De Joseph Kessel aux militaires, en passant par les diplomates ou les travailleurs humanitaires, nombre de Français ont laissé une part deux mêmes en Afghanistan. Ces contrées lointaines, aux limes de l’imaginaire, sombres et lumineuses, habitées par des gens à la fois si proches et si étrangers, constituent finalement un pays clair-obscur, mythique, inclassable et fascinant qui a suscité tant d’œuvres littéraires.
Très loin des sentiers battus, celle que nous propose ici Philippe Cholous est réellement authentique, originale et captivante. L’approche de l’auteur est en effet plus singulière. Elle est unique. Elle combine avec talent le récit d’une immersion vécue au sein des combattants afghans, celui d’une proximité avec un homme à la personnalité et au destin hors du commun. Zamaraï Païkan, et l’expression d’un ressenti subjectif à la faveur duquel le narrateur s’interroge en permanence sur le sens profond des réalités qu’il rencontre et qu’il décrit.
L’Afghanistan est un sujet éminemment complexe, sans cesse renouvelé et jamais épuisé. Zamaraï Païkan est un homme exceptionnel, exemplaire, au destin si dur et à la personnalité si riche. L’expérience de l’auteur en Afghanistan est authentique, rare et intense, puisqu’elle comprend un engagement exigeant et solitaire, au sein de ses frères d’arme afghans. Ces trois lignes de forces s’entremêlent et se fusionnent au fil des pages, pour donner à lire une œuvre vivante et dense, à la fois personnelle et historique. Elle comporte également une dimension philosophique, tant les faits y sont constatés et les analyses conduites sans prétention, mais sans concession.
Non, en vérité, il ne s’agit pas seulement là d’un énième livre sur l’Afghanistan. Il s’agit aussi et surtout d’un acte de partage, par lequel l’auteur se livre et ouvre pour nous une nouvelle fenêtre sur l’Afghanistan éternel au travers de la formidable épopée d’un héros d’aujourd’hui : Zamaraï Païkan.
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Ce livre retrace avec force une histoire d’amitié, d’hommes et de soldats. Pour qu’il revête tout son sens, un tel récit mérite d’être replacé dans son contexte, celui de l’Afghanistan de 2001 à 2015.
C’est pourquoi j’ai très volontiers accepté de préfacer l’ouvrage de celui qui fut pendant près de 2 ans mon conseiller.
L’Afghanistan a récemment traversé une période aussi longue que destructrice, de guerre et de terrorisme, qui a eu des effets ravageurs sur le secteur de la sécurité. Ce phénomène a attiré l’attention de la communauté internationale quant à l’impérieuse nécessité de reconstruire des forces armées afghanes capables d’assurer la sécurité non seulement dans la capitale, mais également sur l’ensemble du pays.
Cette évolution a été réalisée ensemble, c’est-à-dire grâce aux efforts des Afghans et à l’engagement de la communauté internationale pour restaurer des forces gouvernementales afghanes autonomes.
Au sein de cette architecture sécuritaire renouvelée, la police nationale afghane d’ordre public (ANCOP) est une force qui, en dépit de son caractère récent, a connu de réels succès et, plus important encore, s’est imposée vis-à-vis de la population afghane comme une institution à la fois nationale, fiable et impartiale. Cette réussite exemplaire résulte sans aucun doute possible du soutien amical et de l’appui continu de la Gendarmerie française. Depuis 2009, cette coopération privilégiée s’est traduite par la présence permanente d’un colonel de Gendarmerie français auprès du commandant de l’ANCOP. Elle s’est inscrite d’abord dans le cadre de la coalition (OTAN/FIAS), puis dans celui du traité bilatéral de coopération franco-afghan. Il m’importe ici de citer le nom de ceux qui ont ainsi contribué personnellement à la réussite de l’ANCOP : Régis Barou, Olivier Kim, Philippe Durand et Philippe Cholous. Dans cette guerre, ils m’ont accompagné toujours et partout.
Ces officiers ont toujours fourni des conseils précieux permettant à l’ANCOP de se rapprocher du modèle opérationnel et humain que constitue à nos yeux la Gendarmerie mobile française. De plus, la Gendarmerie française a organisé, tant en Afghanistan qu’en France, des actions de formation ciblées sur nos cadres de contact : chef de groupe, de section, de compagnie et de bataillon. Après le retrait de l’OTAN, la France s’est également investie dans la formation collective de nos unités, tant en ce qui concerne le maintien de l’ordre, que s’agissant de l’intervention.
De façon générale, je peux donc dire que notre succès découle des efforts communs de nos équipes respectives, à nous ANCOP et Gendarmerie, cette dernière ayant su nous donner accès à son expertise et à ses ressources. De ce point de vue, la France a rempli avec honneur l’engagement historique qu’elle a pris vis-à-vis de l’Afghanistan.
L’ANCOP a mis à profit l’expertise de la Gendarmerie française s’agissant du développement capacitaire, pour acquérir son statut actuel de force d’élite. A titre d’exemple, l’ANCOP était à ses débuts en 2009, essentiellement employée au Sud et au Sud-Ouest du pays.
Désormais, elle intervient partout en Afghanistan, comme une force nationale, mobile et impartiale, pour la plus grande satisfaction de la population. Avec l’aide de la Gendarmerie française et à l’instar de celle-ci, l’ANCOP est devenue un outil stratégique à la disposition de la République Islamique d’Afghanistan.
Enfin, au nom de tous les militaires de l’ANCOP, je tiens à remercier l’auteur de ce livre, notre ami français, qui a réellement travaillé « shana ba Shana » (épaule contre épaule) avec nous, dans cette formidable aventure militaire et humaine.
Zamaraï Païkan
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L’AUTEUR : Philippe Cholous est né dans le Morbihan en 1963. Après des études de lettres supérieures suivies au Prytanée National Militaire de La Flèche, il s’est engagé pour servir comme chef de section de combat d’infanterie dans les Troupes De Marine. Il a ensuite effectué une carrière en Gendarmerie, essentiellement opérationnelle, tant en métropole qu’outre-mer. Spécialiste de l’intervention et de la contre-insurrection de haute intensité, il a servi à plusieurs reprises en opérations extérieures. Il a été instructeur au Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie de Saint-Astier (CNEFG), professeur de planification au Cours Supérieur Interarmées de Défense de Yaoundé au Cameroun (CSID), examinateur au concours d’entrée à l’École de guerre, responsable de la gestion civile des crises à la Représentation Militaire de la France auprès de l’Union européenne (RMF-UE) et a enseigné pendant plusieurs années le rétablissement de l’ordre public au Collège Européen de Police (CEPOL). Ancien chef de corps du 2e groupement de la 6e légion de Gendarmerie Mobile, il a servi de 2013 à 2015, comme conseiller permanent en Afghanistan, du général Zamaraï Païkan, commandant la police nationale afghane d’ordre public (ANCOP).
Editions Lavauzelle, 226 pages, 22,30 €
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