La rubrique CHRONICORUM BELLI réalisée en grande partie avec le contenu de l’encyclopédie libre en ligne WIKIPEDIA (licence CC BY-SA 4.0) avec des éléments de recherche sur le NET ajoutés par TB. Si vous souhaitez ajouter des éléments (documents PDF, références à des livres, des vidéos, des documents audio, etc.) vous pouvez les envoyer à l’adresse suivante : contact[@]theatrum-belli.com. Bonne lecture.
16 octobre 1690 : début de la bataille de Québec (Nouvelle France, actuel Canada).
Les Britanniques aidés de colons américains débarquent à Beauport sur le Saint Laurent et tentent de prendre la ville de Québec défendue par le comte de Frontenac. Lorsque ce dernier, reçoit l’émissaire de Phips, il lui fait croire que la garnison est fortement défendue et déclare crânement que sa seule réponse viendra de « la bouche de ses canons ».
Dissuadé d’attaquer, Phips fait bombarder la ville depuis ses bateaux, sans grands dommages. Sa flotte, à l’inverse, reçoit quelques boulets qui l’incitent à lever l’ancre. Puis une série de violents orages cause des dégâts aux navires, qui s’ajoutant à la maladie (variole), décident Phips à rentrer au Massachusetts.
Ci-dessous « Entourloupe – Le général de Flipe », la plus vieille complainte (qui est française) composée en terre d’Amérique suite à cette événement.
LE GÉNÉRAL DE FLIPE
C’est le général de Flipe
Qui est parti de l’Angleterre
Avec que trente-six voiles
Et plus de mille hommes faits.
Il croyait par sa vaillance
Prendre la ville de Québec.
Il croyait par sa vaillance
Prendre la ville de Québec.
A mouillé devant la ville
Les plus beaux de ses vaisseaux,
Il met leur chaloupe à terre
Avec un beau générau.
C’est pour avertir la ville
De se rendre vite au plus tôt :
– Avant qu’il soye un quart d’heure,
J’allons lui livrer l’assaut.
C’est le général de ville
Z-appelle son franc canon :
– Va-t-en dire à l’ambassade
Recule-toi mon général.
Va lui dire que ma réponse
C’est au bout de mes canons,
Avant qu’il soye un quart d’heure,
Nous danserons le rigaudon.
C’est le général de Flipe
Qui mit son monde à Beauport,
Trois canons les accompagne
Pour leur servir de renfort.
Mais le malheur qui m’accable,
Qui ne m’a jamais laissé,
Les Français pleins de courage
M’en on détruit la moitié.
C’est le général de Flipe
S’est retourné dans Baston :
– Va-t-en dire au roi Guillaume
Que Québec lui a fait faux bond,
Car lui a de la bonne poudre
Et aussi de beaux boulets,
Des canons en abondance
Au service des Français.
16 octobre 1813 : début de la bataille de Leipzig (Allemagne).
La bataille de Leipzig, les 16 et , appelée à cette époque bataille de Leipsick, aussi connue comme la « bataille des Nations », est une des plus importantes qui ait été livrée au cours des guerres napoléoniennes. Après l’échec catastrophique de la campagne de Russie de 1812, elle oppose une Grande Armée en partie reconstituée aux forces de la Russie, mais aussi de la Prusse, de l’Autriche et de la Suède qui ont rejoint la Sixième Coalition contre Napoléon. Vaincue, la Grande Armée doit de nouveau battre en retraite, mais réussit à traverser l’Allemagne et à regagner le territoire français.
***
Après la retraite de Russie, la Sixième Coalition se renforce sans cesse : à la Grande-Bretagne et à la Russie, adversaire principal sur le continent, se joignent la Prusse, impatiente de prendre sa revanche après sa défaite d’Iéna, puis la Suède, gouvernée par l’ancien maréchal Bernadotte qui accepte de se retourner contre son ancienne patrie moyennant la promesse de la Norvège.
La Grande Armée est sortie exsangue du désastre de la campagne de Russie où elle a perdu 400 000 hommes et 200 000 chevaux. Devant l’avance de l’armée russe, elle abandonne le duché de Varsovie, puis évacue Berlin en mars 1813, et recule jusqu’à l’Elbe.
En quelques mois, Napoléon reconstitue une force militaire qui atteint 226 000 hommes en avril 1813 puis 450 000 en août. Mais elle se compose en grande partie de jeunes recrues sans expérience : outre les vétérans perdus en Russie, Napoléon doit laisser beaucoup d’hommes en France, en Espagne et en Italie pour parer à la menace britannique. En face, les armées de la coalition sont en phase de reconstruction : l’armée russe a perdu près de 500 000 hommes dans la campagne de 1812 et l’armée prussienne, réduite à peu de chose après Iéna, est encore loin d’être pleinement opérationnelle.
Napoléon remporte dans un premier temps deux batailles sur les forces russo-prussiennes, à Lützen, le 2 mai, et à Bautzen, les 20 et 21 mai, mais la faiblesse de sa cavalerie l’empêche d’exploiter ces succès et il ne peut atteindre son objectif : faire sortir la Prusse de la guerre.
En juin, Napoléon doit accepter la médiation de l’Autriche et signer l’armistice de Pleiswitz. L’Autriche propose à la France une paix acceptable, contre l’évacuation de la Pologne, des Provinces illyriennes et des départements français situés à l’est du Rhin, ainsi que la dissolution de la confédération du Rhin. Mais la diplomatie britannique pousse les coalisés à poursuivre la guerre. Napoléon refuse puis accepte, mais trop tard, les propositions de Metternich, et l’Autriche, selon le plan de ce dernier, va se joindre à la coalition.
Les hostilités reprennent début août. Posté sur tout le cours de l’Elbe défendu par de puissantes places fortes, Napoléon fait face à trois groupes d’armées commandés par le Suédois Bernadotte sur le cours inférieur de l’Elbe, le Prussien Blücher en haute Silésie et l’Autrichien Schwartzenberg en Bohême. Fidèle à sa stratégie, il veut les battre l’un après l’autre. Voulant déborder cette ligne, les coalisés, sous le commandement de Schwarzenberg, font une première tentative par la rive gauche de l’Elbe, à travers les monts de Bohême. La bataille de Dresde (26–27 août) est une victoire pour Napoléon, qui combat à un contre deux. Mais elle est suivie d’un échec à la bataille de Kulm (30 août) quand le corps du général Vandamme, qui devait couper la retraite à l’armée vaincue, est lui-même battu et contraint à la retraite.
Les alliés changent alors de stratégie. Désormais, ils évitent la confrontation directe avec Napoléon et préfèrent se retirer devant lui pour affronter ses maréchaux : les plans de Napoléon s’en trouvent contrariés ; il s’épuise en vains allers et retours pour provoquer une bataille qu’il aurait voulu conduire.
Une fois les Français suffisamment affaiblis, les alliés entreprennent de les prendre dans une large tenaille, un corps traversant l’Elbe au nord et un deuxième au sud-ouest retraversant les monts de Bohême, cette fois loin de Dresde. Ils remportent les victoires de Gross Beeren sur Oudinot, de Katzbach sur Macdonald et de Dennewitz sur Ney. Début octobre, les alliés resserrent leur tenaille : Blücher et Bernadotte franchissent l’Elbe au nord pour marcher sur Leipzig, Schwarzenberg fait de même au sud-ouest.
Le 8 octobre, par le traité de Ried conclu en secret avec l’Autriche, le royaume de Bavière met fin à son alliance avec Napoléon ; le 14 octobre, il déclare la guerre à la France ; son armée, forte de 36 000 hommes, se prépare à se joindre aux forces de la coalition.
L’alliance de la Saxe n’est guère plus solide. Le roi Frédéric-Auguste 1er de Saxe a conclu le 20 avril 1813 un accord secret avec l’Autriche qui promettait de lui rendre l’intégrité de ses États s’il se joignait à l’alliance contre Napoléon. Cependant, réfugié à Ratisbonne en terre bavaroise, Frédéric-Auguste est toujours officiellement l’allié des Français.
La situation de Napoléon est critique. La population allemande devient hostile : la désobéissance et parfois les attaques de corps francs s’aggravent tandis que la cavalerie légère française, décimée par la campagne de Russie, débordée par les cosaques et autres cavaliers de la Coalition, n’arrive plus à assurer la sécurité du ravitaillement.
Menacé d’être débordé sur ses arrières, Napoléon cherche à provoquer le combat décisif contre les alliés qui, jusqu’ici, l’ont évité pour se concentrer sur ses maréchaux. Il dispose des meilleures troupes, dont la Garde impériale, et son aura personnelle continue d’intimider ses adversaires. Sa position centrale est très forte ; une victoire est encore possible, même à un contre deux.
Napoléon ordonne à ses troupes de se joindre à lui autour de Leipzig. Il en déploie une partie de Taucha à Stötteritz — aujourd’hui, un quartier de Leipzig — (où il place son poste de commandement), puis le reste en s’incurvant jusqu’à Lindenau. Les Prussiens viennent à sa rencontre depuis Wartenburg, les Suédois à leur suite, les Autrichiens et les Russes depuis Chemnitz et Zwickau. Au total les Français alignent environ 190 000 hommes dont une partie sont des alliés saxons, contre à peu près 330 000 pour les coalisés, chacun des camps ayant une importante artillerie.
La bataille commence le 16 octobre par une attaque de 78 000 soldats alliés depuis le sud et 54 000 autres depuis le nord. Cette confrontation n’est pas décisive et les assauts sont repoussés.
Le 2e corps autrichien du général von Merveldt avance vers Connewitz par Gautzsch et essaie d’attaquer la position pour constater que la voie est bien défendue et ne permet pas aux Autrichiens de placer leur propre artillerie pour soutenir l’attaque. Repoussés, les Autrichiens se déplacent pour attaquer le village voisin de Dölitz, traversent deux ponts menant à un manoir et à un moulin. Deux compagnies du 24e régiment repoussent la petite garnison polonaise et prennent la position. Une prompte contre-attaque rejette les Autrichiens jusqu’à ce qu’une puissante batterie d’artillerie chasse à leur tour les Polonais de la position.
Le village de Markkleeberg est défendu par les maréchaux Poniatowski et Augereau. Le général Kleist approche par les rives de la Pleisse. Les Autrichiens réparent un pont et prennent un bâtiment scolaire et un manoir. Les Français chassent les Autrichiens hors de l’école et les repoussent sur l’autre rive de la rivière. La 14e division russe commence une série d’attaques de flanquement qui expulsent les Polonais de Markkleeberg. Poniatowski stoppe la retraite et parvient à arrêter l’avance des Russes. Il reprend Markkleeberg, mais est de nouveau chassé par deux bataillons prussiens. Les grenadiers autrichiens forment alors un front devant Markkleeberg et, par une attaque de flanc, chassent les Polonais et les Français du secteur.
Le 2e corps d’infanterie russe attaque Wachau avec l’appui de la 9e brigade prussienne. Les Russes avancent, ignorant que les Français les attendent. Ils sont surpris par une attaque sur leur flanc qui les malmène. Les Prussiens entrent dans Wachau et engagent un combat de rue. L’artillerie française de Drouot les chasse de la ville.
Liebertwolkwitz est un grand village dont la position stratégique est défendue par le maréchal Macdonald et le général Lauriston avec environ 18 000 hommes. Le 4e corps autrichien les attaque avec 24 500 hommes soutenus par 4 550 hommes de la 10e brigade de Pirth et par 5 365 hommes de la 11e brigade de Ziethen. Après un dur combat, les Français sont chassés de Liebertwolkwitz, mais ils parviennent à contre-attaquer et à reprendre la ville. À ce moment, Napoléon ordonne au général Drouot de positionner une puissante batterie sur la colline de Gallows. Cent canons soufflent le 2e corps russe et forcent les bataillons prussiens qui les soutiennent à se mettre à couvert.
Comme l’avait souhaité Napoléon, une brèche est ouverte, dans laquelle s’engouffre le maréchal Murat avec 10 000 cavaliers français, italiens, et saxons. La charge est massive et menace la colline sur laquelle se trouvent les empereurs de la coalition, mais Murat a négligé de prévoir une réserve. Plusieurs petites formations de cavalerie russes (en particulier le régiment de cosaques de la Garde impériale qui célèbrera cette charge tous les ans sur ordre du Tsar), prussiennes et autrichiennes s’interposent et après d’âpres combats repoussent les assaillants jusqu’à leur propre artillerie. L’intervention des dragons de la Jeune Garde les sauve in extremis et reprend l’avantage en reconduisant les alliés hors de la ville. Liebertwolkwitz et Wachau sont repris, mais les alliés rejoignent les positions russes et autrichiennes. Ils ont démontré ce que leurs troupes d’élite, formées en carrés, étaient capables de faire face à la cavalerie française. Sur le front sud, bien que Napoléon ait gagné du terrain, il lui faut admettre qu’il ne pourra pas facilement venir à bout des rangs alliés.
Le front nord s’ouvre avec l’attaque du corps russe du général Langeron, sur les villages de Gross-Wiederitzsch et de Klein-Wiederitzsch au centre des lignes françaises. Cette position est défendue par la division polonaise du général Dombrowski composée de quatre bataillons d’infanterie et de deux bataillons de cavalerie. Au premier signe de l’attaque, la division polonaise bondit. L’issue du combat est indécise, les deux camps se livrent à des attaques et contre-attaques successives. Rassemblant ses forces, le général Langeron, malgré de lourdes pertes, prend finalement les deux villages.
Le front nord est dominé par la bataille de Möckern. Blücher commande les corps de Langeron (russes) et de Yorck (prussiens) contre les maréchaux Ney et Marmont. L’affrontement, très dur, se déroule en quatre phases. Un petit château entouré de jardins et de murs peu élevés domine le village. Chaque position est transformée en forteresse. Les Français sont à couvert derrière les murs. L’ouest de la position est trop boisé et marécageux pour une position d’artillerie. À l’est, une digue de 4 mètres protège les berges de l’Elster. Le maréchal Marmont y a abrité sa réserve d’infanterie pour contre-attaquer et soutenir rapidement chaque position.
Des attaques ont lieu toute la nuit. L’artillerie est en grande partie responsable des morts et des blessés : 9 000 chez les Alliés, 7 000 dans le camp français. Les Français perdent encore 2 000 hommes qui sont faits prisonniers.
17 OCTOBRE
Le jour suivant les forces en présence reçoivent des renforts qui sont positionnés. Il n’y a que deux actions dans la journée : l’attaque par le général russe Sacken sur les Polonais de la division de Dombrowski au village de Gohlis. La division polonaise résiste héroïquement, faisant même l’admiration du général Sacken. Finalement, le nombre et la détermination des Russes font la différence. Les Polonais se retirent à Pfaffendorf. Blücher ordonne à la 22e division de hussards du général Lanskoi (russe), qui s’est illustrée la veille, d’attaquer le 3e corps de cavalerie du général Arrighi.
Les Français reçoivent le renfort de 14 000 hommes, tandis que le général Bennigsen et le prince Bernadotte augmentent considérablement les forces alliées en amenant 145 000 hommes. Bernadotte, prince royal de Suède, exerce le commandement de l’armée du Nord qui regroupe les forces suédoises, le corps prussien de Bülow et le corps russe de Wintzingerode. Cependant, une querelle oppose Bernadotte, qui souhaiterait marquer un temps de repos, et Bülow, qui réclame un assaut pour le lendemain matin. C’est l’avis des Prussiens qui l’emporte.
18 OCTOBRE
Le général Blücher et le prince Bernadotte sont disposés au nord, les généraux Barclay De Tolly, et Bennigsen ainsi que le prince de Hesse-Hombourg au sud, et le feld-maréchal autrichien Gyulay à l’ouest.
Le combat s’engage vers 6 h du matin. Vers 9 h, à Mockau, une brigade de cavalerie saxonne, commandée par le colonel Lindenau, change de camp et se rallie aux Russes ; ceux-ci, ne sachant que faire des transfuges, les gardent sous surveillance. Plus tard dans la journée, une brigade de cavalerie wurtembergeoise, commandée par Karl von Normann-Ehrenfels, passe aussi aux Russes, tandis que le gros de l’armée saxonne continue le combat contre les Autrichiens.
La 9e brigade prussienne occupe le village abandonné de Wachau, tandis que les Autrichiens avec les Hongrois du général Bianchi repoussent les Français hors de Lößnig.
Les Autrichiens effectuent une manœuvre combinée : tandis que la cavalerie autrichienne attaque l’infanterie française pour permettre à l’infanterie autrichienne de se déployer sur Dölitz, une division de la Jeune Garde surgit et les chasse. À ce moment, trois bataillons de grenadiers autrichiens, avec l’appui de l’artillerie, leur contestent la possession du village.
De tous les côtés, les alliés lancent l’assaut. En un peu plus de neuf heures de combat, les deux camps subissent de grosses pertes, les troupes françaises empêchent la percée mais sont lentement repoussées vers Leipzig.
Vers 17 h, à Paunsdorf, la division saxonne, commandée par Gustav Xaver Reinhold von Ryssel, change de camp et retourne ses canons contre les Français. La « trahison » des Saxons sème la confusion dans le corps d’armée de Ney.
Le 6e corps Français défendit avec acharnement le village de Schönefeld contre le général russe Langeron, mais il finit par manquer de munitions. Le 3e corps vint le relever, vers les 3 heures. Langeron engagea alors deux nouvelles divisions. Schönefeld fut pris, perdu et repris plusieurs fois. Malgré leur héroïsme, les troupes du 3e corps ne purent tenir contre des adversaires trop nombreux. Le village, jonché de cadavres, resta finalement au pouvoir des Russes.
Le soir du 18 octobre, la bataille est perdue pour les Français : 320 000 soldats coalisés convergent autour de 170 000 Français pratiquement à court de munitions ; l’avant-garde de Blücher entre dans les faubourgs de Leipzig. Napoléon décide de retirer la majorité de ses troupes pendant la nuit en leur faisant traverser la rivière Elster. Le même soir, il fait envoyer des dépêches aux garnisons françaises de Dresde, Torgau et Wittenberg pour leur ordonner de se rassembler en un seul corps, sous le commandement du maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de rejoindre les forces du maréchal Davout sur l’Oder et de se frayer un chemin vers l’ouest. Mais cet ordre trop tardif, à un moment où les transmissions de l’armée française sont inutilisables, ne sera jamais exécuté.
19 OCTOBRE
Dans la journée du 19, les coalisés, désormais sous le commandement unique de Schwarzenberg, attaquent en 5 colonnes autour de Leipzig. La retraite française se poursuit jusque dans l’après-midi, au moment où l’unique pont est détruit prématurément par une escouade française du génie. Un tiers de l’armée française n’a pas eu le temps de traverser et n’a d’autre choix que de risquer la noyade en traversant à la nage ou de se rendre à l’ennemi. Les circonstances de cette retraite sont discutées. Napoléon avait ordonné de détruire une partie des ponts pour freiner l’avance de l’ennemi mais le dernier pont semble avoir fait l’objet d’instructions contradictoires.
Le total des pertes est incertain. Prenant une évaluation de 140 000 au total, la coalition aurait perdu 90 000 hommes. Napoléon a perdu 60 000 soldats.
Parmi les disparus se trouve le maréchal Poniatowski, neveu du dernier roi de Pologne, Stanislas II — qui avait reçu la veille le bâton de maréchal — et les généraux Aubry, Camus de Richemont, Rochambeau et Couloumy.
La retraite de Napoléon lui permet de sauver son armée. Il doit encore affronter les Austro-Bavarois qui tentent de lui couper la route à la bataille de Hanau (30 – 31 octobre 1813) mais ils ne l’empêchent pas de se replier jusqu’au Rhin. Les Alliés, eux-mêmes épuisés, ne peuvent pas poursuivre les Français et cela les empêche de transformer cette bataille en victoire décisive. Cependant, Napoléon perd les pays qu’il contrôlait en Allemagne, précieux réservoir d’hommes et de chevaux, et abandonne dans les places fortes de Dantzig, Glogau, Stettin, Dresde, Hambourg, un peu plus de 100 000 hommes et deux maréchaux de grande valeur, Davout, sûrement son meilleur maréchal en activité, et Gouvion-Saint-Cyr, qui lui manqueront pour la campagne de 1814.
16 octobre 1815 : Napoléon 1er arrive à Sainte-Hélène pour un exil définitif.
16 octobre 1897 : naissance du poilu Louis de Cazenave.
Louis Henri Félix de Cazenave, né le à Saint-Georges-d’Aurac (Haute-Loire) et mort le à Brioude, est du à sa mort le plus ancien et l’un des deux derniers poilus français encore vivants.
Avec le décès d’Aimé Avignon le , il était devenu également le doyen des hommes français. Par ailleurs, Louis de Cazenave était aussi le onzième homme le plus âgé du monde et le quatrième en Europe. Il était également le huitième homme français à franchir le cap des 110 ans.
En 1916, il quitte à 19 ans son village natal où sa mère est receveuse des postes. Le jeune soldat est affecté au 22e régiment d’infanterie coloniale, puis au 5e bataillon de tirailleurs sénégalais, période qu’il décrit par : « Forcément on ne nous mettait pas dans les endroits les plus calmes. »
En , il est envoyé au chemin des Dames. Il y participe à la terrible offensive lancée par le général Nivelle, qui remplace le maréchal Joffre à la tête de l’État-major français depuis décembre 1916. Les moyens militaires français se montrent rapidement insuffisants face à une armée allemande bien préparée et embusquée dans les côtes de la vallée de l’Aisne.
16 octobre 1952 : premier vol du SO-4050 Vautour.
Le SO-4050 Vautour est un avion multirôle biréacteur français conçu par la SNCASO au début des années 1950. Il a été construit à 140 exemplaires, dont 30 exportés vers Israël. Les derniers Vautour ont été retirés du service à la fin des années 1970.
***
Au début des années 1950, l’armée de l’air émet une demande pour un chasseur lourd propulsé par deux réacteurs SNECMA Atar. Ayant travaillé sur un projet de bombardier finalement abandonné, le SNCASO SO.4000, Jean-Charles Parot de la SNCASO en propose un dérivé de taille inférieure avec les réacteurs installés sous les ailes, une soute ventrale pour l’emport d’armement, quatre canons de 30 mm, une très bonne autonomie et une vitesse maximale supérieure à 1 000 km/h.
Le projet est accepté en 1952 et trois versions demandées :
- Vautour II A : avion d’attaque au sol (monoplace) ;
- Vautour II N : chasseur tous temps (biplace en tandem doté d’un radar) ;
- Vautour II B : bombardier (biplace avec un navigateur/bombardier installé à l’avant du nez vitré).
Le premier prototype, un Vautour II N, fait son vol inaugural le avec des réacteurs Atar 101 B. En , il reçoit des Atar 101 C et dépasse le mur du son en piqué. Le prototype du Vautour II A décolle lui pour la première fois le , et celui du Vautour II B le . Ces prototypes sont suivis par 6 exemplaires de présérie équipés de réacteurs Atar 101 D puis Atar 101 E.
Après quelques modifications, la production en série est lancée à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et le premier Vautour livré officiellement en . La commande initiale de 300 exemplaires est finalement réduite à seulement 140 fin 1958. L’armée de l’Air réalise rapidement qu’elle n’a pas besoin du Vautour II A et, après les avoir utilisés pour l’entraînement de ses pilotes, les propose à l’exportation.
Une partie des Vautour II B français est modifiée pour être également capable d’effectuer des missions de reconnaissance (Vautour II BR) et une autre pour la guerre électronique (Vautour II GE). Une soixantaine d’avions sont révisés et modernisés (opération Jouventour) entre 1967 et 1971. Les derniers Vautour sont retirés du service en , seuls quelques exemplaires restant utilisés pour le remorquage de cible ou des essais de radar, ces derniers au sein du Centre d’Essais en Vol.
En , Israël achète 19 Vautour II A, 4 Vautour II N et 8 Vautour II B. Ces avions sont livrés entre et . Les Vautour israéliens reçoivent plusieurs modifications durant leur carrière, dont en particulier l’adaptation d’un certain nombre d’entre eux à des missions de reconnaissance. Ils sont retirés du service en 1971 pour la plupart, certains restant utilisés encore quelques mois en 1972.
Israël a engagé ses Vautour lors de la guerre des Six Jours (1967), principalement dans des missions de bombardement, ainsi que dans diverses opérations de moindre importance.
Lors du premier jour de l’offensive israélienne, le , toutes les bases aériennes égyptiennes avaient été neutralisées et l’aviation égyptienne détruite au sol dès la fin de matinée. Seule restait intacte la base égyptienne de Ras Banas, très au sud, au bord de la Mer Rouge, où plusieurs avions égyptiens avaient trouvé refuge hors de portée des Dassault Mirage III-CJ israéliens, à 900 kilomètres de leurs bases. À 18 heures, des Vautour israéliens, opérant à la limite de leur rayon d’action, parvinrent à la neutraliser.
Au total, six avions furent abattus par la défense anti-aérienne ou l’aviation adverse. Un Vautour a abattu un Hawker Hunter de la force aérienne irakienne, unique victoire aérienne de ce type d’appareil. Les Hunter ayant eux abattu deux Vautour aux canons de 30 mm.
Les Vautour ont également été utilisés à partir de 1960 lors des essais nucléaires français en Algérie française et en Polynésie française : ils servaient à récupérer les particules présentes dans l’air. Le prélèvement s’effectuait par des sondes fixées sous les ailes, lors du passage dans le nuage radioactif, en vue d’analyse radio-chimique. En 1975, après avoir participé à huit campagnes de tirs nucléaires atmosphériques, les Vautour utilisés pour ces missions connaissent des destins variés :
- Les cinq les plus contaminés sont immergés par plusieurs centaines de mètres de fond (avions n° 317, 604, 607, 611 et 625) ;
- Quatre autres sont mis à la ferraille (avions n° 4, 309, 313 et 323) ;
- Un dernier Vautour, le n° 302, fut conservé en exposition statique sur l’atoll de Hao, près de l’ancienne escale aérienne militaire. Il a été démonté au début de l’année 2000, et certaines parties de l’aéronef, notamment un réacteur et la cellule, ont été ramenées en métropole.
16 octobre 1959 : mort à 78 ans du général américain George Marshall.
George Catlett Marshall, Jr. né le à Uniontown et mort le à Washington, est un General of the Army américain au cours de la Seconde Guerre mondiale, et fut l’un des principaux conseillers et stratèges du président Roosevelt pour la conduite du conflit.
Après la guerre, George Marshall est chargé de mettre fin à la guerre civile chinoise avec la mission Marshall puis est à l’origine d’un projet auquel il laisse son nom : le plan Marshall, visant à apporter une aide économique à l’Europe.
16 octobre 1956 : arraisonnement de l’Athos (Méditerranée).
L’aviso-dragueur Commandant de Pimodan intercepte dans les eaux internationales (au large d’Oran) un cargo égyptien transportant 70 tonnes d’armes destinées aux bases du FLN installées au Maroc.
16 octobre 1981 : mort à 66 ans du militaire et homme politique israélien Moshe Dayan.
Moshe Dayan naît dans le kibboutz Degania, situé en Palestine alors sous domination ottomane, non loin du lac de Tibériade. Ses parents, Devorah et Shmuel Dayan, étaient des juifs ukrainiens de Jachkiv, ville située alors dans l’Empire russe. À l’âge de 14 ans, il rallie la Haganah puis est affecté aux « Special Night Squads » dans les rangs desquels il sera marqué par l’influence du major Orde Charles Wingate, un officier britannique pro-sioniste, et qui instillera à l’embryon d’armée juive la doctrine visant à « porter le combat au cœur du secteur d’activité de l’ennemi » plutôt que de privilégier la « défense statique ».
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est intégré dans les forces britanniques durant deux ans, puis intégré dans la 7e Division d’infanterie australienne, qui combat les forces de Vichy en Syrie. C’est durant cette période qu’il perd l’usage de son œil gauche, par l’enfoncement du binoculaire de ses jumelles, atteint par une balle ennemie. Après cette blessure, il porte un cache-œil. Dayan est décoré à l’issue de la guerre, par l’armée britannique.
Au cours de la guerre de 1948, Dayan occupe plusieurs postes de responsabilité croissante, notamment dans la vallée du Jourdain et dans la région centre. Très apprécié de David Ben Gourion, futur premier Premier ministre du jeune État d’Israël, il sera son protégé, tout comme le jeune Shimon Peres.
Moshe Dayan suit alors une carrière militaire fulgurante et devient chef d’État major de Tsahal, de 1955 à 1958, notamment lors de la Crise du canal de Suez de 1956 contre l’Égypte.
En 1959, Dayan entre en politique et rejoint les rangs du Mapaï, le grand parti de gauche israélien. Il est ministre de l’Agriculture jusqu’en 1964. Peu apprécié de Levi Eshkol, qui prend la place de Ben Gourion après son départ du Mapai en 1965, il est cependant nommé ministre de la Défense en 1967, pour faire face à la grave crise qui menace Israël.
Bien que n’ayant pas pris part ni aux combats, ni même à la planification de ceux-ci (qui sont plutôt l’œuvre des généraux Yitzhak Rabin et Uzi Narkiss), Moshe Dayan a clairement été identifié comme un acteur prépondérant de la guerre des Six Jours. Il en a tiré une énorme popularité, aussi bien en Israël qu’à l’extérieur. Cette gloire légitime doit être relativisée au vu des critiques qui lui seront adressées au lendemain de la guerre du Kippour. L’excès de confiance identifié à Dayan et qui habitera Israël durant les six années qui séparent ces deux conflits est en effet une des raisons des pertes énormes subies par Tsahal durant les premiers jours de combat. Mais Dayan reprend le dessus, avec l’aide des États-Unis et de généraux israéliens comme Ariel Sharon.
Le conflit du Kippour affecte le moral et la santé de Moshe Dayan. Il se retire de la vie politique brièvement en 1977, puis revient pour un court passage comme ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement de Menahem Begin. Alors ministre des Affaires étrangères, il est avec son homologue égyptien Boutros Boutros-Ghali, l’un des principaux négociateurs des accords de paix israélo-arabes signés par Anouar el-Sadate et Menahem Begin en 1979.
Moshe Dayan participe aux accords de paix de Camp David et meurt peu après, en 1981, d’un cancer du côlon. Il est enterré dans le moshav où il a grandi : Nahalal.