vendredi 10 janvier 2025

Les soldats américains ont débarqué en Normandie avec de l’armement français

Il y a la grande Histoire et la petite histoire, composée d’anecdotes et de faits, souvent méconnus ou oubliés. L’armement des soldats américains en est un exemple. En effet, les G.I.  ont débarqué avec de l’armement français ou produits grâce à la France et plus particulièrement grâce à un Français, ferronnier d’art et industriel de l’armement, Edgar Brandt… un des fondateurs historiques de l’actuel groupe Thales.

1/ Les mortiers

En 1939, Edgar Brandt se rend aux États-Unis pour la première fois. Il embarque à bord du paquebot Normandie pour rejoindre la ville de New York. L’objet du voyage est de proposer la fabrication sous licence des mortiers de 81 mm et 60 mm. Il est accompagné par son collaborateur, le colonel DELALANDE qui avait déjà effectué plusieurs séjours. Les Américains débarqueront en Normandie équipés du mortier de 81 mm USM1 et du mortier de 60 mm USM2.

Bazooka
 

2/ La charge creuse du bazooka

Je mentionne texto, ci-dessous, Alexandre Vautravers (Revue militaire suis, juin 2007)

Le 16 septembre 1938, sur la place d’Armes de Thoune, des représentants du Département militaire fédéral (DMF suisse) assistent à une expérience organisée par le docteur Berthold Mohaupt de Zürich. Au cours de cette démonstration, une « grenade spéciale » de 75 mm perce des plaques d’acier d’une épaisseur de 70 mm. Malheureusement, Mohaupt refuse de donner les détails de son invention. Les autorités militaires refusent de donner suite, arguant « que les projectiles perforants classiques sont plus performants ».

Le docteur Mohaupt n’a guère davantage de succès lors de son voyage en France en 1939, auprès de la direction des fabrications d’armement (DEFA), du ministère de la Marine, du ministère de la Guerre et de Manurhin. Pendant la « drôle de guerre », Mohaupt conclut un contrat d’exclusivité pour la France avec Edgar Brandt. La société de ce dernier dépose à Versailles, le 9 novembre 1939 un brevet (N° 919818) portant sur la « disposition à l’intérieur de la charge explosive du projectile d’un ou de plusieurs corps creux, de forme conique de préférence, qui, sous l’action de la pression développée au cours de la détonation, se déforment pour devenir de plus en plus compacts et pour venir frapper ainsi le but avec une vitesse accrue dépassant la vitesse de l’obus ».

La société Brandt adapte cette technologie sur des mines de 100 mm de diamètre, des grenades de mortier de 81 mm et des obus de 75 mm. Des essais ont lieu le 18 février 1940 sur le Polygone de Bourges et les résultats étant concluants, le 11 mai 1940 l’invention de Mohaupt est mise au secret. À Satory le 10 juin 1940, Brandt fait la démonstration devant les représentants de l’état-major français d’une grenade à fusil tirée par le MAS 36 et capable de mettre hors de combat un char d’assaut. Le brusque déclenchement de l’offensive allemande et la gravité de la situation militaire imposent à cette date la délocalisation et la poursuite des travaux dans les usines Brandt près de Pau. Enfin, le 14 juin, le ministère de la Défense nationale replie à Vichy autorise la société à « céder ses licences d’exploitation aux gouvernements britanniques et des États-Unis ».

Le brevet de Mohaupt, la première grenade à fusil de Brandt et le colonel Delalande, ingénieur de la société française, arrivent aux USA en août 1940, dans la « valise diplomatique » de l’ambassadeur américain à Vichy, l’amiral Murphy. Ces éléments entrainent le lancement d’un programme de recherche de grande envergure. Mais la grenade est trop légère pour être efficace. Sans propulsion, sa portée ne peut excéder de beaucoup la centaine de mètres. Or le cahier des charges américain demande une arme d’une portée de 100 à 300 mètres, possédant une capacité de pénétration d’au moins 100 mm d’acier ä une incidence de 30 degrés. L’arme nouvelle doit donc tirer un projectile équipé d’une roquette munie d’ailettes pour améliorer la portée et la précision. L’engin lanceur n’a alors plus grand rapport avec un fusil. Le « bazooka » M1A1 est en effet un simple agrégat : un tube métallique équipé d’organes rudimentaires de visée et de rétention du projectile, d’une poignée de transport, d’une gâchette et d’un système de mise ä feu électrique. L’arme est relativement légère (6 kg) et maniable (1,38 m). Une équipe de 2 hommes seulement — tireur et pourvoyeur — est nécessaire pour la mettre en œuvre. Une instruction technique est indispensable pour la faire fonctionner et porte notamment sur les propriétés physiques de cette arme sans recul et tirant un projectile ä charge creuse, ainsi que les — nombreuses — prescriptions de sécurité : ratés, entretien, visée, distances de sécurité, danger de brûlures ä l’arrière du tube, mais aussi pour le tireur au moment du départ de la roquette.

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