Quand on évoque la Grande Guerre, on pense avant tout aux poilus, aux tranchées et à l’enfer de la boue, théâtre principal d’un massacre de plus d’un million quatre cent mille morts, côté français. Autant d’images qui font que l’opinion publique ne pense pas d’emblée au fait maritime dans cette guerre pourtant mondiale. Or, comment une guerre pourrait-elle être mondiale sans comporter un volet maritime majeur ?
Cette conscience légère du fait maritime – c’est le paradoxe qui vient d’être souligné – caractérise notre pays qui, pourtant, a bel et bien une vocation maritime. Bref, la Grande Guerre ne se réduit pas aux tranchées, même si le nombre de morts y est extrêmement élevé.
Le fait maritime est important dès la fin du XIXe siècle. En effet, avant 1914, il y a ce que les historiens appellent la « première mondialisation ». Du début des années 80 du XIXe siècle jusqu’à 1914, il s’agit bien d’une mondialisation, c’est-à-dire non seulement une intensification des échanges économiques, et évidemment pour la plupart par la mer et les océans, mais aussi une intensification des échanges de toutes sortes, y compris culturels. Et, bien entendu, une première mondialisation de dimension impériale et coloniale. Et il est vrai que les impérialismes, dans tous les sens du terme, coloniaux et non coloniaux, jouent un rôle fondamental dans cette première mondialisation.
Professeur Robert FRANK