9 juillet 1386 : bataille de Sempach (Suisse).
Elle opposa les troupes du duché d’Autriche menées par Léopold III de Habsbourg, qui sera tué dans la bataille, et celles de Lucerne appuyées par des éléments provenant d’Uri, Schwytz et d’Unterwald. De nombreux nobles alsaciens qui combattirent sous la bannière des Habsbourg furent tués lors de cette bataille. On chiffre ce nombre de tués à 15 % de la noblesse alsacienne. Elle est considérée comme l’une des batailles majeures permettant à la Confédération suisse naissante de s’affranchir des prétentions des Habsbourg. Selon la légende, Arnold Winkelried, en se sacrifiant, aurait permis aux confédérés de percer les lignes ennemies, leur assurant ainsi la victoire.
Près de cent ans auparavant, les cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald se sont unis, en août 1291, dans une alliance défensive.
Les Habsbourg avaient à cette époque d’autres soucis, ils ne pouvaient comprendre la volonté des régions séparatistes situées autour du col du Gothard. Ils essayèrent, néanmoins, de temps en temps, de venir récupérer leurs biens. Le duc Léopold 1er en tant que seigneur de l’abbaye d’Einsiedeln, en 1315 marcha contre les Suisses qui avaient attaqué le lieu saint et fait prisonniers certains. Les Suisses défirent cependant son armée à Morgarten.
Lucerne avait rejoint en 1332 la confédération des Waldstätten mais appartenait encore de droit aux Habsbourg. À partir de 1380 Lucerne commença à agrandir son territoire. Il acquit le bailliage de Weggis, conquit les villes habsbourgeoises de Rothenburg et Wolhusen, accueillit l’Entlebuch et la ville de Sempach dans sa bourgeoisie. Les baillis Petermann 1er von Grünenberg, Peter von Thorberg et Claus Trube furent expulsés.
Léopold III de Habsbourg, assembla péniblement derrière sa bannière la noblesse souabe et argovienne à Brugg. La Confédération avait également été rejointe par Zurich (1351), Glaris (1352), Zug (1352) et Berne (1353). La ville de Berne, que les Confédérés avaient pourtant aidée lors de la bataille de Laupen, se tint en retrait et n’apporta aucune aide aux Confédérés à Sempach.
Léopold III avait eu de la peine à lever une armée pour mener sa campagne. Les mercenaires recrutés coûtaient très cher. Léopold dut mettre en gage certaines de ses terres d’Italie du Nord. Cela en valait la peine selon lui, car il n’acceptait en aucun cas d’abandonner sa suzeraineté sur la Suisse sans combattre. Après que l’armée se fut assemblée à Brugg, Léopold marcha tout d’abord, à la tête de ses chevaliers et de ses soldats, sur Lucerne. Ils furent bientôt repérés par les Confédérés mais ceux-ci pensèrent que les Autrichiens voulaient attaquer Zurich et ils rassemblèrent une importante armée. Lorsqu’ils se rendirent compte de leur erreur, ils déplacèrent leur troupe à marche forcée en direction de Lucerne.
Non loin de Sempach, dans la ville habsbourgeoise de Sursee, Leopold passa sa dernière nuit dans un camp militaire. Au petit matin du 9 juillet, sous le commandement de Johann von Ochsenstein et de Hans Truchsess von Waldburg, l’armée s’ébranla en direction de Sempach, où elle allait rencontrer l’armée confédérée.
Sur une colline, le duc fit mettre pied à terre à ses chevaliers et fit mettre en place une ligne de défense avec des lances. Les chevaliers s’attendaient à une attaque frontale, pensant que leurs quatre lignes de lanciers formaient un obstacle insurmontable. Contrairement aux chevaliers, les Suisses portaient un équipement léger, chaque homme portant sa hallebarde.
Après avoir dit une courte prière, les Confédérés attaquèrent cette position qui semblait inexpugnable. Ils se brisèrent littéralement, perdant lors du premier choc environ 60 Lucernois, dont leur chef, l’avoyer Petermann von Gundoldingen (de). Selon la légende, un homme d’Unterwald, Arnold von Winkelried, se sacrifia alors. Il se jeta contre les lances et ouvrit ainsi une brèche dans le mur ennemi, ce qui permit aux Confédérés d’enfoncer le dispositif ennemi. Ensuite, les fameuses hallebardes suisses infligèrent de lourdes pertes aux chevaliers que leurs armures handicapaient plus qu’elles ne les protégeaient. Le duc Léopold est mort et, avec lui, un grand nombre de nobles et de chevaliers. Le duc fut enterré dans le cloître de Königsfelden, près de Brugg, où la veuve de son ancêtre assassiné, Albert 1er, avait érigé le mausolée en 1308. Les Confédérés, de leur côté, restèrent encore trois jours sur le champ de bataille pour prier.
La fine fleur de la chevalerie alsacienne disparaît dans la tourmente : il n’est pas une famille qui ne soit touchée : Andlau, Ochsenstein, Morimont, Géroldseck, Müllenheim, Waldner, Reinach, Ottenheim, Tierstein, Dicka… Parmi les alliés suisses des Habsbourg, on compte notamment l’avoyer de Zofingue Niklaus Thut, qui aurait selon la légende mangé la bannière de sa ville pour éviter qu’elle tombe en mains ennemies.
9 juillet 1429 : fin du siège de Troyes débuté le 4 juillet.
Le siège de Troyes est un épisode de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons et de la guerre de Cent Ans. Du au , les troupes du roi de France Charles VII, assistées de Jeanne d’Arc, assiègent la ville de Troyes tenue par les Bourguignons. À l’issue du siège, la ville se rend, permettant au roi d’aller se faire sacrer à Reims.
Évincé du trône de France par le traité de Troyes en 1420, Charles VII entend reconquérir aux Anglais son royaume. En 1429, il reçoit le soutien de Jeanne d’Arc. Celle-ci délivre Orléans, assiégé par les Anglais, puis l’armée anglaise est vaincue lors de la bataille de Patay (à laquelle ne prend pas part Jeanne d’Arc). Jeanne d’Arc convainc ensuite le roi d’aller se faire sacrer à Reims afin de renforcer sa légitimité.
Début juillet, sur le chemin qui mène à Reims, Charles VII s’arrête aux portes de la cité de Troyes. Cette ville, restée fidèle au parti bourguignon et au roi d’Angleterre, refuse catégoriquement d’ouvrir ses portes au Dauphin : quelques jours auparavant, les Troyens avaient réitéré leur serment d’allégeance à Henri VI, « roi de France et d’Angleterre ». Les habitants de la ville restent sourds aux ordres du roi légitime.
La décision de faire le siège de la ville ne se fait pas attendre. L’armée française cerne la cité de Troyes et se prépare à tenir un siège que l’on espère assez bref. Au bout du quatrième jour, les assiégeants se trouvent à court de provisions de bouche. Décision est prise de réunir un conseil afin de réfléchir sur les mesures à prendre. Jeanne d’Arc y fait son entrée. S’adressant au roi, elle lui demande si l’héritier du trône de France aura foi en ses paroles qu’elle va prononcer, ce que Charles VII confirme : « Gentil Dauphin, cette cité est vôtre. Si vous voulez demeurer devant deux ou trois jours, elle sera en votre obéissance par amour ou par force ; et n’en faites aucun doute ». Renault de Chartres, chancelier de Charles, avoue ses doutes à Jeanne d’Arc sur la véracité de ses dires malgré leur bonne volonté de continuer le siège pendant quelques jours encore : « N’en faites aucun doute. Vous serez maître de la ville ».
Dans le Recueil des Croniques et Anchiennes Istories de la Grant Bretaigne, à présent nommé Engleterre de Jehan de Wavrin le siège de Troyes y est représenté. On peut voir les défenseurs amassés à l’intérieur d’un bastion de bois qui protège l’accès au pont et à la porte de la ville. La palissade est elle-même protégée par un talus.
Jeanne d’Arc, déclarant avoir reçu la mission de préparer l’assaut de la ville, harangue ses troupes en ce sens. Les Troyens, apercevant Jeanne d’Arc au milieu de ses soldats, prennent peur et demandent à discuter des conditions de reddition de la cité. Dès le lendemain, Troyes ouvre ses portes et Charles peut pénétrer dans la ville redevenue française. Il ne reste guère longtemps à Troyes et poursuit peu après sa route vers Reims, dont il s’empare le 16 juillet. Le lendemain, il s’y fait sacrer roi de France sous le nom de Charles VII.
9 juillet 1755 : bataille de Monongahela / défaite de Braddock (États-Unis).
La bataille de la Monongahela est une victoire française qui met un terme à l’expédition Braddock, lors d’une tentative britannique infructueuse visant à prendre Fort Duquesne aux Français pendant l’été 1755 dans les mois qui précèdent la déclaration de la guerre de Sept Ans. L’expédition tient son nom du général Edward Braddock, qui commande alors les forces britanniques et y laisse la vie. La défaite de Braddock lors de cette bataille de la Monongahela est un revers majeur pour les Britanniques lors des premières étapes de la guerre avec la France. La défaite a vraisemblablement influencé la décision de déporter les Acadiens de la Nouvelle-Écosse.
Quittant Fort Cumberland dans le Maryland le 29 mai 1755, l’expédition se trouve confrontée à un important problème de logistique : déplacer une troupe importante avec son équipement, ses provisions et surtout de très lourds canons, à travers la région fortement boisée des monts Allegheny et de l’Ouest de la Pennsylvanie, un voyage de presque 200 km. Braddock a reçu un fort soutien de Benjamin Franklin, qui l’a aidé à réunir des chariots et des provisions pour l’expédition. Parmi les conducteurs de ces chariots se trouvent deux hommes qui sont devenus des personnages de légende dans l’histoire américaine : Daniel Boone et Daniel Morgan. Parmi les Britanniques on trouve Thomas Gage, Charles Lee et Horatio Gates.
L’expédition progresse lentement, certains jours elle ne parcourt que trois kilomètres, créant lors de leur avance la Braddock’s Road. Pour accélérer le mouvement, Braddock divise ses troupes en une « colonne volante » d’environ 1 500 hommes (sous son commandement), et une colonne de transport (commandée par le colonel Thomas Dunbar), qui se trouve bientôt loin derrière. Ils passent devant les ruines de Fort Necessity sur leur chemin, où les Français ont défait Washington l’été précédent. De petits groupes de Français et d’Indiens harcèlent les hommes de Braddock pendant leur marche, mais ce ne sont que des escarmouches mineures.
Pendant ce temps à Fort Duquesne, la garnison est composée d’environ 250 hommes des troupes régulières et de la milice canadienne et environ 640 alliés indiens qui campent hors du fort. Les Indiens font partie de diverses tribus qui depuis très longtemps sont alliées des Français, comme les Outaouais, Ojibwas, et Potawatomis. Les commandants français, Jean-Daniel Dumas et Daniel Liénard de Beaujeu, qui reçoivent régulièrement des rapports des éclaireurs indiens concernant l’avance des troupes britanniques, réalisant qu’ils ne pourront pas résister au canons de Braddock, décident de lancer une attaque préventive : une embuscade lors de la traversée par les troupes de Braddock de la Monongahela. Les alliés indiens sont d’abord réticents à attaquer une force britannique aussi nombreuse, mais Beaujeu leur fait cadeau de tenues de combat et autres présents, ce qui les persuade de le suivre.
Les troupes françaises sont composées de 216 soldats des troupes régulières, 146 miliciens canadiens, 637 indiens outaouais, ojibwa et potawatomi.
Les troupes anglaises sont composées de 1 350 soldats des troupes régulières, environ 1 000 miliciens et civils. Environ 1 300 prennent part au combat.
Le , les hommes de Braddock traversent la Monongahela sans rencontrer d’opposition, à environ quinze kilomètres de Fort Duquesne. L’avant-garde sous le commandement du lieutenant-colonel Thomas Gage continue son avance, et tombe sur les Français et les Indiens qui se précipitent vers la rivière mais arrivent trop tard pour tendre leur embuscade. Lors de la furieuse escarmouche avec les hommes de Gage, le commandant français, Daniel Liénard de Beaujeu, est tué, cependant, en apparence sa mort n’affecte pas les troupes françaises et leurs alliés indiens qui poursuivent l’attaque.
La bataille, que l’on nomma ensuite la « bataille de la Monongahela » (ou simplement la « défaite de Braddock »), débute.
La colonne de 1 500 hommes de Braddock fait face à moins de 900 Français et Indiens. La « bataille de la Monongahela », souvent décrite comme une embuscade, est en fait un engagement impromptu entre les deux forces en présence.
La réaction vive des Français et des Indiens amenèrent nombre d’hommes de Braddock à croire à une embuscade. Cependant, les documents français attestent que leurs troupes et celles des Indiens étaient arrivées en retard pour préparer une embuscade et ont été tout aussi surprises que celles des Britanniques.
Après une forte résistance, l’avant-garde de Gage se replie. Il se heurte aux troupes de Braddock qui, ayant entendu la fusillade, se sont précipitées à leur secours. Il s’ensuit un chaos au sein de leur colonne alors que les miliciens canadiens et les Indiens tirent sur les Britanniques depuis des arbres et des ravines sur les bas-côtés du chemin. À ce moment les troupes régulières françaises commencent leur avance par le chemin pour repousser les Anglais.
Suivant l’exemple de Braddock, les officiers s’efforcent de rassembler leur troupes pour les remettre en ordre de bataille sur le chemin, la plupart du temps en vain, offrant simplement des cibles faciles à leurs adversaires. Les Britanniques tentent même d’utiliser le canon qui n’a que peu d’effet sur cette route entourée d’une épaisse forêt. La milice coloniale qui accompagne les Britanniques fuit ou se met à couvert et renvoie un feu nourri. Dans la confusion qui règne, certains des miliciens qui tirent depuis la forêt sont pris pour des ennemis par les Britanniques qui ouvrent le feu sur eux.
Finalement, après trois heures de combat intense, Braddock est abattu sur son cheval et la résistance s’effondre. Cependant, George Washington, qui n’a aucune fonction officielle dans la chaîne de commandement, parvient à maintenir un certain ordre dans l’arrière-garde, ce qui permet à l’avant-garde de se replier. Ceci lui vaut le surnom de « Hero of the Monongahela » ainsi que des louanges et établit son aura par la suite.
Au coucher du soleil, les troupes britanniques et américaines se replient le long de la route qu’ils ont construite. Braddock meurt de ses blessures durant la retraite, le 13 juillet, puis il est enterré à Fort Necessity.
Sur les 1 460 hommes de Braddock, 456 ont été tués et 421 blessés. Les officiers furent les cibles principales sur 86, 63 furent tués ou blessés. Sur environ 50 femmes qui accompagnaient la colonne, comme cantinières, seules 4 survécurent. Les quelque 250 Français et Canadiens comptèrent 8 morts et 4 blessés ; leurs 637 alliés indiens, 15 morts et 12 blessés.
Le colonel Dunbar, avec ses troupes d’arrière-garde, prend le commandement lorsque les survivants les rejoignent. Il ordonne la destruction des provisions et des canons avant de se replier, brûlant sur place quelque 150 chariots. À ce moment pourtant, les troupes britanniques démoralisées et désorganisées sont toujours largement supérieures en nombre aux troupes françaises qui ne se sont même pas risquées à les poursuivre.
La défaite de Braddock lors de la bataille de la Monongahela est un évènement important pour les gens de la région. Les Français et leurs alliés indiens prirent la haute main dans la lutte pour le contrôle de l’Ohio Country, et une guerre féroce s’engagea alors sur la frontier. Les Indiens de la région qui étaient plutôt enclins à la neutralité dans ce conflit durent choisir leur camp et les colons de Pennsylvanie et de Virginie se retrouvaient dès lors sans la protection de soldats de métier et durent s’organiser pour se défendre eux-mêmes. Cette guerre brutale sur la frontier continua jusqu’à ce que les Français abandonnent Fort Duquesne après l’expédition réussie du général John Forbes en 1758.
Une autre conséquence notable de la défaite de Braddock fut son effet sur la réputation de George Washington. Washington, malgré son état de santé précaire avant la bataille, s’y distingua par son calme et son courage sous le feu de l’ennemi. Il émergea du désastre comme le héros militaire de la Virginie.
Par ailleurs, les Français saisirent un grand nombre de documents indiquant des plans d’attaques anglais contre les forts Frontenac, Niagara et Saint-Frédéric sur le lac Champlain qui menèrent 2 mois plus tard à la bataille du lac George.
Finalement, la défaite a vraisemblablement influencé le conseil législatif de la Nouvelle-Écosse à approuver la décision du gouverneur Charles Lawrence de déporter les Acadiens.
Le débat de savoir comment Braddock, avec des soldats de métier, supérieurs en nombre et mieux armés, avait pu faillir si misérablement commença sitôt après la bataille et persiste aujourd’hui encore. Certains blâmèrent Braddock ou ses officiers, d’autres les troupes régulières britanniques ou la milice coloniale. George Washington, pour sa part, soutint Braddock et mit la faute sur les troupes régulières.
Les tactiques de Braddock font toujours débat. Une école soutient que Braddock appliquait les méthodes de combat européennes de l’époque, où les hommes se tenaient côte à côte échangeant des volées de plombs à l’unisson, ce qui n’était pas approprié dans le contexte de la frontier et lui coûta la victoire. La tactique des escarmouches que les colons américains avaient appris de leurs luttes sur la frontier, où les hommes se mettaient à couvert et faisaient feu individuellement (« à l’indienne »), était bien supérieure dans l’environnement sauvage américain.
Une interprétation moins commune, mais qui a sans doute la faveur des historiens militaires, veut que l’efficacité d’un feu nourri à l’européenne était incomparable lorsqu’il était proprement exécuté et que la supériorité de la tactique de la frontier est un mythe américain. Selon les partisans de cette théorie, Braddock n’échoua pas parce qu’il n’avait pas appliqué les méthodes de combat de la frontier, mais parce qu’il n’avait pas appliqué la doctrine militaire traditionnelle, en particulier celle d’une reconnaissance en profondeur du terrain hostile.
9 juillet 1790 : bataille de Svenskund (golfe de Finlande).
La bataille de Svensksund est une bataille qui s’est déroulée dans le golfe de Finlande, entre les îles de Kotkansaari, de Mussalo et de Kuutsalo de la ville actuelle de Kotka, les 9 et au cours de la guerre russo-suédoise de 1788-1790.
La flotte suédoise y infligea à son homologue russe une grave défaite qui conduisit à la fin des hostilités. C’est la plus importante bataille navale à avoir eu lieu dans la mer Baltique, avec plus de 300 navires et de 30 000 hommes engagés dans le combat, ainsi que l’une des plus importantes batailles navales de l’histoire en termes de navires impliqués.
La guerre entre la Russie et l’Empire ottoman et le départ d’une partie de la flotte russe de la mer Baltique pour la mer Noire a poussé le roi Gustave III de Suède à attaquer la Russie en 1788. C’est à la fois une diversion pour détourner l’opinion publique des problèmes intérieurs et une tentative pour reprendre les territoires finlandais perdus par la Suède à l’issue de la guerre des Chapeaux en 1743.
En 1788, Gustave III commence une campagne navale dans le golfe de Finlande en essayant d’exploiter la relative faiblesse des Russes. Son plan est d’attaquer Kronstadt et Saint-Pétersbourg mais l’armée suédoise est divisée par des luttes de factions et, en conséquence, il est contraint de compter quasi-uniquement sur sa marine, et notamment sa nouvelle flotte côtière de défense basée à Sveaborg.
La marine suédoise est constituée pour l’essentiel de canonnières spécialement conçues pour des opérations amphibies dans la mer Baltique mais la bataille de Hogland (1788) se solde par un échec stratégique des Suédois. En 1789, les Russes reprennent l’initiative et les tensions politiques s’accroissent en Suède.
En 1790, une tentative d’assaut sur Vyborg échoue, et la flotte suédoise, prise au piège dans la baie, parvient à s’échapper le 3 juillet lors de la bataille de la baie de Vyborg, mais au prix de lourdes pertes. Après s’être réfugiés à Svensksund, le roi Gustave III et son second, le lieutenant-colonel Carl Olof Cronstedt, préparent la flotte à l’attaque russe attendue. Au matin du , la bataille commence et, bien que les Russes aient la supériorité en terme numérique ainsi qu’en puissance de feu, les Suédois sont placés dans une forte position défensive en forme de L. Le premier jour, l’attaque russe est dispersée par le vent et la mer démontée et les Russes sont repoussés par un tir nourri de l’artillerie côtière et des navires suédois à l’ancre.
Les Suédois font alors avancer leurs canonnières sur le flanc gauche et une mésentente à la suite d’ordres mal compris pousse les canonnières russes à fuir. Les galères russes, privées de la protection des canonnières, sont coulées ou s’échouent et plusieurs navires de ligne, qui se sont mis à l’ancre pour éviter de sombrer à cause des conditions de navigation déplorables, sont abordés et incendiés ou capturés. Vers 16 heures, la flotte russe mise en pièces se retire mais est poursuivie jusqu’au crépuscule par les Suédois.
Le lendemain matin, la flotte suédoise continue la poursuite et complète son écrasante victoire. Les Russes ont perdu environ la moitié de leurs hommes (tués ou capturés) et 73 de leurs navires ont été coulés, incendiés ou capturés (dont leur navire-amiral, le Catarina) alors que les Suédois n’ont perdu que 5 navires et environ 300 hommes.
Cette défaite pousse la Russie à négocier avec la Suède et les deux pays signent la paix de Värälä le , par lequel ils se rendent leurs conquêtes mutuelles. Après la guerre, les Russes, ayant pris conscience de la vulnérabilité de leur système défensif en Finlande, débutent un programme massif de construction et de rénovation de fortifications sur la rive orientale de la Kymijoki, frontière entre les deux pays.
9 juillet 1860 : début des massacres de Damas (Syrie).
Le massacre de Damas du 9 au est celui de chrétiens par des druzes. Entre 10 000 et 22 000 chrétiens périssent à travers le Liban, dont quatre à six mille personnes dans la seule ville de Damas. Des milliers de chrétiens sont sauvés par l’émir Abd el-Kader (1808-1883).
Les massacres de Damas interviennent à la suite des massacres des chrétiens du Mont Liban par les druzes principalement. Ce qui les déclencha principalement fut la chute de la ville de Zahlé (à majorité melkite grecque-catholique), considérée imprenable par tous, et l’impunité des coupables des massacres du Mont Liban, laissant à penser que les massacres de chrétiens ne seraient pas réprimandés par la Sublime Porte, le gouvernement Ottoman. Il est nécessaire de rappeler aussi que ces massacres intervinrent sûrement par le jeu de manipulations externes et internes, mais aussi principalement par des rivalités économiques, les chrétiens étant principalement détenteurs de monopoles sur certains marchés, et ayant probablement suscité des jalousies. Ces évènements interviennent aussi dans une logique d’affaiblissement de l’Empire ottoman, du Printemps des peuples en Europe en 1848, et de la nouvelle égalité plus ou moins accordée par la Porte pour l’ensemble de ses sujets. Cette période cauchemardesque de l’histoire des chrétiens d’Orient fut la cause principale du début de leur exode vers l’Europe, l’Afrique et les Amériques mais aussi vers l’Égypte, où de nombreuses familles syriennes et libanaises chrétiennes s’installèrent à la fin du XIXe siècle.
Les troubles confessionnels du Mont-Liban se sont étendus à Damas entre le 9 et le . Sans que le gouverneur ottoman de la ville, Ahmed Pacha, ne décide de s’interposer, des fanatiques attaquèrent les quartiers chrétien, melkite et maronite, tuant plus de cinq mille habitants selon le général d’Hautpoul.
L’émir Abd el-Kader intervint pour arrêter le massacre et protéger, au péril de sa vie, la communauté des chrétiens de Damas. Grâce à son influence auprès des dignitaires de la ville et aux membres de sa suite qui l’avaient suivi dans son exil, on estime que seules 5 000 personnes périront, sur une population concernée évaluée à environ 20 000. Par ailleurs, ces évènements entraînèrent l’exil, au Caire ou à Beyrouth notamment, de plusieurs milliers d’habitants chrétiens de Damas.
Abd el-Kader dût même s’interposer par la force, avec les membres de sa suite, pour protéger les familles chrétiennes venues se réfugier en nombre dans le quartier des Algériens. Il fait exécuter certains pillards. Encore aujourd’hui, certains Syriens sont appelés « Algériens » en référence à ces membres de la suite d’Abd el-Kader dont ils sont descendants et des Algériens qui se sont regroupés autour de lui dans son exil, installés dans le quartier de Salhieh (qui à l’époque était encore un réseau de petites ruelles ottomanes, et non le quartier à l’architecture coloniale que l’on connaît aujourd’hui).
Napoléon III envoie une expédition armée à but humanitaire. L’expédition française en Syrie dura du mois d’ au mois de . Cette intervention, faite au nom de l’Europe, devra permettre l’établissement d’un régime nouveau pour les provinces syriennes fixé par une commission internationale. Face aux Français, la Porte a envoyé le ministre Fouad Pacha, chargé de pouvoirs extraordinaires, afin de régler la question syrienne. Précédant les Français, il prend le contrôle de Damas et mène une vigoureuse répression : “plus d’une centaine d’exécutions frappe les responsables présumés des massacres tandis que de nombreux notables sont exilés. Le but du ministre est double : rendre sans objet une intervention européenne dans le territoire syrien et, en sanctionnant durement les notables de Damas, porter un coup décisif aux autonomies provinciales syriennes et renforcer la centralisation politique.”
Le règlement de 1861 fonde une province autonome du Mont-Liban sous l’autorité d’un gouverneur chrétien de haut rang administratif, sans que soit spécifiée son origine. Il s’agira jusqu’en 1914 d’un chrétien non libanais venu d’une autre communauté catholique de l’empire, nommé par la Porte pour une durée déterminée mais après accord des puissances qui surveillent le respect des termes du règlement.
La conséquence pérenne de cette intervention est donc l’autonomie du Liban vis-à-vis de la Syrie, consacrée le par la nomination par le sultan d’un gouverneur propre à la nouvelle entité, l’Arménien Garabet Artin dit « Daoud Pacha ».
9 juillet 1925 : mort du biologiste et physiologiste René Quinton.
René Quinton est né le dans la ville de Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne), fils de Marie Amyot et de Paul Quinton, médecin et maire de Chaumes.
Il fait ses études au lycée Chaptal à Paris, puis il se consacre ensuite à la littérature en écrivant romans et pièces de théâtre, avec Flaubert pour modèle. À 22 ans, il entreprend des voyages dans les pays méditerranéens puis revient à Paris étudier la géologie, la paléontologie et la biologie au Muséum d’histoire naturelle.
À partir de 1895, René Quinton va élaborer une théorie selon laquelle certaines conditions de température, de composition et de concentration en composés chimiques du milieu dans lequel évoluent les cellules vivantes sont optimales pour le développement et l’activité de ces cellules. Selon Quinton, la température est un des grands moteurs de l’évolution, et les conditions idéales seraient celles du milieu marin aux origines de la vie. Encouragé et aidé par le médecin Étienne-Jules Marey, soutenu également par le zoologiste Edmond Perrier, il publiera ainsi L’Eau de mer, milieu organique (1905) exposant ses travaux sur le sujet. Il écrit : « En face des variations de tout ordre que peuvent subir au cours des âges les différents habitats, la vie animale, apparue à l’état de cellule dans des conditions physiques et chimiques déterminées, tend à maintenir, pour son haut fonctionnement cellulaire, à travers la série zoologique, les cellules constitutives des organismes dans le milieu marin des origines. » C’est le principe que son auteur appelle « Loi générale de Constance originelle ».
Les travaux de René Quinton sur l’intérêt thérapeutique de l’eau de mer sont présentés à l’Académie de médecine en sous le titre : « Mémoire sur l’eau de mer en injection sous-cutanée isotonique dans dix-huit cas de tuberculose ». En dépit du scepticisme et des résistances auxquelles se heurtait la nouveauté du traitement, René Quinton ouvre à ses frais, le , le premier « dispensaire marin », rue de l’Arrivée à Paris. Mettant en application sa théorie, il injecte à ses patients le plasma marin Quinton présenté comme ayant des vertus thérapeutiques, et aurait obtenu des résultats satisfaisants sur de jeunes patients moribonds, en particulier des enfants souffrant de rachitisme5, et ceux atteints de choléra. Les patients affluent (300 injections par jour) ; cela le conduit à la création d’autres dispensaires, à Paris. En 1911, il donne une conférence sur une question d’évolution, à savoir la persistance, à travers toutes les transformations animales, du milieu marin primitif.
Sa théorie biologique où l’oiseau est considéré comme le roi de la création le conduit à s’intéresser par la suite à l’aéronautique. En , René Quinton, ami de Ferdinand Ferber, fonde et préside la Ligue nationale aérienne, qui réunit des personnalités comme Henry Deutsch de la Meurthe, Paul Painlevé ou encore Ernest Archdeacon. Sa passion pour le sujet le conduit à sensibiliser l’opinion publique et à convertir industriels et personnalités politiques au rêve aérien. La ligue crée la première école de pilotage au monde à Juvisy, dirigée par Ferdinand Ferber.
En 1914, René Quinton a 48 ans. Capitaine de réserve dans l’artillerie, il est mobilisé dès le mois d’août. Il est promu chef d’escadron puis lieutenant-colonel d’artillerie de réserve. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1913, il est promu officier en 1917 puis commandeur en 1921. Blessé à plusieurs reprises, il est cité sept fois, portant ainsi la croix de guerre avec cinq palmes et deux étoiles. Ses faits d’armes lui valent les éloges du Maréchal Foch : « Officier de la plus rare intrépidité dont il est impossible d’énumérer les actes de bravoure… S’est affirmé comme un excellent commandant de groupe, ayant la plus grande autorité et sachant obtenir de son personnel le rendement maximum. » Il est aussi chevalier de l’Ordre de Léopold de Belgique.
René Quinton meurt le à Paris, à l’âge de 58 ans, d’un arrêt cardiaque. Son œuvre, dont le succès fut fulgurant de son vivant, est rapidement tombée dans un oubli relatif.
Lire les discours prononcés à ses obsèques, le 13 juillet 1925, sur GALLICA.
7-9 juillet 1944 : opération Charnwood (Caen).
Le but de cette opération n’est plus de contourner Caen mais d’y pénétrer. N’ayant pas rassemblé assez d’artillerie lourde, les Alliés choisissent d’employer l’aviation afin de préparer les opérations au sol. Les bombardiers lourds doivent saturer les faubourgs nord de la ville afin de détruire l’infanterie, les positions d’artillerie et de couper les Allemands de leurs arrières.
Le , de 21 h 50 à 22 h 30, 460 bombardiers de la Royal Air Force larguent plus de 2 500 tonnes de bombes explosives, puis un pilonnage intensif des positions allemandes est effectué : entre 300 et 400 civils français sont tués.
De ce chaos, de nombreux soldats allemands sortent hébétés. Certains régiments sont anéantis, d’autres unités sont isolées. La 16e division de campagne de la Luftwaffe, frappée de plein fouet par le bombardement aérien, perd 75 % de son effectif. La 12e Panzerdivision SS ne compte plus qu’un seul bataillon. Malgré ces pertes, les Allemands ne se découragent pas et les combats restent acharnés. La masse des décombres qui s’ajoutent aux énormes cratères empêche une progression rapide sur le terrain des blindés britanniques.
Le , à 4 h 20, trois divisions britanniques et canadiennes attaquent la ville, soutenues par trois brigades blindées : Rommel donne alors l’ordre de déplacer toutes les armes lourdes sur la rive sud de l’Orne.
Les Canadiens de la 3e Division d’infanterie délogent les SS de Buron et d’Authie, tandis que les Britanniques brisent les dernières résistances devant Lébisey. Au soir, les Allemands commencent à décrocher. Le au matin, les Canadiens enlèvent Carpiquet, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Venoix, la Maladrerie et pénètrent enfin dans Caen mais la destruction des ponts sur l’Orne les oblige à arrêter leur progression.
Plus à l’est, les Britanniques avancent lentement dans les rues rendues méconnaissables par les ruines causées par les bombardements à répétition. Le , la rive gauche de Caen est libérée.
9 juillet 1959 : opération Étincelles. (Algérie).
Lancée le 5 juillet dans le cadre du plan Challe, l’opération Etincelles permet de réduire l’activité du FLN dans les monts de Hodna. Véritable répétition de la grande opération Jumelles (juillet 1959-mars 1960), elle s’appuie sur l’action déterminante des commandos de chasse. Disséminés sur les zones de refuge rebelles, ces commandos localisent l’adversaire et guident l’intervention des forces aéroterrestres.
Que ce soit par la route, par les airs ou encore par voie maritime vingt-cinq mille hommes venus renforcer les 15 000 militaires du « plan Challe », il commence par la wilaya V, la plus avancée dans la voie de la pacification, du au , puis il continue en wilaya IV par l’opération « Courroie », couronne montagneuse de l’Algérois et Ouarsenis, du au , et, avec une moindre intensité, dans le Sud Département d’Oranais, du au . Pour éviter un repli vers l’est des unités kabyles, l’opération « Étincelles » traite le massif du Hodna, reliant la wilaya III à la wilaya I, du 9 au , puis l’opération Jumelles s’appesantit sur la wilaya III, du à la fin de . Peu après, les opérations « Pierres précieuses» (« Rubis », « Saphir », « Turquoise », « Émeraude » et « Topaze ») s’abattent sur la wilaya II, entre le et le , jusqu’en ; puis une deuxième série d’opérations « Pierres précieuses » revient sur les mêmes régions pendant plusieurs mois, jusqu’en .
Après le départ du général Challe en avril, son successeur, le général Crépin, revient encore sur l’Ouarsenis (« Cigale », du au ) et sur l’Atlas saharien (opérations « Prométhée », d’avril à ), mais il porte son principal effort sur la wilaya I : opération « Flammèches » dans les monts du Hodna, du 21 au , puis opérations « Trident » d’ jusqu’en . Dans toutes ces régions, les commandos de chasse prennent la relève des réserves générales. En même temps, l’armée continue à démanteler par tous les moyens l’OPA qui encadre la population. C’est la tâche des officiers de renseignement et d’organismes spécialisés en marge de la hiérarchie militaire ordinaire : les DOP créés en 1957 dans le cadre du Centre de coordination interarmées (CCI), et les centres de renseignement d’action (CRA), créés en 1959.
Il y a 26 000 « combattants » tués, 10 800 prisonniers, 20 800 armes récupérées. Le plan Challe a entraîné, en quelques mois, la suppression de la moitié du potentiel militaire des wilayas, dont les pertes augmentent sensiblement, ainsi que le pourcentages des prisonniers et des ralliés. Le moral de l’ALN, déjà atteint par les sanglantes purges internes qui ont décimé la wilaya III puis la wilaya IV en 1958 et par le sentiment d’être abandonné par l’extérieur, en est davantage encore affaibli.