L’effort russe patine. L’armée de Poutine avance, au prix de lourdes pertes. Surtout, elle n’avance qu’en dehors des villes. La nature urbaine de ce conflit dépasse tout ce que nous avions connu. L’Ukraine, bien que vaste, compte beaucoup d’agglomérations, autant de points d’appui truffés d’une infanterie bien pourvue en armes automatiques et en armes antichar. L’armée russe n’a pas les effectifs et les moyens pour la guerre urbaine. Elle doit « affamer, bombarder et réduire » un à un ces points d’appui.
La situation autour de Kyiv change peu (1) mais les combats sont violents. Au nord-est (2) les forces ukrainiennes sont encerclées par des Russes en sous-effectifs. Une « poche mobile » s’est formée.
Dans l’est (3) l’état-major ukrainien déploie des efforts autour de Kharkiv et du Donbass (4) : c’est une région clef. Si les Ukrainiens se replient, ils sauvent leur corps de bataille. S’ils restent, ils risquent de le perdre. Mais le territoire est vital pour les négociations. L’objectif politique prime. L’arrivée de l’air polaire sur la région pourrait faciliter les opérations russes loin des villages et leur permettre de couper les arrières ukrainiens.
Dans l’ouest, les Ukrainiens tentent de frapper les flancs de la poussée russe qui menaçait la centrale nucléaire sud (5). Odessa est pour l’heure hors de portée et la 14e armée de Transnistrie (6) n’est qu’une force statique avec peu de potentiel. La rencontre Poutine-Loukatchenko et les fausses frappes russes sur le Belarus préparent-elles l’engagement des Bielorusses ? La 35e armée bouge vers l’est (7).
Quelles pistes ?
1) un « bourbier syrien » : l’offensive foudroyante de décapitation a échoué. L’opération combinée de haute intensité semble aussi échouer. Poutine appelle des volontaires tchetchènes et syriens pour faire le « sale boulot ». La guerre devient un match d’usure « comme à Stalingrad », avec d’indicibles souffrances pour les civils. Attaques chimiques, crimes de guerre et guerre urbaine sordide. 10 ans de conflit. La Russie se découple économiquement vers l’Asie, l’Europe perd un gros fournisseur de matières premières.
2) un « effet domino » par la prise de Marioupol : plus les Russes libéreront d’effectifs en prenant des villes, plus ils renforceront leurs avantages locaux et plus la prise des autres points ira vite. Cela suffira-ils à compenser les pertes ?
3) un « collapsus » de l’armée russe : problèmes d’effectifs, de motivation, de matériel, de commandement, de munitions et de logistique. Les forces russes pourraient se désarticuler. Cela s’est vu, cela peut survenir de manière soudaine. Réaction du Kremlin ? Négociation ? Escalade nucléaire tactique ?
Dans tous les cas, les Ukrainiens sont hors d’état de lancer des contre-attaques d’ampleur, ne peuvent frapper le territoire russe et n’ont aucun moyen de « reconquête ». On ne voit pas, à ce stade, ce qui pourrait permettre d’aller vers la paix.
Ukraine 12 mars : « bourbier syrien » ? « Dominos » ? « Collapsus » ? L’air polaire comme arbitre ?
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