Figure de la Résistance nivernaise et chevalier de la Légion d’honneur, Marcel Henry, décoré des Palmes académiques, des croix de guerre et d’autres médailles militaires, est décédé mercredi 26 février 2020. Il avait 98 ans.
« Oublier le passé peut nous condamner à le revivre. Plus jamais ça. » Cette devise, Marcel Henry, membre actif du premier maquis armé de la Nièvre en 1943, l’a martelée toute sa vie auprès des plus jeunes.
Il avait immortalisé sa lutte pour ses idéaux et le récit de sa jeunesse de résistant dans un ouvrage, publié en 2013, Au-devant de la vie… C’est par ces mots qu’il introduit le livre : « J’y ai laissé ma jeunesse, et bien d’autres choses encore… »
« Je ne me considère pas comme un héros, j’ai fait ce que j’avais à faire. » Dès 1941, le jeune ouvrier des aciéries d’Imphy distribue des tracts syndicalistes appelant à résister. Il entame déjà quelques sabotages. « On coupait les bobines de tungstène destinées aux Allemands », nous avait-il raconté. En octobre 1942, le réfractaire au STO fuit la Nièvre et se réfugie en zone libre. À Clermont-Ferrand, il participe au sabotage d’un dépôt. Arrêté quelques jours plus tard sur un contrôle d’identité, il est mis dans un train, direction l’Allemagne. Résolu à poursuivre le combat, il en saute et regagne la Nièvre.
Là, en contact avec d’autres camarades, il se cache dans une fermette à La Fontaine-du-Bois, à Poiseux. C’est ainsi qu’en 1943 naît le premier maquis armé de la Nièvre. Le 5 avril de la même année, tôt le matin, les six résistants sont encerclés par une trentaine d’hommes d’un service de répression de la police. Une fusillade éclate. « Nous résistons jusqu’à épuisement de nos munitions ».
Blessé, arrêté, torturé, Marcel Henry est déporté aux camps de Pithiviers (Loiret), puis de la Coubre (Charente-Maritime) d’où il s’évade à nouveau. De retour dans la Nièvre en mai 1944, l’infatigable combattant se rapproche d’autres résistants avec lesquels il fonde le maquis des Bertranges, d’abord stationné aux Fontaines-de-Vaux, à Chaulgnes. La veille des libérations, le groupe compte 350 hommes.
Il est de tous les combats violents de l’été 44 jusqu’à la Libération. Celle de Fourchambault le 6 septembre ; celle de Nevers le 9 septembre. Mais lorsqu’on l’interroge sur le bonheur que furent ces journées, il pense à ses camarades tombés. « N’oublions pas les combats de la Libération qui ont eu lieu avant. J’ai perdu un homme, le 15 août, à Sichamps, lors de la bataille de Crux-la-Ville. »
Animé par un devoir de mémoire, il a, ces vingt dernières années, inlassablement sillonné les routes du département pour raconter la réalité de la guerre, aux côtés de Génia Oboeuf, survivante des camps de la mort.
Il est resté présent sur tous les fronts jusqu’à son dernier souffle.
Source : Le Journal du Centre