« Armée des Alpes », un nouveau nom de promotion pour l’EMIA

22 août 2020, la 59e promotion de l’EMIA est baptisée « Armée des Alpes » sur la place d’armes des Écoles Militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. Un nom qui résonne particulièrement en cette année de commémorations des combats de 1940, qui se sont déroulés il y a maintenant 80 ans.

L’Armée des Alpes sous le commandement du Général Olry désigne au début de la seconde guerre mondiale l’ensemble des divisions, de montagne et coloniales, concentrées derrière la barrière alpine. Le front des Alpes côté français, concerne les secteurs de Briançonnais, du Queyras et de l’Ubaye. Ces zones ont été fortifiées au cours des années précédentes avec la ligne Maginot des Alpes s’appuyant sur plusieurs forts déjà existants notamment Séré de Rivières. Au début de la campagne des Alpes, l’armée du Général Olry ne compte plus que trois divisons de série B, la 64e, 65e et 66e DI regroupant au total 180 000 hommes dont 85 000 combattants opérationnels. Le 10 juin 1940, alors que la Wehrmacht continue de déferler sur la France, l’Italie déclare la guerre. Les Français résistent hardiment aux assauts italiens malgré leur infériorité numérique et parviennent à remporter des succès localement. L’un des plus emblématiques étant la destruction du fort du Chaberton, le « cuirassé des nuages » situé face au secteur de Briançon, le 21 juin 1940 avec une batterie de mortier de 280mm TR modèle 1914 Schneider.

Cette campagne des Alpes, qui va se dérouler du 10 au 25 juin 1940 est souvent considérée comme la seule victoire française dans cette tourmente de l’année 1940.

 « Attaquer la France sur les Alpes équivaut à saisir un fusil par sa baïonnette ». Carl von Clausewitz           

Sources, pour aller plus loin :

  • Juin 1940, la guerre des Alpes. Enjeux et stratégies. Frédéric le Moal, Max Schiavon. 2010, Economica
  • Victoire sur les Alpes. Max Schiavon. 2011, Anovi
  • Une victoire dans la défaite, la destruction du Chaberton juin 1940. Max Schiavon, 007, Anovi

Entretien avec les élèves de la promotion « Armée des Alpes »

propos recueillis par Camille Harlé-Vargas

 

Comment avez-vous choisi le nom de votre promotion ?  

Le choix d’un nom de promotion pour l’École Militaire Interarmes s’articule autour de plusieurs grandes étapes.

Tout d’abord, il est important de comprendre que ce choix appartient aux élèves. Au début de l’année, ces élèves officiers de recrutement semi-direct vont soumettre leur choix à l’élève officier en charge des traditions. Ce dernier, en comité plus restreint, va étudier la faisabilité de ces noms de promotion, approfondir davantage les dossiers et cibler les avantages et inconvénients de ces parrains.

Des propositions extérieures sont également faites et sont étudiées avec les mêmes filtres. Elles proviennent de militaires, de civils ou encore des promotions précédentes.

Ensuite, en fin d’année, une présentation générale est faite aux élèves qui devront choisir, par ordre de préférence, leur futur parrain.

Ces votes ont abouti à plusieurs grands choix qui seront préparés pendant les vacances d’hiver. En effet, certaines propositions nécessitent des autorisations ou des études historiques (lorsqu’il s’agit d’un militaire, il faut que la famille en soit informée et qu’elle accepte).

Troisième étape : la présentation par le Prévôt, accompagné de son officier traditions, au général COLLET, commandant les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. C’est à ce moment que les dossiers seront officiellement envoyés au Service Historique de la Défense. Leur rôle est d’étudier chaque dossier, de nous transmettre des éléments historiques quant au futur parrain et aussi, de donner un avis sur les dossiers pour éclairer le choix des autorités.

C’est finalement quelques mois plus tard que l’étape décisive arrive : la promotion sera baptisée ARMEE DES ALPES. Par ce nom, les élèves rendent ainsi hommage à une armée ressortie victorieuse et vont ainsi, par leur rayonnement, mettre en lumière l’histoire de cette armée et des hommes qui l’ont composée.

 

Connaissiez-vous déjà les faits d’armes de l’Armée des Alpes ? 

Une partie seulement. De très nombreux reportages existent sur internet ainsi que des ouvrages (livres, revues militaires) qui retracent certains faits d’armes très marquants. Si nous devions prendre un exemple, ce serait celui du 20 juin. D’un côté, le lieutenant Etienne MIGUET, chef de section de tir au 154e régiment d’artillerie de position se voit attaqué par le « Cuirassé des Nuages » (surnom donné à l’artillerie italienne du fort de Chaberton). Ils seront neutralisés dès le lendemain. De l’autre côté, au poste de frontière fortifié du Pont Saint-Louis, le sous-lieutenant Charles GROS, chef de section au 96e bataillon alpin de forteresse, avec ses huit hommes, va faire fasse pendant quatre jours à des assauts répétés de centaines d’italiens. A la mitrailleuse et à la grenade, il va faire tenir sa position jusqu’à deux jours après la signature de l’armistice.

Ces exemples montrent le côté très singulier de cette armée. Ses 85 000 hommes qui ont fait face aux 300 000 combattants italiens n’ont jamais été vaincu. Plus de 6 000 italiens ont été tués, blessés ou prisonniers pour seulement 254 français. Cette armée est indéniablement un exemple à suivre de ténacité, de rage de vaincre mais aussi d’humilité.

 

Quels sont vos projets, idées, pour rendre hommage à l’Armée des Alpes ? 

Nos projets sont en préparation. Le contexte actuel de crise sanitaire ne facilite pas les choses.

Nous pouvons néanmoins vous confirmer la présence d’élèves de la promotion à l’inauguration de l’exposition sur l’Armée des Alpes. Elle aura lieu au Musée des troupes de montagnes le 17 septembre 2020.

 

Comment avez-vous choisi l’insigne de la promotion, pouvez-vous la décrire ?

Cet insigne a été dessiné par des élèves sous la direction de l’élève officier en charge des traditions. Un certain nombre de filtres existent car, il faut savoir que pour faire homologuer un insigne, il faut qu’il soit cohérent d’un point de vue symbolique et historique. La technologie entre également en jeu car il n’est pas possible de tout faire.

Son ensemble repose sur un l’écu de l’insigne de l’Ecole Militaire Interarmes (avec sa couleur bleue et son contour argenté). La palme du vainqueur en or et son millésime « 1940 » rappelle que cette armée est sortie victorieuse du conflit.

L’insigne rouge présente quatre symboles : un dauphin pour la zone de défense du Dauphiné. Un lion pour la zone de défense de Lyon. L’aigle représente la zone de défense Azur. Enfin, la croix de Savoie représente la zone de défense de la Savoie. C’est l’insigne, tel qu’il existait en 1940. Néanmoins, le fort qui était autrefois présent au centre de cet insigne est présent aujourd’hui, en haut des montagnes avec son drapeau français.

Les montagnes, d’ailleurs, rappellent les lieux où se sont déroulés les combats de la Bataille des Alpes.

L’épée est celle des officiers où il est possible de voir une corde. Celle-ci est présente pour rappeler l’esprit de cordée et de cohésion présent chez les combattants des Alpes. Elle est en forme d’Omega pour représenter les élèves officiers en école (comme elle aussi présente sur les tenues bleues).

Enfin, au revers y est inscrit « Aux victorieux de 40 » afin de leur rendre hommage.

Camille HARLÉ VARGAS
Camille HARLÉ VARGAS
Auteur et spécialiste de l'histoire des conflits et de la mémoire du XXe siècle. Chargée de mission à l'ONaCVG de la Marne dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre (programme pédagogique, médiation et mise en place de projets). Engagée dans la vie associative visant à faire connaître au public l'histoire et les sites de la Première Guerre mondiale (Main de Massiges). En collaboration avec des historiens pour la rédaction d'articles et d'ouvrages sur les deux guerres mondiales.
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