Il est entré très tôt en résistance, dès le mois d’août 1940. Pour Louis Renard, soldat glorieux de la Première Guerre mondiale (poumon perforé, œil droit en moins) la capitulation devant l’Allemagne nazie est tout simplement inimaginable. Il écrit alors à Londres à un certain Général de Gaulle, chef de la France libre, pour lui proposer ses services et lui rendre compte de la situation dans son pays occupé. En parallèle, ce presque déjà quinquagénaire fonde Le Libre Poitou, une feuille d’informations clandestines qui deviendra quelques années plus tard le journal Centre Presse.
Ardent patriote, il va rapidement fonder son propre réseau, allié à un autre homme de loi et combattant de 14-18, Gaston Chapron. Ils sont issus de tous les milieux mais animés par un même objectif : libérer le territoire du joug de l’occupant. Suivent alors de multiples opérations sur le terrain : sabotage, renseignement, organisation de filières pour le passage de la ligne de démarcation, recherche de terrains pour recevoir des parachutages… Au plus fort de son activité, le réseau comptera jusqu’à 150 agents.
C’est à l’été 1942, un 30 juillet que le malheur s’abat sur les résistants. Un paquet contenant des documents témoignant d’une activité clandestine à Poitiers est intercepté à la Poste de Niort. La police française et la Gestapo, rapidement avisées, précipitent les événements. Le 27 août, les premières arrestations ont lieu, à Niort, à Poitiers, à Mirebeau… Il y en aura une centaine.
Le 30, c’est Louis Renard en personne qui est appréhendé à Ligugé. 29 personnes sont inculpées de « menées antinationales ». Elles sont transférées à la prison de Fresnes. Puis déportées en Allemagne.
Le 19 avril 1943, 10 membres du réseau sont condamnés à mort. Le 3 décembre de la même année, Louis Renard et plusieurs de ses compagnons se rendent à l’échafaud en chantant La Marseillaise. Avant d’être décapités, ils auront eu le droit d’écrire une dernière lettre à leurs proches…
Louis Renard a aujourd’hui une rue à son nom dans le centre-ville. Il en est de même pour d’autres membres du réseau, tels Gaston Hulin ou Marcel Brunier.
Ce sont des noms et des dates ici et là dans la ville, sur une plaque de rue, à l’entrée d’un square ou sur la porte d’un foyer-logement… Des noms qui, 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale , ne disent plus rien aux plus jeunes d’entre nous.
Ils avaient pour nom Louis Renard, France Bloch-Serazin, Edith Augustin, Marie-Louise Troubat, René Savatier, Marcel Brunier ou René Amand. Communistes, catholiques ou libéraux, ils ont vécu durant cette période avec un seul idéal chevillé au corps : la liberté. Pour eux, pour leurs proches et pour un pays sous la botte de l’occupant. Cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut.
Gageons simplement que l’évocation de ces noms et du parcours de ces résistants inviteront tous ceux qui le souhaitent à en savoir plus sur ces moments d’histoire.