30 juin 451 : les hordes huniques d’Attila ayant renoncé à prendre Paris / Lutèce se rabattent sur Orléans qu’elles mettent à sac comme elles viennent de le faire à Reims et Troyes toujours en Gaule romaine envahie.
30 juin 763 : bataille d’Anchialos.
La première bataille d’Anchialos avait opposé en 708 l’empire byzantin de Justinien II (r. 685 à 695; 705 à 711) au premier empire bulgare du khan Tervel (r. 701 à 718 ou de 700 à 721 selon les sources) et s’était terminée par une nette victoire bulgare. En 711, Justinien II avait dû faire appel à Tervel pour faire face à une rébellion qui, partie de Crimée, s’était bientôt étendue à l’empire et devait ultimement lui couter son trône.
Les Byzantins durent à nouveau se tourner vers Tervel en 716 lors du deuxième siège de Constantinople par les Arabes. Tervel répondit positivement à l’appel de Léon III (r. 717 – 741) et pendant que la flotte byzantine détruisait celle des Arabes, l’armée bulgare défaisait les assiégeants, tuant si l’on en croit Théophane Confesseur, 22 000 Arabes pendant le combat. Sous le règne de Constantin V (r. 741 – 775) les relations se tendirent à nouveau, l’empereur byzantin profitant d’une accalmie sur le front oriental avec les Arabes pour consolider la défense de la Thrace en y installant des populations chrétiennes venues de territoires reconquis en Orient. Considérant ce geste comme une provocation, Kormisosh (r. 737 – 754 selon la chronologie de Moskov) razzia la Thrace jusqu’au mur d’Anastase à 40 km de Constantinople. Défait par Constantin V, il dut signer un traité de paix qui confirmait probablement les frontières actuelles. Cette défaite conduisit à sa déchéance. La guerre reprit sous son successeur, Vinekh. La campagne fut menée par Constantin V en 756 à la fois par terre et par mer; celui-ci remporta diverses victoires sur son adversaire (Bataille de Marcellae [756]), mais fut défait lors de la bataille du col de Rishki en 759. Plutôt que de consolider son avance, le khan bulgare chercha à négocier la paix ce qui lui valut l’hostilité de la noblesse bulgare qui le massacra avec toute sa famille.
Une certaine tension régnait en Bulgarie entre les masses slaves de la population et l’aristocratie paléobulgare soucieuse de maintenir sa position dominante. Teletz (r. 762 – 765), le nouveau khan, représentait l’un des partis anti-byzantins de celle-ci, celui des Boliades. L’année de l’avènement de Teletz, Constantin mena une campagne contre les tribus slaves de Thrace et de Macédoine déportant certaines vers la Bythinie bien que certaines se soient portées volontaires pour quitter cette région turbulente.
En revanche, à la suite de sa victoire en Syrie (746), Constantin avait remplacé les Slaves de Thrace par des prisonniers syriens, car il existait encore en Thrace byzantine des colonies de monophysites syriens[8],[9]. En réponse à la construction de nouvelles forteresses le long de la frontière, le nouveau khan conduisit une armée imposante et bien organisée dans la zone frontalière entre les deux empires; Constantin V répondit en se dirigeant lui-même vers le nord à travers la Thrace. Pendant ce temps, une autre armée forte de 9 600 cavaliers en plus de l’infanterie était transportée par 800 navires vers les bouches du Danube pour prendre l’ennemi dans un mouvement de pinces qui avait déjà été utilisé avec succès lors de la bataille de Marcellae. Les deux armées firent leur jonction à Anchialos sur la mer Noire.
Teletz commença par bloquer les cols de montagne avec ses troupes et quelque vingt mille auxiliaires slaves. Toutefois, se ravisant, il fit descendre ses troupes le 30 juin 763 dans la plaine d’Anchialos. Cette seconde bataille dura toute la journée. En fin de journée, les auxiliaires slaves abandonnèrent le khan pour se rallier à l’empereur byzantin.
Satisfait de cette victoire, qui fut probablement la plus importante de son règne, l’empereur décida de retourner à Constantinople, amenant avec lui un grand nombre de prisonniers bulgares pour y faire un triomphe au terme duquel les prisonniers furent massacrés suivant l’antique coutume romaine. Cette défaite scella le sort de Teletz qui fut massacré quelques mois plus tard. Pour sa part, confiant dans la stratégie adoptée jusque-là, Constantin lança en juin de l’année suivante une nouvelle attaque contre les Bulgares en reprenant la même tactique : une flotte envoyée le long de la côte, et une armée terrestre qu’il commandait lui-même. Mais cette fois-ci, il eut moins de chance : le mois suivant, sa flotte était prise dans une tempête et en grande partie détruite.
Constantin mena pas moins de neuf campagnes contre les Bulgares. Quoi qu’aucune ne fut décisive, leur effet cumulatif causa une grande instabilité en Bulgarie où six khans furent détrônés en raison de leurs défaites.
En Bulgarie, après la chute de Teletz le pays fut le théâtre de crises incessantes où s’affrontaient les courants probyzantins et antibyzantins, l’empereur byzantin décidant par les armes en dernier recours. Ce n’est qu’en 770 lorsque Telerig (r. 768 – 777) prit le pouvoir que la Bulgarie retrouva sa puissance combattive, forçant Constantin V à reprendre ses campagnes. Se servant de la tactique du double front qui l’avait bien servi en 763, l’empereur revint à la charge en 773 au cours d’une campagne qui força Telerig à négocier la paix.
En 775, Telerig parvint à faire révéler à l’empereur byzantin le nom de ses agents en Bulgarie, prétextant qu’il devait fuir et qu’il avait besoin d’intermédiaires pour organiser sa fuite vers Constantinople; ces agents furent promptement exterminés. Furieux, Constantin lança une nouvelle campagne contre les Bulgares. Durant celle-ci toutefois des furoncles se formèrent sur ses jambes le forçant à retourner à Constantinople. Il devait mourir pendant le voyage de retour, le 14 septembre 775. En dépit de son succès, Telerig devait se réfugier deux ans plus tard à la cour du successeur de Constantin V, Léon IV (r. 775 – 780) où il reçut le titre de patrikios, se convertit au christianisme et épousa une cousine de l’impératrice Irène.
Même s’il n’était pas parvenu à détruire l’État bulgare ou à imposer une paix définitive, Constantin V réussit à renforcer le prestige de Byzance dans les Balkans.
30 juin 1422 : bataille d’Arbedo.
La bataille d’Arbedo eut lieu le près du village éponyme au Tessin entre les troupes du duc de Milan, Philippe Marie Visconti, dirigées par Francesco Bussone, surnommé le Carmagnola, et les troupes uranaises, leurs alliés nidwaldiens, lucernois et zougois. Ce fut une victoire milanaise et un coup d’arrêt temporaire à l’expansion des Confédérés au sud des Alpes, Milan récupérant les vallées du Tessin alors aux mains de la Confédération.
Durant tout le début du XVe siècle, les cantons confédérés, en particulier Uri, ont tenté de prendre possession du versant sud du massif du Saint-Gothard.
En 1403, la Léventine devint une possession uranaise ; plusieurs campagnes menées entre 1407 et 1418 permit aux Uranais et aux Obwaldiens de contrôler le val d’Ossola, le val Maggia et le val Verzasca.
En 1419, ils rachètent Bellinzone. Le duc de Milan, qui désirait récupérer ces territoires, lança une contre-offensive en 1422.
Dès le mois d’avril 1422, les troupes milanaises, sous la direction de Francesco Bussone s’empara de Bellinzone, de Blenio, de la Riviera et de la Léventine jusqu’au mont Piottino.
Uri et ses alliés, Nidwald, Lucerne et Zoug, lève une armée de 2 500 soldats et essaie de récupérer Bellinzone. Le siège de la cité est infructueux et ces troupes doivent se retirer à proximité d’Arbedo en attendant les renforts de Schwytz, Glaris et Zurich.
Les troupes confédérées, en attendant ces renforts, se livrèrent au pillage de la Mesolcina ; les Milanais en profitèrent pour rassembler une armée de 16 000 hommes qui attaqua au petit matin du 30 juin le camp suisse.
Supérieur en nombre, les troupes de Bussone repoussent dans un premier temps les Suisses contre le mont Arbino, mais ces derniers, soutenus par les pillards revenus les aider, percèrent les lignes milanaises, traversèrent la Moesa et battirent en retraite.
Les renforts attendus arrivèrent trop tard, et plusieurs centaines de morts furent dénombrées dans chaque camp.
À la suite de cette défaite, toutes les possessions helvétiques en aval du mont Piottino tombèrent aux mains du duché de Milan. Le capitulat de 1426 rétablit certaines franchises douanières, mais les Confédérés resteront profondément divisés sur la politique italienne à conduire jusqu’à la fin des guerres d’Italie.
30 juin 1520 : la Noche Triste (Mexique).
La Noche Triste (« la Triste Nuit » en espagnol) est le nom donné à un épisode de la conquête de l’Empire aztèque par les Espagnols : dans la nuit du au , les troupes d’Hernán Cortés durent s’enfuir de Mexico-Tenochtitlan en concédant de lourdes pertes face aux Aztèques.
Le massacre prit place un peu plus d’un an après le débarquement de Cortés à Tabasco. Tirant parti des services de La Malinche, une jeune aztèque, Cortés, qui avait pénétré dans Tenochtitlan, la capitale des Mexicas et fait prisonnier l’empereur, Moctezuma II, gouverna l’Empire aztèque par l’intermédiaire de ce dernier.
À la suite du débarquement de Pánfilo de Narváez à Veracruz, à la tête d’une expédition envoyée par le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez, pour arrêter Cortés qui avait largement outrepassé ses ordres de mission d’exploration, ce dernier laissa à son lieutenant, Pedro de Alvarado, le commandement de Tenochtitlan tandis que lui-même retourna sur la côte et défit les troupes de Narváez.
Pendant ce temps, Alvarado donne l’ordre de massacrer une partie de l’aristocratie et du clergé aztèque, pendant une fête religieuse où est assemblée toute la noblesse, sans armes, pour chanter et danser : c’est le massacre du Templo Mayor. Selon certaines rares sources, Alvarado aurait voulu devancer un possible complot – thèse qui reste très peu crédible, au vu des très nombreux écrits attestant du caractère pacifique de la fête. Devant l’ampleur du massacre, la révolte éclate immédiatement : les habitants prennent les armes. Les Aztèques assiégèrent le palais abritant les Espagnols et Moctezuma.
À son retour, Cortés ne parvient pas à apaiser la colère des Aztèques. Assiégés dans leurs cantonnements, le palais d’Axayacatl, au cœur de la ville, les Espagnols se rendent compte qu’ils ne pourront plus repousser les Aztèques bien longtemps, et décident de fuir.
Dans son Historia, Bernal Díaz del Castillo déclare que le les Espagnols ont contraint Moctezuma II à apparaître sur le balcon de son palais pour appeler ses compatriotes au calme. Le peuple a été consterné par la trahison de son empereur et des pierres et des flèches lui ont été lancées. Il est mort peu de temps après. D’autre part, les chroniques autochtones affirment que Moctezuma a été tué d’un coup d’épée par les Espagnols avant qu’ils quittent la ville. Toutefois, certains historiens contemporains, tels Matthew Restall ou encore Pablo Moctezuma, ajoutent davantage foi aux chroniques des peuples autochtones qu’à celles des Espagnols. Selon leur version, les Espagnols auraient tué Moctezuma lorsque son incapacité à pacifier le peuple aztèque l’eut rendu inutile à leurs yeux.
Dans la nuit du au 1er, Cortés tenta une sortie hors de Tenochtitlan. Il choisit de quitter la ville par la chaussée de Tlacopan, car le trajet était plus court. Les ponts reliant la cité à la terre ferme ayant été coupés, il fit fabriquer un pont amovible pour franchir les coupures.
Avant le départ, Cortés fit rassembler le butin, sous forme de barres d’or, dans le palais d’Axayacatl. En présence d’officiers royaux, il fit mettre à part le quint royal qui serait transporté sur « sept chevaux blessés et boiteux et une jument ». Puis il abandonna le reste à ses soldats qu’il laissa libres de prendre ce qu’ils voulaient. Nombre d’entre eux commirent l’erreur de se surcharger d’or. Prudent, le chroniqueur Bernal Diaz del Castillo ne prit que quelques pierres précieuses car, écrit-il : «… je ne pensais qu’à sauver mon existence que je voyais en grand péril. » Cortés répartit ses troupes (espagnols et alliés indigènes) en trois corps : une avant-garde commandée par Gonzalo de Sandoval; un centre composé du gros des troupes avec les canons et le trésor royal, commandé par lui-même; une arrière-garde commandée par Pedro de Alvarado.
Les Espagnols tentèrent de se glisser hors de la ville sous le couvert de l’obscurité. Selon la tradition, c’est une vieille femme allant chercher de l’eau qui aurait donné l’alerte : « Mexicains ! Venez tous. Voici qu’ils sortent, voici qu’ils sortent en secret, vos ennemis ! » (Codex de Florence). Les guerriers aztèques, alertés, attaquèrent les Espagnols à la fois sur la chaussée et depuis des canoës sur le lac de Texcoco.
Comme il pleuvait, la chaussée était mouillée et les chevaux glissaient. Le pont mobile des Espagnols fut rapidement détruit par les Aztèques. Les choses tournèrent réellement mal lors du franchissement du canal des Toltèques. Le chaos était tel que les Espagnols étaient incapables d’offrir une résistance organisée. Ce fut alors chacun pour soi, car, raconte Bernal Diaz : « Penser à s’attendre les uns les autres, c’eût été folie, personne de nous n’y aurait sauvé sa vie. ». Les soldats passaient sur les corps de leurs camarades et chevaux tués, les bagages partout éparpillés. Ceux des soldats qui s’étaient encombrés d’or furent massacrés ou se noyèrent sans pouvoir se défendre. Peu d’hommes de l’arrière-garde en réchappèrent. Certains, incapables d’avancer, rebroussèrent chemin et retournèrent au palais d’Axayacatl, pour y trouver un sort qui nous est inconnu. Pedro de Alvarado fut un des rares survivants. Selon une légende tenace, il aurait sauvé sa vie en se servant de sa lance pour sauter par-dessus une coupure de la chaussée. C’est ce que l’on appelle le « saut d’Alvarado ». Bernal Diaz del Castillo, qui revint plus tard sur les lieux, affirme catégoriquement qu’un tel exploit était impossible. Les rescapés, parmi lesquels Cortés, finirent par atteindre la terre ferme. Les fuyards avaient perdu plusieurs centaines d’hommes : il est difficile d’en donner le chiffre exact, tant les chroniqueurs divergent entre eux.
Les survivants s’arrêtèrent à Tacuba, sur la rive du lac, mais ils étaient loin d’être hors de danger. C’est pourtant à cet endroit que la légende situe l’épisode de l’ahuehuete de Cortés. Le conquistador, découragé, se serait assis au pied d’un ahuehuete et y aurait pleuré sur le sort funeste de tant de ses compagnons. Ce conte était tellement tenace que le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle crut pouvoir le reprendre : « Ce cyprès est connu dans tout le Mexique sous le nom de ahuehuete de la Noche Triste y disgraciada. C’est à l’abri de son feuillage que Cortés se reposa dans la fatale nuit du 1er après avoir été chassé de Mexico… ». Bernal Diaz del Castillo, quant à lui, rapporte plus sobrement que les Espagnols se réfugièrent dans un petit temple pour y panser leur plaies, tandis que les Aztèques continuaient à les attaquer sans relâche. Vers minuit, ils se remirent en marche.
À la suite de cette déroute, les survivants encore sous le commandement de Cortés durent s’enfuir tout en combattant les troupes aztèques qui les poursuivirent pendant plus d’une semaine pendant qu’ils contournaient le lac Texcoco par le nord (vers la lagune de Zumpango) pour prendre la direction de Tlaxcala vers l’est, où les Espagnols espéraient trouver refuge auprès de leurs alliés tlaxcaltèques.
Cette fuite s’acheva par la victoire inespérée et décisive des quelques centaines d’Espagnols sur près de 40 000 guerriers aztèques menés par le Cihuacóatl Matlatzincatzin, lors de la bataille d’Otumba, le .
Une fois parvenu à Tlaxcala, Cortés reconstitua une vaste armée, majoritairement composée de guerriers autochtones hostiles aux Mexicas dont ils étaient ennemis ou tributaires, et lança le siège de Tenochtitlan, qu’il remporta le . Cette date marque la fin effective de l’empire aztèque, même si le dernier tlatoani mexica, Cuauhtémoc, n’est exécuté qu’en 1525, après presque quatre ans d’emprisonnement.
30 juin 1521 : bataille de Noain (royaume de Navarre).
Le , à la bataille de Noain l’armée du Royaume de Navarre sous le commandement du général Asparrós, une force composée de Navarrais, d’alliés gascons et français est vaincue par l’armée castillane, commandée par Íñigo Fernández de Velasco. Noain a marqué le zénith de la guerre ouverte entre la Navarre et l’Espagne.
Ferdinand II d’Aragon envahit le royaume de Navarre en 1512 et annexe la Haute-Navarre, et une partie de la Basse-Navarre. Jean III de Navarre, vicomte de Béarn, tente vainement de reprendre son bien (1512 et 1516). Il meurt en 1516.
Son fils Henri II de Navarre obtient l’appui du roi de France. François 1er, qui est opposé à Charles Quint mais préfère ne pas l’affronter directement (voir sixième guerre d’Italie), fournit une armée à Henri II commandée par André de Foix, dit Lesparre (ou Asparroz), comte de Montfort.
Cette armée, forte de 12 000 hommes commence par prendre le 15 mai, après trois jours de siège, Saint-Jean-Pied-de-Port qui commande l’accès à l’Espagne par le col de Roncevaux. L’offensive franco-gasco-navarraise bénéficie d’une révolte en Castille, qui oblige les Espagnols à dégarnir leurs défenses. Le 19 mai, la ville de Pampelune (capitale de la Navarre) se rend, ainsi que son château, quelques jours plus tard. C’est à cette occasion qu’Ignace de Loyola est blessé gravement, en participant à la défense de la citadelle.
Lesparre continue sa campagne, s’empare de La Rioja et met le siège devant Logroño. Mais l’armée castillane a battu le 21 avril les villes révoltées à Villalar. Devant son avancée, il lève le siège, recule vers Pampelune, et campe au sud de la sierra del Perdón qui barre le passage vers la capitale navarraise. L’armée espagnole contourne le col de Zubiça de nuit par un sentier muletier. Elle établit son campement au nord de la sierra, et coupe la retraite à l’armée française.
Lesparre doit affronter les Espagnols pour rejoindre la capitale de la Navarre. Il se trouve en infériorité numérique, et commet l’erreur de ne pas attendre le renfort des 6 000 hommes qui sont restés à Pampelune et dans les environs, ainsi que les 2 000 hommes qui se trouvent vers Tafalla.
Deux heures avant le coucher du soleil, il fond sur le camp espagnol, et le bouscule quelque peu. Mais la cavalerie espagnole soutient son infanterie qui commençait à reculer. Les fantassins castillans s’emparent de l’artillerie française, avant d’enfoncer le reste de l’armée qui est mise en déroute en moins d’une heure.
L’armée franco-gasco-navarraise compte plus de 6 000 morts, et de nombreux prisonniers, dont son chef.
À la suite de la défaite de Noain, la ville de Pampelune, privée de défenseurs, ouvre ses portes le 5 juillet aux Castillans qui reprennent en main l’ensemble du territoire navarrais (prise de Saint-Jean-Pied-de-Port le 20 juillet).
Toutefois, une nouvelle attaque, officiellement franco-navarraise cette fois, dirigée par Guillaume de Bonnivet, va permettre de s’emparer des forteresses d’Amaiur (3 octobre) et de Fontarrabie (18 octobre). La prise de ces deux bastions permet de maintenir encore vivace la résistance navarraise jusqu’en 1524 au sud des Pyrénées et d’assurer finalement à Henri II la continuité d’un royaume indépendant en Basse-Navarre.
Assimilant le royaume de Navarre à un État basque indépendant, les nationalistes basques voient dans cette bataille la fin des libertés pour le peuple basque, et le début de « la régression culturelle » basque. Un monument a été élevé en souvenir de cette bataille, et les partisans de l’indépendance du Pays basque s’y réunissent tous les ans en juin.
30 juin 1651 : victoire polonaise à la bataille de Berestechko.
La bataille de Berestetchko a été disputée entre les cosaques ukrainiens, dirigés par l’hetman Bohdan Khmelnytsky, aidés de leurs alliés tatars de Crimée, et une armée polonaise dirigée par le roi Jean II Casimir Vasa, du 28 au 30 juin 1651. La bataille se déroula dans la province de Volhynie, dans la plaine vallonnée au sud de la rivière Styr. On considère qu’il s’agit d’une des plus grandes batailles terrestres du XVIIe siècle.
Lors du soulèvement de Khmelnytsky, les Zaporogues dirigés par Bohdan Khmelnytsky s’allient aux Tatars de Crimée pour affronter la République des Deux Nations.
Le nombre de troupes polonaises est incertain. Le duc Bogusław Radziwiłł, l’un des hauts responsables polonais, a écrit que l’armée polonaise comptait 80 000 soldats, dont 40 000 réguliers et 40 000 nobles de la levée en masse (Pospolite ruszenie), accompagnés d’un nombre similaire de serviteurs et fantassins. Certains historiens modernes, tels que Zbigniew Wójcik, Józef Gierowski et Władysław Czapliński, estiment que le nombre était plus proche de la fourchette 60 000 – 63 000.
Il n’existe aucune source fiable sur le nombre des troupes cosaques et de Tatars de Crimée. Les estimations possibles vont de 80 000 à 200 000 hommes. Le gros de l’armée cosaque se constituait de 12 régiments nommés d’après les villes dans lesquelles ils étaient postés (conformément au Traité de Zboriv de 1649) :
- Régiment de Tchyhyryne (Colonel Mykhailo Krysa ) – 3220 Cosaques
- Régiment de Tcherkassy (Colonel Yakiv Voronchenko ) – 2990 cosaques
- Régiment de Korsoun (Colonel Ivan Gulyanitsky ) – 3470 cosaques
- Régiment de Bila Tserkva (Colonel Mykhailo Gromyka ) – 2990 cosaques
- Régiment d’Ouman (Colonel Yosyp Glukh ) – 2977 cosaques
- Régiment de Bratslav (Colonel Danylo Nechay ) – 2662 cosaques
- Régiment de Vinnytsia (Colonel Ivan Bohun ) – 2050 cosaques
- Régiment de Pereïaslav (Colonel Fedir Loboda ) – 2986 cosaques
- Régiment de Kropyvna (Colonel Filon Dzhelaliy ) – 1993 cosaques
- Régiment de Myrhorod (colonel Matviy Hladky ) – 3009 cosaques
- Régiment de Poltava (Colonel Martyn Pushkar ) – 2970 cosaques
- Régiment de Prylouky (Colonel Tymofiy Nosach ) – 1996 cosaques
Soit au total 33 313 cosaques. Cinq régiments cosaques supplémentaires (de Kiev, Kaniv, Tchernihiv, Nijyn et Pavoloch) n’ont pas participé à la bataille et ont été envoyés contre les forces lituaniennes de Janusz Radziwiłł avançant sur Kiev. Les cosaques étaient appuyés par un grand nombre de paysans ukrainiens armés de faux ou de fléaux, indisciplinés et mal organisés. Les forces de la horde de Tatars de Crimée est estimée à 28 000–33 000 hommes, mais pourrait être inférieure. Il y avait aussi 2 000 Cosaques du Don et quelques milliers de Turcs et de Valaques .
Le 19 juin 1651, l’armée polonaise comptait 14 844 cavaliers polonais, 2 250 cavaliers allemands, 11 900 fantassins et dragons allemands, 2 950 fantassins hongrois (Haïdouk), 1 550 volontaires lituaniens et 960 Lipars. Il y avait aussi 16 000 mercenaires allemands qui, mal payés, ont souffert de faim et de maladies. Un certain nombre de cosaques sont restés fidèles à la Pologne et participent à la bataille du côté polonais. Beaucoup de magnats amènent leurs grandes armées privées. En outre, les miliciens étaient très nombreux, comptant 30 000 nobles issus de la levée en masse (Pospolite ruszenie), mais d’une valeur militaire limitée.
Les commandants polonais espéraient briser les rangs cosaques en faisant charger les Hussards ailés, la cavalerie lourde d’élite, selon une tactique qui avait fait ses preuves dans de nombreuses batailles précédentes, y compris à Kircholm et Kłuszyn (et postérieurement à la bataille de Vienne de 1683 contre les Turcs).
L’armée cosaque était habituée aux tactiques polonaises, et préférait combattre autour d’un camp fortifié que sur un champ de bataille dégagé.
La première journée voit principalement combattre les avant-gardes. La cavalerie polonaise bien qu’inférieure en nombre (un régiment sous le commandement d’Aleksander Koniecpolski, appuyé par Jerzy Sebastian Lubomirski, six compagnies de cavalerie de pancerni de Jeremi Wiśniowiecki et des hussards ailés sous le commandement de Stefan Czarniecki) repousse les Tatars qui subissent de lourdes pertes.
Les Polonais, encouragés par leur succès le premier jour, déploient toute leur cavalerie disponible contre le gros des troupes tatars et l’avant-garde cosaque. L’infanterie et l’artillerie polonaise restent au camp et ne soutiennent pas la cavalerie. Cette fois, la cavalerie tatare prend le dessus en repoussant les Polonais dans leur camp mais est ensuite arrêtée par les tirs de l’infanterie et de l’artillerie. Les Polonais ont perdu 300 soldats, y compris de nombreux officiers importants. Au cours du deuxième jour de la bataille, même si les rebelles sont victorieux, la détermination des Tatars est émoussée. Toğay bey et le beau-frère du Khan, Mehmet Giray, sont tués.
Humilié par les revers de la veille, le roi souhaite que ce jour voie une bataille décisive. Cependant, du côté des rebelles, seuls quelques Tatars engagent des escarmouches. Les Cosaques se défendent derrière des lignes de chariots chainés. Le brouillard du matin empêche les combats. Il se lève finalement en début d’après-midi. À 15 heures, le duc Jeremi Wiśniowiecki mène avec succès la charge de 18 compagnies de cavalerie contre l’aile droite de l’armée cosaque-tatare et brise leur infanterie et leurs lignes de chariots. Cependant, les Cosaques se regroupent, repoussent la cavalerie polonaise hors du camp et poursuivent leur progression avec l’aide des Tatars. Le flanc gauche de l’armée polonaise commence à se retirer lorsque le roi décide l’envoi en renfort de tous les mercenaires allemands placés sous le commandement du colonel Houwaldt, lesquels parviennent à repousser les Tatars. Alors en difficulté, les forces tatares voient le frère du Khan, Amurat, mortellement blessé, et commencent à paniquer et à fuir le camp. Les Cosaques Khmelnytsky et Vyhovsky tentent de les retenir sans succès, Khmelnytsky étant même capturé et pris en otage par les Tatars. Une forte pluie commence alors à tomber, ce qui réduit considérablement l’efficacité de la cavalerie.
Devant la fuite des Tatars, les cosaques se retirent dans la nuit vers une meilleure position défensive près de la rivière, creusent des tranchées et construisent des palissades.
L’armée polonaise et le camp cosaque échangent des tirs d’artillerie pendant dix jours, tandis que les deux camps fortifient leurs positions. Les Polonais tentent d’assiéger le camp. Privés de leurs chefs, les cosaques voient une baisse de leur moral, et certaines désertions. Cependant, ils maintiennent des tirs nourris d’artillerie et tentent plusieurs sorties. Les Cosaques refusent une offre de reddition, et les Polonais prévoient de détourner la rivière sur leur camp. Stanisław Lanckoroński, avec une force de 2 000 cavaliers traverse la rivière le 9 juillet, coupant toute voie de retraite des Cosaques. Voyant cela, Bohun tient un conseil avec d’autres chefs, et décide de bâtir trois ponts pour tenter une sortie en traversant le fleuve le 10 juillet au matin. Il ne prévient cependant pas les miliciens de ses plans. Ceux-ci, croyant que les Cosaques les abandonnaient, paniquent et s’enfuient en traversant la rivière. Lanckoroński, devant le nombre, n’engage pas le combat et se retire. Bohun rentre au camp pour tenter de rétablir l’ordre, mais en vain. Les Polonais, croyant à une ruse, ne profitent initialement pas de la confusion. Un assaut est finalement lancé, qui permet de renverser les défenses cosaques. Il est difficile de savoir combien de Cosaques et de miliciens ont été tués à ce moment : Piasecki et Brzostowski, qui ont pris part à la bataille, donnent 3 000 morts. L’ambassadeur du tsar, Bogdanov, rapporte 4 000 morts à Moscou. La plupart des pièces d’artillerie cosaque sont soit capturées par les Polonais, soit noyées dans les marais. Le pillage du camp cosaque permet aux Polonais de prendre possession du trésor de l’armée, valant 30 000 thalers.
À la suite de la bataille, le roi Jean Casimir rentre à Varsovie célébrer la victoire et ne poursuit pas les Cosaques en fuite, ce qui est généralement considéré comme une erreur. Les Polonais devront à nouveau combattre les Cosaques et les Tatars à la Bataille de Bila Tserkva (1651) en 1651. La paix est finalement obtenue au traité de Bila Tserkva du 28 septembre 1651, qui réduit considérablement l’importance des Cosaques telle qu’elle avait été accordée au traité de Zboriv. La révolte ukrainienne se poursuit cependant pendant plusieurs années, et finalement le traité de Pereïaslav et la guerre russo-polonaise qui s’ensuit font passer l’Ukraine et les Cosaques dans l’aire d’influence de la Russie.
La bataille de Berestetchko est commémorée sur le tombeau du soldat inconnu à Varsovie avec l’inscription « BERESTECZKO 28-30 VI 1651 ».
30 juin 1749 : lancement du navire de guerre « Soleil Royal ».
Le Soleil-Royal est un navire de guerre français en service de 1750 à 1759. C’est un vaisseau de ligne de deuxième rang à deux ponts portant 80 canons, le troisième du nom dans la Marine royale française. Il est mis en chantier pendant la vague de construction qui sépare la fin de la guerre de Succession d’Autriche (1748) du début de la guerre de Sept Ans (1755). Vaisseau-amiral de l’escadre de Brest, il est un peu plus grand et plus fortement armé que les autres 80 canons construits pendant la même période que lui. Bâtiment de prestige, il ne sert qu’une fois en opération, en 1759. Il est détruit cette même année, au surlendemain de la bataille des Cardinaux.
Le Soleil Royal est lancé à Brest en 1749 et fait partie de la nouvelle série des deux-ponts plus puissants construits à cette époque pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires. Il est mis sur cale au moment où s’achève la guerre de Succession d’Autriche qui a vu la perte de beaucoup de navires et qui nécessite le renouvellement de nombre d’autres qui sont très usés. Il fait partie des onze vaisseaux lancés en 1749, chiffre très élevé pour la marine française de cette époque. C’est le deuxième bâtiment de ce type après le Tonnant lancé en 1743 et qui vient de faire ses preuves au combat.
Comme pour tous les vaisseaux de son temps, la coque du Soleil Royal est en chêne, bois lourd et très résistant. Il a été soigneusement sélectionné par les charpentiers pour sa qualité de coupe et son séchage. Près de 3 000 chênes vieux de 80 à 100 ans ont été nécessaires à sa construction. Pour l’essentiel, ils ont été fournis par les forêts du nord-ouest (pays nantais, Maine) et du centre du royaume (Nivernais, Berry, Bourbonnais) en suivant le bassin de la Loire. Le gréement, (mâts et vergues) est en pin, bois plus léger et souple. De 30 à 35 pins ont été assemblés pour former la mâture. Comme pour la Royal Navy, ce bois a été acheté en Europe du Nord, autour de la Baltique, région qui fournit les essences de pin réputées les meilleures car peu cassantes. Les affûts des canons et des pompes sont en orme, les sculptures de la proue et de la poupe sont en tilleul et en peuplier, les poulies sont en gaïac. Les menuiseries intérieures sont en noyer. Les cordages (plus de 80 tonnes) et les voiles (à peu près 3 000 m2) sont en chanvre de Bretagne.
Dessiné par Jacques Luc Coulomb, le Soleil Royal est long de 183 pieds 2 pouces français, large de 48 pieds 6 pouces et profond de 23 pieds ; il déplace 2 200 tonneaux. Bénéficiant de l’expérience acquise sur le Tonnant, il est plus long de 14,2 pieds et plus large de 4,6 pieds. Gabarit qui s’explique aussi par le nom du vaisseau : le Soleil Royal se doit d’être plus grand car il est destiné à la fonction de vaisseau-amiral, symbolisant la puissance de la Monarchie française sur mer. Cette symbolique se voit aussi pour l’armement : il embarque une prestigieuse et coûteuse artillerie de bronze alors que les autres vaisseaux sont équipés de pièces en fer. L’armement se répartit de la façon suivante:
- le premier pont, percé à 15 sabords porte 30 canons de 36 livres ;
- le second, percé à 16 sabords porte 32 pièces de 24 livres ;
- les gaillards avant et arrière se répartissent 18 pièces de 8 livres.
Pour bien marquer aussi sa particularité par rapport aux autres 80 canons lancés à peu près au même moment que lui (le Foudroyant, le Formidable, le Duc de Bourgogne), sa deuxième batterie est plus puissante car elle porte du 24 livres au lieu du 18 livres, ce qui restera la norme, pour ce type de vaisseau jusqu’en 1765. Le poids de la bordée est de 996 livres (à peu près 488 kg) et le double si le navire fait feu simultanément sur les deux bords. En moyenne, chaque canon dispose de 50 à 60 boulets. Sachant que la Marine de Louis XV n’a plus de trois-ponts de 100-110 canons à flot depuis le début des années 1740, le Soleil Royal est donc la plus puissante unité de la flotte dans les années 1750.
La logique voudrait que le Soleil-Royal serve de vaisseau amiral pour les opérations dans l’Atlantique lorsque la guerre reprend avec l’Angleterre. Or il n’en est rien. C’est le Formidable qui est employé dans cette fonction au printemps 1755 dans l’escadre de Macnemara puis de Duguay qui patrouille au large de Brest pour protéger le départ des renforts vers le Canada et l’arrivée des convois commerciaux. En 1757, c’est encore le Formidable qui sert de vaisseau-amiral à Dubois de la Motte dans l’importante concentration navale (18 vaisseaux) qui sauve Louisbourg de l’invasion cette année-là. Dans cette force se trouve aussi le Tonnant et le Duc de Bourgogne. Du Soleil Royal point… L’explication est simple : la Monarchie, prudente, ne veut prendre aucun risque avec cette unité de guerre au nom prestigieux et symbolique. Le Soleil Royal reste donc à quai à Brest les quatre premières années du conflit.
Tout change en 1759 avec l’intensification de la guerre. Le gouvernement de Louis XV, qui veut venger les insultes de la Royal Navy sur les côtes françaises (île d’Aix, Saint-Malo, Saint-Cast, Le Havre) et les attaques sur ses colonies (Chandernagor, Louisbourg, Gorée, Guadeloupe) décide de frapper un grand coup en débarquant en Angleterre. La préparation de cette opération d’envergure occupe toute l’année 1759 et nécessite la mobilisation du maximum de vaisseaux. Le Soleil Royal va donc occuper pour la première fois le rôle pour lequel il a été construit : prendre la tête d’une grande escadre. Il est placé sous le commandement de Paul Osée Bidé de Chézac, mais le vrai maître à bord est le vice-amiral Hubert de Brienne de Conflans, vieux marin expérimenté (69 ans) qui totalise 54 ans de service et que le roi a fait maréchal l’année précédente.
Avec 950 hommes (hors état-major et mousses), le Soleil Royal est doté d’un équipage presque pléthorique mais qui témoigne de son importance dans l’armée navale. Les autres 80 canons de l’escadre embarquent pratiquement tout leur effectif réglementaire (800 hommes sur le Formidable et le Tonnant, 750 hommes sur l’Orient), chance que n’ont pas les autres vaisseaux de 74, 70 ou 64 canons qui accusent souvent un déficit d’une centaine d’hommes, voire plus. Ce manque de matelots s’explique par les rafles de la marine anglaise sur les navires civils au début du conflit et par la catastrophique épidémie de typhus de l’année précédente qui a causé des milliers de morts à Brest et a complètement désorganisé les armements. Beaucoup de vaisseaux ont un équipage de fortune complété avec des artilleurs de terre et des bateliers de rivière, mais sans doute pas le Soleil Royal. Les courriers échangés par Conflans et le ministère montrent aussi que le vaisseau est en excellent état, alors qu’il n’en va pas de même pour les autres unités de la flotte usées par quatre années de guerre et le manque d’entretien.
Le 14 novembre 1759, le Soleil Royal sort de Brest à la tête de l’armée navale. Elle compte vingt-et-un vaisseaux, cinq frégates et corvettes et a pour mission d’escorter un important corps d’armée massé dans la région de Vannes et qui doit embarquer à Quiberon à destination de l’Irlande. Les Anglais, parfaitement au courant de ce plan grâce à leurs espions, montent la garde devant Brest depuis des mois avec une importante escadre, mais une tempête d’automne les a écarté quelques semaines de leur position. L’océan provisoirement dégagé, Conflans a le temps de manœuvrer pour se diriger vers le Morbihan où l’attend l’armée d’invasion. Le 19 novembre, la flotte est au large de Belle-Ile. Au matin du 20 novembre, il croise les quatre ou cinq bâtiments de la division du commodore Duff qui surveille cette partie de la côte. Conflans leur fait aussitôt donner la chasse, mais bientôt les vigies signalent trente-deux voiles à l’horizon. Ce sont les forces de Edward Hawke qui ont appareillé en urgence de Torbay le 17 novembre, prévenues par les frégates restées dans les eaux de Brest. Elles comptent vingt-trois vaisseaux de ligne et neuf bâtiments plus petits.
Le déséquilibre des forces n’est pas significatif, mais Conflans, au vu de l’état de sa flotte et de ses équipages préfère éviter le combat et donne aussitôt l’ordre de retraite vers la baie de Quiberon. Cette zone pleine de hauts-fonds et de récifs est réputée dangereuse. Conflans pense que Hawke n’osera pas s’y aventurer, d’autant que la mer est très mauvaise. Mais le chef anglais ordonne la poursuite générale alors que la ligne française s’étire dangereusement. La place d’un vaisseau-amiral se situe normalement au centre de l’escadre. Mais Conflans commet l’erreur de ne pas ordonner le repli en respectant l’ordre de marche traditionnellement réglé sur le vaisseau le plus lent. Le Soleil Royal, bon marcheur, navigue en tête. En début d’après-midi, il double les récifs des Cardinaux, au sud de l’île de Hœdic alors que les derniers vaisseaux sont à huit ou dix milles en arrière. Conflans commet alors une deuxième erreur : celle de ne pas virer immédiatement de bord lorsque le combat s’engage entre les quatre vaisseaux isolés de son arrière-garde et les neuf vaisseaux anglais les plus rapides qui les ont rattrapés.
Lorsqu’il le fait enfin, il est bien tard. Le Formidable, qui n’est plus qu’une carcasse sanglante a baissé pavillon. Le Héros (74 canons), désemparé, est sur le point de faire de même. Accompagné de l’Intrépide (74) qui a viré de bord avec lui, le Soleil Royal rejoint enfin le champ de bataille. Il dégage le Juste (70), accablé sous les coups de quatre ennemis et qui faisant eau de toute part, cherche à quitter le champ de bataille. Le Soleil Royal assiste au naufrage du Thésée (74), qui a commis l’erreur de manœuvrer dans la houle les sabords de sa batterie basse ouverts. Plusieurs vaisseaux anglais tirent sur le Soleil Royal, mais sans lui faire grand mal. Avec l’arrivée du reste de l’escadre ennemie en fin d’après-midi, Conflans cherche à engager directement le combat avec Hawke. Il ouvre le feu sur son navire, le Royal George (100) dont une terrible bordée vient d’envoyer le Superbe (74) par le fond. Les bâtiments échangent plusieurs volées, mais l’Intrépide, en partie positionné entre les deux vaisseaux-amiraux attire sur lui l’essentiel du feu anglais. Avec la tempête, la confusion devient générale. Dans les deux flottes, les navires se gênent pour manœuvrer et certains s’abordent. C’est le cas du Soleil Royal, qui entre en collision avec trois bâtiments dont le Tonnant, incident qui lui fait perdre sa civadière.
Cette avarie mineure n’est cependant pas de nature à le mettre hors de combat. Conflans songe alors à virer de bord de nouveau dans l’intention de doubler le plateau du Four, à la hauteur du Croisic, de sortir de la baie et se faire suivre au large par l’armée navale, Soleil Royal en tête. Mais la nuit, qui survient de bonne heure en cette période de l’année met fin au combat et oblige tous les protagonistes à jeter l’ancre presque sur les lieux du combat. Le Soleil Royal, après avoir semble-t-il tiré les derniers coups de canons de la bataille, passe la nuit dans la baie mais se rend compte au matin qu’il est proche des vaisseaux anglais et coupe son câble pour se rapprocher du Croisic. Il y rejoint le Héros qui a réussi à échapper à la capture et s’est trainé à la côte sous gréement de fortune. Ce navire étant désemparé, il reste en théorie seize vaisseaux à Conflans pour reprendre le combat ou faire retraite en bon ordre. Mais au matin du 21 novembre, la situation lui échappe complètement : malgré ses signaux de ralliement, huit vaisseaux prennent le large et s’éloignent vers le sud. Ils s‘enfuient vers l’île d’Aix, puis Rochefort, laissant Conflans seul avec neuf bâtiments face à toute l’escadre anglaise.
La nuit n’a pas été facile pour Hawke : la tempête ne s’est pas calmée et il a perdu deux vaisseaux venus se fracasser sur le plateau du Four en tentant de poursuivre les Français. Mais il lui en reste vingt-et-un et il est déterminé à reprendre le combat d’autant que les vaisseaux du commodore Duff l’ont rejoint. Conflans n’a pas d’autre solution que de s’enfuir vers la Loire ou la Vilaine. Dans la soirée, sept vaisseaux et quatre bâtiments légers réussissent à franchir la barre de la Vilaine grâce à la marée, mais le Soleil Royal reste coincé au Croisic avec le Héros toujours désemparé. Au matin du 22, la météo se fait plus clémente. Hawke ordonne à deux petits vaisseaux de 50 canons qui n’ont pas participé au combat de l’avant-veille, les HMS Chatham et Portland ainsi qu’à la frégate Vengeance de s’approcher de la côte pour mettre le feu au Soleil Royal et au Héros. Estimant le Soleil Royal perdu, Conflans – qui s’en est extrait difficilement la veille – donne l’ordre de l’incendier. Le navire n’étant qu’à quelques encablures du Croisic, on craint qu’une explosion n’endommage le port, mais les cales et les soutes à poudre étant déjà noyées, le Soleil Royal se consume sans incident. L’équipage est sauf, mais la belle artillerie du bâtiment n’a pu être sauvée. Profitant de la fumée, plusieurs canots et chaloupes anglaises s’approchent et mettent le feu au Héros que son équipage n’a pas encore incendié par crainte, là aussi, d’une explosion. L’une de ces embarcations serait parvenue sur l’arrière du Soleil Royal et aurait réussi à s’emparer du grand soleil entouré de rayons d’or qui servait d’ornement à la poupe du vaisseau-amiral pour l’emporter comme un trophée.
Le vaisseau consumé, le duc d’Aiguillon ordonne aussitôt de travailler au relèvement des canons dans l’épave (et de même pour ceux du Héros). C’est alors que Hawke, qui était allé croiser jusqu’à l’île d’Aix pour tenter d’y saisir le groupe de vaisseaux qui s’y étaient réfugiés, reparait devant Le Croisic. Un de ses officiers, le capitaine Ouvry, touche terre avec une missive qui déclare que les canons sont maintenant la propriété de l’Angleterre et qu’il canonnera, bombardera et livrera aux flammes les villes et les villages qu’il pourra approcher si un seul boulet est envoyé aux bâtiments de Sa Majesté britannique pendant qu’il travaillerait à les enlever. Cette lettre arrogante est qualifiée de « plaisanterie » par le duc d’Aiguillon alors que l’officier qui veille sur les lieux, le marquis de Broc, répond que si un bâtiment anglais s’approche du rivage, il emploiera tous les moyens en son pouvoir pour lui faire prendre le large. De Broc tient parole : il fait ouvrir immédiatement le feu contre plusieurs navires qui n’ont pas tenu compte de son avertissement.
Prudent malgré tout, le duc d’Aiguillon fait stopper les travaux et entre en relation avec Hawke. Celui-ci persiste dans sa démarche et déclare trouver extraordinaire qu’on eût tiré sur ceux de ses vaisseaux qui, d’après ses ordres, allaient travailler au sauvetage de l’artillerie du Soleil Royal et du Héros, artillerie qui, d’après les lois anglaises était la propriété des marins de son armée. Hawke réclame aussi que l’équipage du Héros, qui s’était rendu, lui soit livré. Ces demandes sont finalement examinées par un conseil composé d’officiers généraux de la marine et de capitaines de vaisseaux. À l’unanimité, ce conseil déclare que les Anglais n’ont aucun droit sur l’artillerie du Soleil Royal qui ne s’est pas rendu, n’a pas été capturé et que les Français ont incendié eux-mêmes. Les demandes sur le Héros sont de même rejetées. L’affaire en reste là : Hawke rentre en Angleterre et les Français reprennent leur chantier.
Les documents d’époque indiquent que 72 des 80 canons ont été relevés. En 1955, la découverte fortuite d’un pêcheur permet la remontée d’un canon de 24 livres venant de la deuxième batterie. L’arme est splendidement ornementée : sur l’arrière un faune semble jaillir du bronze, la lumière est percée dans un coquillage et les anses sont en forme de dauphin. Un profil de Louis XIV entouré de feuilles de chêne est sculpté sur le dessus de la pièce qui est parsemée de fleurs de lys. Autour de la culasse est gravée l’inscription « Faict par Jean Baudé Fondeur général de l’artillerie et marine de France à Toulon – 1670. » Ce canon a donc été fondu 89 ans avant la bataille pour le Royal Louis ou le Dauphin Royal, construits alors dans le même arsenal. Il mesure 3,62 mètres et pèse 2 259 kg. Aujourd’hui restaurée et replacée sur un affut, la pièce est exposée dans le jardin de l’hôtel de ville du Croisic. Cette découverte a été complétée en 1982 par une campagne de fouille qui a permis de dégager 953 autres objets dont de nombreuses armes et munitions tels des boulets ordinaires, des boulets ramés en fonte et en plomb, des grappes de mitraille, appelées à l’époque « grappes de raisin ».
Le Soleil Royal fait partie des six navires perdus par la Marine royale lors de cette bataille qui met un terme aux projets de débarquement en Angleterre. Avec le Formidable, c’est l’un des deux vaisseaux de 80 canons perdus sur les quatre engagés dans la bataille. Statistique cruelle, le Soleil Royal est le deuxième vaisseau-amiral perdu par la France en 1759 : l’Océan, qui commandait l’escadre de Toulon, ayant été incendié dans des circonstances voisines lors de la bataille de Lagos, sur les côtes du Portugal, trois mois plus tôt. Sur les six vaisseaux de 80 canons que possédait la France au début de la Guerre de Sept Ans, c’est le quatrième qui est pris ou détruit. Sur l’intégralité de ce conflit, catastrophique pour la Marine royale, le Soleil Royal est l’un des 37 vaisseaux perdus par la France.
Avec la perte ou la fuite de quatorze vaisseaux sur vingt-et-un, cette défaite devrait normalement se conclure par un conseil de guerre, d’autant qu’une virulente polémique oppose Conflans à l’un de ses subordonnés, Joseph de Bauffremont, sur la responsabilité des évènements. Mais le Ministère, qui semble redouter qu’un conseil ne mette sur la place publique le manque d’organisation, d’argent et de matelots de l’escadre de Brest, ainsi que la trop grande complexité du plan d’invasion, préfère ne pas donner suite. Toutefois, la réputation de Conflans sera définitivement compromise : couvert d’opprobre malgré cinq décennies de bons états de service, il ne reprendra plus jamais la mer et mourra oublié en 1777.
La fin du vaisseau-amiral Soleil Royal rappelle celle du premier bâtiment de la lignée, perdu lui aussi lors d’une grande bataille en 1692, la gloire en moins, car le Soleil Royal de 1669 avait explosé après un combat acharné, contrairement à celui de Conflans, qui n’a joué qu’un rôle secondaire dans la bataille et a fini tristement, sous la flamme de son propre équipage. Échaudé par cette affaire, le Ministère ne lancera pas de nouveau Soleil Royal, alors que les autres navires symboles de la monarchie française sur les mers, les Dauphin Royal et les Royal Louis iront respectivement jusqu’à leur quatrième et sixième exemplaire au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle.
30 juin 1758 : bataille de Domstadtl (guerre de Sept Ans).
L’armée prussienne de Frédéric II était alors en train de mener le siège d’Olomouc (Olmütz) en Moravie. Un convoi prussien de 4 000 chariots de ravitaillement, avec une escorte de 10 000 à 12 000 hommes commandés par Friedrich Wilhelm von der Mosel, essaie de rejoindre le camp de l’armée assiégeante.
Le , l’armée autrichienne d’Ernst Gideon von Laudon tente de l’intercepter à Nieder-Gundersdorf (Guntramovice). Cette première tentative est repoussée. Mais, le surlendemain, von Laudon reprend l’attaque avec des forces supérieures et les renforts prussiens, commandés par Hans Joachim von Zieten, arrivent trop tard pour secourir le convoi. À peine 100 à 200 chariots atteignent le camp prussien.
Frédéric II, faute de ravitaillement, doit lever le siège d’Olomouc le 1er juillet et abandonner la Moravie.
30 juin 1910 : premiers tests de bombardements aériens par le pilote américain Glenn Hammond Curtiss.
En 1908, Curtiss, alors âgé de 30 ans, conçut, construisit et pilota son propre avion. Il attira l’attention nationale en mai 1910 en remportant le prix de 10 000 dollars du New York World pour avoir été le premier aviateur à voler d’Albany à New York. Il parcourut les 2 290 kilomètres en 2 heures et 50 minutes. Un peu prématurément, le World affirma : « Les batailles du futur se joueront dans les airs ! L’avion décidera du destin des nations. »
Le journal installa rapidement un « champ de tir » sur le lac Keuka à Hammondsport, dans l’État de New York, près de l’atelier de Curtiss, en disposant des flotteurs pour simuler la silhouette d’un cuirassé de 150 mètres sur 27 mètres. Curtiss survola la zone à bord de son avion et largua des tubes de plomb de 20 centimètres de diamètre et de 3,8 centimètres sur le « cuirassé ». Le contre-amiral William W. Kimball, l’un des observateurs, déclara avec dédain : « Il présente des défauts pour la guerre : incapacité à opérer par temps moyen en mer ; signalement de l’approche par le bruit du moteur et des hélices ; impossibilité de contrôler sa hauteur et sa vitesse pour prévoir la portée approximative des bombardements ; difficulté de frapper d’une hauteur suffisamment élevée pour avoir une chance d’atteindre une portée efficace. »
La presse a interprété les résultats différemment. Le World a parlé d’« un avion coûtant quelques milliers d’euros, mais capable de détruire un cuirassé coûtant des millions ». Le New York Times a reconnu une nouvelle « menace pour les flottes blindées ». La controverse avion contre cuirassé faisait rage avant même que la Marine n’ait acheté son premier avion. À l’époque, l’armée américaine ne possédait qu’un seul avion Wright.

30 juin 1914 : naissance du physicien et ingénieur soviétique Vladimir Tchelomeï.
Tchelomeï nait à Siedlce, à cette époque sur le territoire de l’Empire russe et située aujourd’hui en Pologne, dans une famille ukrainienne. À l’âge de 3 mois, à la suite du déclenchement de la Première Guerre mondiale dont le front est proche du domicile, sa famille va se réfugier à Poltava. Sa famille déménage à Kiev lorsqu’il atteint l’âge de 12 ans.
En 1932 Tchelomeï est reçu à l’Institut polytechnique de Kiev, où il fait de brillantes études. Il publie en 1936 son premier ouvrage Vektoryj Analiz (Analyse vectorielle).
Au début de la Seconde Guerre mondiale Tchelomeï travaille à l’Institut central Baranov de construction de moteur d’avions (TsIAM) à Moscou où il conçoit le premier pulsoréacteur soviétique en 1942 indépendamment des travaux similaires menés en Allemagne pour la mise au point de la bombe volante V1.
En octobre 1944, alors que les premiers V1 sont lancés sur le territoire du Royaume-Uni, Tchelomeï est nommé responsable de l’usine N51 pour concevoir, construire et tester le plus rapidement possible le premier missile de croisière soviétique. Dès décembre 1944 le missile, désigné sous le code 10X, est tiré en vol depuis des avions de type Petliakov Pe-8 et Tupolev Tu-2.
À la suite de la réussite du 10X, le Bureau des études spéciales d’URSS le nomme responsable de la conception des avions sans pilote au sein de l’OKB-52. En 1955, il devient chef constructeur de l’OKB-52 tout en continuant à concevoir des missiles de croisière. Parallèlement, Tchelomeï poursuit ses recherches scientifiques et il obtient un doctorat en sciences à l’École supérieure technique de Moscou – Bauman. Après avoir soutenu sa thèse en 1951, il devient professeur dans cette école en 1952.
En 1958, l’OKB-52 propose un missile balistique intercontinental multi-étages. Le projet UR-200 est rejeté en faveur du R-36 (désigné sous le code OTAN SS-9 Scarp) de Mikhaïl Yangel, mais son missile UR-100 est approuvé. L’OKB-52 fait à l’époque partie du ministère de l’Industrie des machines-outils dirigé par Sergueï Afanassiev.
En 1959 Tchelomeï est nommé « Constructeur en chef d’équipements aéronautiques ». L’OKB commence à développer, à côté de la construction de missiles, une activité de conception de vaisseaux spatiaux. En 1961 démarrent les travaux sur un missile balistique particulièrement puissant l’UR-500. En 1962, Tchelomeï est nommé membre de l’Académie des Sciences de l’URSS dans le département mécanique.
Tchelomeï devient le principal concurrent de Sergueï Korolev pour la réalisation du meccano spatial qui doit permettre aux Soviétiques d’atteindre la Lune. Tchelomeï propose d’utiliser sa fusée UR-500 pour lancer un petit vaisseau à 2 places capable d’effectuer un survol de la Lune et est soutenu par Nikita Khrouchtchev dont il emploie plusieurs parents. Il propose l’UR-500 pour lancer la station spatiale militaire. À la suite de la chute de Khrouchtchev, les projets de Tchelomeï et de Korolev sont fusionnés tandis que le programme lunaire habité soviétique se poursuit. Le premier lancement de l’UR-500, également connu sous l’appellation « Proton », a lieu le .
Bien que la Proton n’ait jamais servi à envoyer des cosmonautes autour de la Lune comme Tchelomeï l’espérait, la fusée Proton a été utilisée de manière intensive pour lancer des satellites soviétiques, des sondes spatiales ainsi que les stations spatiales soviétiques et les composants de la Station spatiale internationale. Il est également depuis une dizaine d’années le principal concurrent de la fusée Ariane pour le lancement des satellites commerciaux en orbite géostationnaire.
L’OKB de Tchelomeï a développé des satellites comme les Polyot (prototypes des satellites antisatellites IS) qui contrairement aux satellites antérieurs avaient la capacité de changer d’orbite. Il a également conçu les satellites Proton. Dans les années 1970, l’OKB met au point les stations spatiales Almaz, Saliout 2, Saliout 3 et Saliout 5 qui sont à l’origine des stations Saliout, Mir et Zvezda. Pour assurer le ravitaillement des stations Almaz, Tchelomeï développe le vaisseau TKS, alternative au vaisseau Soyouz. Le TKS n’a jamais volé mais des versions dérivées ont été utilisées comme modules des stations spatiales Saliout 7 et Mir.
Tchelomeï est décédé en 1984 à Moscou.

30 juin 1915 : « prise du quadrilatère » dans la presqu’île de Gallipoli (Turquie).
Les franco-britanniques tentent de prendre Krithia. Durant le premier combat du Kéréves Déré, les coloniaux de la 2e division française jouent un rôle décisif dans l’enlèvement de l’important ouvrage turc du « quadrilatère ». Le général Gouraud est, à cette occasion, grièvement blessé aux jambes et amputé du bras droit. Il cède son commandement au général Bailloud. La bataille engagée se poursuit jusqu’à fin juillet. L’opération des Dardanelles ne s’achève qu’en janvier 1916, sans résultat concret et avec de lourdes pertes : 180 000 alliés, dont 30 000 français. En face, 66 000 turcs (entrés en guerre le 1er novembre 1914 aux côtés des Allemands et des Austro-Hongrois).
30 juin 1926 : naissance de l’officier parachutiste et écrivain Pierre Sergent.
Il commence sa carrière militaire à l’âge de 18 ans, en rejoignant le maquis de Sologne avec le corps franc « Liberté », où il échappe de justesse à une rafle. Il prend part à ce titre à la libération de Paris.
Après la Libération, il entre à l’Ecole Spéciale Militaire Interarmes (ESMIA) en 1947, d’où il sort en 1949 (promotion Rhin et Danube). Il est promu sous-lieutenant en 1950.
Il est affecté en 1950 au 1er régiment étranger, à Sidi-bel-Abbès en Algérie. Promu lieutenant en 1951, il combat au 1er bataillon étranger de parachutistes (1er BEP) durant la guerre d’Indochine (1952-1953), où il est grièvement blessé le dans le centre Annam, et évacué sanitaire à Paris ; il reçoit le une citation à l’ordre de l’armée.
À la fin de sa convalescence en octobre 1954, il retourne en Algérie ou il sert dans les compagnies sahariennes de la légion, au 1er REI, puis est affecté au 1er régiment étranger en 1956. Promu capitaine en 1957, il sert ensuite pendant la guerre d’Algérie au sein du 1er REP de 1958 à 1961. Il participe notamment aux opérations “Étincelles”, “Jumelles” et “Pierres Précieuses”.
Après l’affaire des « barricades » de 1960, il est muté disciplinairement le 1er janvier 1961 au groupe de subdivision de Chartres. Il quitte son commandement en avril 1961 pour rejoindre clandestinement l’Algérie et participe au putsch d’Alger sous les ordres du Général Challe, il prend notamment le corps d’armée d’Alger à la tête d’une compagnie du 1er REP.
Après l’échec du coup d’état, il rejoint les rangs de l’OAS, et sur ordre du Général Salan, il regagne la métropole pour coordonner à la tête de la Mission II l’activité des réseaux clandestins, et la pénétration et la structuration des milieux militaires. Il devient chef d’état major de l’OAS-Métropole en septembre 1961, puis le 20 mai 1962 à Rome du Conseil National de la Résistance (CNR) constitué avec Georges Bidault, Antoine Argoud et Jacques Soustelle. Après l’arrestation d’Argoud, l’exil de Bidault, il crée en le Conseil National de la Révolution dont l’objectif est d’organiser en Europe les mouvements anti-communistes.
Pendant sept ans, sous le pseudonyme d’Arthur, il échappe aux recherches policières en se réfugiant en Suisse et en Belgique tandis qu’il est condamné à mort par contumace par deux fois en 1962 et 1964, lors du procès par la Cour de Sureté de l’État des 8 principaux dirigeants de l’OAS : Godard, Jean Gardes, Susini, Lagaillarde, Lacheroy, Perez, Gardy, Sergent.
Il est finalement amnistié le , après les événements de mai 68.
Lors de l’élection présidentielle de 1974, il soutient la candidature de Valéry Giscard d’Estaing.
Après avoir rejoint le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) en 1983, il adhère au Front national en 1985. Il reçoit pour « mission » d’implanter le Front national dans le département des Pyrénées-Orientales. Son premier succès intervient très rapidement. En effet, lors des élections législatives du 16 mars 1986, qui se déroulent au scrutin proportionnel, il est élu député des Pyrénées-Orientales. Dans le cadre des élections régionales qui se déroulent le même jour, il est élu conseiller régional de Languedoc-Roussillon et permet, avec les sept autres conseillers du FN, l’élection de Jacques Blanc (UDF) à la présidence de l’assemblée régionale.
À l’occasion des élections législatives de 1988, le « retour » du scrutin majoritaire uninominal à deux tours par circonscription lui fait perdre son siège de député. Sur la promesse « Je me donnerai un an pour faire de Perpignan la ville la plus sûre de France », il obtient respectivement 25 % et 30 % aux deux tours des élections municipales de 1989, mais n’est pas élu. Aux élections européennes du 15 juin 1989, sa 14e position sur la liste Europe et Patrie conduite par Jean-Marie Le Pen, qui obtient 10 sièges, ne lui permet pas d’être élu. Il soutient en 1990 la guerre contre l’Irak, ce qui le place à l’opposé de la ligne de son parti. Enfin, il est réélu conseiller régional de Languedoc-Roussillon le . Au moment de son décès, il avait quitté le Front National en désaccord avec J-M Le Pen et était revenu au CNIP au printemps 1992.
Pierre Sergent meurt le à Perpignan, à l’âge de 66 ans, des suites d’une longue maladie. Il repose au cimetière de Passy, à Paris, dans la 8e division.
Publications :
- Ma peau au bout de mes idées, La Table ronde, 1967 (réédition de 1984)
- La Bataille, La Table ronde, 1968
- Je ne regrette rien, Fayard, 1972 (réédition de 1983)
- Le Malentendu algérien : 12 ans après, Fayard, 1974 (entretiens avec André-Louis Dubois)
- Lettre aux officiers, Fayard, 1975
- Les Maréchaux de la Légion : L’Odyssée du 5e Étranger, Fayard, 1977
- La Légion saute sur Kolwezi, Presses de la Cité, 1979 (réédition de 1984)
- Camerone, Fayard, 1980
- Un étrange Monsieur Frey, Fayard, 1982
- Paras-Légion : Le 2e BEP en Indochine, Presses de la Cité, 1982
- 2e REP, Presses de la Cité, 1984
- La Légion, Graphiques Lafayette, 1985 (en collaboration avec Bertrand de Castelbajac)
- Les Voies de l’honneur, tome 1, Presses de la Cité, 1987 (roman)
- Les Voies de l’honneur : La Revanche, tome 2, Presses de la Cité, 1989 (roman)
- Les Voies de l’honneur : Le Coup de grâce, tome 3, Presses de la Cité (roman)
30 juin 1934 : la nuit des longs couteaux (Allemagne).
Hitler purge le parti national-socialiste de son aile populiste et sociale révolutionnaire (les SA ou « chemises brunes ») en faisant intervenir les SS durant la nuit du 29 au 30 juin chez les dirigeants SA, fidèles à Ernst Röhm. Près de 100 personnes sont assassinées (dont Kurt von Schleicher). Si les conservateurs allemands sont rassurés quant à l’orientation politique que donne Hitler à travers cette purge, la méthode employée annonce clairement à l’Europe la nature du régime national-socialiste en place depuis un an et demi.
30 juin 1940 : le 1er Escadron du 1er Régiment de spahis marocains décide de continuer la lutte.
Après avoir laissé le choix à chacun de ses hommes et avant même d’avoir entendu parler de l’appel du général de Gaulle, le chef d’escadron Paul Jourdier, commandant le 1er Escadron du 1er Régiment de spahis marocains (1er RSM), stationné au Liban, franchit avec son unité la frontière libano-palestinienne à cheval, et rejoint les Anglais au Soudan anglo-égyptien pour continuer le combat. Après une épopée de plusieurs milliers de kilomètres, l’escadron prend part en Érythrée aux combats contre les Italiens en janvier 1941 avant de retrouver les Forces Françaises Libres (FFL) rassemblées en Palestine pour préparer la campagne de Syrie.
À l’issue de celle-ci, l’escadron jusque-là monté est enfin motorisé et constitué en groupe de reconnaissance de corps d’armée (3 escadrons). C’est sous cette forme que, renforcés d’une compagnie de chars, l’unité est véritablement organisée en colonne volante et participe aux côtés des Britanniques à toute une série de raids en profondeur dans le désert de Libye. Elle participera dans ce cadre à la bataille d’El Alamein, le 23 octobre 1942, en soutien de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère, au sud du dispositif, à l’Himeimat. Une décision en date du 24 septembre 1942 en fera un régiment de cavalerie mécanisée prenant la dénomination de 1er Régiment de marche de spahis marocain (1er RMSM).

30 juin 1941 : bataille de Brody ou Dubna (Ukraine).
La Bataille de Brody, aussi appelée Bataille de Dubna, Bataille de Doubno, Bataille de Rovne ou encore Bataille de Rovne-Brody, fut une bataille de chars livrée par le 1er Panzer Group du IIIe Corps d’Armée et le XLVIII Corps d’Armée (motorisé) allemands contre 5 Corps mécanisés des 5e et 6e armées soviétiques dans le triangle formé par les villes de Doubno, Lutsk et Brody dans le nord de l’Ukraine entre le 23 et le . Cette bataille fait partie dans l’histoire soviétique des batailles de défenses des frontières dans le cadre de l’offensive allemande lancée contre l’URSS en . Bien que les formations de l’Armée rouge aient infligé de lourdes pertes aux forces allemandes, elles furent tout de même vaincues et perdirent de très nombreux chars. Une logistique soviétique insuffisante, la suprématie aérienne allemande et la décomposition totale du commandement soviétique ont donné la victoire à l’armée allemande, malgré la supériorité numérique et technologique (T34, KV1…) de l’Armée rouge. Cette bataille fut l’un des engagements de blindés les plus intenses de l’opération Barbarossa et l’un des plus grands affrontements de chars de la Seconde Guerre mondiale.
30 juin 1941 : début des pogroms de Lwów (aujourd’hui Lviv), commis par la Wehrmacht, les Einsatzgruppen et les Ukrainiens de l’UPA.
Les pogroms de Lviv sont des massacres perpétrés contre la population juive de la ville alors polonaise de Lwów (aujourd’hui Lviv, en Ukraine), en 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, pendant l’occupation allemande.
Avant ces massacres, la ville se trouve en zone d’occupation soviétique à la suite de la double invasion menée en 1939 par les Allemands à l’ouest et les Soviétiques à l’est. L’occupation soviétique s’est traduite par de nombreux assassinats et déportations dont furent victimes les habitants polonais, ukrainiens et juifs jugés comme ennemis du régime tandis que certains juifs faisaient partie des rangs du NKVD, ce qui contribua à l’exacerbation de l’antisémitisme de la population ukrainienne nationaliste, d’ailleurs également hostile aux Polonais (majoritaires).
Les Soviétiques sont chassés de Lwów par l’offensive allemande contre l’URSS (opération Barbarossa) déclenchée le 22 juin 1941.
Peu après l’arrivée des Allemands en ville, les pogroms commencent, perpétrés par des nationalistes ukrainiens : le premier a lieu du 30 juin au 2 juillet 1941, le second du 25 au 29 juillet 1941. L’historien allemand Peter Longerich et l’Encyclopédie de l’Holocauste estiment que le premier pogrom a fait au moins 4 000 morts. Il a été suivi par 2 500 à 3 000 arrestations et exécutions supplémentaires des Einsatzgruppen. Le second pogrom (« Aktion Petlioura »), fait plus de 2 000 victimes juives, toutes tuées en l’espace d’un mois.
Avant l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie et l’Union Soviétique en 1939, la ville de Lwów qui comptait 312 000 habitants en 1931 avait la troisième plus grande population juive de Pologne (100 000) pendant l’entre-deux-guerres alors que les réfugiés fuyaient les nazis vers l’est.
30 juin 1944 : fin de la bataille de Cherbourg.
Quand les Alliés établissent leurs plans pour un débarquement dans le nord-ouest de l’Europe et l’ouverture d’un nouveau front, les stratèges jugent indispensable la prise assez rapide d’un port en eau profonde pour permettre une bonne logistique d’approvisionnement du front. En effet, un tel port permet d’assurer un corridor de ravitaillement direct depuis les États-Unis. Sans ce port, l’équipement doit transiter par la Grande-Bretagne pour y être déchargé, rendu hydrorésistant et rechargé sur des engins de débarquement, en nombre et en capacité limités, avant d’être acheminé en France. Néanmoins, depuis le débarquement de Dieppe en 1942, les Alliés n’envisagent plus de prendre frontalement un grand port. Ceux du mur de l’Atlantique sont trop solidement défendus, surtout pour une attaque par la mer.
Lorsque le choix des plages du débarquement s’arrête sur la Normandie, Cherbourg, au nord de la péninsule du Cotentin, seul port en eau profonde à proximité devient un des objectifs des Alliés dans les jours suivant le débarquement. Pour permettre d’approvisionner les troupes dans l’attente de la prise d’un port, les Alliés ont prévu la construction de deux ports artificiels, les ports Mulberry, ainsi que des débarquements par barge directement sur les plages.
Dans leurs plans initiaux, les Alliés se gardent de débarquer directement sur le Cotentin, car cette région est séparée des autres lieux de débarquement par la vallée de la Douve, inondée par les Allemands afin d’empêcher une éventuelle intervention aéroportée. Cependant, dès sa nomination au poste de commandant en chef des opérations terrestres de libération en janvier 1944, le général britannique Bernard Montgomery reprend l’idée de débarquer sur le Cotentin : il veut ainsi élargir le front, pour éviter que les troupes alliées ne se trouvent encerclées sur une étroite parcelle de territoire, et faciliter la prise rapide de Cherbourg et de son port.
Le choix est arrêté sur Utah Beach, sur la côte sud-est du Cotentin. Cette plage présente l’avantage d’être une des moins fortifiées du secteur car jugée par les Allemands peu favorable à un débarquement. En effet, elle est adossée à des marais ou des zones inondées, reliées à l’arrière pays par quelques routes. Les Alliés décident donc de combiner une opération aéroportée pour prendre les sorties de plage suivie d’un débarquement sur la plage.
Aux petites heures du matin du , les 82e et 101e divisions aéroportées américaines atterrissent sur le Cotentin (opérations Albany et Boston). Bien que les parachutistes soient passablement dispersés et subissent de lourdes pertes, ils parviennent à s’approprier et à conserver la plupart des routes nécessaires à la sortie des plages du VIIe Corps d’armée américain depuis Utah Beach. La 4e division d’infanterie américaine débarque sur Utah Beach peu après l’aube sans avoir, elle, à déplorer de lourdes pertes.
Dans les heures qui suivent ce débarquement, la priorité des troupes américaines débarquées à Utah Beach est d’effectuer une jonction avec le gros des forces alliées débarquées plus à l’est. Le 9 juin 1944, la 101e division aéroportée parvient à traverser la vallée inondée de la Douve ; le lendemain, elle prend Carentan et donne ainsi un front continu aux Alliés.
Ce succès permet au VIIe Corps de commencer à avancer vers l’ouest afin de couper la péninsule du Cotentin. Trois nouvelles divisions d’infanterie débarquent pour renforcer le Corps. Son commandant, le major général Collins, se montre impitoyable envers ses troupes. S’il juge la progression trop lente, il remplace les troupes sur le front ou limoge des officiers.
Du côté allemand, les régiments sont hétéroclites et proviennent de diverses divisions dont la plupart ont subi de lourdes pertes au contact des troupes aéroportées américaines les premiers jours du débarquement. À peu près aucune troupe blindée ou mobile ne peut leur être envoyée en renfort, en raison de la menace sur Caen plus à l’est. Les renforts d’infanterie n’arrivent que très lentement et sont lancés dans la bataille au compte-goutte. L’inondation des vallées de la Douve et du Merderet par les Allemands joue maintenant en leur défaveur, car elle assure la protection du flanc sud des Américains.
Dès le , aucun obstacle naturel ne freine l’avancée des troupes américaines. Le commandement allemand est en pleine confusion. Les commandants sur le front (dont le Generalfeldmarschall Rommel) battent en retraite vers les fortifications du mur de l’Atlantique à Cherbourg, d’où ils auraient pu soutenir un long siège. Adolf Hitler, depuis son quartier général de Prusse-Orientale, ordonne aux troupes allemandes de tenir leurs positions à l’endroit exact où elles se trouvent, en dépit de l’immensité du risque.
Tard le , Hitler consent au retrait des troupes, mais établit une nouvelle ligne de défense, illogique, s’étendant sur toute la péninsule, tout juste au sud de Cherbourg. Rommel s’oppose à cet ordre, mais relève néanmoins de ses fonctions le général Fahrmbacher, commandant du 84e corps d’armée allemand, qu’il soupçonne d’essayer de passer outre aux ordres du Führer.
Le 18 juin, la 9e division d’infanterie américaine atteint la côte ouest de la presqu’île, isolant ainsi les 709e et la 243e divisions d’infanterie allemandes au nord.
En 24 heures, les 4e, 9e et 79e divisions d’infanterie américaines avancent vers le nord sur un large front, sans beaucoup d’opposition depuis l’ouest de la péninsule tandis qu’à l’est, aux environs de Montebourg, l’ennemi, épuisé par une dizaine de jours de combats, s’effondre. À Brix, plusieurs caches de V1 sont découvertes ainsi qu’une installation de V2.
En deux jours, Cherbourg est à la portée d’une attaque des divisions américaines. Le commandant de la garnison allemande, le Generalleutnant von Schlieben, dispose de 21 000 hommes. Cependant, la plupart de ses effectifs sont recrutés à la hâte dans les unités de la marine ou de travailleurs, ou encore proviennent des unités de combats fatiguées et désorganisées qui ont battu en retraite sur Cherbourg. Vivres, carburant et munitions manquent. La Luftwaffe essaie de faire le ravitaillement, mais le ciel normand est largement dominé par les avions alliés et les quelques avions allemands larguent surtout des articles comme des croix de fer pour remonter le moral des troupes. Toutefois, von Schlieben refuse de se rendre et l’amiral Hennecke entreprend de démolir le port pour qu’il ne puisse servir aux Alliés.
Collins lance l’assaut le 22 juin. La résistance est vive, les combats se déroulent dans les rues et au large entre les cuirassés alliés et les canons allemands. Mais, lentement, les Américains chassent les Allemands de leurs bunkers et de leurs blockhaus. Le 26 juin, la 79e division prend le fort du Roule, qui domine la ville et ses défenses, mettant ainsi fin à toute action organisée des troupes allemandes. Von Schlieben et Hennecke signent la reddition à 16 h au château de Servigny. Les troupes qui défendent les fortifications du port et l’arsenal se rendent au bout de quelques jours, et certaines troupes allemandes à l’extérieur des fortifications résisteront jusqu’au 1er.
Les Allemands, en raison de la rapidité d’intervention des Alliés et des ordres incohérents de Hitler, ont subi une lourde défaite. Ce ne sont pas moins de 39 000 soldats allemands qui seront faits prisonniers à la suite de cette victoire alliée. Côté américain les pertes furent lourdes : sur les 135 officiers et les 2 838 hommes dont disposait le 325e régiment d’infanterie et de planeurs de la 82e division aéroportée, il ne restait le 2 juillet, plus que 55 officiers et 1 245 hommes puis, le 6 juillet, 41 officiers et 956 hommes. Sa compagnie de chasseurs la plus fournie était de 57 hommes et la plus meurtrie en avait seulement 12. À l’évidence la traversée du bocage normand s’avérait difficile et périlleuse. Les Allemands avaient si consciencieusement démoli et miné le port, que les premiers navires n’y accostent qu’à la fin de juillet. Il faut attendre à la mi-août pour que le port soit en partie utilisable. Alors que Hennecke se voit décoré par Hitler de la Croix de chevalier de la Croix de fer pour « un exploit sans précédent dans les annales de défense côtière », le général Friedrich Dollmann, commandant la VIIe armée allemande, meurt d’une crise cardiaque (ou se suicide, les raisons de sa mort n’étant pas clairement établies) le 28 juin après avoir appris que la prise de Cherbourg lui vaut la cour martiale.
Jusqu’à la libération des accès du port d’Anvers en novembre 1944, Cherbourg est le port le plus actif du monde, d’où arrive pour le front le carburant (PLUTO) et d’où partent pour les combats, les hommes et le matériel (la Red Ball Express par route et le Toot Sweet Express par voie ferrée). D’où l’acharnement allemand à interdire son accès. Navires, remorqueurs, grues et autres engins sont jetés à l’eau dans les bassins et dans la rade et le port devient inutilisable. En novembre 1944, la Commission locale des renflouements de Cherbourg est créée avec pour mission de tout mettre en œuvre pour renflouer les navires qui peuvent l’être et de déblayer tous les accès au port. Après six ans de travaux titanesques, la venue du paquebot Queen Elizabeth marque le retour de Cherbourg parmi les ports transatlantiques les plus prestigieux.
Après la guerre, le gouvernement allemand est contraint de payer des réparations aux civils et aux familles des civils de Cherbourg que la guerre a tués, affamés ou privés de toit. Cherbourg est citée à l’ordre de l’armée le , et rendue à la France par les Américains le 14 octobre.
30 juin 1953 : le SNCASO Vautour est le premier avion européen biplace à franchir le mur du son (en piqué).
Au début des années 1950, l’armée de l’Air émet une demande pour un chasseur lourd propulsé par deux réacteurs SNECMA Atar. Ayant travaillé sur un projet de bombardier finalement abandonné, le SNCASO SO.4000, Jean-Charles Parot de la SNCASO en propose un dérivé de taille inférieure avec les réacteurs installés sous les ailes, une soute ventrale pour l’emport d’armement, quatre canons de 30 mm, des missiles Matra R511 (uniquement pour le Vautour IIN), une très bonne autonomie et une vitesse maximale supérieure à 1 000 km/h.
Le projet est accepté en 1952 et trois versions demandées :
- Vautour II A : avion d’attaque au sol (monoplace) ;
- Vautour II N : chasseur tous temps (biplace en tandem doté d’un radar) ;
- Vautour II B : bombardier (biplace avec un navigateur/bombardier installé à l’avant du nez vitré). Le IIB est dépourvu de canon.
Le premier prototype, un Vautour II N, fait son vol inaugural le avec des réacteurs Atar 101 B. En , il reçoit des Atar 101 C et dépasse le mur du son en piqué. Le prototype du Vautour II A décolle lui pour la première fois le , et celui du Vautour II B le . Ces prototypes sont suivis par 6 exemplaires de présérie équipés de réacteurs Atar 101 D puis Atar 101 E.
Après quelques modifications, la production en série est lancée à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et le premier Vautour livré officiellement en . La commande initiale de 300 exemplaires est finalement réduite à seulement 140 fin 1958. L’armée de l’Air réalise rapidement qu’elle n’a pas besoin du Vautour II A et, après les avoir utilisés pour l’entraînement de ses pilotes, les propose à l’exportation.
Malgré son allure massive, le Vautour était très manœuvrable et agréable à piloter. Sa fabrication fit appel à des techniques avancées pour l’époque : collage métallique et emploi de matériaux de type nid d’abeille. Son train d’atterrissage était un train monotrace composé de deux diabolos en tandem sous le fuselage et de deux roulettes nommées « balancines » dans les nacelles des réacteurs.
30 juin 1990 : mort à 72 ans de Louis Rubaud, compagnon de la Libération.
Louis Ambroise Joseph Rubaud naît à Dol-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine le . Il est le fils d’un employé des Chemins de fer et passe son certificat d’études primaires, puis devient menuisier.
Il s’engage dans la Marine nationale en comme matelot charpentier. Il est affecté sur le croiseur Jeanne d’Arc jusqu’en juillet 1939.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Louis Rubaud sert sur le cuirassé Paris. Lors de la déroute de , le Paris est évacué vers l’Angleterre, à Portsmouth, où il est saisi par les Anglais.
Après l’Appel du 18 Juin par le général de Gaulle, Louis Rubaud choisit d’y répondre pour continuer le combat. Il s’engage dans les Forces françaises libres le 1er. Le 1er bataillon de fusiliers marins (1er BFM) est en cours de formation, il y est incorporé et devient donc fusilier marin.
Avec le 1er BFM, Rubaud prend part à la bataille de Dakar en septembre 1940, et à la campagne du Gabon en novembre suivant. Il part ensuite au Moyen-Orient pour la campagne de Syrie en juin 1941.
Il participe ensuite à la guerre du Désert, comme quartier-maître de 1re classe et chef de pièce de DCA. Il s’illustre particulièrement à El Telim en Libye le 5 avril 1942 et à la bataille de Bir-Hakeim en mai-juin 1942.
Promu second maître, il se distingue encore à la campagne d’Italie de mai à juin 1944. Il participe ensuite au débarquement de Provence et août 1944 puis aux combats pour la libération de la France.
À la bataille des Vosges il permet de faire des prisonniers le 27 septembre 1944. Au cours de la bataille d’Alsace, en patrouillant le 28 novembre 1944 près de Masevaux, il prend l’initiative, sous le feu adverse, de faciliter le passage de l’infanterie alliée jusqu’à Sickert.
Il termine la guerre dans les Alpes, à la bataille du massif de l’Authion du 10 au 13 avril 1945, où avec un effectif à moitié anéanti, il permet quand même l’avance des chars vers Cabanes-Vieilles, Plan Caval et Giabiella, puis à Ventabren il sauve un officier de char, et est blessé lui-même.
Il est fait Compagnon de la Libération par le décret du
Après la fin de la guerre, Rubaud est promu maître et choisit de continuer à servir la Marine. Il est affecté sur de nombreux navires successifs, et prend sa retraite de premier maître charpentier en septembre 1962.
Louis Rubaud passe sa retraite à La Crau dans le Var, dans un logement qu’il s’est trouvé en 1948, près du béal au bord duquel il avait combattu. Au début de sa retraite, il travaille comme menuisier pour une entreprise locale. Il meurt le à Toulon, et est enterré à La Crau.
30 juin 1996 : mort à 86 ans du pilote et as américain de l’US Navy David McCampbell.
McCampbell s’engagea dans la marine en 1933 et servit comme pilote de chasse embarqué durant la Seconde Guerre mondiale. Il y devint est le meilleur as sur Grumman F6F Hellcat et de toute l’US Navy avec 34 victoires aériennes confirmées, soit le troisième meilleur score d’un pilote américain durant ce conflit.
L’officier descendit notamment sept avions japonais en deux sorties distinctes le lors de la bataille de la mer des Philippines. Le suivant en pleine bataille du golfe de Leyte, il établit cette fois le record américain de neuf victoires lors d’une unique mission durant laquelle les forces américaines entreprendront la reconquête de l’archipel philippin.
Il recevra pour ces deux actions la Medal of Honor et se retirera de la Navy en 1964 avec le grade de Captain. Il décède en 1996 et est enterré au cimetière national d’Arlington.
30 juin 2009 : transfert de compétences des US aux Irakiens (Bagdad – Irak).
Présents depuis 2003 en Irak, les troupes américaines procèdent officiellement au transfert de compétences dans les grands centres urbains et débutent le désengagement de leurs 140 000 soldats.
30 juin 2015 : dissolution du 1er RAMa.
Le plus ancien régiment des troupes de marine mais également le plus décoré des régiments d’artillerie française est dissous.