Nuit du 3 au 4 mai
20 h 00
Harcèlement sporadique. Quelques mouvements suspects à l’Ouest de HUGUETTE 3 et au Nord et à l’Est des ELIANE.
21 h 06
1 150 blessés à évacuer : 434 couchés, 716 assis.
22 h 00
Bilan de la journée :
- ISABELLE : 5 tués, 1 disparu, 22 blessés.
- Diên Biên Phu : 8 tués, 31 blessés.
Opération sur ISABELLE pour reboucher. Organisation VM au Nord-Ouest permet de boucher 100 mètres à l’aide de barbelés.
Pertes VM : 8 tués dénombrés ; autres pertes certaines. Armement récupéré : 19 PM, 2 fusils. Sur ISABELLE 5 : un canon de 57 SR récupéré. Mouvements suspects autour de HUGUETTE 4 et sur la face Est du CR principal.
Le brouillard envahit la cuvette et gène les parachutages. Les Packet 561 et 545 réussissent à larguer à la verticale estimée du « T » puis Torri Rouge ordonne plusieurs QRF.
ELIANE 2 : 1/13e DBLE progressivement relevé par le 1er BPC qui résiste encore.
34 C-119 et 16 C-47 disponibles livrent 57 tonnes (40 % de perdu).
23 h 00
Le capitaine POUGET saute avec sa 3e Cie du 1er BPC.
POUGET était l’aide de camp du général NAVARRE, fonction qu’il a quitté dès le mois de décembre pour reprendre le combat.
Il revient à Diên Biên Phu parce que son régiment y revient.
Dans la soirée, les bonnes conditions météorologiques permettent le largage de ravitaillement, en munitions et en sacs de riz.
Parachutage de 2 Cies du 1er BPC et de la Cie de commandement et 125 hommes de la 3e Cie avec le capitaine DE BAZIN DE BESONS et son PC.
La 3e Cie compte habituellement 100 à 110 hommes. Les autres étaient malades ou permissionnaires, stagiaires, etc.
Sur les rang sont présents 135 hommes. 25 ou 30 volontaires au moins s’étaient évadés de l’infirmerie, de l’hôpital ou de la prison pour être présents sur les rangs à l’heure du dernier saut. Même des rapatriables pour la France sont là. Trois hommes étaient en stage d’instruction à Haïphong, à l’autre bout du delta et sont présents au rassemblement à 17 h 00 ce dimanche. Même le PIM Dinh Van Sung, ordonnance du capitaine POUGET, est présent, sur les rangs de la section de commandement, habillé et casqué comme les autres.
— J’ai toujours eu envie de sauter en parachute. Et puis, pour avoir une fille à Hanoï, il faut être Vietminh ou parachutiste. Il pleut, des camions bâchés emmènent les hommes aux avions pour éviter qu’ils soient mouillés. Les largueurs ne nous parlaient pas, et les aviateurs ont évité de nous regarder.
Les Dakota embarquent plus de paras 18 ou 19 au lieu de 12.
Cinq Dakota du Franche-Comté, deux du Béarn et quatre du Sénégal vont larguer 194 hommes.
Une section de la 3e Cie et un élément PC du 1er BPC ne peut être larguée. Les avions font demi-tour.
Minuit
Le capitaine POUGET se présente au PC du GAP 2 qui l’envoie prendre le commandement de ELIANE 3 mais d’être prêt à contre attaquer sur ELIANE 2.
Parachutage en cours. DCA plus forte que la veille.
02 h 00
Le capitaine POUGET rencontre le général DE CASTRIES dans son PC lors de son arrivée. À la lumière crue de l’ampoule électrique du plafond, il porte 10 ans de plus qu’en mars. Les traits de son visage sont profondément marqués par le manque de sommeil et la tension nerveuse. Pour marcher, il s’aide d’une canne, la canne de turfiste qu’il maniait autrefois pas snobisme.
Un des Dakota fait 7 passages pour larguer 17 hommes au milieu de la fournaise de la DCA.
La pluie tombe à torrent. Les pluies torrentielles de la mousson arrêtent les combats, elles font grossir le cours de la rivière qui traverse le camp retranché.
C’est dans la boue maintenant que les Viêts creusent, comme des taupes, leurs retranchements pour investir les bastions et se rapprocher à moins de 40 mètres des barbelés.
Organisation des positions défensives et construction de canaux d’évacuation d’eau.
02 h 20
HUGUETTE 4 soumise à une forte attaque depuis 2 heures (une des plus puissantes du camps). Renforts engagés : capitaine LUCIANI et une Cie de marche de 80 légionnaires et tirailleurs marocains. PA en partie occupé par VM. Situation très confuse. Elément d’attaque de la valeur de 4 bataillons. Situation très confuse.
En face, le régiment 36 de la division 308 ainsi que 3 bataillons des régiments 88 et 102 et un quatrième de la division 312 soutenus par les 105 du régiment d’artillerie 34, près de 3 000 hommes : Soit à 37 contre 1.
ISABELLE a déclenché des tirs d’arrêts mais est matraqué en retour.
Les parachutages sont stoppés après 5 avions pour permettre le largage des lucioles au profit d’HUGUETTE 4. Les chars sont en état d’alerte.
03 h 00
HUGUETTE 4 tient toujours. Les pertes sont terribles mais aussi chez les Viets. En 35 minutes HUGUETTE 4 est submergé
Du côté vietminh, des chefs de bataillons — les chefs de groupement tactiques — sont relevés de leurs fonctions.
Début de l’assaut du 36e régiment sur Lily 3 après un bref bombardement. Les 3 pointes pénètrent dans le périmètre. Mais les soldats marocains ont pris leurs précautions. Pour éviter d’être surpris par les tunnels creusés jusque dans les positions et après l’expérience de 106 (HUGUETTE 6) 206 (HUGUETTE 1) et 311A (HUGUETTE 5), ils ont posés des mines et des chausses trappes dans tout l’intérieur du point d’appui, incluant autour des positions des armes lourdes et des bunkers. Ces protections infligent des pertes aux soldats Vietminh et empêchent les troupes d’avancer.
03 h 35
Un jeune lieutenant du 4e RTM annonce : Le capitaine Luciani est blessé à la tête, nous restons une dizaine de défenseurs autour du PC. Nous attendons les renforts… Les viets attaquent, je les entends, ils viennent vers moi dans la tranchée. Ils sont là… Aaaah. Il meurt.
03 h 45
HUGUETTE 4 tombe. VM occupent la totalité de HUGUETTE 4.
04 h 00
Le parachutage de personnels a repris et est terminé. 128 personnels largués.
Les chars ETTLINGEN et MULHOUSE rejoignent HUGUETTE 3 pour la contre-attaque.
05 h 00
Première bombe luciole pour lancer le débouché sur HUGUETTE 4.
Le capitaine Maurice GUIRAUD envoie un élément en contre-attaque.
Sous une pluie violent les hommes et les chars progressent difficilement en ordre dispersé dans un terrain complètement bouleversé par les obus.
Le terrain gorgé d’eau est impraticable aux chars. Les fantassins englués dans les trous boueux sous la pluie permanente sont incapables de coiffer l’objectif.,
la compagnie STABENRATH du 1er BEP, qui comprend aussi quelques hommes du 1/2e REI et du peloton d’élèves gradés de la « 13 », est anéantie sur HUGUETTE 3 en contre-attaquant sur HUGUETTE 4.
Fin de nuit
2 tentatives d’attaque de ELIANE 2 par l’Est repoussées par l’intervention des mortiers et de l’artillerie.
Mardi 4 mai
06 h 00
Une centaine de parachutistes et de tirailleurs marocains rameutés à la hâte des HUGUETTE commencent à contre attaquer appuyés par les chars.
Mais à 100 hommes contre 2 000 fantassins Ils arrivent quand même à se frayer un chemin en combattant dans la tranchée entre HUGUETTE 3 vers HUGUETTE 4.
Ils arrivent à l’entrée de HUGUETTE 4 mais sont repoussés par un tir d’arrêt avec des pertes énormes. Ils ne peuvent rien faire sinon récupérer quelques blessés dans les barbelés.
Contre-attaque par une Cie sur HUGUETTE 4 retardée par manque de luciole ; raison parachutages.
Largage de C-119 interrompu par brume au sol après deux appareils. Reliquat renvoyé sur Hanoï. Léger harcèlement sur ISABELLE. Violent harcèlement sur Diên Biên Phu.
A l’aube
Décollage d’un RB 26 — capitaine Geslin — pour une mission de 2 h 55 pour réaliser des clichés verticaux et obliques.
1re Cie mixte de mortiers lourds de la Légion étrangère dépendant du 3e REI.
Sous-lieutenant PINAULT : Lest Viets occupent les pitons les uns après les autres, un 75 mm sans recul azimutait notre PC et notre observatoire à raison d’un coup toutes les demi-heures.
Ce jour là, il est prévu un repli sur le Laos, sortie en force de tous les éléments à l’exception du 5e BPVN, du 2/4e RAC et de la 1re CMMLE qui sont chargés d’assurer la protection du repli et de liquider le stock de munitions et ensuite de se débrouiller.
08 h 00
Bilan des parachutages du 03 mai :
- Sur Diên Biên Phu :
- 8 C-47 : Total fret largué 17,2 tonnes. Utilisable : 11,8 tonnes, soit 32 % de perte.
- Sur ISABELLE :
- 13 C-47 : Total fret largué 28,6 tonnes. Utilisable 26 tonnes, soit 9 % de perte.
Total : sur 45,8 tonnes larguées, perte de 8 tonnes, soit 17,4 %.
La contre-attaque parvenue aux lisières de HUGUETTE 4, débouche sur le PA. Très difficile. VM installés sur la position et couvert par base de feu.
Sur ISABELLE la journée coûte 2 tués et 30 blessés dont 2 officiers.
Au lever du jour Pouget et sa 3e Cie du 1er RCP rassemble ses hommes sur Epervier et gagne par des boyaux boueux ELIANE 3.
Il lui faut près de 6 heures pour faire 1 500 mètres dans des boyaux étroits et boueux ou ils s’enfoncent parfois jusqu’à la taille. Ils reçoivent des salves d’artillerie qui tombent à cheval sur la tranchée commandées par un observateur qui les suit à la jumelle. Du Mont Chauve une rafale d’arme automatique les arrose.
ELIANE 3 est un hôpital. il y a 300 blessés dont un médecin qui vient de temps en temps changer les pansements qui sentent trop mauvais. Les moins atteints servent les armes automatiques.
Partout il n’y a que des corps que l’on inhume plus, que l’on ne déplace plus que l’on ne recouvre même plus d’une pelletée de terre que la pluie ou les déflagrations retourneraient dans quelques minutes. Alors les survivants trébuchent sur les cadavres pourrissant sous leurs pieds, les assaillants piétinent les corps abandonnés des adversaires comme ceux d’autres Bo-doïs tombés lors de l’assaut précédent. Les blessés tentent de rejoindre un poste de secours dont ils ne savent même plus s’il existe encore.
D’autres touchés la veille repartent vers les tranchées, là où ils pourront se battre. L’un, qui n’a plus qu’un bras alimentera le fusil mitrailleur dont le tireur parait avoir perdu une jambe.
La 2e Cie du lieutenant EDME avec la 3e de compagnie du 1er BPC de Pouget arrivés sur ELIANE 3 sont envoyés sur ELIANE 2 pour relever les compagnies du 1/13e DBLE du commandant COUTANT. EDME et sa 2e Cie couvre toute la partie Est face au Mont Chauve, POUGET et sa 3e Cie face au Sud et aux Champs Elysées.
En bas et en retrait sur ELIANE 3, une position de fortune, reste le reliquat du I/13ème DBLE avec le commandant Coutant qui n’a pas voulu quitter la colline, en réserve d’une contre-attaque. Les légionnaires voisinent avec la section lourde du 6e BPC, l’infirmerie des parachutistes et les blessés légers qui ont rejoints leurs unités.
Les PIM imperturbables apportent les munitions et au besoin font le coup de feu.
Le général DE CASTRIES s’enfonce dans l’hôpital souterrain du docteur GRAUWIN.
Il vient visiter pour la première fois les blessés et leur remet une citation sous forme orale. Il visite toutes les alvéoles et les abris ou sont les blessés.
Il croise le caporal HEINZ du 2e BEP qui a perdu ses deux bras et une jambe avec sa 4e blessure.
09 h 00
Contre-attaque en vue de reprise de HUGUETTE 4 n’a pu être poursuivie en particulier en raison de l’état du terrain empêchant tout assaut. Fort bouchon mis en place à l’Ouest du cimetière. L’opération sur HUGUETTE 4 est démontée, la présence des deux chars l’ETTLINGEN et le MULHOUSE et les tirs du DOUAUMONT permettent aux marocains et aux légionnaires de ramener les blessés.
Les chars tirent de toutes leurs armes pour empêcher une réaction des Viets
HUGUETTE 4 pilonnée par l’artillerie.
Bilan : 14 tués dont 2 officiers, 48 blessés, 150 disparus dont un officier.
Les lignes ennemies sont à 500 mètres du PC.
Sous les tirs et la pluie les abris s’effondrent et prennent l’eau de partout.
J’ai demandé à plusieurs reprises hier que la CCB et EM du 1er BPC soient largués au cours de la nuit dernière. Cela n’a pas été fait. J’insiste une fois d eplus pour que tout ce qui reste du bataillon soit largué la nuit prochaine.
Nos approvisionnements en vivres de toutes natures sont au plus bas. Depuis 15 jours, nous nous appauvrissons peu à peu. Nous n’avons pas assez de munitions pour arrêter les attaques ennemies et pour les harcèlements qu’il faudrait pouvoir entretenir sans répit.
Aucun effort particulier ne semble fait pour remédier à cette situation.
On oppose les risques courus par les équipages alors que chaque homme ici court des risques infiniment plus grands.
Il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Il faut que les largages commencent à 20 h 00 au lieu de 23 h 00. Les heures matinales sont perdues à cause du brouillard et le plan de nuit utilisé avec des intervalles considérables entre les avions ne permettent d’obtenir que des résultats dérisoires.
Il me faut absolument des approvisionnements en quantité massive. L’exiguïté actuelle du CR, le fait que nos éléments en bordure ne peuvent sortir de leurs abris sans subir le feu des snipers et des canons sans recul, font qu’une quantité de plus en plus grande des colis largués ne sont plus récupérables.
Le manque de véhicules, le manque de coolies, m’oblige à utiliser pour le ramassage, des unités déjà extrêmement fatiguées. Le rendement est détestable. Cela occasionne aussi des pertes. Je ne peux même pas compter récupérer la moitié de ce qui est largué. Or les quantités qui me sont envoyées ne représentent qu’une très faible partie de mes demandes. Cette situation ne peut se prolonger.
J’insiste encore une fois sur le crédit très large que j’ai demandé en matière de citations. Je ne dispose de rien pour soutenir le moral de mes hommes à qui sont demandés des efforts surhumains. Je n’ose plus aller les voir les mains vides.
10 h 00
ISABELLE harcelée au cours de la nuit par 105 et 75. Une opération est en cours sur le système de tranchées VM à l’Ouest du CR.
Tous les bataillons rendent compte que leurs abris s’effondre sous la pluie.
Les obus viets s’enfoncent dans la boue sans exploser. Tout mouvement pratiquement impossible.
Le 31e Génie étaye l’abri de l’ACP 5. Ils ont retiré la nuit les plaques PSP de la piste qui ne servent plus à rien.
10 h 15
Contre-attaque en vue de la reprise de HUGUETTE 4 n’a pu être poursuivie en particulier en raison de l’état du terrain empêchant tout assaut. Fort bouchon mis en place à l’Est du cimetière. Pilonnage de HUGUETTE 4 par artillerie. En fin de nuit 2 tentatives d’attaque de ELIANE 2 par l’Est repoussées par l’intervention des mortiers et de l’artillerie. Le harcèlement se poursuit sur l’ensemble de la position. Isabelle harcelée au cours de la nuit par des 105 et des 75 mm. Opération en cours sur le système de tranchées VM à l’Ouest du CR.
11 h 30
Je demande que le largage de matériel se fasse cette nuit avant le largage de personnel.
12 h 00
Poursuite du harcèlement sur l’ensemble de la position.
12 h 50
Renforts prévus le 04 mai soir :
260 hommes du 1er BPC dans l’ordre PC bataillon, CCB, reliquat des deux premières Cies, début de la 3e Cie. Le parachutage de personnel suivra le largage prévu par 10 C-119 de matériel. Horaire précis sera transmis par GATAC Nord pour les C-47 et BMT /FTNV pour C-119.
13 h 25
Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Martini Bleu.
13 h 41
Décollage de Cat Bi : 4 B-26 Cinzano Gris.
13 h 58
Décollage de Cat Bi : 4 B-26 Martini Rose.
14 h 00
Le harcèlement se poursuit.
14 h 03
Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Cinzano Vert.
14 h 13
Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Martini Ambre.
En tout 17 B-26 pour protéger les parachutages des C-119.
15 h 15
Largage de bombes. Patrouille de 4 B-26 Cinzano Gris — commandant EMERY — dégagent à droite à cause des cumulus Le lieutenant LABAT — numéro 3 de la formation sur le B-26 n° 44-34496 — vire à gauche et est perdu de vue par la formation.
Il annonce à la radio : Gris leader de 3, je suis atteint par la DCA. J’ai un trou dans le plan droit et je perds de l’altitude.
Le Leader répond : Gris 3 de leader, si vous perdez de l’altitude cap au Sud. Si ça tient Hanoï.
30 secondes après, ordre de sauter diffusé à la radio au second-maitre mitrailleur DAIGNÉ, sergent navigateur-bombardier COUTURIER.
Plus de contact radio avec le B-26 (n°44-34496 – 19. IH) en mission sur le camp retranché de Diên Biên Phu est atteint par la DCA ennemie et s’écrase au sol. Le SM DAIGNÉ ainsi que ses deux camarades de l’armée de l’Air, le lieutenant LABAT et le sergent COUTURIER, sont tués. D’autres sources indiquent que DAIGNÉ aurait pu sauter en parachute pour être ensuite mortellement blessé par l’éclatement d’un obus de mortier après avoir atterri. Pendant la campagne d’Indochine, un certain nombre d’équipages de l’aéronautique navale ont été détachés dans des groupes de bombardement de l’armée de l’Air. Le SM1 mécanicien volant Marcel DAIGNÉ est ainsi affecté au GB 1/19 Gascogne.
Presque en même temps, le B-26 piloté par le sergent SAVORIN de Cinzano Vert du capitaine DESPOUY est sévèrement touché par la DCA l’empennage horizontal arrière droit. Indemne l’équipage arrive à rejoindre Cat Bi (Sous-lieutenant navigateur ROUBION et sergent mécanicien mitrailleur DELEURME).
Le parachutage des C-119 est interrompu à cause du vent mais le C-119 n° 187 est touché au moment de la remise de gaz. Un obus arrache le gouvernail de direction de droite et un volet de capot, les autres volets sont bloqués et le moteur droit perd abondamment son huile. Il parvient de rallier Cat Bi. Le C-119 n° 545 largue un groupe électrogène lourd.
Les B-26 suivants poursuivrons les recherches jusqu’à 16 h 30.
16 h 40
4 C-119 se présentent sur Diên Biên Phu. Obéissance insuffisante aux ordres donnés par la gonio pour cap et GO de largage. Le 4e largue sans ordres et sur axe refusé par la GONIO. Largage effectué par charge entière et non par tiers de charge comme prévu pour les largages à haute altitude. 3 largage sur 4 hors du centre de résistance. Sur les 3 aucun n’est récupérable par nous. Ordre de QRF donné par la GONIO les parachutages étant impossibles dans de telles conditions de travail.
17 h 20
Harcèlement et contre-batterie. 3 à 4 coups simultanés. Renouveau activité vers 17 h 00 puis calme jusqu’à 02 h 00 du matin. Pendant l’attaque sur HUGUETTE 4 harcèlement et contre-batterie sur le CR et ISABELLE activité moyenne. Consommation : 600 coups de 105 mm et 200 coups de 120 mm. 81 mm très nombreux pendant les 24 dernières heures. DCA faible activité mais très précise. DCA activité moyenne pendant le parachutage de nuit.
Batteries ennemies actives dans région de a. Position ANNE-MARIE et UF probablement. Harcèlement de ISABELLE pendant l’attaque de Huguette 4 venant du Nord Est pratiquement YH et TV.
DCA 37 mm positions actives région 37/37. En 9/37 quatre pièces. 8/37. Région BÉATRICE nombre inconnu. Petit calibre DCA sur la face Est de la cuvette.
Région ANNE-MARIE et GABRIELLE. Fumée et lueurs observées région ANNE-MARIE et Nord vers UF. BBG sur UF tombées sur GABRIELLE résultat inconnu.
18 h 00
Fin du parachutage des C-119 à haute altitude particulièrement mauvais — presque la totalité chez le Vietminh. Sur la journée 38 avions ont décollé, 15 ont fait demi-tour et 23 ont largué. La météo est extrêmement défavorable.
Bilan des parachutages de la nuit du 3 au 4 mai et journée du 4 mai : 69 tonnes larguées – pertes totales 25 tonnes.
Situation GONO
Vivres : 3 jours
Munitions :
- Artillerie
- Diên Biên Phu : 105 HM2 : 3 UF / 155 HM1 : 1,8 UF / Mortier de 120 : 1,1 UF.
- ISABELLE : 105 HM2 : 2,3 UF
- Infanterie : situation dépôts inchangée.
8e BPC pertes : 4 tués 4, 1 blessé.
1er BEP – pertes amies : 1 homme de troupe autochtone tué.
Poursuite du harcèlement par salves de batteries.
En espérant que le ministre des armées, lors de son voyage prochain au Vietnam, puisse faire un discours pour rappeler le courage de nos soldats.
Pour les 70 ans de la fin de l’Indochine française, c’est vrai que c’est la dernière fois qu’on aura des anciens combattants vivants: chez eux, ce seront les vietnamiens qui seront à l’honneur.
https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/vietnam-la-france-est-invitee-pour-la-premiere-fois-aux-commemorations-de-la-bataille-de-dien-bien-phu_6523130.html
Remarque, j’ai péniblement regarder le « documentaire » sur la fin de l’Indochine française diffusé sur France 3, il aurait fait plaisir à Georges Boudarel et à toute cette engeance qui pratiquent la haine de la France (dont les descendants prospèrent toujours, remplaçant le communisme d’hier par le wokisme et la pactisaton avec les islamistes aujourd’hui).
https://www.france.tv/documentaires/histoire/5878824-indochine-une-guerre-oubliee.html
De nos jours, il reste même en France quelques rares lieux qui ont recueillis les témoins de cette époque et leurs descendants:
https://www.sudouest.fr/premium/formats-longs/en-lot-et-garonne-la-memoire-des-francais-d-indochine-3536826.php
De leur part, pas de revendications à l’indemnisation malgré les épreuves endurées, une assimilation sans histoire par le travail dans notre pays donc rien qui ne passionne les médias.
Bravo Monsieur pour ce journal de marche. Vous arrivez à faire entrevoir le courage et l’abnégation de nos hommes
Merci d’aider la mémoire des hommes à ne pas oublier
Bien à vous
EN 2024 pas de cérémonie , une fois de plus nos morts sont oublié .
Bien sur il y a le 8 MAI, ce n est pas une raison
Cette guerre a marqué mon existence. J’ avais un grand copain plus âgé que moi qui est parti là-bas. Quelque temps après la chute et DIEN BIEN PHU, on m’ a annoncé qu’ il avait été tué . De ma part…: déni….recherches….etc, puis étalés sur 70 ans: aboutissement..janvier 2024, j’ ai appris avec certitude qu’ il était décédé là-bas. Blessé et mort de maladie en juillet ( ? )1954. J’ ai appris aussi que son nom était inscrit sur le mémorial de FRÉJUS. Le 21 mai je vais y aller pour me recueillir devant l’ inscription de son nom : Jacques KERVELLA.