Les prémices :
C’est à partir du Moyen-Age que l’on retrouve les ancêtres des armes à feu et des canons moderne. Ce matériel de guerre s’est développé dès le début du XIVème siècle grâce à l’utilisation de la poudre à canon venue tout droit de Chine. En effet, son utilisation par les Chinois remonte au VIIème siècle, durant la dynastie des Tang. Quant à la première formule de poudre à canon, elle se trouve dans un ouvrage chinois de 1044 : le Wujung zongyao.
Concernant la date à laquelle les premières armes à feu furent employées dans l’histoire, les spécialistes sont divisés sur la question.
Certains historiens avancent que les premiers canons auraient été utilisés en Europe dès 1118, lors du siège de Saragosse. Des bouches à feu auraient alors été employées par les Maures contre leurs adversaires espagnols. Plus tard, lors du siège de Cordoue en 1280, ces derniers auraient retourné ces redoutables armes contre leurs anciens agresseurs. Un peu plus tard encore, lors de la bataille de Crécy en 1346, les Anglais eurent également recours à l’artillerie.
Ce n’est qu’à partir de la fin du XIVᵉ siècle, et notamment dès les années 1380 que l’usage du canon se répandit de plus en plus sur les champs de bataille européens.

La fabrication de la poudre noire :
L’utilisation de la poudre noire a bien évidemment permis l’essor des armes à feu. Sa recette aurait été transmise de la Chine vers le monde musulman puis vers l’Europe. On retrouve ainsi des recettes de poudre au XIIIe siècle. Les chimistes du Moyen-Age utilisait alors trois ingrédients fondamentaux : le salpêtre, le soufre et le charbon de bois. Ces ingrédients sont ensuite purifiés par lessivage, filtration puis cristallisation en préparant le charbon de bois à partir de tilleul ou de saule.
Cette innovation est considérée par bon nombre de contemporains comme de la magie d’alchimiste ou encore comme étant une arme du diable. Ainsi l’ingénieur militaire Francesco di Giorgio qualifie la découverte « non pas d’humaine mais de diabolique ».
D’autant plus qu’au milieu du XIVe siècle, l’utilisation de la poudre en Europe n’en est qu’à ses débuts, sa manipulation reste hasardeuse.
Par exemple en 1360 tout un quartier de la ville de Lübeck sera pulvérisé par des apprentis sorciers. C’est pourquoi des mesures de préventions ont été mises place. Afin d’inviter les populations à s’éloigner, les chariots de poudre étaient précédés d’un drapeau noir.
Mais la poudre sans son canon ne serait pas grand-chose. Étudions d’un peu plus près ces fameux tubes.

Les canons :
Les tous premiers engins sont des pièces de canon en bois cerclés de cuir et de fer, tirant des boulets de pierre. Ils n’avaient que peu d’utilité militaire et étaient dangereux pour les servants.
Par la suite, au milieu du XIVe siècle, les canons sont des assemblages de lames de fer inspirés des tonneaux. Certaines de ces pièces, les veuglaires, se chargeait par la culasse. Cela permettait une cadence de tir plus élevée et d’éviter la recharge de la pièce par la gueule où des flammèches pouvaient encore subsister et bruler le servant.
Au tout début le canon était appelé pierrier car les premiers boulets étaient en pierre. L’arme était garantie pour 400 coups puis devait être rapportée pour être révisée ou refaite. L’artisan qui voyait sa pièce revenir et qui avait rempli son contrat s’exclamait : « Ha ! La brave bête, elle a fait ses 400 coups ! » l’expression vient de là.
Pendant longtemps, la majorité des pièces fut de faible dimension (entre 40 et 400 livres). Elles étaient transportées dans des chariots à quatre roues, il fallait alors déposer le canon sur un chevalet ou un châssis pour qu’il puisse tirer.
Mais, certains seigneurs ont la folie des grandeurs tel que le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Celui-ci fit fondre une grosse bombarde d’airain de 3 tonnes pour laquelle était prévu des boulets de pierres de 145 kg.
L’une des plus grosses bombardes fut forgée sur commande par un autre noble, le duc de Brabant dans les années 1409-1411 : son poids atteignait 35 tonnes.
Petit à petit, on renonce aux pièces géantes très coûteuse et très peu mobile. Tout au long du XVe siècle les techniques s’améliorent, et les forgerons utilisèrent des pièces en fer fondu. Le métal en fusion était ainsi versé dans un moule en forme de cylindre.
Avec ces mêmes moules on pouvait normaliser les calibres pour produire en série. Le bronze fut aussi utilisé comme pour les cloches. De cette manière les fabricants de cloches pouvaient se transformer en fabriquant de canons.
Ainsi, les nouveaux canons sont dotés d’un train de roulement et pèsent de moins en moins lourd. Cela les rend beaucoup plus mobiles. L’artillerie moderne est née.
Concernant les munitions, au milieu du XIVe on utilisait du plomb et du fer. Puis rapidement on passa aux lourds boulets de pierre (grès, marbre, albâtre…). Pour enfin revenir au boulet de fer plus petit et plus facile d’utilisation.
L’utilisation des premières armes à feu :
La nouvelle arme se répand rapidement, et dès 1360-1370 beaucoup de villes et pratiquement toutes les grandes puissances européennes possédaient leur arsenal. Lors de sièges, l’un des rôles de l’artillerie était de protéger les pionniers et les sapeurs pendant qu’ils creusaient les tranchées. Ces dernières permettaient de mettre à l’abri les attaquants afin d’atteindre le fossé et les murailles.
Mais ces pièces disposaient d’une piètre portée, il fallait donc les protéger par des fagots ou d’épais manteaux de bois munis parfois d’ouverture mobile. Les villes commencèrent aussi à s’équiper de cette nouvelle arme en fonction de leurs richesses et de leur importance stratégique.
Cependant les canons furent aussi utilisés contre l’infanterie. Les frères Bureau à la fin de la guerre de Cent ans purent mettre au point des canons plus petits et plus mobiles. Ceux-ci ont permis de mettre fin au conflit qui nous opposait aux Anglais lors de la bataille de Castillon en 1453. L’artillerie de campagne était née.
Pour ce qui est des différents modèles d’armes, on retrouve bien sur la bombarde qui est le premier véritable canon de l’Histoire. Puis au XVe siècle, on retrouve des pièces plus petites et plus maniable comme le fauconneau une pièce de petit calibre (3 pouces). Celle-ci se charge par la culasse et ses projectiles atteignent les 300 mètres.
Nous avons aussi la bombardelle qui est prévue pour tirer paraboliquement.
Ou encore la couleuvrine à main, l’ancêtre du mousquet et de nos armes modernes !
Les différents modèles avant la standardisation des calibres ne manquent pas.
A la fin du Moyen Age les armes à feu vont coexister pendant deux siècles avec les anciennes machines à contrepoids et à torsion, jusqu’à les surclasser dans tous les domaines et ce dès le XVIe siècle.
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Sources :
- Beffeyte, Renaud. L’art de la guerre au Moyen Âge. Ouest-France, 2005.
- Contamine (P.), La guerre au Moyen Âge, éd. PUF, Paris, 1980.







