Quelques sources, dûment sollicitées, indiquent qu’au retour d’une expédition, brève, en Espagne, l’arrière-garde de Charlemagne fut en effet prise dans un combat défavorable dont on ignore quelle dimension il eut réellement. C’était le 15 août 778.
350 ans plus tard, l’esprit de croisade qui commençait à se développer aimait mettre en scène la fécondité des échecs. L’affaire de départ, bien menue, prit la dimension d’une chanson de geste : le poème de Roncevaux était même le modèle du genre.
XIXe siècle, temps fort de la recherche historique : on met au jour un manuscrit canonique du texte. Il repose à Oxford et s’achève sur une signature : Turold.
XIXe siècle, siècle des nationalités. La Chanson de Roland — tel est son nom désormais — est chargée de donner un sens au désastre français de 1870. La mort du héros d’épopée chrétienne devient liturgie rédemptrice pour la République.
C’est ainsi que Roland, à plus de mille ans, est resté longtemps un jeune homme.