DÉTRÉ Jacques Né le 10 octobre 1910 à Reims (Marne), mort des suites de tortures à la prison de Reims le 30 décembre 1943.
En septembre 1939, il fut mobilisé comme lieutenant d’artillerie à Mourmelon (Marne), puis à Vitry-le-François (Marne), où il commandait une batterie de DCA. En 05-06/40, sa conduite lui valut d’être cité à l’ordre de la division et décoré de la Croix de guerre.
Démobilisé, il rentra à Reims où il retrouva Pierre Bouchez qui appartenait au réseau de renseignement SR Kléber, pour lequel travaillait également le gendarme Édouard Charlot.
Il était aussi en relation avec Pierre Grandremy et le docteur Jean Quentin, responsables de CDLR, avec André Schneiter, chef du BOA dans l’arrondissement de Reims, avec Henri Bertin, chef départemental de plusieurs mouvements de résistance. À la mi-décembre 1943, Pierre Bouchez devenu chef départemental des FFI demanda à Jacques Détré, alors responsable CDLR de l’arrondissement de Reims, de transférer un dépôt d’armes dans une usine désaffectée appartenant à son père, Chaussée Bocquaine à Reims.
Le transfert s’effectua dans une camionnette prêtée par Louis Paillard, lieutenant du Génie, qui commandait une unité installée au Château de la Malle à Saint-Brice (Marne). Le chauffeur, André Gruson, une fois le transfert accompli, déposa Jacques Détré dont il ne connaissait pas le nom à son domicile, place Godinot.
Peu de temps après ce transfert, le poste qui émettait vers Londres depuis le Château de la Malle à Saint-Brice fut repéré par un véhicule radiogoniométrique allemand. Louis Paillard et André Gruson furent arrêtés et interrogés par la Gestapo. Gruson finit par parler. Le 28 décembre 1943, la Gestapo lança une vaste opération de répression contre les équipes CDLR-BOA de Gueux et de Reims qui a abouti à plusieurs arrestations. À Reims, Pierre Schneiter, frère d’André Schneiter, et Jacques Détré furent interpellés à leur domicile et emmenés au siège de la Gestapo. Pierre Bouchez et André Schneiter parvinrent à s’échapper et passèrent à la la clandestinité.
Jacques Détré qui se trouvait dans son appartement à l’étage, alerté par l’irruption de la Gestapo au rez-de-chaussée, aurait pu lui aussi se soustraire à l’arrestation et s’échapper par la cour de l’immeuble, mais il choisit délibérément de se livrer pour éviter toute action de représailles contre son père, propriétaire de l’usine où avait été transféré le dépôt d’armes et de munitions découvert par la Gestapo.
Affreusement torturé, il ne parla pas. Il agonisa au cours de la nuit du 29 au 30 décembre 1943 dans sa cellule de la prison Robespierre, où il fut retrouvé mort au matin du 30/12.
Jacques Détré a été reconnu « Mort pour la France » et il a été homologué FFI. Le titre d’Interné-résistant lui a été décerné, ainsi que la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 26 avril 1946.