Né le 23 décembre 1929 en Cochinchine, Ba Xuan Huynh et décédé le 1er décembre 2018, est sorti des Ecoles de Saumur et de Saint-Cyr-Coëtquidan en 1950.
Aide de camp du général de Lattre en 1951 en Indochine, Chef de poste à Na San en 1952 puis commandant de sous-secteur en 1953. Il est capturé au combat en avril 1953. Interné dans un camp de prisonniers et de déserteurs de l’armée française, il est soumis à la surveillance et aux brimades de ces derniers. Il monte en novembre 1953 un audacieux plan de soulèvement du camp, qui échoue. Repris après son évasion, il est mis au pilori par le commandant du camp devant tous les prisonniers rassemblés.
Il avait été capturé le 10 avril 1953, à la tête du bataillon qu’il commandait dans le delta tonkinois, au nord de l’actuel Vietnam. Transféré de camp en camp de sûreté, il va connaître l’enfer : les pieds cadenassés dans un carcan ou entravés par de lourdes chaînes, le cachot noir de lm70 de long, dont il ne sort que 10 minutes par jour, la demi-ration de riz, le camp de prisonniers où la mortalité dépasse 80% en 10 ans, les pénibles séances de rééducation politique où il est traité de criminel de guerre et de traître. Il ne sera pas de ceux qui seront libéré à la fin de la guerre.
La rigueur s’atténue en 1975 à la chute de Saigon, au moment où près de 500.000 soldats sud-vietnamiens sont placés en camp de rééducation. Avec trois survivants, il est mis en résidence surveillée près d’Hanoï. Libéré en mai 1976, il retrouve sa mère à Ho-Chi-Minh-Ville et récupère ses papiers militaires. Mais le Consulat de France reste sourd à ses démarches. Lors de deux tentatives d’évasion par la mer, il échappe à la police et se réfugie à Bien Hoa, où il se marie. Il réussit en 1980 à joindre un ancien officier du maréchal de Lattre qui obtient son rapatriement.
À Paris en juillet 1984, ses ennuis ne sont pas terminés. Étant en prison en 1955, il n’a pas pu demander son maintien dans la nationalité française. Le Tribunal de Grande Instance de Rennes reconnaît sa nationalité en janvier 1986 après 2 ans d’action judiciaire. Le ministère de la Défense le promeut alors lieutenant-colonel. Commandeur de la Légion d’honneur, il avait reçu la médaille des évadés, en 2016, à Rennes, dans le cadre des cérémonies du 71e anniversaire du 8-Mai 1945.
Le soldat qui a souffert 20 ans pour la France est bien “un Français à part entière” La France l’avait oublié depuis 1953, dans les camps du Vietminh, le lieutenant-colonel Ba Xuan Huynh est décédé le 1er décembre 2018, à Rennes, dans sa 89e année.
Un hommage particulier avait été demandé par l’Amicale des anciens prisonniers internés, déportés, d’Indochine, et le Souvenir français. Il nous laisse un livre pour raconter son histoire extraordinaire « Oublié 23 ans dans les goulags viet-minh, 1953-1976 », éditions L’Harmattan.
A nous le souvenir, à lui l’immortalité !
IN MEMORIAM – Lieutenant-colonel Ba Xuan HUYNH (décédé le 1er décembre 2018)
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