dimanche 21 juillet 2024

Des disparitions amenant la fin d’un monde ?

Ce dimanche, j’aurai pu évoquer la fin officielle de la guerre en Irak proclamée par le gouvernement irakien, la décision de Trump sur Jérusalem ou bien l’appel de la Marine nationale pour un second porte-avions mais pour 2040 (Cf. Le Monde du 6 décembre 2017) …

Cependant, les disparitions de Jean d’Ormesson et de Johnny Halliday ont effacé tout ce qui a pu se passer en France sinon dans le monde. Il était donc plutôt difficile d’évoquer des questions de défense et de sécurité passées au second plan avec ces cérémonies d’hommage tout à fait justifiées.

Ces cérémonies ont été dignes et fortes en émotions : institutionnelles pour Jean d’Ormesson, populaires pour Johnny. Les Français de toutes les classes sociales étaient réunis par centaines de milliers ce samedi dans une peine commune, émouvante et forte. La sobre cérémonie religieuse se déroulait dans l’église de la Madeleine … dédiée à la Grande Armée comme l’avait souhaité initialement Napoléon en 1806. Mais ce samedi, elle était dédiée au rocker Johnny.

Après un temps de recul et de recueillement, une question semble se poser. N’avons-nous pas assisté à l’ultime sursaut de la France d’hier malgré la présence de quelques jeunes ? Les générations présentes paraissaient bien anciennes plus proches de la cinquantaine que des vingt ans.

Il suffit de regarder les images, les personnes interviewées. La France des banlieues n’était pas là, pas plus que la jeunesse de cette France. D’ailleurs, en l’église de la Madeleine, l’establishment était bien présent ainsi que la société française telle que nous l’avons connue mais qui a bien changé. Où étaient les rappeurs et autres artistes de ce milieu ?

Johnny symbolisait à mon avis la France de l’après-guerre et de ses générations. Je crains que sa disparition n’ait affiché la fin de ce monde. Un nouveau monde attend son tour comme en témoignent les troubles de notre société constatés jour après jour. La France d’aujourd’hui est de moins en moins la France de Johnny.

Cependant, cet énorme hommage à Johnny sans polémique, sans débordement (cela change) était un événement. Certes Johnny n’était certainement pas un exemple de la grande histoire de France mais il était un exemple du peuple français. D’une grande volonté, professionnel, aimant la vie, simple et abordable, il a montré son courage face à la maladie. Il avait aussi cette grande bienveillance dont ont témoigné tous ses amis.

Pour conclure sur un clin d’œil et montrer la diversité des fans de Johnny, j’ai même découvert que plusieurs généraux de ma promotion étaient aussi des bikers et fans de Johnny. Il ne faut vraiment jurer de rien !

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Consultant géopolitique sur LCI depuis mars 2022 notamment sur l'Ukraine et sur la guerre à Gaza (octobre 2023), il est expert sur les questions de doctrine ayant trait à l’emploi des forces, les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, la contre-insurrection et les opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Depuis juillet 2023, il est rédacteur en chef de la revue trimestrielle Défense de l'Union des associations des auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde à compter d'août 2011, il a rejoint en mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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