IN MEMORIAM – Jean GOSSET, compagnon de la Libération (mort en déportation le 21 décembre 1944)

Jean Gosset est né le 6 décembre 1912 à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Son père, masseur, est marié en secondes noces à sa mère, institutrice.

Jean Gosset a une scolarité exemplaire, figurant toujours en tête de sa classe. Bachelier de philosophie et de mathématiques au lycée Voltaire, il entre en khâgne à Louis-le-Grand. Reçu troisième à l’Ecole normale supérieure, il obtient également son agrégation de philosophie en 1936.

Entre temps, il avait subi de lourdes épreuves : sa mère est morte tragiquement quand il avait 17 ans, et son frère, malade depuis l’enfance, décède trois ans plus tard. Il se fait baptiser juste après, consécration d’une foi qui était en lui depuis l’enfance.

Après son service militaire, d’où il sort comme sous-lieutenant, il est nommé professeur de philosophie à Brest puis à Vendôme. Il rencontre aussi Emmanuel Mounier et collabore à la revue Esprit.

Jean Gosset prend brillamment part à la campagne de France comme officier d’infanterie au 131e RI dans le Nord puis dans l’Orne, ce qui lui vaut cette citation : « Officier de renseignement du bataillon, a fait constamment preuve du plus grand courage, s’exposant sans cesse avec un mépris profond du danger au cours des combats du 10 mai au 30 juin 1940. A, en particulier, sous Tourville, reconquis avec une poignée d’hommes qu’il avait rallié le terrain qu’une section démoralisée avait abandonné ».

Démobilisé, il retrouve son poste au lycée de Vendôme avant de se mettre en congé et de s’installer à Sceaux. Marié et père de trois enfants, il participe à la rédaction et à la distribution de tracts et journaux clandestins : L’Aile Française et Valmy.

En 1942, il reprend contact avec Jean Cavaillès (alias Hervé) qui fut quelque temps son professeur rue d’Ulm avant-guerre et qui est membre du mouvement Libération-nord et fondateur du réseau de renseignements « Cohors ».

Jean Gosset entre immédiatement dans le réseau qu’il développe en Bretagne où il a des contacts grâce à Esprit. Jean Cavaillès fait rapidement de lui son adjoint. Lorsque celui-ci est arrêté en septembre 1942, Jean Gosset prend la tête du réseau pendant quatre mois et contribue à le développer par la création de groupes nouveaux en Bretagne et dans l’Orléanais, jusqu’au retour de Cavaillès après son évasion du camp d’internement de Saint-Paul d’Eyjaux.

En mars et avril 1943, Jean Gosset, alias Gérard, assure à nouveau la direction du réseau par intérim en l’absence de Cavaillès resté à Londres, et en profite pour accentuer le recrutement pour l’Armée secrète (AS) à Paris et en province. Adjoint direct de Cavaillès, il a en charge l’AI (Action immédiate) et se déplace fréquemment en province pour former des groupes locaux. Jean Gosset prépare une série d’attentats en Bretagne, notamment dans le secteur de Lorient. Il rencontre également le colonel Passy, chef du BCRA, au cours de la mission Arquebuse.

En août 1943, Cavaillès, revenu en France en avril 1943, est à nouveau arrêté comme de nombreux chefs de réseaux. Jean Gosset, qui échappe à une souricière grâce à son sang-froid, prend la tête de « Cohors » qui devient « Asturies » et parvient à lui donner une nouvelle impulsion. Il réorganise les services centraux (codage, décodage, diffusion) et le découpage d’Asturies en huit régions.

A la demande de Londres, il se rend en Ecosse en octobre 1943 par opération aérienne pour y suivre un stage de perfectionnement technique et laisse l’intérim du commandement d’Asturies à Albert Guerville. Lors du parachutage de retour, le 31 décembre, dans la Sarthe, il se blesse grièvement à une jambe parvenant tant bien que mal à gagner Paris.

Malgré le handicap, il poursuit inlassablement son travail, sous le nom de « Semoir » (il est chef de mission de 1ère classe d’un grade correspondant à celui de lieutenant-colonel), se déplaçant sans cesse. Il reprend la direction de Cohors-Asturies et crée un maquis dans le Morbihan baptisé « National Maquis », tout en continuant à approvisionner Londres en renseignements de tous ordres.

Il participe lui-même à plusieurs opérations de sabotage d’usines en région parisienne (notamment le 20 février 1944 celle ces usines Hotchkiss de Clichy), en contact avec « Jarry » (André Rondenay), délégué militaire de Région parisienne. Malgré la fatigue physique, il organise, à partir du printemps 1944, sous le pseudonyme de « Christophe », les transports d’armes et d’explosifs nécessaires aux actions immédiates.

Se rendant à Rennes, le 24 avril 1944, pour participer à une réunion des chefs de maquis de la zone nord organisée par Brozen (André Favereau), Jean Gosset, à la descente du train, rencontre par hasard un de ses agents qui se rend à un rendez-vous connu des Allemands et est arrêté par la Gestapo qui le prend pour un agent anglais.

Emprisonné à Rennes puis à Compiègne, il ne parle pas, même sous la torture. Le 28 juillet 1944, il est déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) où il parvient trois jours plus tard. Il y meurt le 21 décembre 1944, quelques semaines après avoir été nommé au grade de commandant.


• Chevalier de la Légion d’Honneur
Compagnon de la Libération – décret du 26 septembre 1945
• Croix de Guerre 1939-1945 (2 citations)
• Médaille de la Résistance
Military Cross (GB)
• Officier de l’Ordre de la Couronne Royale (Belgique)
• Croix de Guerre (Belgique)
• Médaille de la Résistance (Belgique)

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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