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1er novembre : AUX MORTS !
« Les morts sont les avocats de la Patrie. »
(René QUINTON 1866-1925)
1er novembre -333 : bataille d’Issos (Cilicie).
La bataille d’Issos s’est déroulée le 1erdans l’antique Cilicie. Elle oppose l’armée d’Alexandre le Grand à celle de Darius III. L’armée macédonienne remporte une victoire décisive sur l’armée perse commandée par Darius en personne. Cette bataille voit la victoire d’Alexandre qui peut poursuivre sa conquête vers la Phénicie puis l’Égypte.
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Alexandre débarque en Asie Mineure au printemps -334 et défait les satrapes perses à la bataille du Granique. Mais dès l’hiver, Darius III reprend l’initiative et commence à regrouper une armée à Babylone. Confiant dans ses capacités de stratège, il entend affronter Alexandre en personne et faire sa jonction en Syrie avec le contingent des mercenaires grecs amenés par la flotte de Pharnabaze, successeur de Memnon de Rhodes dans la défense de l’Égée.
À l’été -333, Alexandre, qui vient à cette époque de soumettre toute l’Asie Mineure (hormis la Paphlagonie et la Cappadoce), apprend l’arrivée de Darius en Cilicie. Il quitte Gordion et décide de se porter au-devant de l’armée perse par la Lycaonie ; il soumet la Cilicie et occupe Tarse où il est retenu plusieurs semaines des suites d’une maladie (peut-être due à une hydrocution). Alexandre conserve donc le principal corps de troupes à Tarse mais envoie Parménion occuper la région d’Issos dont le pilier de Jonas et le col de Belen qui mènent de Cilicie en Syrie.
Désireux de rattraper le retard pris, Alexandre s’avance, quelque peu imprudemment, en novembre -333 vers le sud à travers la passe de Jonas. Mais Darius est informé que Parménion tient déjà le terrain ; il débouche par les portes de l’Amanos au nord et se retrouve sur les arrières d’Alexandre. Darius capture la ville d’Issos sans opposition et tue tous les malades et blessés qu’Alexandre a laissés derrière lui. Pour autant Alexandre, acculé aux régions hostiles de Syrie et de Phénicie, essaye de rester maître de la situation. Il rebrousse chemin vers le pilier de Jonas afin de mener combat en terrain connu. Malgré l’avis de ses conseillers grecs, Darius accepte la bataille dans une région pourtant peu propice à la cavalerie ; la supériorité numérique qui est son principal atout ne peut jouer à plein. En effet, Darius tient une position défensive dans une étroite plaine côtière que traverse le fleuve Pinaros. Le lieu de la bataille se situe près de l’actuel İskenderun en Turquie actuelle, aux abords d’un petit fleuve côtier appelé Pinaros durant l’Antiquité, à 10 km environ au sud d’Issos. L’identification de ce fleuve côtier pose problème mais il s’agirait bien de l’actuel Payas.
Certaines sources anciennes (Arrien et Plutarque), basant leurs estimations sur des sources grecques, estiment à 600 000 le nombre de soldats dans l’armée perse, tandis que Diodore et Justin estiment à 400 000, et Quinte-Curce, à 250 000.
Les historiens modernes énoncent que les estimations d’Arrien sont largement exagérées. Ils supposent qu’à cause de la logistique de terrain, rien que 100 000 soldats au combat aurait été extrêmement difficile en ce temps. Hans Delbrück donne une estimation de 25 000 soldats perses, mais plusieurs autres historiens (notamment Engels et Peter Green), estiment la taille totale de l’armée de Darius à environ moins de 100 000, incluant 11 000 cavaliers, 10 000 mélophores et 10 000 mercenaires grecs. Warry l’estime à 108 000 au total.
Les effectifs de l’armée macédonienne n’ont probablement pas excédé les 40 000 hommes. L’armée, qui inclut plusieurs contingents alliés dont ceux de la ligue de Corinthe, est constituée de 22 000 phalangites et hoplites, 13 000 peltastes et 5 850 cavaliers.
Darius a l’avantage de mettre son armée la première en ordre de bataille. Il se positionne au centre, juché sur son char avec sa meilleure infanterie et sa cavalerie royale. Il place ses fantassins légers (les cardaces armés comme des peltastes) sur les flancs de la montagne et dispose près de la côte, sur son aile droite, la plus grande partie de ses cavaliers légers perses et mèdes. Thymondas, fils de Mentor de Rhodes, commande le bataillon des mercenaires.
Suivant le dispositif habituel, Alexandre dirige la cavalerie des Compagnons sur le flanc droit tandis qu’il place sur le flanc gauche, appuyée au rivage, la cavalerie thessalienne et thrace sous le commandement de Parménion. La phalange, disposée en retrait le long du cours d’eau, est protégée sur ses flancs par des bataillons de peltastes.
La bataille commence par un choc entre les deux infanteries sur les rives du Pinaros, tandis que les frondeurs, archers et javeliniers perses ne sont pas parvenus à diminuer la solide phalange. Les mercenaires grecs de Darius combattent avec vigueur et parviennent un temps à rompre les phalangites de Cratère. Au même moment la cavalerie perse se heurte à la résistance de Parménion qui tient l’aile gauche macédonienne. Appuyé par le corps d’élite des hypaspistes, Alexandre, à la tête de la cavalerie des Compagnons, défait l’aile gauche adverse et se rabat vers le centre de Darius. Certaines sources antiques considèrent qu’Alexandre cherche à défier Darius en combat singulier, mais cette manœuvre au centre semble au départ davantage dirigée contre les mercenaires grecs. Pour autant une fois Darius en vue, Alexandre lance l’assaut contre lui ; la garde royale perse oppose une vive résistance autour du char royal. Plusieurs satrapes et officiers de haut rang y laissent la vie. Ses chevaux étant gravement blessés, Darius aurait été contraint de changer de quadrige, quand un dernier mouvement de panique le contraint à la fuite, entraînant la débâcle de sa cavalerie puis de son armée tout entière. En déroute dans un étroit défilé, les cavaliers perses périssent en se foulant mutuellement ou en chutant dans les ravins. La cavalerie macédonienne poursuit Darius en vain jusqu’au coucher du soleil.
Darius parvient à s’enfuir vers l’Euphrate, laissant aux mains d’Alexandre sa mère Sisygambis, son épouse Stateira et ses enfants (Stateira II, Drypétis et Ochos). La magnanimité d’Alexandre est grande à leur égard, promettant de fournir des dots à Drypétis et à Stateira II. C’est à ce moment que se situe l’épisode, probablement légendaire, de la confusion faite par la mère de Darius entre Alexandre et Héphaistion qui « lui aussi est Alexandre ».
La défaite de Darius est un déshonneur selon les usages royaux achéménides. Dans sa fuite il a abandonné ses insignes royaux (son quadrige, son arc, son bouclier et son manteau). Alexandre entame alors la conquête de la Phénicie puis de l’Égypte. Il remporte ensuite une ultime victoire contre Darius à la bataille de Gaugamèles en -331.
1er novembre 1179 : Philippe II Auguste est sacré roi de France à Reims.
Philippe II dit « Auguste », né le à Paris et mort à Mantes le , est le septième roi (1180-1223) de la dynastie des Capétiens et le premier monarque auquel est attribué le titre de roi de France. Il est le fils héritier de Louis VII et d’Adèle de Champagne.
Le surnom d’« Auguste » lui est donné par le moine Rigord, après que Philippe II a ajouté au domaine royal, en juillet 1185 (Traité de Boves), les seigneuries d’Artois, du Valois, d’Amiens et une bonne partie du Vermandois, et également parce qu’il nait au mois d’août. Référence directe aux empereurs romains, ce terme signifie qu’il a accru considérablement le domaine royal.
Chapelain et biographe de Philippe II, Guillaume Le Breton le nomme « Philippe le Magnanime », dans sa chronique La Philippide, rédigée entre 1214 et 1224. Cette chronique est une continuation de celle de Rigord, que Philippe II lui a demandé d’expurger, la jugeant moins laudatrice qu’il le souhaitait.
Philippe Auguste reste l’un des monarques les plus admirés et étudiés de la France médiévale, en raison non seulement de la longueur de son règne, mais aussi de ses importantes victoires militaires et des progrès essentiels accomplis pour affermir le pouvoir royal et contrôler la hiérarchie féodale.
Philippe Auguste est le premier roi ayant fait porter sur ses actes, sporadiquement à partir de 1190, officiellement à partir de 1204, Rex Franciæ, « roi de France », au lieu de Rex Francorum, « roi des Francs ». Il faut cependant relever que les traités et conventions de paix signés entre les vassaux ou alliés et le royaume de France mentionnent sans exception Philippus rex Francorum (« Philippe, roi des Francs »), à la différence, par exemple, de Richardus rex Angliæ (« Richard, roi d’Angleterre »), mais comme Henri, roi des Romains.
1er novembre 1450 : bataille de la Male Jornade.
La bataille de la Male Jornade (parfois « Male Journade », soit « la mauvaise journée ») ou bataille des Landes du Haillan est un affrontement entre les forces anglo-bordelaises et françaises au nord-ouest de Bordeaux le 1er, vers la fin de la guerre de Cent Ans. Avec près de deux mille combattants tués et autant de prisonniers, c’est une lourde défaite pour les Anglais qui voient s’anéantir leurs espoirs de résister au roi de France en Aquitaine, mais aussi un traumatisme pour la population bordelaise.
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En 1450, Dunois et Xaintrailles à la tête de l’armée du roi Charles VII resserrent l’étau autour de Bordeaux. C’est la campagne de Guyenne, dernière possession anglaise sur le continent.
Les Français sont commandés par Arnaud-Amanieu d’Albret, sire d’Orval et fils de Charles II d’Albret, comte de Dreux. Il est assisté des compagnies d’Étienne de Tholeresse, du sire de l’Espinasse, d’Étienne de Vignoles et surtout du capitaine Robin Petit-Loup (ou Pettilow, ou Pettiloch), chef d’un groupe d’Écossais. Leur effectif est évalué à quatre à sept cents combattants, cinq cents lances garnies (soit trois mille hommes, une lance étant un groupe composé d’un homme d’armes, de son valet, son page, d’un guisarmier et de deux archers) ou encore mille six cents cavaliers. Après avoir pris la place forte de Bazas, ils ont contourné Bordeaux par le sud et se sont installés à Blanquefort au bord de la Jalle, à l’ouest de la forteresse médiévale du village (mais il semble que celle-ci, qui relève de Gaillard de Durfort, fort soutien des Anglais, n’intervient pas dans le combat). Leur position est forte et menaçante, car elle empêche Bordeaux de recevoir d’Angleterre assistance et approvisionnement : aussi l’affrontement est-il inéluctable. Le , Orval a reconnu le terrain — des marais parsemés de bosquets —, et placé ses troupes en ordre de bataille.
À Bordeaux depuis 1433, le maire est Gadifier Shartoise (en anglais Gadifer Shorthose), seigneur de Génissac et Biron en Guyenne et Anglais d’origine. Son autorité s’étend ainsi à la fois sur les seigneurs gascons et sur les trois à quatre cents recrues anglaises fraîchement débarquées. Mais il a la réputation d’un piètre capitaine. Aidé du jurat Thomas Gassiot, il réunit à la hâte des combattants pour se porter contre les Français. Marchands et gens du peuple s’arment tant bien que mal et se constituent en milice pour renforcer les soldats anglais et les chevaliers gascons. Le 1er novembre, le maire et le jurat sortent à l’aube de Bordeaux par la porte Saint-Seurin à la tête d’une troupe de sept à dix mille combattants — chiffres vraisemblablement gonflés a posteriori pour glorifier la victoire française. « Ils saillirent, dit Mathieu de Coucy, de ladite ville au nombre de sept à huit mille hommes, entre lesquels estoit la plus grande partie des barons du Bordelois qui se tenoient dans ladite ville et si estoient le maire et le sous-maire d’icelle ville comme les chefs et capitaines des Anglois ». La colonne est hétéroclite, inexpérimentée, mal armée : « On sortit en foule, bien ou mal outillé, ceux-ci en salade, ceux-là en jaquette, les seigneurs à cheval, le populaire à pied, un petit nombre conduisant des chariots, quelques-uns emportant des licous et des cordes à pommes ». Elle progresse pendant trois ou quatre heures vers le nord-ouest sans prudence, en désordre, lourdement chargée.
C’est par la capture d’un éclaireur bordelais, un certain Gaillard de Latour, que les Français prennent conscience de l’approche des Bordelais. Pour éviter d’être cerné, Orval fait étendre ses lignes sur environ 1,5 kilomètre.
Les Anglo-gascons prennent ce mouvement pour une retraite et se ruent à l’assaut, négligeant le repos qu’aurait justifié leur marche épuisante. Les hommes à pied partent en tête, la cavalerie — sans doute plus disciplinée — derrière, mais bientôt les combattants à cheval rattrapent puis dépassent les fantassins, s’isolent et une grande confusion s’installe dans le groupe.
Au premier engagement, au lieu-dit Jallepont, les premières lignes françaises se dérobent et entrainent des Bordelais à leur poursuite jusqu’à un cul-de-sac fermé par les berges de la Jalle. C’est un piège : les archers de Robin Petit-Loup sont dissimulés dans les bois alentour et déciment les poursuivants en près d’une heure de tirs nourris. Pendant ce temps, Orval fait se refermer ses lignes par un mouvement de tenaille qui prend par les flancs les Anglais.
Les survivants gagnés par la panique s’enfuient vers Bordeaux. Un chroniqueur français, Jehan Chartier, met en cause la lâcheté de Gadifier Shartoise : « fut le principal mis en fuite, le susdit maire de Bordeaux, lequel estoit il chevalet qui abandonna tous ses gens de pied, lesquels il avoit mis au-devant pour faire frontière de leur bataille…». Désormais sans soutien de cavalerie, les gens de pieds n’ont plus aucune chance.
Les pertes anglo-bordelaises sont estimées à « mille huit cents tués, mille deux cents capturés », « mille à mille deux cents tués au combat, deux mille à deux mille deux cents autres lors de leur fuite », ou encore « mille cinq cents tués et deux mille cinq cent quatorze (sic) prisonniers ». L’infanterie est la victime désignée en cas de bataille perdue : les cavaliers poursuivent sur plusieurs kilomètres les fuyards, et tuent tous ceux dont on ne peut espérer de rançon. Seuls les nobles et les riches bourgeois peuvent échapper au massacre : ayant fourni le gros des troupes, la ville paye la défaite au prix fort.
Les corps des victimes sont rapportés à Bordeaux sur des chariots, et y déclenchent une profonde affliction. L’archevêque Pey-Berland, effondré, passe deux jours et deux nuits à les pleurer dans la prière. La population en deuil baptise ce jour sanglant de Toussaint « Male Jornade », la mauvaise journée.
L’importance des pertes sonne le glas des derniers espoirs des Anglais de résister aux Français dans le sud-ouest. Sans en être la prémisse, la bataille par son ampleur marque le début de la phase finale de la guerre de Cent Ans, qui s’achèvera trois ans plus tard à la bataille de Castillon.
1er novembre 1623 : bataille d’Anjar (plaine de la Békaa, Liban).
Elle oppose l’armée de l’émir libanais Fakhreddine II Maan dit « le Grand » (illustration) aux forces coalisées commandées par le wali de Damas, Moustafa Pacha, et qui comprennent des armées ottomanes et damascènes ainsi que des contingents de soldats libanais sous les ordres des seigneurs féodaux Harfouche et Sayfa, hostiles aux Maan. Quoique son armée (environ 4 000 hommes) soit numériquement très inférieure à celle de ses adversaires (près de 12 000 hommes), Fakhreddine remporte une victoire décisive et capture Moustafa Pacha.
1er novembre 1677 : le vice-amiral Jean d’Estrées s’empare de l’île de Gorée (Sénégal).
Durant l’été 1676, d’Estrées, soutenu par Colbert, se rend auprès du roi et suggère d’urgence d’armer des navires contre les possessions hollandaises situées aux Indes occidentales. La flotte hollandaise commandée par Jacob Binckes avait pris Cayenne en et avait ensuite repris Tobago aux Anglais, puis continué sa route vers le nord, pillant les comptoirs français de Saint-Domingue et Marie-Galante au profit de Tobago, où étaient stationnés 200 soldats. En octobre, d’Estrées appareille depuis Brest avec quatre vaisseaux de cinquante canons et quatre frégates armées, comprenant 400 hommes. Les noms des navires sont le Glorieux, navire amiral, le Fendant, le Laurier, le Soleil d’Afrique, l’Intrépide commandé par Louis Gabaret, le Marquis, la Friponne et la Fée. Le , ils reprennent Cayenne, de nuit.
Le , depuis la Martinique, l’escadre française arrive au large de Tobago dans la baie de la Nouvelle-Walcheren où se tient, concentrée, celle des Hollandais. Grâce aux prisonniers faits à Cayenne, les Français sont informés des forces et faiblesses des ennemis. D’Estrées a l’idée de les attaquer à la fois par terre et par mer, puisqu’un certain nombre d’entre eux y sont occupés à construire un fort, mais ce plan échoue et provoque surtout la fuite des colons vers la mer où la plupart périrent. Le a lieu la « bataille de Tabago », durant laquelle, l’attaque française bien que repoussée, permet d’affaiblir sensiblement les forces hollandaises, grâce à un incendie qui se propagea à tous les navires. Mais le Glorieux, l’Intrépide, le Précieux et le Laurier sont, dans la panique, perdus ou endommagés par le feu. Au bout de trois jours, les rescapés de l’escouade française gagnent la Grenade.
En , d’Estrées est revenu à Versailles puis réarme. Le 1er novembre, il parvient à s’emparer de l’île de Gorée, la reprenant à 250 Hollandais. Le , il est de nouveau prêt à attaquer Tobago, faisant d’abord escale à La Barbade où informé des positions hollandaises par les Anglais, le rejoint le comte de Blénac. Le , les troupes françaises descendent à terre, non loin du fort. Le 12, les échanges commencent, à coup de canons, et la poudrière du fort explose, tuant Jacob Binckes et ses officiers, ainsi que près de 250 soldats hollandais. Par la suite, la flotte ennemie est capturée, soit seize vaisseaux. Le , la capitulation du fort de Tobago est signée. Ces succès sont à donc à mettre au crédit de d’Estrées.
Cette campagne victorieuse est suivie par une catastrophe. Le , d’Estrées, ancré à Saint-Christophe, veut s’emparer de l’île hollandaise de Curaçao. Durant la préparation de l’attaque, il s’obstine à refuser de suivre les avis de ses officiers et pilotes qui connaissent mieux que lui la configuration et les dangers de ces eaux, et choisit un nouveau pilote qui ignore tout des lieux et est étranger au vaisseau. Cette décision, outre qu’elle vexe les officiers, provoque l’échouage de la plus grande partie de son escadre, soit 7 vaisseaux, 3 frégates et 7 navires auxiliaires, sur les récifs de l’archipel de Las Aves (îles des Oiseaux), lesquels n’étaient pas à l’époque marqués sur les cartes mais seulement connus comme zone périlleuse. Les marins sont pour la plupart néanmoins sauvés. Après avoir reçu une série de rapports sur l’incident, Colbert fait consigner d’Estrées en Nouvelle-France où il est chargé d’enquêter secrètement sur les agissements de l’Espagne, et ce, jusqu’à la paix.
1er novembre 1759 : naissance de Pierre Guillemot, surnommé le « Roi de Bignan », chef chouan.
Pierre Guillemot, dit le Roi de Bignan, né le 1er au lieu-dit de Kerdel à Bignan, mort le à Vannes, est un chef militaire chouan qui tint en respect les troupes républicaines dans une grande partie du Morbihan de l’an II à VIII (1794 à 1800). Il est le père de Julien Guillemot.
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Il n’était au début de la Révolution qu’un simple agriculteur de Donnan, hameau de Plumelec. Il était cependant lettré puisqu’il avait entamé des études à Vannes, qu’il dut abandonner à la mort de son père pour garder la terre de Kerdel. En mars 1793, il participe à une attaque contre la ville de Pontivy.
En juillet 1794 (thermidor an II) il participe à la création du « Comité Central Royaliste », première organisation véritablement structurée de l’insurrection dans le Morbihan. Guillemot est nommé responsable des cantons de Bignan et Plumelec (sauf Buléon), s’employant à soulever les campagnes autour de Bignan et Saint-Jean-Brévelay ; il tente vainement avec ses troupes d’enlever Bouret et Leyris, deux envoyés spéciaux de la Convention. Le (9 brumaire), il est à Sérent avec 200 ou 300 hommes ; ils y abattent l’Arbre de la Liberté.
Recruté par Georges Cadoudal, il commença sa carrière par l’occupation de Grand-Champ, la saisie de la caisse des impôts et la libération d’un prêtre réfractaire, l’abbé Leclerc, recteur de Saint-Jean-Brévelay. Ce dernier était conduit de force à Josselin par quatre-vingts républicains (les Bleus); avec une trentaine de paysans, Guillemot attaque l’escorte dans le bois de Colledo à Guéhenno, la met en fuite et libère le vicaire qui, blessé à la jambe, mourra quelques jours plus tard. Joseph de Boulainvilliers de Croÿ est nommé en janvier 1795 par Joseph de Puisaye commandant en chef des Blancs du Morbihan, mais il quitta ce département et passa en Ille-et-Vilaine en septembre avec 50 000 livres qui lui avaient été confiées par Joseph de Puisaye ; il fut arrêté par les hommes de Pierre Guillemot et celui-ci le fit juger par un conseil de guerre improvisé qui le condamna à mort : Boulainvilliers fut fusillé par les Chouans de Guillemot le au village de Kerhervy à Saint-Jean-Brévelay.
Il montra ses grandes capacités militaires en délogeant les troupes bleues de Locminé. Pour ses succès, il fut surnommé le Roi de Bignan. Il perdit toutefois en 1795 la bataille de Saint-Bily, où 400 républicains commandés par l’adjudant-général Josnet de Laviolais mirent en déroute un millier de Chouans qu’il commandait.
Début , l’amiral William Cornwallis débarqua de la poudre dans le Morbihan ; celle-ci fut convoyée de nuit par les Chouans de Guillemot jusqu’au village de Drénidan dans la commune de Radenac. Mais la poudre était humide, et Guillemot, Le Thiais et 22 hommes décidèrent de la réchauffer à la poêle dans une maison du village. Un accident se produisit : la poudre s’enflamma et explosa. Plusieurs hommes furent tués et Guillemot fut grièvement blessé et presque défiguré, et dut se terrer dans une cache du château de Kerguéhennec, l’empêchant de participer au débarquement des émigrés à Quiberon.
En juin 1796 Georges Cadoudal et Pierre Guillemot font leur soumission au général Hoche, mais Pierre Guillemot reprend le maquis à l’automne 1797 en raison du retour des persécutions religieuses.
Le il est nommé colonel de l’armée royale par Charles-Philippe de France (futur Charles X) et est à la tête de la « division de Bignan ». Les Chouans lancent une offensive générale le et les hommes de Guillemot prennent Locminé, mais en sont délogées courant novembre par les troupes du général Schildt, qui prennent le repaire du « roi de Bignan ». Il tente d’empêcher le général Brune de libérer Vannes en 1799, mais échoue. Ceci n’empêche pas les troupes de Guillemot d’attaquer le 3 pluviôse an VIII () une colonne de soldats républicains convoyant des grains, dirigée par le général Harty, près de Meucon. Les hommes de Guillemot font 36 prisonniers, lesquels furent fusillés l’un après l’autre le lendemain matin sur la lande de Burgaud.
Selon un mémoire adressé par l’administration locale au général Brune le 14 pluviôse an VIII () la première division de l’armée chouanne, est composée de quatre à cinq mille hommes et est commandée par Pierre Guillemot ; elle est composée de membres des cantons de Bignan, Plumelec, Sérent, Josselin, Guégon, Réguiny, Locminé et Pluméliau. Elle est divisée en quatre sections commandées respectivement par Yves Le Thiec pour celle de Bignan et ses environs ; Alexandre, dit « Le Grand Alexandre », pour celle de Pluméliau et les communes voisines ; Michel, pour celle de Guégon et Bénard pour celle de Sérent et Plumelec. Ils ont occupé les châteaux de Penhoët (en Grand-Champ), Grandville (en Brandivy), Callac, Querguehennec et Kercomble, mais cachent leurs armes dans des fermes.
Cadoudal signe un accord de paix le 25 pluviôse an III ( et part en exil en Angleterre, mais Pierre Guillemot poursuit le combat ; le Cadoudal, de retour en France, nommé Pierre Guillemot commandant en chef des troupes royales du Morbihan. Le Premier Consul a nommé le général Bernadotte à la tête des troupes gouvernementales de l’Armée de l’Ouest le ; d’abord basé à Rennes, celui-ci déplace son quartier général à Pontivy du 12 mai au pour mieux lutter contre les Chouans ; cerné à plusieurs reprises, par exemple le dans les Landes de Lanvaux, il parvient à s’échapper ; mais la rébellion décline et le Pierre Guillemot se résigne à l’exil en Grande-Bretagne.
Après un exil en Angleterre avec Cadoudal, il revint clandestinement en France et mit au point, pour libérer Georges Cadoudal (qui a été arrêté le ), un plan qui échoua. Le , le préfet Jullien fut informé par un de ses espions que Guillemot avait été vu à Plumelec.
Pierre Guillemot tente le de rejoindre la flotte anglaise : il embarque pour l’île d’Houat, puis les Glénan, mais ne parvient pas à trouver un bateau anglais. Il revient sur le continent, se cache à Plaudren où, blessé gravement, il y est arrêté peu après. Il est jugé par une commission militaire et est fusillé à Vannes le .
1er novembre 1809 : quatrième bataille de Bergisel, lors de la rébellion du Tyrol.
Le , face à l’arrivée des forces bavaroises trop supérieures en nombre, Andreas Hofer ordonne l’évacuation d’Innsbrück et le repli général au Bergisel. Démoralisés bon nombre de miliciens tyroliens abandonnent la lutte et désertent, le Hofer envoie à l’empereur François Ier d’Autriche un appel à l’aide. Les dernières forces d’Hofer se retranchent au Bergisel. Le , les Bavarois commandés par le général français Drouet d’Erlon, entrent sans résistance à Innsbrück.
Hofer prévient Drouet que ses hommes sont prêts à mourir pour la défense de la religion et de la constitution, Drouet réplique qu’il vient faire appliquer le traité de Schönbrunn. Le , malgré l’opposition du roi de Bavière, le général et vice-roi d’Italie, Eugène de Beauharnais proclame qu’il est prêt à accorder une amnistie aux insurgés qui mettront bas les armes. Deux jours plus tard, Drouet donne connaissance de ce manifeste à Hofer. Les Tyroliens refusent d’abord de croire que l’empereur d’Autriche a signé le traité, cédant ainsi le Tyrol à la Bavière. Mais le , un courrier de l’archiduc Jean aux insurgés confirme la nouvelle. Bouleversé, Hofer songe un moment négocier et demande son amnistie (qui sera refusée), mais il cède à l’influence d’Haspinger et décide de poursuivre la lutte malgré sa situation désespérée.
Les Tyroliens s’en remettent à leur foi religieuse, et espérant une intervention divine, décident de lancer l’offensive sur Innsbrück le 1er novembre, mais le général Drouet avait également fixé son attaque sur Berisel à cette même date. Les forces de la Bavière sont de 20 000 hommes selon Sévillia, mais pour Smith, Drouet engage 6 000 hommes et douze canons au combat de la 2e division bavaroise commandée par Carl von Wrede. Les tirailleurs tyroliens ont 8 535 hommes répartis en 70 compagnies.
À l’aube, les deux armées se rencontrent. À neuf heures l’artillerie bavaroise ouvre le feu. Les Tyroliens surpris par l’avancée des Bavarois masqués par le brouillard sont enfoncés sur leur flanc gauche, puis sur le centre. Les fortifications érigées au Bergisel sont prises en une heure. Seul, Speckbacher, sur le flanc droit, obtient un succès et parvient à s’emparer du pont de Hall, mais isolé, il doit bientôt battre en retraite. Les Tyroliens décrochent après deux à trois heures de combat, Drouet s’empare du Bergisel et fait détruire les fortifications.
Pour Jean Sévillia, le combat a fait une cinquantaine de blessés dans chaque camp, pour Digby Smith les Bavarois déplorent 1 mort et 40 blessés, tandis que les pertes tyroliennes sont de 350 hommes, tués, blessés ou prisonniers et cinq canons.
1er novembre 1911 : premier bombardement à partir d’un aéroplane.
Membre du Servizio Aeronautico, l’ancêtre de l’Aeronautica Militare, qui a déployé un total de 9 aéroplanes en Tripolitaine, Giulio Gavotti participe durant la guerre italo-turque à la campagne de Libye avec le grade de lieutenant. Le , pilotant un monoplan Etrich Taube, il utilise 4 grenades à fragmentation Cipelli de 1,5 à 2 kilogrammes développées spécialement pour l’aviation. Les conditions de cette opération sont rustiques : Gavotti emporte le matériel dans son nécessaire de toilette et procède en vol à l’armement des grenades (mise en place des détonateurs et des bouchons), d’une seule main, car il pilote avec l’autre. À une altitude d’environ 700 m, il jette une grenade sur un groupe d’Arabes dans l’oasis d’Ain Sefra et trois sur celle de Tagiura au-dessus d’un camp de 1 500 soldats de l’armée ottomane. Ce premier bombardement aérien n’a pas fait de victime.
L’Empire ottoman protesta après cette attaque. Le jet de bombes par des aérostats avait été interdit par la Convention de La Haye de 1899. L’Italie répondit que cela ne s’appliquait pas aux aéroplanes.
Gavotti effectuera en la première mission aérienne de nuit.
1er novembre 1918 : au cours d’une action menée dans les eaux du port austro-hongrois de Pula, deux nageurs de combat de la marine italienne (Raffaele Rossetti et Raffaele Paolucci) coulent le cuirassé ennemi SMS Viribus Unitis avec une torpille modifiée.
En passant entre les rangées de cuirassés autrichiens au mouillage, les assaillants italiens sont parvenus au Viribus Unitis vers 4h40 du matin. Ils ont placé une cartouche de TNT sur la coque du cuirassé, programmée pour exploser à 6h30. Ils ont ensuite inondé une seconde cartouche, la faisant couler sur le fond du port tout près du navire. Ces hommes n’avaient pas d’appareil respiratoire et devaient donc plonger en apnée. Ils ont été vus et embarqués à bord du Viribus Unitis juste après avoir placé les explosifs sous la coque du cuirassé, ce dont ils informèrent le nouveau capitaine croate. L’amiral Janko Vuković ordonna alors l’évacuation du Viribus Unitis et fit transférer les deux italiens à bord du Tegetthoff. Mais l’explosion ne se produisit pas à 6h30 comme prévu et Vuković, pensant qu’elle ne se produirait pas, retourna sur le Viribus unitis avec un groupe de marins. Les mines sautèrent à 6h44, coulant le cuirassé en 15 minutes. Vuković et une partie de son équipage furent tués dans le naufrage. L’explosion coula également le cargo autrichien Wien.
1er novembre 1952 : les États-Unis font exploser leur première bombe H.
Ivy Mike est le nom de code de la première bombe H testée avec succès. Sa puissance était de 10,4 Mt. Elle a explosé sur l’atoll d’Eniwetok le 1er à 7 h 15. C’est le premier test complet d’une « bombe à fusion étagée » selon la conception de Teller-Ulam.
À cause de ses dimensions, de sa masse (60 tonnes) et du matériel fusionnant (deutérium liquide, à environ −250 °C), cette bombe n’était pas utilisable en tant qu’arme nucléaire car non largable. De leur côté, les Soviétiques développeront la première bombe H transportable par avion en 1953. L’étage primaire comportait du tritium devant doper le deutérium liquide dans un long réservoir d’hydrogène liquide, le tout enfermé dans un cylindre destiné à canaliser l’explosion de la bombe et à envelopper le réservoir d’hydrogène d’un plasma gazeux à très haute température, lequel fait exploser à son tour le deutérium, selon la configuration Teller–Ulam.
Cette explosion a prouvé que la bombe H est bien plus puissante que la bombe A, en l’occurrence de 500 à 1 000 fois plus puissante que les bombes Little Boy (Hiroshima) et Fat Man (Nagasaki). La puissance de l’explosion a dépassé tous les calculs des scientifiques, réalisés à l’époque le plus souvent à la main ou sur des calculateurs ENIAC au prix d’approximations importantes des modèles physiques.
1er novembre 1954 : la « Toussaint rouge » (Algérie).
Les terroristes du Front de libération nationale (FLN) commettent 70 attentats en une trentaine d’endroits du territoire algérien sous administration française. Cette journée est rétrospectivement considérée comme le début de la guerre d’Algérie (1954-1962) et elle est devenue une fête nationale en Algérie.
Dès le 5 novembre, le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, déclare à la commission de l’Intérieur : « La seule négociation, c’est la guerre ».
1er novembre 1979 : mort à 85 ans d’Albert Préjean.
Il fut acteur et chanteur mais aussi… aviateur durant la Grande Guerre au sein de l’escadrille des Cigognes, aux côtés de Guynemer, et décoré de la Croix de Guerre et de la Légion d’honneur.