Emile René Gueguen professait que « pour gagner il faut de l’honneur et du courage et puis il faut vouloir ».
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Né 13 février 1925 à Morlaix en Bretagne, Émile René Gueguen a 15 ans quand l’armée allemande victorieuse arrive chez lui. Ceci va décider de son destin car il commence aussitôt des actions de résistance, d’abord à son initiative personnelle puis dans le cadre du mouvement Libération-Nord.Le 6 juillet 1944, Gueguen, maquisard breton de 19 ans, est pris dans une embuscade montée par des Felgendarmes et 150 parachutistes allemands arborant le « Kreta ». Il s’échappe en sautant d’un side-car en marche sous les rafales des armes automatiques du convoi. Le 10 décembre 1944, à Lorient, où le bouclage autour de la poche s’étendait sur 50 kilomètres, les Allemands, dans leur tentative de passage en force choisissent d’attaquer exactement la position occupée par la section du lieutenant Gueguen, composée de ses camarades de lycée.
À la stupéfaction générale, cette section de trente adolescents, abandonnée à elle-même avec ses seules moyens légers d’infanterie va repousser tous les assauts des 600 vétérans de la « Kriegsmarine », des hommes endurcis par la guerre et soutenus par l’artillerie. Celle-ci va déverser sur la position un millier d’obus fusants et percutants durant les six heures de combat. Les Allemands ont perdu dans cette affaire près de 200 hommes, tués, blessés et prisonniers.
En Indochine en 1951, Gueguen à la tête de ces parachutistes a combattu isolé face à un des régiments de l’armée de Giap. En Algérie, le 29 avril 1958, à Souk-Ahras, au cours de la bataille rangée le capitaine Gueguen, avec sa compagnie du 9e RCP composée d’appelés du contingent neutralise un bataillon de choc de l’ALN, qui venait de submerger, une heure plus tôt, la compagnie du capitaine Beaumont, tombé au cours de l’engagement. Il lui tiendra la main pour sa dernière nuit « sur le terrain ».
Sportif accompli, champion du monde de pentathlon militaire en 1950 et international de course d’orientation, il créa et entraîna l’équipe de France de pentathlon moderne. il a quitte l’armée à l’âge de 44 ans pour prendre la direction du centre international de préparation olympique de Vittel. Depuis 1988 il s’est installé en Californie du Sud. C’est lui qui a voulu et obtenu que des vétérans parachutistes sautent à Sainte-Mère-Église pour le 50e anniversaire du Jour J.
Nommé Grand Officier de la Légion d’Honneur dans la Cour d’Honneur des Invalides, à l’endroit même où Napoléon avait décoré ses Maréchaux le 15 juillet 1804.
Le Colonel Gueguen était titulaire de 12 citations.
Il tombe dans un dernier combat le 14 février 2003 à San Diego, en Californie, où il avait élu domicile.
La promotion 44 (2004-2006) de l’EMIA porte son nom.
Chant écrit en 2005 par la promotion « Colonel Gueguen » de l’École militaire interarmes en l’honneur de tous les soldats morts pour la France.
Loin vers la mer je porte mon regard
Où est mon père quand est mort tout espoir
Il est parti loin d’ici un matin
Je pense à lui mais jamais ne revient
Donne son âme petit enfant
Il est des guerres loin de tes rêves
Sèche tes larmes et sois patient
Il vit en toi, il éclaire tes pas
Dites-moi pourquoi il dort encore
Qui sont donc ces soldats qui l’honorent
Dans ce périple où la vie est soleil
Sur cette terre ou maintenant il sommeille
Dessous les armes, pour ses enfants
Il a dû périr pour leur avenir
Sèche tes larmes et sois patient
Il vit en toi, il éclaire tes pas
Vois la mer et ses reflets d’argent
Qu’elle console ta peine mon enfant
Lève les yeux, prends la main de ta mère
Raconte un peu cette histoire à ton frère
Beaucoup de larmes, beaucoup de sang
Ôte l’espoir, peuple d’ivoire
Garde cette âme, sache à présent
Que ce pays dans nos cœurs bât aussi