En 1943, lors de la conférence de Téhéran, les Alliés, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France Libre, décident de planifier une double attaque contre l’Allemagne national-socialiste : par la Normandie (opération Overlord) et par la Provence (opération Anvil-Dragoon). L’objectif est d’accélérer la libération de la France et d’affaiblir durablement les capacités de résistance allemandes en Europe de l’Ouest. La Provence est retenue pour la disponibilité de ses ports en eau profonde et pour fragiliser le dispositif allemand concentré dans le nord du pays.
Le débarquement de Provence, connu sous le nom d’opération Dragoon, a eu lieu le 15 août 1944 sur les plages situées entre Toulon et Cannes. Il s’agit du second grand débarquement allié en France après celui de Normandie, deux mois plus tôt. Ce débarquement visait à ouvrir un second front dans le sud du pays pour prendre en tenaille les forces allemandes, libérer rapidement la Provence, s’emparer des ports stratégiques de Toulon et Marseille, et remonter la vallée du Rhône pour rejoindre les troupes alliées venues du nord.
A l’origine appelée Anvil (« enclume » en anglais), l’opération a été renommée Dragoon par Winston Churchill qui était hostile à ce débarquement (il déclara y avoir été « contraint », dragooned en anglais). Il préférait une percée des troupes déployées sur le front d’Italie vers les Balkans afin de prendre en tenaille l’armée allemande en Europe centrale et d’arriver à Berlin avant les Soviétiques. Il s’oppose notamment à de Gaulle, qui menace de retirer les divisions françaises du front italien. Les objectifs étaient de libérer Toulon, Marseille puis de remonter le Rhône jusqu’à effectuer la jonction avec les forces de l’opération Overlord débarquées en Normandie.
L’opération Dragoon comportait le déploiement de 330 planeurs qui déposèrent en 7 vagues 2 550 soldats et des équipements pour renforcer les parachutistes qui avaient déjà atterri dans la zone de Muy (opération Dove) et une simulation de débarquement amphibie dans le Nord de l’Italie empêchant le redéploiement de troupes allemandes à l’ouest sur les côtes varoises (opération Span).
Dès la nuit du 14 au 15 août, environ 5 000 parachutistes américains, britanniques et français sont largués à l’intérieur des terres pour sécuriser les axes de communication et préparer l’arrivée des troupes sur le littoral. À l’aube, près de 100 000 soldats débarquent sur 18 plages provençales. Au total, ce sont plus de 350 000 soldats alliés qui participeront à l’opération dans les semaines suivantes, dont 230 000 à 260 000 Français issus en majorité de l’Armée B du général de Lattre de Tassigny (future 1re Armée française), composée de nombreux soldats venus des colonies d’Afrique du Nord et subsaharienne.
La flotte mobilisée pour cette opération regroupe environ 2 000 navires et un nombre équivalent d’avions, épaulés par 500 chars. L’opération est minutieusement préparée, avec notamment le minage et la reconnaissance aérienne préalable de la côte, qui comporte 600 000 mines rien que sur le littoral varois.
L’opération Dragoon se solde par un succès rapide et décisif : en moins de deux semaines, la Provence est libérée. Toulon tombe le 26 août, Marseille le 28 août. Les forces alliées progressent ensuite vers le nord et opèrent la jonction avec la 2e division blindée venue de Normandie le 12 septembre en Bourgogne.
Consulter l’excellent site « FORTITUDE » de Matthieu Mugneret (dont est issue la vidéo ci-dessous).
Documentaire de Serge Tignères (Champs de Bataille)
Les Français libres dans le débarquement de Provence
Participation de la Marine dans le débarquement en Provence
La prise de Marseille
