour l’expédition de Bougie. Sa conduite lors de la prise de la place lui vaut une citation le 6 octobre de la même année, ainsi que la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 14 novembre 1833. Promu capitaine en 1836, il participe à la première expédition de Constantine en novembre 1836, sous le commandement du maréchal Clausel. En janvier 1837, son régiment quitte l’Algérie pour servir en garnison à Lyon.
En 1840, il retourne en Algérie et est affecté au sein d’un régiment de zouaves, sous les ordres du lieutenant-colonel Cavaignac. Il se distingue lors d’une sortie de la garnison de Médéa en janvier 1841, ce qui lui vaut une nouvelle citation. Six mois plus tard, le 26 juillet, il est de nouveau cité à l’ordre de l’armée pour sa bravoure au combat de Sidi-Daho. Le 23 décembre 1841, il est promu chef de bataillon aux zouaves. Envoyé avec son bataillon dans la province d’Oran, il participe à toutes les affaires lors des campagnes de 1842 et 1843. Il est promu officier de la Légion d’honneur en août 1843. En 1844, il est cité à l’ordre de l’armée dans le rapport du maréchal Bugeaud pour s’être particulièrement distingué à la bataille d’Isly le 14 août 1844. Il est ensuite nommé lieutenant-colonel au 2e régiment de la légion étrangère le 24 avril 1845, rejoignant son nouveau poste à Bone, et participant aux expéditions contre les Kabyles, notamment à Collo, Dellys, et à la campagne de Tebessa.
Il est promu colonel du 53e régiment d’infanterie à l’armée des Alpes le 30 mai 1848 puis en juin 1849, désigné pour faire partie du corps expéditionnaire de la Méditerranée, il participe à l’expédition de Rome et embarque à Toulon avec son régiment. Il arrive devant Rome le 5 juin et reste en garnison après la prise de la ville en 1850 et 1851. Il est promu commandeur de la Légion d’honneur le 10 décembre 1851 puis promu général de brigade le 2 janvier 1852.
Il retourne ensuite en Algérie, il prend le commandement de la subdivision de Constantine.
Lorsque la guerre est déclarée à la Russie en 1854, il se voit confier le commandement de la 1re brigade de la 2e division du général Bosquet, composée notamment du régiment de tirailleurs algériens, du 3e régiment de zouaves et du 50e régiment de ligne. Son rôle lors de la bataille de l’Alma et sa contribution à la bataille d’Inkerman le 5 novembre sont salués. Le commandant en chef, Saint-Arnaud, écrit dans son rapport sur la bataille de l’Alma : « J’ai déjà fait connaître l’importance du rôle de la division Bosquet et de son mouvement tournant, pendant lequel sa 1re brigade (d’Autemarre), établie sur les hauteurs, reste longtemps exposée au feu de cinq batteries ennemies. »
En récompense de sa conduite, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur le 29 décembre 1854, après citation à l’ordre de l’armée, et promu général de division le 17 mars 1855.
Il prend ensuite le commandement de la 1re division du 1er corps d’armée sous le maréchal de Salles. Le général Autemarre participe activement à la prise de Kertch et d’Ieni-Kale lors de l’expédition en mer d’Azov en 1855. Par la suite, il est engagé dans l’attaque de la tour Malakoff le 18 juin 1855, où il pénètre à l’intérieur de l’ouvrage avant de devoir se retirer, et subit des pertes importantes lors de cette opération. Le 8 septembre, lors de l’attaque générale, la division dirigée par le général Autemarre est positionnée sur la droite de la division Levaillant, avec les troupes sardes à sa droite. Au cours de cette journée, la division subit de lourdes pertes, dont la perte du général Breton, ainsi que plusieurs officiers et un grand nombre de soldats.
Après la prise de Sébastopol le 11 septembre, le général Autemarre est envoyé avec sa division dans la vallée de Baïdar, où il occupe la position jusqu’à la conclusion de la paix.
Après le traité de Paris (1856) et son retour en France, il est nommé à la tête de la 2e division militaire à Châlons-sur-Marne.
En 1859, il participe à la campagne d’Italie en tant que chef de la 1re division du 5e corps, comprenant le 3e régiment de zouaves et les 75e, 89e, 93e et 99e régiments de ligne. Il joue un rôle important à la bataille de Montebello et lors de l’engagement du 3e zouaves lors de la bataille de Palestro. Après le traité de Villafranca, sa division reste en Italie en tant que force d’occupation sous les ordres du maréchal Vaillant.
n 1860, il est nommé inspecteur général de l’infanterie, puis prend le commandement de la 6e division militaire à Strasbourg jusqu’en 1865. Par la suite, il est appelé à diriger la 2e division d’infanterie de la garde impériale, composée de zouaves et de grenadiers.
Il est également conseiller général du canton de Varennes-en-Argonne (Meuse) de 1861 à 1870.
Il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur le 21 septembre 1866. En septembre 1869, il est nommé au commandement supérieur des gardes nationales de la Seine, qu’il occupe jusqu’à la fin d’août 1870, date à laquelle il démissionne pour intégrer le comité de défense des fortifications de Paris. Placé dans les réserves, il siège au conseil d’enquête des capitulations. Il meurt à Cheppy le à l’âge de 85 ans.
17 décembre 1830 : mort à 47 ans du général vénézuélien Simón Bolívar.
Simón Bolívar, de son nom complet Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, surnommé El Libertador, né le à Caracas au Venezuela, et mort le à Santa Marta en Colombie, est un général et homme d’État vénézuélien.
Il est une figure emblématique, avec son compatriote Antonio Jose de Sucre, l’Argentin José de San Martín et le Chilien Bernardo O’Higgins, de l’émancipation des colonies espagnoles en Amérique du Sud dès 1813. Il participe de manière décisive à l’indépendance de la Bolivie, de la Colombie, de l’Équateur, du Panama, du Pérou et du Venezuela. Bolívar participa également à la création de la Grande Colombie, dont il souhaitait qu’elle devînt partie d’une grande confédération politique et militaire regroupant l’ensemble de l’Amérique latine, et dont il fut le premier président.
Le titre honorifique de « Libertador » lui fut d’abord accordé par le Cabildo de Mérida (Venezuela), puis ratifié à Caracas (1813), et reste aujourd’hui encore associé à son nom. Bolívar rencontra tant d’obstacles pour mener à bien ses projets qu’il en arriva à s’appeler lui-même « l’homme des difficultés », dans une lettre adressée au général Francisco de Paula Santander en 1825.
Bolívar a mené 100 batailles, dont 79 furent décisives, et pendant ses campagnes, il a parcouru 70 000 kilomètres à cheval, soit dix fois plus qu’Hannibal, trois fois plus que Napoléon et deux fois plus qu’Alexandre le Grand.
En tant que figure majeure de l’histoire universelle, Bolívar est aujourd’hui une icône politique et militaire dans de nombreux pays d’Amérique latine et du monde, qui ont donné son nom à un très grand nombre de places, de rues ou de parcs. Son nom est aussi celui d’un État du Venezuela, de la monnaie du même pays, d’un département de la Colombie et surtout d’un pays, la Bolivie.
17 décembre 1922 : André Citroën lance la première traversée du Sahara en automobile.
André Citroën voulant tester son nouveau modèle de véhicule chenillé, l’autochenille B2, imagine en liaison avec l’armée de Terre, un raid expérimental et publicitaire démontrant que l’on peut rallier Touggourt (Algérie) à Tombouctou (Mali) en moins de trois semaines. Pari tenu.
Dès la fin du XIXe siècle, quelques explorateurs, comme Félix Dubois en 1898, ont tenté des essais automobiles en Afrique, mais les résultats furent peu concluants. Ce n’est qu’en 1922 qu’une expédition d’envergure sera entreprise. La mission de Georges-Marie Haardt et Louis Audouin-Dubreuil traverse le Sahara du nord au sud avec cinq autochenilles Citroën-Kégresse K1, en empruntant l’itinéraire classique des pistes caravanières, fin 1922 – début 1923. Georges Estienne qui y a participé convainc son père le général Jean Estienne d’organiser une nouvelle traversée empruntant une nouvelle voie plus adaptée au transport automobile. Fin 1923, la première mission Gradis, dite « Algérie-Niger », traverse le Sahara de Figuig (extrême-est du Maroc) à Savé (actuel Bénin), à bord de quatre autochenilles K1, parcourant 3 600 kilomètres. Ils sont accueillis à l’arrivée par André Citroën, sa femme, l’ingénieur Adolphe Kégresse, et le général Jean Estienne. L’année suivante, la seconde mission Gradis est organisée, à bord de voitures Renault MH, toujours pour traverser le Sahara, mais par la route dite « du Grand Axe ».
17 décembre 1903 : premiers vols, de quelques dizaines de mètres, des Frères Wright sur la plage de Kill Devil à Kitty Hawk (Caroline du Nord).
Capables de concevoir, de réaliser et de piloter une machine qui vole, les frères Wright s’attaquent alors au problème de la propulsion, et construisent dans leur atelier leur propre moteur et les hélices. Ils vont effectuer les essais de leur appareil baptisé Flyer, à Kitty Hawk, en Caroline du Nord. Après un premier essai infructueux de Wilbur, le , ils effectuent leurs premiers vols motorisés (en ligne droite) le Ferdinand Ferber, au courant de la « grande nouvelle » écrit aux frères Wright qu’il était acheteur d’une de leurs machines. Ils lui répondirent, très honnêtement, qu’elle n’était pas encore au point.
Les Wright ont effectué avec ce Flyer seulement 4 vols en ligne droite, au ras du sol, avec une machine apparemment plus instable en tangage que leur planeur de 1902. Le , la première tentative de vol se termine au bout de 3 secondes par un atterrissage brutal. Après réparation, les Wright effectuent le quatre vols de 30 à 260 m, tous terminés par une perte de contrôle en tangage suivie d’un atterrissage forcé. « Orville trouva lui aussi une profondeur ultra sensible, l’avion se cabrant et piquant follement sur la dune, touchant le sol… avec un bruit sourd. »
L’année suivante, avec un nouvel appareil au pilotage également difficile, le Flyer II, ils parviennent à effectuer des virages. Orville Wright effectue, le , le premier vol en circuit fermé de l’histoire.
17 décembre 1935 : premier vol du Douglas DC-3.
Le Douglas DC-3 est un avion de transport bimoteur à hélices, produit par la compagnie américaine Douglas Aircraft entre 1936 et 1945. Sa vitesse et son rayon d’action révolutionnèrent le transport aérien. Conçu à l’origine comme une évolution du Douglas DC-2 permettant le transport nocturne et confortable de passagers civils, le DC-3 est rapidement devenu un outil indispensable aux armées alliées durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut produit à plus de 13 000 exemplaires, dont plusieurs volent encore de nos jours, notamment pour le transport de fret en Colombie.
À l’approche de son entrée dans la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine demanda à Douglas Aircraft Company de lui proposer une version du DC-3 adaptée à ses attentes, en s’inspirant du C-39, qui répondait déjà parfaitement à ses besoins. Ce sera le C-47 Skytrain. Mais l’attaque de Pearl Harbor par la Marine Impériale Japonaise accéléra considérablement les choses. Pour faire face aux besoins les plus urgents, un certain nombre de DC-3 furent achetés auprès des compagnies aériennes, et Douglas Aircraft Company reçut l’ordre de livrer à l’United States Army Air Forces les appareils en cours de production sans modification majeure afin de gagner du temps, ce qui donna le C-53 Skytrooper. Cependant, l’usine de Santa Monica, d’où étaient sortis tous les DC-2, DST et DC-3, n’avait pas la capacité nécessaire pour assurer la production massive de C-47. Le gouvernement américain fit donc construire sur l’aérodrome voisin de Long Beach une usine spécifiquement destinée à la production du C-47. Et comme cela ne suffisait toujours pas, une troisième usine fut ensuite ouverte à Oklahoma City.
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En , le Japon, qui avait déjà obtenu une licence de production pour le DC-2, acheta pour tout juste 90 000 dollars US une licence de production du DC-3. Deux DC-3-237D, réputés destinés à servir de modèles de production, furent livrés par Douglas en et . L’entreprise bénéficiaire de cette licence, Showa Hikoki Kogyo KK, filiale du groupe Mitsui Trading, servait en fait d’écran à la Marine impériale. Tandis que Douglas envoyait au Japon des techniciens pour aider Showa à organiser la production, les DC-3-237D étaient discrètement livrés à la Marine impériale comme L2D1, les appareils produits au Japon devenant L2D2. Le premier sortit d’usine en septembre 1939. 487 DC-3 ont été produits par Showa et Nakajima entre 1939 et 1945.
Après avoir acheté un DC-3-196 auprès de Douglas et 18 appareils supplémentaires auprès de Fokker, l’URSS négocia l’obtention d’une licence de production afin de moderniser la flotte d’Aeroflot. Les accords de licence prévoyaient l’expédition en URSS de deux appareils en pièces détachées, et l’envoi à Santa Monica de l’ingénieur Boris P. Lissounov pour y étudier les méthodes de production américaines afin de les adapter en URSS à son retour. Désignés initialement PS-84, les premiers DC-3 construits en URSS sortirent de l’usine GAZ-84 de Moscou en 1940. Quelque 2 930 exemplaires furent construits en URSS dont 2 258 par l’usine aéronautique de Tachkent, tous avec une porte d’accès à droite, les premiers exemplaires livrés en URSS étant similaires aux avions commandés par American Airlines.
17 décembre 1938 : découverte de la fission nucléaire par les Allemands Otto Hahan, Fritz Strassmann et l’Autrichienne Lise Meitner.
Le phénomène de fission nucléaire induite est décrit le par deux chimistes du Kaiser-Wilhelm-Institut für Chemie de Berlin : Otto Hahn et son jeune assistant Fritz Strassmann. La physicienne autrichienne Lise Meitner participe aussi à cette découverte. Toutefois, étant juive, elle fuit l’Allemagne en pour se réfugier en Suède. Bien qu’ayant continué à participer aux recherches par correspondance (c’est elle qui a compris les implications des résultats de l’expérience déterminante et calculé l’énergie produite), elle n’est pas citée dans la publication.
Les résultats du bombardement de noyaux d’uranium par des neutrons sont alors déjà considérés comme dignes d’intérêt et tout à fait intrigants. Les principes théoriques avaient été étudiés par Enrico Fermi et ses collègues en 1934, mais ne furent donc correctement interprétés que plusieurs années plus tard.
Le 16 janvier 1939, Niels Bohr arrive aux États-Unis pour passer plusieurs mois à l’université de Princeton, où il se hâte de discuter de certains problèmes théoriques avec Albert Einstein. Juste avant son départ du Danemark, deux de ses collègues, Lise Meitner et Otto Frisch, lui ont fait part de leur hypothèse selon laquelle l’absorption d’un neutron par un noyau d’uranium provoque parfois la scission de celui-ci en deux parties approximativement égales et la libération d’une énorme quantité d’énergie : ils nomment ce phénomène « fission nucléaire ». Cette hypothèse est fondée sur l’importante découverte de Hahn et Strassmann (publiée dans Naturwissenschaften au début du mois de ) : le bombardement de l’uranium par des neutrons produit un isotope du baryum.
Bohr promet de garder secrète l’interprétation de Meitner et Frisch jusqu’à ce qu’ils publient un article afin de leur assurer la paternité de la découverte et de l’interprétation mais, à bord du bateau en route pour les États-Unis, il en parle avec Léon Rosenfeld, en oubliant de lui demander de respecter le secret.
Dès son arrivée, Rosenfeld en parle à tous les physiciens de l’université de Princeton. La nouvelle se répand ainsi à d’autres physiciens, tels Enrico Fermi de l’université Columbia. Les conversations entre Fermi, John R. Dunning et George B. Pegram débouchent, à Columbia, sur la recherche des rayonnements ionisants produits par les fragments du noyau d’uranium obtenus après cette fameuse « fission ».
Le 26 janvier 1939, se tient une conférence de physique théorique à Washington, organisée conjointement par l’université George-Washington et la Carnegie Institution de Washington. Fermi quitte New York pour participer à cette conférence avant le lancement des expériences de fission à Columbia. Bohr et Fermi discutent du problème de la fission et Fermi mentionne en particulier la possibilité que des neutrons puissent être émis durant le processus. Bien que ce ne soit qu’une hypothèse, ses conséquences c’est-à-dire la possibilité d’une réaction en chaîne paraissent évidentes. De nombreux articles à sensation sont publiés dans la presse à ce sujet. Avant la fin de la conférence à Washington, plusieurs autres expériences sont lancées pour confirmer la thèse de la fission du noyau.
Le 15 février 1939, dans la Physical Review, quatre laboratoires publient leurs résultats (université Columbia, Carnegie Institution de Washington, université Johns-Hopkins, université de Californie). Un mois plus tôt, Bohr savait que des expériences similaires avaient déjà été entreprises au Laboratoire de Copenhague (Danemark) (Lettre de Frisch à la revue Nature datée du et parue dans le numéro du ). Frédéric Joliot à Paris publie aussi ses premiers résultats dans les Comptes Rendus du . À partir de ce moment-là, la publication d’articles sur la fission devient régulière et intense au point que, dans la Review of Modern Physics du , L. A. Turner de Princeton en dénombre presque une centaine.
17 décembre 1944 : massacre de Malmédy ou Baugnez (Ardennes).
Le massacre de Malmedy, ou massacre de Baugnez, est un crime de guerre commis le 17 décembre 1944 par une unité allemande, le Kampfgruppe Peiper. Au cours de la bataille des Ardennes, ce Kampfgruppe a assassiné 84 prisonniers de guerre américains au carrefour de Baugnez, situé à quelques kilomètres au sud de la ville de Malmedy en Belgique.
D’un point de vue historiographique, cet événement est généralement connu sous le nom de « massacre de Malmedy », bien que la ville n’ait jamais été atteinte au cours de l’offensive. Ce crime de guerre, qui s’inscrit dans une suite de crimes perpétrés par la même unité au cours de la même journée et les jours suivants, a fait l’objet d’un jugement rendu par le tribunal militaire de Dachau lors d’un procès tenu en 1946.
17 décembre 1947 : premier vol du Boeing B-47 Stratojet.
Le Boeing B-47 Stratojet est un bombardier moyen à réaction et à long rayon d’action mis en service en 1951 dans l’United States Air Force (USAF). Conçu par la société Boeing Company et produit par l’avionneur ainsi que par des sous-traitants, il est construit à plus de 2 000 exemplaires. Propulsé par six turboréacteurs, il a une vitesse de croisière de plus de 900 km/h et peut voler à plus de 12 000 mètres d’altitude. Les versions les plus abouties du B-47 peuvent emporter plus de 11 tonnes de bombes et disposent d’un rayon d’action de 3 800 km, qui peut être augmenté avec l’usage du ravitaillement en vol.
Le projet B-47 est lancé en 1943, à la suite d’une demande de l’United States Army Air Forces pour un bombardier à réaction. Sur les premières ébauches l’avion reprend l’architecture du B-29 Superfortress, où les moteurs à pistons sont remplacés par des turboréacteurs plaqués sous les ailes ; le projet évolue rapidement vers le Model 450, qui dispose d’une voilure en flèche et dont les six réacteurs sont placés dans des nacelles suspendues sous les ailes. Cette disposition sera ultérieurement reprise sur le bombardier lourd B-52 Stratofortress puis sur l’avion de ligne 707 ; elle présente une innovation majeure dans la construction des avions à réaction de l’après-guerre et elle aide à concevoir les avions de ligne modernes.
Le B-47 entre en service au sein du Strategic Air Command (SAC) en 1951 ; utilisé dans le cadre de la dissuasion nucléaire américaine, il doit, en cas de conflit, larguer des bombes nucléaires sur l’Union soviétique. Il ne connait jamais le combat mais est un des piliers de la force de bombardement américaine tout au long des années 1950 et au début des années 1960. Il est également utilisé pour des missions de reconnaissance, de guerre électronique jusqu’en 1969 et sert de plate-forme d’essai jusqu’en 1977.
17 décembre 1976 : lancement du KH 11 (États-Unis), premier satellite espion américain à retransmission d’images en direct.
Keyhole 11, ou KH-11 est une famille de satellites de reconnaissance optique américains, de nom de code 1010, Crystal, et Kennen (souvent orthographié à tort Kennan), placés en orbite à compter de 1976 et dont la production se poursuit en 2017. Ces satellites, dotés de chambres photographiques numériques, ont été les premiers satellites espions américains à offrir une visualisation en temps réel. Jusqu’à la série KH-9, les photographies étaient retournées sur Terre à bord d’une capsule.
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Keyhole 7 ou KH-7 (nom de code Gambit 1) est une série de satellites de reconnaissance optique américains placés en orbite entre 1963 et 1967. Placés sur une orbite basse, ces satellites à la durée de vie brève (9 jours) réalisaient des images avec une résolution spatiale de 60 cm et envoyaient en fin de mission les données ainsi collectées dans une capsule de retour unique équipée d’un bouclier thermique et d’un parachute. Le KH-7 était généralement chargé d’effectuer des photos détaillées des sites repérés au préalable par des satellites de reconnaissance de la série des KH-4. La série des KH-7 a été remplacée par la série des KH-8/Gambit 3.
Les caractéristiques précises du satellite KH-11 restent secrètes en 2017 et n’ont fait l’objet d’aucune publication officielle à cette date. Certaines d’entre elles ont fini par émerger de manière indirecte. Les satellites KH-11 ressemblent probablement au télescope spatial Hubble dans leur forme générale. Avec un miroir primaire de 2,3 m, leur résolution théorique atteindrait 15 cm au sol (en l’absence de dégradations dues à l’atmosphère).
- Masse : entre 13 000 et 17 000 kg ;
- Longueur : 19,5 m ;
- Diamètre : 3 m ou moins.
Plusieurs versions du KH-11 ont été développées. En se basant sur les lanceurs utilisés et le comportement en orbite des différents satellites, les spécialistes du domaine ont déduit l’existence des versions suivantes :
- Bloc 1 (satellites n° 1 à 5) : version originale placée sur une orbite 270 x 500 kilomètres
- Bloc 2 (n° 6 à 9) : capacité infrarouge améliorée, orbite de 270 x 1000 km
- Bloc 3 (n° 10 à 12 et 14) : dispose de plus d’ergols pour allonger sa durée de vie et comprend des équipements permettant son déploiement et sa maintenance par la navette spatiale américaine
- Bloc 4 (n°13 et 15 à 16) : équipements liés à la navette spatiale américaine supprimés
- Bloc 5 (à partir du n° 17) : version améliorée (hypothèse).
es photographies sont renvoyées au sol par l’intermédiaire du réseau militaire Satellite Data System.
La durée de vie d’un satellite est d’environ 2 ou 3 ans, même si l’un d’entre eux (KH-11-6) a pu être utilisé pendant 11 ans.
En 1977, un employé de la CIA, William Kampiles, vendit un manuel secret du KH-11 au KGB en Grèce pour 3 000 dollars américains. Une taupe dans l’antenne du KGB en Grèce, Sergueï Bokhan, prévint la CIA et Kampiles fut jugé et condamné.
Au cours des années 1980, plusieurs photos prises par des satellite KH-11 sont rendues publiques. Lors de l’opération Eagle Claw en Iran, des photos satellites furent abandonnées par les Américains. En 1981, Aviation Week & Space Technology publie une photo (à la qualité dégradée) d’un bombardier soviétique prise sur l’aéroport de Ramenskoïe. En 1984, un analyste du Naval Intelligence Support Center, Samuel Loring Morison, fournit au Jane’s Defence Weekly plusieurs images du chantier naval soviétique 444 à Nikolaïev en Ukraine, où un porte-aéronefs de la classe Kiev était en construction. Les photos du KH-11 avaient subi un traitement numérique destiné à augmenter leur qualité.
En 2019, une photo publiée par le compte Twitter de Donald Trump a été identifiée comme provenant d’un KH-11.