OUVRY est une pépite française créée voici près de vingt ans à Lyon, ville historique de la soie depuis le XVe siècle. L’entreprise est spécialisée dans la fabrication d’équipements spéciaux destinés à faire face à la menace Nucléaire-Radiologique-Biologique-Chimique (NRBC) : combinaisons, masques, gants, surbottes, sacs d’évacuation, accessoires, etc.
Le risque NRBC étant omniprésent, qu’il soit d’ordre terroriste, technologique, industriel, fournir des équipements de protection et de détection performants pour y faire face est d’une impérieuse nécessité. Certains se souviennent des images bouleversantes des « liquidateurs » soviétiques, civils et militaires, intervenus immédiatement sur le lieu de la catastrophe de Tchernobyl, en avril 1986, avec des tenues de fortune dans un environnement intensément radioactif. Ils avaient notamment bricolé des « armures » avec des matériaux récupérés et des plaques de plomb.
Installé dans une ancienne filature Rhodia de triacétate de cellulose, la PME lyonnaise développe des produits innovants « duaux » destinés à tous les opérateurs d’interventions, qu’ils soient civils ou bien militaires. L’entreprise a investi trois millions d’euros en 2020 dans de nouveaux équipements industriels et dispose d’un tissu de partenaires industriels (tisseurs, ennoblisseurs et fournisseurs de produits chimique, confectionneurs) tous situés en France.
Entre 2012 et 2016, OUVRY produit quelques 22 000 tenues de combat NRBC « Félin » pour l’armée de Terre dans un tissu déperlant contre les risques liquides et avec une doublure filtrante au charbon actif contre les gaz.
La ligne de production des masques, notamment l’OC50®, permet d’en produire environ 4 000 par mois. Quatre opérateurs assurent la fabrication et le contrôle ainsi que la traçabilité de la chaîne d’assemblage. Ce masque, dont l’ergonomie et le confort ont été optimisés grâce à l’écoute des opérateurs et des utilisateurs, équipe des unités de sapeurs-pompiers ainsi que des opérateurs militaires, de sécurité ou d’intervention civiles. 15 000 masques sont sortis de la PME lyonnaise et sont en service opérationnel dans diverses unités. La composition de la partie frontale (mélange de chloro-butyle et de silicone) lui confère une souplesse et une étanchéité accrue s’adaptant parfaitement à tous les types de visage. De plus le masque est équipé de déflecteur d’air interne permettant d’éliminer le risque de buée et de réduire l’accumulation de chaleur. La visière a été étudiée pour éliminer les risques de vision déformée et sa flexibilité procure une résistance propice au transport en milieu contraignant, notamment pour les utilisations militaires. Les cartouches latérales permettent de mieux bouger la tête, pratique lorsqu’un soldat opère avec un fusil d’assaut.
En 2019, OUVRY reçut le prix de l’Innovation lors du salon de la sécurité intérieure MILIPOL, avec la fabrication du sac d’évacuation des victimes contaminées EVACOPS®, permettant leur transport dans des véhicules roulants ou les hélicoptères tout en préservant de la contamination les personnels médicaux.
L’équipement de protection NRBC pour équipage d’avion de chasse (« EPPAC ») a été élaborée, sous pilotage de la DGA et du CEAM, pour les équipages de Rafale et de Mirage 2000 de l’armée de l’Air et de l’Espace et de l’Aéronavale. Compatible avec les casques, les masques à oxygène et les combinaisons de vol, cet équipement est dotation dans les forces depuis 2020 protégeant les pilotes contre les menaces chimiques.
La mise au point de combinaisons adaptées permet aux primo-intervenants d’intervenir rapidement pour des durées variant de 12 à 24 heures. OUVRY a fortement réduit l’inconfort (poids, chaleur, pression excessive, etc) et la gêne (visuelle, auditive, baisse de dextérité) engendrés par le port de telles combinaisons de protection durant une longue période, en adaptant les équipements aux caractéristiques métiers des opérateurs (forces militaires conventionnelles, forces spéciales, pompiers, gendarmes, sécurité civile, sécurité privée) et en créant une combinaison « PolyIndus® », qui, comme son nom l’indique est destinée aux métiers en contact avec des produits chimiques et biologiques dangereux, notamment pour la dépollution de déchets contaminés.
Comme l’indique le général (2S) André HELLY, conseiller défense d’OUVRY, l’actualisation 2021 de la Revue stratégique nous le rappelle : « La menace NRBC est plurielle et ne se limite plus aux seuls théâtres d’opérations. L’emploi répété d’agents chimiques à des fins de terreur ou d’empoisonnement a renforcé le sentiment qu’un tabou était levé. La menace est donc réelle, y compris sur le territoire national, et elle pourrait encore se renforcer avec les évolutions attendues en matière de biologie de synthèses ».
Dans le document de synthèses et de présentation édité en début 2021, la Ministre des armées estime, que la résilience est la condition de l’efficacité de la protection que peuvent apporter les Forces armées à la population, aux côtés des Forces de sécurité publiques et civiles dans les missions qui leurs sont confiées dans le cadre Vigipirate et Sentinelle. Le général (2S) André Helly, retient des déclarations de la Ministre que face à la menace NRBC, notamment de nature terroriste, il paraît indispensable de renforcer les équipements dédiés, ainsi que l’acculturation de tout le personnel, et de poursuivre les programmes de recherche dans les domaines biologique et chimique.
Pour y faire face, il faut se former et s’entraîner. C’est pourquoi, en dehors des équipements et accessoires, OUVRY a conçu et fabrique un kit de simulants ayant les mêmes caractéristiques physico-chimiques que les agents toxiques de guerre réels en termes de persistance, de viscosité et de volatilité. Ces simulants sont détectables par tous les systèmes existants et facilement identifiables grâce à leur traceur fluorescent. Le déploiement de ce kit dans toutes les cellules NRBC des unités militaires, serait très bénéfique.
La lettre « e » a été ajouté au sigle NRBC indiquant que des agents chimiques, biologiques ou bactériologiques peuvent s’ajouter à des armes conventionnelles pour élaborer des « bombes sales » artisanales pouvant être utilisées par des groupes terroristes. Les primo-intervenants (policiers, gendarmes, pompiers, force Sentinelle, etc.) doivent pouvoir se munir très rapidement de protections efficaces pour intervenir au plus vite sur un éventuel lieu de contamination. Dans la Revue stratégique de 2021, il est mentionné que « les armées françaises devront retrouver progressivement en masse critique, en effectifs et en équipements ». Les pénuries étatiques constatées au début de la pandémie du COVID-19
La société lyonnaise OUVRY participe ainsi activement à cette « impérieuse nécessité » en développant depuis vingt ans un savoir-faire technologique, intégrant des composants innovants avec des partenaires de son « écosytème », reconnu par plus d’une quarantaine de pays. Le 28 janvier 2021, la société a obtenu le label « Utilisé par les armées françaises » pour sa tenue de combat EPIFOS en dotation au sein du COS.
Stéphane GAUDIN