Né le 21-09-1925 à Beaufort (Jura-39).
Rejoint le maquis du département (Jura-39) en été 1944.
En avril 1945, il s’engage pour 3 ans dans l’Armée de l’Air. Contrat qu’il ne respecte pas, car au cours d’une permission il ne rejoint pas son Corps, mais s’engage le 10 avril 1945, pour 5 ans, dans les rangs de la Légion étrangère. (Matricule 55178)
Il est affecté au DCRE à Sidi Bel Abbés, où il effectuera son instruction, ses pelotons d’élèves gradés, et sera nommé sergent.
Volontaire pour l’Extrême Orient, il est cité à l’Ordre de la Brigade avec attribution de la Croix de Guerre pour son action du 26 octobre 1946 à An Phu Xa.
2e citation à l’Ordre de la Division le 3 mars 1947, grièvement blessé au combat de Tank au Cambodge.
Breveté parachutiste, il est affecté au 1er BEP/2e Cie-(CIPLE-compagnie Indochinoise Parachutiste de la Légion Etrangère), le 1er août 1948.
Le 20 avril 1950, le Bataillon entier est engagé dans la région sud d’Ha Dang (Opex David), où avec sa section il réduit plusieurs résistances rebelles et récupère des armes individuelles. Il obtient une nouvelle citation.
En septembre 1950, Bonnin participe aux combats sur la RC4. Grièvement blessé au bras gauche, il est fait prisonnier. Le Viet-minh l’estime inguérissable, et le livre à la Croix Rouge à That Khé. Il est évacué par avion à Hanoï, et hospitalisé à l’hôpital Lanessan.
Rapatrié, il rejoint Bel Abbés, où il effectue sa convalescence. Volontaire pour un 3e séjour, il revient en Indochine, affecté au 2e BEP, et chef de section à la CIPLE.
Le 10 février 1952, l’Adjudant Bonnin saute sur une mine dans les lacets du col de Kem, sur la route d’Hoa Binh. D’ordinaire précis dans ces gestes, il fait un pas de trop, basculant en arrière. L’explosion a soufflé ses jambes et son bassin. Nous sommes restés autour de lui quelques minutes qui sont gravées en moi à jamais. Il a dit : « Il vaut mieux que ce soit moi, qu’un de mes hommes. » Il a demandé au Lieutenant de Saint Marc de « couvrir ses jambes, pour que ses hommes ne le voient pas dans cet état. » La piste était noire de sang.
« Un jour, sur la route d’Hoa Binh, ma compagnie perdit le plus beau soldat que j’ai sans doute jamais connu. Son nom de Légion était Bonnin. Adjudant de vingt-sept ans, il finissait son troisième séjour en Indochine après avoir accumulé seize citations.
J’observais ce jeune homme silencieux placé sous mes ordres. Il semblait venir d’ailleurs, avec une grande maîtrise de lui-même. En opération, il semblait indifférent au sifflement des balles et aux ébranlements de mortier. Il faisait son travail comme un artisan appliqué, sans un geste de trop. Il pratiquait un courage sobre, contenu et d’autant plus impressionnant. A Hanoï, il restait à part, sans que jamais personne ne lui en ait jamais tenu rigueur. Simplement, il dominait la compagnie de son aura. Que cherchait-il en Indochine et qu’avait-il perdu si jeune pour s’engager dans la Légion ? Sa courtoisie était peut-être la marque d’un désespoir. C’était un être de noblesse, alliant la simplicité d’approche et la force de caractère, le sens inné du commandement et une modestie en toutes choses. J’admirais le don absolu qui était le sien vis-à-vis de ses hommes. L’adjudant Bonnin a sauté sur une mine dans les lacets du col de Kem, sur la route d’Hoa Binh. D’ordinaire précis dans ses gestes, il a fait un pas de trop, basculant en arrière. L’explosion a soufflé ses jambes et son bassin. Nous sommes restés autour de lui quelques minutes, qui sont gravées en moi à jamais.
Il a dit : « il vaut mieux que ce soit moi plutôt qu’un de mes hommes ».
Il a dit encore : « Je ne veux pas qu’ils me voient dans cet état » en demandant qu’on couvre sa blessure atroce. La piste était noire de sang. Il est mort comme un Templier, perdu dans un pays lointain, porté par ses camarades.
La silhouette fine, une ombre d’ironie dans l’attitude, des lèvres minces un peu tombantes, des yeux ronds et saillants, la démarche presque nonchalante, Bonnin était un homme secret.
C’était un caractère rageur et désenchanté, intransigeant, lucide. Ses rares paroles étaient des ordres qu’il donnait presque à regret, d’une voix retenue. J’avais l’impression qu’il se tenait à l’extérieur de lui-même, comme s’il était le spectateur de notre aventure. Il encadrait les parachutistes vietnamiens avec cette rigueur et cette pudeur qui leur convenaient tant. Je n’ai jamais vu des hommes obéir à un supérieur avec ce respect presque religieux. Dans les moments de danger extrême, son regard était d’une intensité insoutenable. C’est lui qui m’a appris qu’au plus fort de l’action, deux êtres pouvaient se comprendre sans qu’aucune parole ne soit échangée.
Durant toute mon existence, je n’ai jamais rencontré un homme d’une telle simplicité et d’une telle personnalité, d’une telle discrétion, mais habité par une telle autorité. Bonnin reste la plus belle figure humaine que j’aie rencontrée. Certains jours, je me demande si je n’ai pas survécu simplement pour écrire le nom de Bonnin et évoquer sa mémoire. »
Hélie de Saint Marc
- Chevalier de la Légion d’honneur.
- Médaille militaire (JO N° 92 du 17-04-1952)
- Croix de guerre des T.O.E. avec palmes du 12-01-1951.
- Croix de guerre des T.O.E. avec étoile de bronze.
- Au cours de ses 3 séjours en Indochine, a obtenu 16 citations.