Louis Hubert Gonzalve Lyautey naît le 17 novembre 1854 à Nancy, dans une famille de tradition militaire. Il entre à Saint-Cyr en 1873, puis à l’École d’application d’état-major en 1876, s’imprégnant dès ses débuts des principes réformistes sur la mission sociale de l’officier. Son sens du devoir et du commandement s’exprime rapidement lors de ses affectations à l’État-major, que ce soit en Algérie, en France ou dans les colonies.
Lyautey commence sa carrière coloniale en 1894 au Tonkin, puis à Madagascar à partir de 1897, aux côtés du général Gallieni. Il s’imprègne de la « politique d’alliance » prônée par ce dernier : respect des habitants, de leurs cultures, religions et traditions, et recherche de l’association avec les élites locales pour asseoir l’autorité française. Devenu colonel en 1900, il favorise la pacification et le développement économique à Madagascar.
En 1903, il est appelé en Algérie, puis chargé, dès 1908, de la pacification de la région frontalière algéro-marocaine. Il s’illustre en y appliquant sa politique du respect des autochtones et en amplifiant l’emprise française sur ces territoires.
En mars 1912, après la signature du traité de Fès instituant le protectorat français au Maroc, Lyautey est nommé premier résident général. Il mène une œuvre politique, militaire et administrative considérable pendant plus de douze ans (1912-1925). Il modernise le pays, réhabilite la royauté marocaine, puis met en place de vastes plans d’infrastructure, encourage l’agriculture, l’éducation, la santé et le développement urbain (comme la transformation de Casablanca en cité moderne).
Lyautey prône une gestion respectueuse des traditions locales et de la religion musulmane. Son approche « gagner les cœurs et les esprits » vise à associer les élites marocaines au nouveau régime, faisant de lui une personnalité respectée, tant par les Français que par de nombreux Marocains.
Pendant la Première Guerre mondiale, Aristide Briand le nomme ministre de la Guerre (déc. 1916-mars 1917), mais il se heurte à l’État-major et quitte le gouvernement. Il reprend alors ses fonctions au Maroc. Élevé à la dignité de maréchal de France en 1921, il est aussi académicien (élu à l’Académie française en 1912, reçu en 1920) et commissaire général de l’Exposition coloniale internationale de 1931. Il s’implique dans le mouvement scout, notamment comme président d’honneur des fédérations du scoutisme français.
En 1925, en désaccord avec le gouvernement sur la gestion de la guerre du Rif, il démissionne et retourne définitivement en France. Il continue alors l’œuvre de transmission de son expérience et de ses conceptions sur le rôle social de l’officier et l’action coloniale.
Lyautey reçoit la Grand-Croix de la Légion d’honneur, le Grand-Croix de l’Ordre marocain du Ouissam Alaouite, et de nombreuses autres distinctions nationales et étrangères. Il meurt le 27 juillet 1934 à Thorey. Inhumé d’abord à Rabat, ses restes sont transférés en 1961 aux Invalides à Paris.
Maréchal visionnaire, Lyautey marque l’histoire par son approche novatrice de la colonisation : respect des peuples, développement accompagné, modernisation et construction d’États stables. Partagé entre tradition et modernité, ses idées humanistes sur le rôle de l’armée influenceront durablement la société militaire et coloniale française.