En cette journée d’élections qui, de locales, sont devenue un enjeu national, on peut toujours se demander comment nous en sommes arrivés là. Cette évolution est devenue en effet le symbole des échecs des politiques mais aussi du mal-être d’une grande partie des citoyens. Elle s’exprime à mon avis parfaitement dans un film de 2014 montrant les deux France d’aujourd’hui.
En effet, regardant avec plaisir cette semaine – pour la seconde fois – « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? », je ne peux m’empêcher de réfléchir à cette société française, à la fois soucieuse de son unité et évoquant sans cesse le respect des différences et donc la fin des préjugés.
J’en parle d’autant plus volontiers qu’un article du Monde m’avait fait fulminer l’an dernier lors de la sortie du film (Cf. Le Monde du 5 mai 2014, « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des racistes » par Franck Nouchi du service Culture) avec son approche « France d’en haut », un peu méprisante des millions de Français qui avaient apprécié le film.
Je remarque d’ailleurs cette absence de récompenses pour un film qui a fait l’une des meilleures entrées en 2014. Eh oui, le monde façonné par nos « élites » ne correspond pas à la réalité qu’ils voudraient nous imposer par une approche ressemblant par certains aspects à une certaine forme de totalitarisme.
Alors cet article du Monde et l’attitude de nos bien-pensants auraient-ils pu être différents après le 7 janvier ? Sans doute mais pas sans une évolution profonde de cette « élite ». Il suffit de citer l’exemple suivant. Comment accepter les propos de cet écrivain (que je ne connais pas), invité de RTL le 11 janvier, regrettant que les personnes chantent la Marseillaise, « chant » qui devait être dépassé et jugé ringard ? On voit bien à nouveau qu’il y a deux France à travers ce simple exemple.
Voilà la France d’aujourd’hui. Une France d’en bas proche de la réalité à qui on attribue bien volontiers un esprit populiste et raciste mais qui souhaite simplement dans sa grande majorité l’équité de traitement pour tous (et pas forcément l’égalité). Elle s’oppose de fait à une France d’en haut, « élite médiatico-politique » « éclairée », qui connait la « vérité » pour tous, choisissant ceux qui sont « bien » et ceux qui sont « mauvais ».
Vivre en France et dans la République française signifie en accepter les règles et ses traditions. Ce que montre ce film, c’est cela, n’en déplaise aux universalistes qui voudraient le respect des différences des autres au détriment du respect des nôtres.
Etre français signifie être Français de cœur. Le 7 janvier a montré que tous n’étaient pas Français de cœur. Ceux qui sont engagés dans le djihadisme doivent donc être exclus « socialement » de la communauté nationale. L’application des lois déjà existantes ou nouvelles y contribuera tout en notant qu’une absence de contrôle strict pourrait bien menacer les libertés individuelles. Les plus violents des djihadistes devront aussi être combattus par la force, sans état d’âme, ni crainte.
Enfin, la dénonciation permanente des préjugés d’une manière unilatérale doit être abordée. Oui, les préjugés existent et nous en avons tous, y compris ceux qui les dénoncent. Il est tellement facile d’accuser l’autre d’avoir des préjugés, sans voir les siens. Il est tellement facile d’exiger l’abandon des préjugés de l’autre sans demander à ceux qui font l’objet de préjugés de montrer d’abord que ceux-ci ne sont pas justifiés.
En effet, les préjugés tombent naturellement (en général) dès lors que l’on constate qu’ils sont erronés. Les personnes intelligentes, ou faisant simplement preuve de bon sens et d’une vision humaniste, d’engagement sincère aussi au sein de la collectivité nationale, ne peuvent que se comprendre afin de construire une société plus juste. Les préjugés demeurent en revanche lorsque la personne, objet du préjugé, confirme qu’il est pertinent.
« Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » montre que l’on peut avoir des préjugés mais qu’avec des personnes intelligentes ou de bonne éducation, ouvertes, les préjugés tombent. Une grande partie des Français en sont convaincus. J’en resterai sur ce savoureux échange franco-ivoirien avec cet ancien du 3e de Marine, ivoirien d’origine, refusant le mariage de son fils avec une Française. Les préjugés mutuels disparaissent le plus souvent une fois que l’on se connaît mieux.