mardi 26 novembre 2024

5 mars 1940 : le Politburo ordonne le massacre de Katyń

La Pologne est envahie par les armées allemandes le 1er, puis par l’Armée rouge le , les Soviétiques prétextant notamment le besoin de protection des populations biélorusses et ukrainiennes, majoritaires ensemble dans une partie des territoires polonais concernés.

La répression soviétique en Pologne est très dure. 150 000 hommes sont incorporés de force dans l’Armée rouge et 100 000 dans des bataillons de construction spéciaux (strojbatami).

Une première déportation d’au moins 140 000 personnes a lieu le , dont 70 % de Polonais, des Ukrainiens et Biélorusses, avec une mortalité élevée aggravée par les conditions météorologiques du moment et les envois vers le nord de l’URSS.

Environ 111 000 sont emprisonnées de 1939 à 1941, dont 40 000 seront déportées dans des camps de travail de la Vorkouta, 7 305 exécutées en marge de Katyń et environ 10 000 ont été assassinées lors de l’évacuation des prisons à la suite de l’invasion allemande de l’été 1941.

Dès le , le commissaire du peuple aux Affaires intérieures et à la sécurité de l’État de l’URSS, Lavrenti Beria, ordonne au NKVD de créer un « Directorat pour les prisonniers de guerre », afin de prendre en charge les prisonniers polonais. Le NKVD organise un réseau de centres de détention et de camps de transfert, puis transfère les prisonniers dans l’ouest de l’URSS.

Environ 250 000 soldats polonais, dont 10 000 officiers, sont faits prisonniers par les Soviétiques. La moitié d’entre eux — les simples soldats — est relâchée par l’Armée rouge, les autres étant confiés au NKVD, lequel relâche rapidement 42 400 soldats, pour la plupart de culture ukrainienne ou biélorusse, et en livre aux Allemands 43 000 autres, originaires de Pologne occidentale. Au , le NKVD ne détient plus qu’environ 40 000 prisonniers de guerre dont à peu près 8 500 officiers et sous-officiers. Beaucoup sont employés comme travailleurs forcés. Aussi, d’après des estimations des années 2000 fondées sur l’examen des archives, entre  et , plus de 440 000 Polonais de la zone occupée par l’Armée rouge sont déportés au Goulag ou assassinés par les Soviétiques dans le but d’éliminer « les classes sociales hostiles » au communisme. Selon Jean-Sylvestre Mongrenier« Le chiffre total des déportés est d’environ 340 000 et le nombre des victimes de la répression anti-polonaise s’élèverait à au moins 500 000 personnes dont au moins 30 000 fusillées et 100 000 mortes dans les camps ».

Fin , 6 192 policiers et assimilés et 8 376 officiers restent toujours internés. Ces prisonniers sont soigneusement triés. Les officiers, parmi lesquels de nombreux étudiants (car le système de conscription polonais les incorpore systématiquement dans l’armée de réserve), sont rassemblés dans les deux camps de concentration de Kozielsk et de Starobielsk. Les cadres de la police, de la gendarmerie, des gardiens de prison, des gardes frontières et du scoutisme dans celui d’Ostachkov. Ces trois camps ont également reçu des membres de l’élite civile polonaise (médecins, avocats, professeurs…), de même que sept autres camps mineurs de l’URSS occidentale. La répartition des hommes est la suivante : 5 000 à Kozielsk, 6 570 à Ostachkov et 4 000 à Starobielsk. Le jour de Noël 1939, les religieux de toutes les confessions en sont retirés. On suppose qu’ils sont éliminés. Tous ces hommes subissent de longs interrogatoires et un espionnage interne permanent destinés à repérer ceux qui seraient enclins à collaborer avec les Soviétiques. L’échec est total.

Le , les membres du Politburo, Staline, Kliment Vorochilov, Anastase Mikoyan, Viatcheslav Molotov, Lazare Kaganovitch et Mikhaïl Kalinine — ces deux derniers étant absents lors de la réunion — donnent leur accord (procès verbal n°13) à la demande de Lavrenti Beria d’appliquer « le châtiment suprême, la peine de mort par fusillade » à 25 700 « prisonniers polonais, anciens officiers, fonctionnaires, agents de police, agents de renseignement, gendarmes […], membres de diverses organisations contre-révolutionnaires d’espions et de saboteurs… », sans comparution des détenus devant les tribunaux spéciaux du NKVD, ni acte d’accusation.

Les assassinats sont perpétrés par les services spéciaux du NKVD, qui comptent quelques milliers « d’exécuteurs de sentences » professionnels, spécialement entraînés pour tuer les condamnés et cacher leurs corps. Ces meurtres de masse nécessitent un personnel nombreux et formé, afin de fusiller en moins d’un mois des milliers de personnes, de cacher leurs corps, d’effectuer des transports dans une zone rurale, mais densément peuplée et de maintenir le secret sur l’ensemble du processus.

Les victimes sont tuées d’une balle tirée dans la partie postérieure du crâne. Si les munitions sont indubitablement de fabrication allemande, les corps de certaines victimes présentent des traces de coups de baïonnette à quatre arêtes, utilisées par l’Armée soviétique, et les cordes qui attachent les mains derrière le dos et sont reliées à une corde nouée autour du cou, sont également de production soviétique.

Source : WIKIPEDIA


Parmi les officiers réservistes exécutés, figurait une femme : l’aviatrice et parachutiste Janina Antonina Lewandowska qui fut probablement tuée le 22 avril 1940, jour de son 32e anniversaire. Elle était la fille du général Józef Dowbor-Muśnicki, commandant du soulèvement de la Grande Pologne en 1919. Son identité fut confirmée en 2003 après que des tests aient été effectués sur ses restes. Sa dépouille est désormais enterrée à Lusów, près de Poznań, avec sa famille.

Image tirée du film d’Andrej Wajda « KATYŃ » sorti en 2008. Le père du réalisateur, Jakub Wajda, capitaine au 72e régiment d’infanterie, fut l’un des officiers assassinés.
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