Joël Le Tac naît le 15 février 1918 à Paris.
À la déclaration de guerre, il est mobilisé. À sa demande, il est muté dans l’infanterie, rejoignant le peloton d’aspirants officiers de réserve d’infanterie à Vincennes. Lors de la campagne de France, son unité se replie dans les Landes. Refusant l’armistice, il rejoint avec Henri Karcher et quelques camarades l’Angleterre.
Il s’engage dans les FFL et devient Sergent instructeur dans le camp de jeunesse de la France libre à Brynbach, dans le Denbighshire, au Pays de Galles. Il participe ensuite sous le commandement du Capitaine Georges Bergé à la création de la 1re Cie d’infanterie de l’Air formée le 29/09/1940 par le vice-amiral Muselier, commandant provisoire des FAFL.
Il est l’un des 5 soldats français de l’équipe parachutée le 15/03/1941 près de Vannes pour l’opération Savannah, montée par le Deuxième Bureau du Commandant Dewavrin et par le SOE : il s’agit d’abattre les pilotes de l’escadrille de bombardement Kampfgeschwader 100, basés à l’aérodrome de Meucon. Il reste en France.
En 05/1941, il aide l’Opération Joséphine B — un commando français libre de la 1re Cie de parachutistes — à détruire la centrale de Pessac (en Gironde) qui alimente en électricité la base des sommergibile italiens (sous-marins de la base italienne Betasom à Bordeaux).
Il organise avec son radio en Bretagne le premier réseau-action en zone occupée, le réseau Overcloud. 4 opérations sont réalisées :
Leur arrivée en Bretagne, dans la nuit du 13 au 14/10/1941 : c’est la première arrivée par voie maritime d’agents du service Action du BCRA.
Le retour en Angleterre de Fred Scamaroni, réussi le 30/12/1941.
Le retour en Angleterre de 7 agents, dans la nuit du 4 au 5/01/1942.
Le retour en France, le 01/02, de Joël Le Tac (qui se rend à Rennes pour des missions de sabotage), avec son frère Yves (qui va à Paris, chargé d’une mission de propagande pour la France Libre) et André Peulevey (agent du MI6, qui va à Rennes).
Le 05/02/1942, il est arrêté, ainsi que ses parents, son frère, sa belle-sœur, et son adjoint André Lacaze. Il est détenu à Angers, puis à Fresnes. Il est envoyé au camp du Struthof en Alsace, et en 09/1944 est transféré à Dachau, puis à Neuengamme et finalement à Gross-Rosen en Silésie. Lors du « convoi de la mort » de 01/1945, il est le seul survivant d’un wagon de 100 personnes. Il va ensuite à Dora, puis à Bergen-Belsen, où il est libéré par les Anglais le 15/01/1945.
Il termine la guerre avec le grade de capitaine et il a la joie de retrouver ses parents, son frère et sa belle-soeur rescapés des camps de concentration.
Rappelé en 03/1951 pour partir comme Capitaine en Indochine, il opte pour la Corée et rejoint le bataillon français de l’ONU en 01/1952. Il y sert comme officier de renseignements puis comme Commandant de la 3e Compagnie et prend part aux batailles de Kumwha, Triangle de Fer et T Bone.
Il est décédé le 8 octobre 2005 à Maisons-Laffitte dans les Yvelines.
• Grand Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 17 novembre 1945
• Croix de Guerre 1939-45 (5 palmes)
• Croix des TOE (2 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
• Military Medal (GB)
• Médaille des Nations Unies
• Croix de Guerre coréenne
Opération Savannah
L’opération Savannah fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, la première mission Action en territoire français organisée par la France libre, conjointement avec le Special Operations Executive, avec les moyens de la Royal Air Force (pour les parachutages) et ceux de l’Amirauté (pour la récupération de l’équipe par sous-marin).
- Commandant « Passy », chef du 2e bureau (service de renseignements de la France libre),
- Major R. H. Barry, du Special Operations Executive.
L’équipe est formée de cinq soldats français de la première compagnie d’infanterie de l’air, des FFL :
- Capitaine Georges Bergé, commandant la compagnie, chef d’équipe.
- Sous-lieutenant Petit-Laurent,
- Sergent Forman,
- Sergent Joël Le Tac,
- Caporal Renault.
Dans la nuit du 15 au 16 mars, l’équipe des cinq soldats français embarque dans un bombardier Whitley, en emportant avec elle deux conteneurs d’armement léger et un « piège routie» spécialement conçu pour sa mission. À minuit, elle est parachutée près d’Elven, aux environs de Vannes, sous couvert d’un raid de bombardement léger sur l’aérodrome. À l’aube, les hommes enterrent leur équipement (parachutes et uniformes). Petit-Laurent est envoyé en reconnaissance. Les informations qu’il recueille ne concordent plus avec les renseignements parvenus à Londres : les militaires allemands logent maintenant pour la plupart sur la base même, ou quittent Vannes, le matin, en voiture individuelle. Bergé décide d’abandonner le coup de main, mais il veut mettre à profit leur présence en France : chacun ira dans la région de France qu’il connaît le mieux et y recueillera le plus grand nombre de renseignements. Tout le monde se retrouvera, dans quinze jours, sur la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée) où un sous-marin attendra pour ramener l’équipe en Angleterre. L’un reste à Vannes, Le Tac part à Saint-Pabu, au nord de Brest. Un autre manque déjà. Bergé et Forman vont à Paris, Nevers et Bordeaux.
- Avril. Au début du mois, Bergé, Forman et Le Tac sont au rendez-vous fixé, tandis que Petit-Laurent et Renault manquent. Tous trois passent plusieurs nuits de veille infructueuses dans les dunes, à quelques kilomètres au N/O de la ville. Dans la nuit du 4 au 5, le sous-marin Tigris est là, au large de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. La mer est mauvaise. Les marins mettent à l’eau deux canoës, qui se retournent immédiatement. Avec le troisième, Geoffrey Appleyard réussit à atteindre la plage, charge Bergé et Forman et regagne le Tigris. Joël Le Tac doit rester sur la plage. Les dix jours suivants, le Tigris finit sa patrouille. Mettant à profit ces vacances forcées, Bergé rédige un rapport complet sur sa mission. De son côté, Le Tac revient à deux reprises avec son frère Yves Le Tac près de l’aérodrome de Meucon dans l’espoir de mener à bien l’opération. Mais il finit par renoncer.
Bilan de la mission :
- Les objectifs directs de la mission ont été abandonnés par nécessité.
- Mais le rapport de Bergé fournit de nombreux renseignements que le SOE cherchait en vain depuis des mois, et qui lui permettront de lancer les opérations sur le continent avec davantage de confiance.
- Preuves de la popularité du général de Gaulle auprès des Français. Elles conduisent le SOE, tout en maintenant la section F indépendante, à créer une section RF qui travaille de manière coordonnée avec la France libre.
- Validation de méthodes : envoi d’agents subversifs parachutés discrètement en France occupée ; leur déplacement assez facile ; leur accueil par une proportion raisonnable de Français ; leur récupération ; etc.
- Renseignements factuels sur la vie courante en France sous l’occupation : suspension du service de taxis ; facilité des voyages en train ; règles de couvre-feu ; règlements sur les vélos ; prix des cigarettes ; papiers d’identité ; cartes de rationnement ; etc.
- Le SOE a une confiance accrue envers le Service de renseignements (SR) français.
Les renseignements ramenés par les 3 hommes s’avéreront d’une importance stratégique pour d’autres opérations. Savannah a aussi permis de valider le concept de telles incursions en territoire occupé, tout en renforçant la crédibilité de Forces Françaises Libres encore embryonnaires. Une promotion de l’École militaire interarmes porte le nom de général Bergé (1998-2000).
