IN MEMORIAM – Claude BOUCHINET, compagnon de la Libération (décédé le 8 décembre 2000)

Claude Bouchinet est né le 26 janvier 1912 à Paris (17e). Son père est administrateur de Sociétés.

Il fait ses études au collège Stanislas. Licencié en droit, diplômé de l’école des Sciences politiques, il fait son service militaire à l’Ecole de cavalerie de Saumur en 1934, d’où il sort sous-lieutenant.

Il est avant guerre, adjoint à l’attaché commercial à l’Ambassade de France à Berlin. Mobilisé en 1939, il est lieutenant à l’Etat-major de la Mission française de liaison auprès du corps expéditionnaire britannique.

Devant l’atmosphère défaitiste du Grand Quartier général replié à Vichy, il abandonne son poste le 17 juin 1940 et, parvenu à Bordeaux, embarque sur le Massilia à destination du Maroc. L’Afrique du nord acceptant l’armistice, Claude Bouchinet embarque clandestinement sur un bateau de troupes polonaises pour l’Angleterre avec son épouse Janine et Jacques Bingen.

Il s’engage le 23 juillet 1940 dans les Forces françaises libres sous le nom de Serreulles (nom de jeune fille de sa mère). Ami d’enfance de Geoffroy de Courcel, ce dernier lui demande de le rejoindre au cabinet du général de Gaulle où il est affecté comme aide de camp de juillet 1940 à octobre 1942. Sur sa demande, il obtient d’être reversé au Bureau central de Renseignements et d’Action (BCRA) et, à partir d’octobre 1942, commence la préparation de sa mission en France.

En février 1943, il est mis à la disposition de Jean Moulin pour occuper, sous son autorité, un poste d’adjoint. Déposé par une opération aérienne dans la nuit du 15 au 16 juin près de Mâcon, il arrive à Lyon le matin même et rencontre Jean Moulin qui, après l’arrestation du général Delestraint, le destine à s’occuper des questions militaires.

Il échappe au coup de filet de Caluire. Dès le 22 juin, il assure l’interim de Jean Moulin et rend compte par câble au général de Gaulle des arrestations de Caluire. Il contribue à maintenir le Conseil national de la Résistance comme organe supérieur de la Résistance et donne une cohésion à l’ensemble des mouvements qui le constitue. Il est rejoint le 15 août 1943 par Jacques Bingen avec qui il partagera désormais les responsabilités de l’intérim de la Délégation générale.

En octobre, le général de Gaulle nomme Emile Bollaert délégué général pour occuper le poste devenu vacant depuis l’arrestation de Jean Moulin. Emile Bollaert demande à Serreulles et Bingen de demeurer dans les fonctions qu’ils exerçaient jusqu’alors et ceux-ci restent ses adjoints jusqu’à son arrestation, en février 1944, avec Pierre Brossolette.

L’action de la Délégation comprend la coordination des forces de la résistance, notamment dans les domaines de la lutte contre la déportation, en dirigeant les jeunes Français réfractaires au STO vers les maquis, et dans celui de la décentralisation des actions militaires à venir par l’installation d’un délégué militaire régional (DMR) désigné par Londres dans chaque région.

Les efforts en vue d’unifier toutes les formations militaires de la Résistance (Armée Secrète, FTP, ORA, etc.) aboutissent à la création, en février 1944, des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Dans l’hiver 43-44, l’action élargie de la délégation générale s’étend à la mise sur pied, sur tout le territoire, des Comités départementaux de la Libération.

Dans la nuit du 3 au 4 mars 1944, Serreulles quitte la France par avion Lysander pour Londres et Alger, afin de rendre compte au général de Gaulle de l’évolution de la situation depuis neuf mois. Dès les premiers jours d’avril, il gagne Londres muni des instructions du Général pour Alexandre Parodi nouvellement nommé délégué général. Mais, il ne peut rejoindre la France que le 15 août 1944, parachuté près de Mâcon.

Il partage alors avec Jacques Maillet la mission de mettre en place dans les régions de la Zone sud et d’Aquitaine les nouvelles autorités. Il regagne Paris le 13 septembre 1944 par voie aérienne, des combats se poursuivant sur la Loire.

Nommé commissaire de la République en mission, il devient en octobre 1944, directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, Adrien Tixier.

En mars 1945, il est nommé membre de la délégation française à la Conférence constitutive des Nations Unies à San Francisco.

En juillet 1946, Claude Bouchinet-Serreulles est secrétaire général adjoint de la Conférence de la Paix à Paris.

En 1947, il est secrétaire général du Comité européen de coopération économique (Plan Marshall). En poste à l’OECE (1948-1951), il est ensuite administrateur de sociétés.

Membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis juin 1969.

Claude Bouchinet-Serreulles est décédé le 8 décembre 2000 à Neuilly-sur-Seine. Il a été inhumé dans l’ancien Cimetière de Neuilly.


• Grand Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 30 mars 1944
• Croix de Guerre 39-45


Publication :
Nous étions faits pour être libres. La Résistance avec de Gaulle et Jean Moulin, Paris, 2000

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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