Né le 9 juin 1929 à Houdain, dans le Pas-de-Calais, Léon Czarnecki passe une enfance ordinaire dans sa ville natale, où il fréquente l’école communale avant de suivre un apprentissage en maçonnerie.
Le 14 mars 1949, alors âgé de 19 ans, il s’engage dans la Marine nationale pour une durée de cinq ans. Il effectue sa formation élémentaire au Centre d’Instruction de Pont-Réan, dans l’Ille-Et-Vilaine, avant de rejoindre l’Algérie et le Centre Siroco, où il suit son cours de spécialité Fusilier Marin. Motivé et très assidu, il se porte volontaire pour le Stage Commando, duquel il sortira breveté Commando Marine.
Le 1er Février 1950, il reçoit son ordre d’affectation et rejoint le Commando François, alors stationné en Indochine.
En mai 1951, il est déployé avec son unité dans les rocheuses de Ninh Binh, avec pour mission de tenir cette position stratégique et de contrer toute offensive des Troupes Viet-Minh.
Quelques jours après leur déploiement, dans la nuit du 28 au 29 Mai 1951, Léon Czarnecki et ses camarades sont encerclés par plusieurs milliers de combattants Viet-Minh ; s’engage alors un terrible affrontement.
Après de longues heures d’un combat autant héroïque que meurtrier, les hommes du Commando François cèdent et succombent sous le poids du nombre d’ennemis ; beaucoup sont tués, d’autres sont capturés ou portés disparus.
Le Quartier-Maître Czarnecki, qui fit preuve d’une bravoure exceptionnelle au cours de ces combats, ne sera jamais retrouvé et sera présumé mort, probablement capturé puis fusillé par les Viet-Minh.
Décoré à titre posthume de La Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs, il est cité en ces termes, à l’ordre de l’Armée : « Dans les combats du 29 mai 1951 à NINH-BINH (Tonkin) a opposé une résistance opiniâtre à un adversaire supérieur en nombre et en armement, évitant par son sacrifice, de lourdes pertes aux unités du secteur surprises par l’attaque. Tombé glorieusement au cours de la sortie faite par le Commando pour échapper à l’encerclement. »
Héros de la Bataille de Ninh Binh, nous ne l’oublions pas comme nous n’oublierons jamais son sacrifice.
Commando François
Le commando François est un ancien commando de fusiliers-marins, aujourd’hui inopérationnel, ayant servi pour la France durant la guerre d’Indochine. Il fut créé en 1947 en hommage au lieutenant de vaisseau François Jacques, mort avec sa flottille amphibie dans la région du Ninh-Binh. Ce commando a été dissous à la suite d’un assaut des Vietminh, en 1951, ayant causé la mort d’un grand nombre de membres. En raison de ces nombreuses pertes, l’Etat-Major des Armées n’a pas recruté d’autres membres. Cette fin tragique marqua donc l’arrêt des missions pour ce commando d’élite.
À Madagascar, en , le commando François participe à la pacification de cette grande île pendant cinq mois, dans le secteur de Fénerive (Nord-Est). Ils resteront 140 jours au total sur l’île malgache dont 101 jours dans la brousse, à parcourir 2 500 kilomètres à pied et ont reçu les félicitations du haut-commissaire.
Le commando François débarqua ensuite en Indochine.
Le 23 avril 1949, le commando François progresse dans la région de An-Thoi tenue par les rebelles Vietminhs. Lors du passage d’un pont de singe, il tombe dans une embuscade ; 7 commandos marines sont tués et 6 blessés sérieusement.
Pour les faits d’armes du commando François en 1949, il obtient deux citations l’une en 1950 et l’autre en 1951.
Citation à l’ordre de l’armée de mer par une décision du 24 octobre 1950 :
« Sous le commandement du lieutenant de vaisseau Vedel, a participé de juin 1948 à décembre 1949, à plus de 40 opérations dans les secteurs fluviaux et maritimes de Cochinchine, du Cambodge et du Tonkin, effectuant près de 80 débarquements en zone rebelle. En novembre 1948 a efficacement contribué au rétablissement de l’ordre à Mahé (Indes françaises). Le 31 mars 1948, a participé à un audacieux coup de main à Sa Huyn (sud Annam) détruisant un camp rebelle et de nombreuses jonques de transport. Le 23 avril 1949 dans la région de Mocay (Cochinchine) a supporté tout le poids d’une violente attaque rebelle, perdant 7 tués et 6 blessés dont deux officiers, mais permettant par son héroïque résistance, l’arrivée de renforts et la prise d’un PC fortement protégé et défendu. En mai et juin 1949, au cours d’une série d’opérations dans les bouches du Mékong et en rivière de Saïgon, a puissamment contribué à la désorganisation de l’effort de guerre rebelle en s’emparant de deux usines, d’une importante cartoucherie et d’une imprimerie, capturant plusieurs camps viet minh, récupérant ou détruisant 8 tonnes de munitions et 400 tonnes d’approvisionnement divers dont 20 tonnes de matériel de guerre ainsi que de nombreuses jonques de transport. En toutes circonstances cette magnifique unité a donné un bel exemple de cohésion, d’ardeur et de valeur militaire. »
Citation à l’ordre de l’armée de mer par une décision du 26 avril 1951 :
« Commando qui a toujours fait preuve des plus belles qualités guerrières au cours de ses opérations en Indochine. Depuis le mois de septembre 1948, engagé sous le commandement du lieutenant de vaisseau Vedel pendant 150 jours, n’a cessé de se signaler par son mordant et son activité. En particulier à Mocay, au cours d’un dur accrochage, malgré la perte de 7 tués et 6 blessés graves, il a infligé aux rebelles des pertes évaluées à 60 tués et 50 blessés et les a mis en fuite. 10 tonnes de munitions et 10000 tonnes d’approvisionnement, principalement en paddy, 3000 jonques et sampans soustraits à l’économie rebelle témoignant de l’efficacité de son action. ».
Par ailleurs, par une décision du 17 mars 1951 le commando François titulaire de deux citations à l’ordre de l’armée de mer se voit attribuer la fourragère aux couleurs de la croix de guerre des théâtres des opérations extérieures
En , il se positionne ensuite dans une église abandonnée et en ruine. Mais le général Giap, un officier Vietminh, avait prévu un assaut avec 8 000 hommes à ses côtés. Les soixante-seize hommes du commando François (composé de 74 Européens et 2 supplétifs vietnamiens) ne se doutaient pas que l’embuscade était d’une telle envergure.
C’est dans la nuit du 28 au , à 04 h 00 du matin, à l’aube, que le commando est encerclé. Malgré une défense acharnée, à cause du manque de munitions et du nombre d’ennemis, il finit par succomber sous l’assaut des Vietminhs. Au total, 49 hommes périront lors de cette bataille ou fusillés par les Vietminhs. Certains réussiront à s’échapper afin de rejoindre le poste allié situé dans la région du Ninh-Binh. Sous le feu des mitrailleuses ennemies, ils réussiront à sortir de cette église afin d’informer l’état-major français de l’assaut que le commando François subit. Le lieutenant de vaisseau Labbens, qui commande le commando François, ordonne aux troupes de se diviser en groupe afin d’augmenter les chances de survie de ses hommes. S’ils étaient restés dans l’église, tous seraient fait tuer ou capturer par l’ennemi. Alors les bérets verts se divisèrent ainsi, et cela put permettre d’avoir des survivants du commando François.

Morts pour la France – Combats de Ninh-Binh
- QM1 ABIVEN Marc (1951 en captivité)
- Mlot BAILLY Yves (fusillé)
- Mlot BALICHARD Julien (disparu)
- QM2 BARLOY Marcel (disparu)
- QM2 BASSANI Gilbert (disparu)
- QM2 BERNARD Georges (1951 en captivité)
- Mlot BERGAMO Pierre (disparu)
- QM2 BIETTE Max (présumé prisonnier)
- Mlot BIZET Jean (disparu)
- Mlot BLATTMAN François (disparu)
- Mlot « BOBOY » Vietnamien (disparu)
- QM2 BOUCHET Christian (1952 en captivité)
- QM1 BOULIC Joseph (disparu)
- Mlot BRIOT Julien (tué)
- Mlot CAGLIERO Emile (disparu)
- QM2 CAMUS Jean (1951 en captivité)
- Mlot CHEVALIER Léon (tué)
- QM1 COSSO Michel (tué)
- QM2 CZARNECKI Léon (disparu)
- Mlot FOUCAUD Jacques (disparu)
- Mlot « FREDO » Vietnamien (disparu)
- Mlot GAROFARO Vincent (disparu)
- Mlot GARRIC Elie (disparu)
- Mlot GUIET Pierre (disparu)
- QM2 GUILLEVIC Jean (tué)
- QM2 GUILLON-COTTARD Jean (1951 en captivité)
- Mlot GUYON Robert (disparu)
- SM2 HENRY Jean (fusillé)
- Mlot HERITIER Georges (disparu)
- Mlot HOCHARD Roland (tué)
- Mlot ISNARD Henri (1952 en captivité)
- Mlot KERGOAT Louis (disparu)
- EV1 LE GOUVELLO DE LA PORTE (1952 en captivité)
- Mlot LE PAUGAM Yves (tué)
- QM1 MALECOT Henri (disparu)
- Mlot MERLE Fernand (disparu)
- Mlot MULLER René (tué)
- QM2 PAPINAUD Bernard (disparu)
- Mlot PAUCHET Jacques (disparu)
- SM1 POULLELAOUEN Jean (disparu)
- QM2 PY Robert (1951 en captivité)
- Mlot QUELENNEC Yves (disparu)
- Mlot ROBERT Roger (1951 en captivité)
- QM2 ROGER Raymond (fusillé)
- Mlot ROUGEMONT Marins (disparu)
- QM1 SEVEN Charles (tué)
- Mlot TANGUY Joël (tué)
- Mlot TURCAS Robert (disparu)
- Mlot VICHNIAKOFF Serge (présumé prisonnier)
NINH BINH
Dans le Dong Trieu, pour la deuxième fois en moins de trois mois, Giap a échoué dans sa tentative de briser le front du Delta. Pourtant, il va de nouveau tenter de percer notre périmètre défensif en l’attaquant cette fois par le sud. Sa manœuvre va consister en une action de force contre Phu Ly et le littoral de Phat Diem, avec comme point d’application Ninh Binh, conjuguée avec des infiltrations massives et profondes destinées à prendre à revers notre dispositif du Delta. L’un de ses objectifs est de s’emparer de la récolte de riz dont il a un impérieux besoin pour son économie et le ravitaillement de ses troupes.
Le terrain sur lequel va se dérouler la lutte lui est particulièrement favorable. La grande floraison de rochers calcaires de deux cents à cinq cents mètres de haut, aux formes déchiquetées, couverts d’une végétation dense où se dissimulent des grottes profondes, constitue le long du Day des repaires à l’épreuve des bombes et du napalm.
Dans la dernière décade du mois de mai, le Régiment 64 de la Division 320 s’infiltre à une trentaine de kilomètres derrière les lignes françaises et opère sa jonction dans le Thaï Binh avec le Régiment 42. Pendant ce temps, les Divisions 304 et 308 ainsi que les deux autres régiments de la 320 se mettent en place suivant un calendrier de mouvements bien mené, la première autour de Chiné, la seconde à Phu No Quan, les derniers devant Phat Diem.
L’attaque de Giap contre les rives du Day commence dans la nuit du 28 au 29 mai et bénéficie d’une surprise totale. Sur 80 kilomètres, ses forces ébranlent l’ensemble du système de nos postes périphériques.
Le choc le plus violent se produit à Ninh Binh où l’attaque est menée par le gros de la Division 308. Les formations d’assaut pénètrent à l’intérieur de la ville, assiègent dans l’église le Commando Marine « François » qui est quasiment anéanti. Simultanément, le Régiment 102 déferle sur Ky Cau, Gia Khanh et Lan Khé, au sud de Ninh Binh.
Au nord, la 304 franchit le Day, la route de Nam Dinh à Phu Ly et le faux canal de Phu Ly et enlève les postes de Co Vien et de Hung Cong.
Dans la partie sud du front, la Division 320 s’empare de Co Da et encercle le poste de Coï Tre.
En quelques heures, l’attaque vietminh s’est développée sur un arc de cercle de 120 kilomètres.
Malgré la surprise, la réaction du Commandement français est immédiate. Dans la matinée, nos réserves entrent en jeu : un escadron de « Crabes » repousse une tentative de franchissement à hauteur de Doan Vy ; un bataillon de chasseurs, le BM/1er RCC, une batterie de 105 du GM 4, le Commando « Romary » et le Commando « Sieffer », embarqués à Nam Dinh sur les engins de la Dinassaut 3, sont dirigés sur Ninh Binh où ils sont mis à terre (sans le « Romary » débarqué à proximité de Yen Phuc) vers midi et demi. A 17 h 00, le BM/1er RCC s’installe sur les pitons calcaires qui protègent l’agglomération à l’ouest et au sud.
Dans la nuit du 29 au 30 mai, vers 4 heures du matin, après une violente préparation de mortiers et de 75 SR, l’attaque générale ennemie se déclenche sur les deux pitons qui reçoivent le choc de sept bataillons. Les Viets montent à l’assaut au son du clairon. A 6 heures, un bataillon prend pied sur la face nord-est du piton ouest. Sur le piton sud les chasseurs du 6e Escadron se défendent avec acharnement mais sont bientôt complétement submergés. A 07 h 00, le Régiment 88 tourne toutes ses forces contre le piton ouest où 80 survivants du 8e Escadron, retranchés autour du pagodon qui domine le rocher, résistent encore. Les vagues d’assaut se succèdent toutes les dix minutes. Une heure plus tard, les hommes sont au corps à corps. Les Viets sont repoussés. A 10 h 15 , une contre-attaque, menée par le Commando « Vandenberghe » qui vient de traverser le Day, échoue. Mais en fixant les Viets sur la défensive, le « Vandenberghe » a donné le temps au GM 1 d’arriver sur le champ de bataille. Vers midi, deux tabors, appuyés massivement par l’aviation et l’artillerie, dégagent les deux positions devant lesquelles gisent plus de 400 cadavres ennemis.
Tandis que les combats les plus durs se polarisent sur Ninh Binh, les réserves françaises sont rameutées de partout et par tous les moyens. Dans la matinée du 30, à 11 heures, le 7e BPC du commandant Moulié est largué à Dang Dong, à proximité de Ninh Binh. Aussitôt son regroupement terminé, le Bataillon se porte en catastrophe vers le poste de milice de Yen Phuc enlevé au cours de la nuit précédente. La 7e CIP transportée par deux LCM de la Dinassaut 3, tente de passer sur la rive est du Day, mais se heurte à une forte résistance vietminh estimée à 1500 hommes et est contrainte de rembarquer en ramenant neuf blessés et trois tués. Dans le même temps, le 2e BPC est parachuté à Thaï Binh, alors que le 1er BEP, arrivé la veille à Nam Dinh, fait mouvement sur Phat Diem. Le 2e BEP, au repos à Hanoï depuis sa relève dans le Dong Trieu par le 8e BPC, part pour Phu Ly avec le GM 4 du colonel Erulin. Ces troupes réussissent à rétablir assez rapidement une ligne de défense sur le Day et, dans la journée du 1er juin, le Vietminh se replie sur ses bases de départ. Il a fallu moins de quarante-huit heures aux réserves françaises pour intervenir. A ce moment, le général de Linarès qui assure la direction de la bataille, dispose de dix bataillons, quatre groupes d’artillerie et un sous-groupement blindé, articulés en trois groupements mobiles…. La bataille se rallume le 4 juin. Le Vietminh vise cette fois les évêchés. Giap jette à corps perdu ses 12 régiments réguliers sur les trois axes qui forment le triangle Ninh Binh-Yen Phuc-Yen Cu Ha . C’est là, à Yen Cu Ha, que dans la nuit du 4 au 5, la bataille va atteindre son paroxysme. Le poste, tenu par une compagnie de partisans renforcée du Commando « Romary », subit l’assaut du Régiment 88, fer de lance de la Division 308. Au petit matin, le poste tient toujours et l’arrivée d’éléments de la Dinassaut A (groupe occasionnel) et du 7e BPC permet de le dégager. Il faudra cinq heures pour réduire les derniers îlots de résistance vietminh.
Les nuits suivantes, Giap attaque de nouveau. A Yen Cu Ha , dans la nuit du 6 au 7 juin, la 13e Compagnie du 7e BPC, qui a relevé les partisans, reçoit l’assaut du Régiment 36 en entier et du Bataillon 18 du Régiment 102. Par quatre fois, leurs vagues de réguliers se brisent sous les feux des parachutistes, appuyés par les tirs d’un bâtiment de la Dinassaut, le LSSL 6. Un peu avant l’aube, les Viets se retirent en laissant sur le terrain 99 cadavres et 41 armes dont un canon de 57 SR. Les parachutistes ont perdu huit tués, dont le lieutenant Laperrousaz, et trentehuit blessés.
Le 10 juin, le 7 e BPC fait mouvement sur Bui Chu, sans la CIP qui rentre à Hanoï pour être larguée deux jours plus tard sur l’évêché en démonstration « d’intimidation et de prestige ».
A ce moment, le Vietminh n’est plus en mesure, en raison des pertes subies, de lancer ses troupes dans de nouvelles attaques massives. Sur le Day, une fois les brèches colmatées et les postes réoccupés, le front se referme sur les éléments qui se sont maintenus à l’intérieur de nos positions.
La bataille se poursuit sous une forme larvée jusqu’au moment où un bataillon du Régiment 48, infiltré depuis peu dans la région de Thanh Hoï, se prépare à prendre à revers notre dispositif. En vue de contrer la menace qui se dessine, une action convergente, l’opération « Cho Chay », est entreprise le 18 juin, en plein typhon, sous une pluie diluvienne, avec six bataillons, dont les 6e et 7e BPC, et un groupe d’artillerie. Handicapées par le terrain transformé en marécage par les inondations, harcelées par les régionaux, nos troupes progressent difficilement. Durement accrochées, elles doivent marquer un temps d’arrêt puis, le 20 juin, sous la protection de l’aviation, elles atteignent le centre de la poche, qu’elles trouvent vide.
La bataille du Day est terminée. Elle a coûté au Vietminh 1 151 tués, 154 prisonniers et plusieurs centaines de blessés. Mais le but principal que s’était fixé Giap a été atteint : plusieurs milliers de coolies, répartis en petits groupes insaisissables, ont filtré vers l’ouest avec leur chargement de riz, et six bataillons réguliers sont demeurés dans le Thaï Binh et le Hung Yen.
Le 9 juillet, le 6e BPC quitte le Cho Chay et regagne Hanoï en vue de son rapatriement. Le 12 juillet, une section de la 15e Compagnie du 8e BPC qui opère dans le sud du Delta depuis le 18 juin, franchit le Day en reconnaissance et se heurte, dans le village de Kim Boï, à un fort élément du Régiment 52 de la Division 320. Une intervention rapide de la 16e Compagnie et du reste de la 15e permet de la dégager. Les Viets réussissent à décrocher mais ils abandonnent sur le terrain 67 tués, huit prisonniers, un mortier, trois FM ainsi que plusieurs armes individuelles.
Le 15 juillet, le 2e BPC, mis à la disposition du général commandant les FTCV rejoint Haïphong en vue de son embarquement pour Tourane. Le 20 août, le 6e BPC est dissous et embarque à bord du Pasteur pour la Métropole. Il est relevé par le 5e BPC du commandant Orsini, débarqué à Hanoï le 10.
Avec l’approche de la saison sèche, les opérations de nettoyage reprennent dans le Delta où le « pourrissement » s’est accentué. A partir du 25 septembre, le 7e BPC et un groupement aux ordres du lieutenant-colonel de Rocquigny, comprenant le 1er BPC, arrivé de Cochinchine depuis le 20 juin, le 5e BPC et le 8e BPC, vont participer avec les GM 1,3,41,3,4 et le S/GB 1 aux opérations « Citron » et « Mandarine ». Au cours de « Citron », déclenchée au nord du canal des Bambous, nos troupes ne se heurtent qu’à de forts éléments régionaux qui parviennent à rompre l’encerclement et à se disperser vers le sud. Le 1er octobre, le 1er BEP est à son tour engagé, à la place du 8e BPC, dans « Mandarine » lancée au sud du canal et destinée à mettre définitivement hors de combat le Régiment 42. Comme à l’accoutumée, l’opération va consister en un ratissage méthodique de la zone à nettoyer. Durant trois jours, marches dans les rizières, fouilles de villages, escarmouches se succèdent.
Le 4 octobre, pratiquement encerclé, le Régiment 42 fait front pour la première fois. Les GM 3 et 4 doivent livrer bataille devant presque tous les villages de la boucle du Song Tien Hung. Celuj de Hoanh My ne tombe entre les mains des parachutistes du 7e BPC qu’après une intervention de l’artillerie et un violent combat au corps à corps qui coûte au Bataillon 14 tués, dont le capitaine Sausse et le lieutenant Serbousse, ainsi que quarante blessés. Le village de Ngoai Thon, pris et reperdu une première fois, n’est finalement enlevé qu’en fin de journée par un assaut à la baïonnette des légionnaires du III/5e REI. Lo Xa et Ham Lo, après deux attaques infructueuses, sont détruits par un bombardement massif au napalm. Dans la nuit, l’adversaire tente de rompre l’encerclement ; la Marine et le groupement blindé interceptent des franchissements sur le Fleuve Rouge. Les jours suivants sont plus calmes mais, au fur et à mesure que l’étau se resserre, nos forces se heurtent à de nouvelles résistances de plus en plus opiniâtres qui ne se terminent que le 8 octobre avec l’effondrement du dernier carré.
«Mandarine» est achevée. Les Viets ont perdu près de mille tués, plusieurs centaines de prisonniers, surtout des régionaux. Un ensemble de 363 villages groupant 280 000 habitants ont été en outre replacés sous l’autorité de l’administration vietnamienne. Mais le Régiment 42 court toujours.