Le 27 mai 2015, lors de la cérémonie du transfert au Panthéon des cendres de 4 figures emblématiques de la Résistance, Anise Postel-Vinay était assise au premier rang. Y entraient en effet ses 2 meilleures amies, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion. Les 3 jeunes Françaises s’étaient rencontrées au camp de Ravensbrück et étaient restées, depuis, amies pour la vie.
Dès 07/1940, Anise et sa sœur aînée Claire s’indignent des premières persécutions antijuives, dont elles sont témoins dans le 16ème arrondissement. Anise Girard s’engage très tôt dans un mouvement de résistance travaillant pour les services de renseignement britanniques. Elle transmet par microfilm les données récoltées sur les infrastructures militaires allemandes en territoire français. Dès 1942, l’appartement familial du boulevard Delessert sert de cache à des pilotes alliés ou à des personnalités juives, en attente d’exfiltration.
Le 15/08/1942, retournant d’une mission en Normandie, elle rapporte ses documents à Paris, mais l’appartement de son correspondant a été transformé en souricière par la Gestapo. Elle est internée à Fresnes avant d’être déportée au camp de Ravensbrück. Arrêté le même jour, son père sera déporté au camp de Dora. Son frère François, du réseau Défense de la France, est déporté, à l’été 44, au camp de Buchenwald.
A Ravensbrück, elle se lie aux prisonnières françaises mais aussi à des Russes, des Tchèques et des Polonaises. Sa foi catholique l’aide à tenir. Son souvenir le plus atroce du camp reste l’envoi à la chambre à gaz d’Emilie, la mère âgée de Germaine Tillion. Les Françaises sont ensuite sauvées par la Croix-Rouge suédoise, en 04/1945. Anise a la tristesse d’apprendre que sa sœur Claire, ingénieur agricole, a été fusillée par un détachement de soldats allemands, le 27/08/1944, à Courdimanche (Oise).
En 46, Anise épouse un résistant. Appartenant à un réseau différent, André Postel-Vinay s’est évadé de prison au printemps 1942 et est parvenu à rejoindre Londres. Le général de Gaulle confie à ce jeune inspecteur des finances les relations de la France libre avec la Banque d’Angleterre, puis la direction de la Caisse centrale de la France libre.
Elle ne sera jamais distraite de ce qu’elle estimait être son devoir de solidarité envers ses « copines », comme elle appelait ses camarades de déportation. Elle devient un des piliers de Voix et Visages, le bulletin mensuel de l’ADIR. Elle combat le négationnisme, en participant à un collectif d’historiens qui rétablit la réalité des chambres à gaz dans les camps nazis.
« Je m’étais jurée de témoigner, parce qu’à un moment spécialement tragique du camp je m’étais dit : vraiment, jusqu’à notre mort, il faudra essayer de faire comprendre jusqu’où peut descendre et continuer de creuser le mal. Mais on n’a pas pu beaucoup le faire au début, parce qu’on n’avait pas de mots ».
IN MEMORIAM – Anise POSTEL-VINAY, résistante-déportée (décédée le 24 mai 2020)

M&O 287 de juin 2025
