vendredi 17 janvier 2025

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 20 novembre 1953

04 h 30

Un PB4-Y2 « Privateer » de la 28e  Flottille de l’aéronautique navale décolle pour une mission météo en Haute Région.

05 h 00

L’avion PC Dakota le C-47B-DK n° 76356, indicatif “Seigneur India” du GT 2/64 Anjou, prend l’air à son tour en direction de l’ouest, décolle de Hanoï vers Diên Biên Phu au cap 280. Les généraux GILLES, DECHAUX, BODET, l’adjoint de NAVARRE et le colonel NICOT, sont â bord et doivent prendre la décision du déclenchement de l’opération aéroportée.

05 h 50

Briefing.

06 h 00

Le Dakota arrive à la verticale estimée de la vallée de Diên Biên Phu. Le ciel est entièrement bouché. C’est le QGO qui interdit toute activité aérienne. Cette constatation contrarie visiblement les passagers de l’avion ; le pilote entreprend d’orbiter largement au-dessus de la zone.

06 h 30

Le brouillard ne se dissipe toujours pas. Mais, tout à coup, le soleil apparaît, la brume se lève.

06 h 52

Le général BODET regarde sa montre. Il prend la décision : ”Transmettez le signal conventionnel, nous exécutons l’opération CASTOR”.

07 h 00

Hanoï, aux avions.

07 h 10

Début d’embarquement.

07 h 20

Verticale Diên Biên Phu : L’ordre de faire décoller les avions est donné. Transmission par graphie du message conventionnel “Castor Décollage” aux OPS GATAC NORD.

07 h 20

Embarquement terminé.

  • Une flotte de 70 Dakota et 10 C-119 Fairchild est rassemblée sur les terrain d’aviation de Hanoï.
  • Tous les B-26 disponibles de la base aérienne 195 GB1/25 et détachement du GB 1/19 renforcé, les Privateer disponibles de la BA 195 et 6 SB2C du porte-avions Arromanches basés à Bach Maï.
  • Un Dakota PC, indicatif “TEXAS” sur fréquence 108.72, pour donner des instructions et passer l’heure H de largage au GATAC Nord.
  • Un B-26 doit pouvoir jouer le rôle de DIA en l’air, sur ordre du Dakota PC. Il aura la charge de régler les interventions feux.
  • Un Criquet de Lai Chau doit être en place verticale la DZ à partir de H+1 heure avec comme mission l’observation le marquage aux ordres du B-26 DIA ou du DAK PC ou a son initiative. Relève du Criquet assurée par chef de détachement Lai Chau.
  • L’excédent de potentiel (2 450 heures au lieu de 2 200) permet d’assurer les missions non prévues dans le plan de préparation (évacuations sanitaires – lucioles)

Toutes les compagnies civiles sont mobilisées, réservoirs des avions à 1 800 litres.

Le GT 1/64 Béarn, du commandant MARTINET, est parvenu à mettre en œuvre 24 Dakota sur 25, les nez des avions sont peint en rouge et leurs pilotes appelés des “Seigneurs”, Leader 2e série DAK rouge.

Tous les équipages, le DAK PC et les troupes au sol (échelon bataillon) sont dotés de photos carroyées permettant d’identifier rapidement les objectifs éventuels.

Le GT 2/62 Franche-Comté, place sous les ordres du commandant FOURCAUT, dispose de 23 appareils et le GT 2/64 Anjou, commandant CLAYEUX, s’il aligne seulement 18 avions lors de la première rotation, il parviendra, lors de la seconde, à en armer 24. Les nez des avions sont peints en jaune et leurs pilotes sont appelés les “P’tits Loups”. Leader de la 1re série DAK jaune.

 

PC Castor Jour J : Moyens > 6 Dakota total 150 hommes et 18 gaines maximum.

  • Lieutenant-colonel FOURCADE
  • Commandant MAYER
  • Capitaine BOTELLA + 3 sous-officiers 3e bureau
  • Capitaine LECOMTE + 2 sous-officiers 4e bureau
  • Lieutenant NAYRAVAL + 2 sous-officiers
  • Lieutenant ARNAUD et 1 sous-officier infra
  • Lieutenant GAMBINI et 3 sous-officiers
  • Commandant CHARLET
  • Capitaine LORILLON
  • 1 sous-officier chef de QG (Sergent BOISNEL) + 4 hommes
  • Section de protection : 23 hommes BAPN
  • Mortier de 120 : 5 hommes
  • Santé : 10 hommes
  • Transmission : 72 hommes
  • Artillerie : 10 hommes + 1 gaine.
  • Presse et divers 4 personnes.

 

Première vague :

GAP 1 : Lieutenant-colonel FOURCADE avec le 6e BPC du chef de bataillon BIGEARD, le 2/1er RCP du commandant BRÉCHIGNAC,

  • La 17e compagnie parachutiste du génie à 3/6/60. La Cie est formée à partir de la réunion de la section Génie de la Cie de garde et d’appui de la BAPN et de la section parachutiste 71/2. Les deux sections ont été dissoutes administrativement le 31 octobre pour former la 17e Cie parachutiste du génie le 1er novembre à l’effectif de 247 hommes,
  • Des éléments du groupe de marche du 35e régiment d’artillerie léger parachutiste (RALP) du chef d’escadron MILLOT, pour la première vague ; pour la seconde vague : le 1er BPC du chef de bataillon SOUQUET, l’antenne chirurgicale parachutiste n° 1 et le reliquat du groupe de marche du 3e RALP. 

Bach Maï :  651 paras du 6e BPC de BIGEARD, médecin lieutenant RIVIER 3/6/60 sapeurs de la 17e Cie de Génie Parachutiste du commandant CHARLET, une quarantaine d’artilleurs du 35e RALP avec des canons sans recul (sur 33 Dakota : 23 du Franche Comté, 10 de l’Anjou). – 1 DLO par bataillon, le lieutenant LEDUC, l’adjudant-chef BARREAU, le brigadier CARTIER, 3 hommes de la B 1 avec BIGEARD.

Bach Maï : 1 PC de l’Anjou, le Fox Kilo.

Gia Lam : 32 Dakota du commandant MARTINET (24 du Béarn, 8 de l’Anjou) chargent 633 chasseurs du 2/1er RCP du commandant BRÉCHIGNAC, médecin lieutenant JOURDAN ainsi que le lieutenant-colonel FOURCADE, l’adjoint de GILLES qui coiffe les deux groupements. PC du GAP 1 — Saut sur SIMONE au sud du village de Diên Biên Phu avec 342e CTP (compagnie transmission parachutiste).

  • 1 DLO par bataillon : Le lieutenant JUTEAU, le chef DARTOIS, 3 hommes de la 82 avec BRÉCHIGNAC ;
  • 35e RALP : Le commandant du groupe, le CE MILLOT, médecin lieutenant CHENEAU avec une petite équipe composée du lieutenant HENRION, d’un sous-officier et de 3 hommes. Il est chargé de conseiller le lieutenant-colonel FOURCADE commandant le GAP 1 ;
  • Les reconnaissances des 2 batteries qui doivent être larguées aux ordres du capitaine LE GALL (DAR : détachement avancé de reconnaissance) avec le lieutenant HUART de la B1 et le sous-lieutenant PAUGAM de la B2.
  • Ces OR (officiers de reconnaissance), qui sont en réalité les officiers de tir des batteries, sont accompagnés chacun d’un sous-officier et de 3 hommes.

Au moment où le capitaine LE GALL se dirige vers son avion, une jeep arrive et son chef de bord lui donne 5 kg de photos aériennes à répartir. C’est trop tard ! Le capitaine LE GALL enfourne ces documents dans sa veste de saut et grimpe dans l’avion.

Mission :

Le 6e BPC :

  • La 1re compagnie doit prendre pied et créer une tête de pont à la lisière Ouest de Diên Biên Phu ;
  • La 2e compagnie, chargée de la couverture de la DZ, en prenant pied rapidement dans le village de C5 le village de Muong Thanh ;
  • La 3e compagnie, en appui de la 1re, prendra position à la lisière Nord-Est du village ;
  • La 4e compagnie est également chargée de couvrir la DZ depuis les positions dont elle s’assurera au Nord ;
  • Le PC de bataillon, suivi de celui de la compagnie de commandement, doivent se regrouper s’enterrer à l’extrême-sud de la DZ où les mortiers seront mis en batterie en surveillance sur les lisières du village.

Le 2/1er RCP :

  • Sa mission semble plus aisée : prendre le contrôle de la piste, en remontant vers le nord jusqu’au village principal, et empêcher tout décrochage d’éléments Viêt-Minh vers le Sud. En outre, il doit assurer la protection du PC du GAP 1 largué avec lui.
  • Les effectifs : Les 2 bataillons sont, en proportion, fortement « jaunis ». Sur 651 hommes, le 6e BPC comprend 200 Vietnamiens. Au 2/1 RCP, 827 hommes dont 420 Vietnamiens. Ces effectifs relevés début novembre, n’ont guère variés ; ce mixage, après expérience sur le terrain, s’avère pleinement satisfaisant avec un bon encadrement.

La 17e CGP :

Reconnaître dès que possible l’emplacement d’un terrain pour Morane d’en commencer l’aménagement dans les plus brefs délais et de baliser les gués sur la Nam Youm la rivière qui traverse la plaine.

07 h 25

Mise en route.

07 h 45

Les avions sont alignés prêts à décoller sur la piste.

Les consignes au décollage prévoient un intervalle de 20″ entre chaque avion ; le regroupement des séries s’effectuera en vol, à 30 minutes du terrain.

08 h 00

Haiphong : embarquement du 8e BPC à la gare vers Hanoï.

08 h 10

Le C-47 du leader général suivi de 5 appareils s’aligne sur la piste. Blocage des freins, dernières vérifications, augmentation des régimes moteurs…

08 h 14

  • Le leader général appelle la tour de contrôle et annonce le décollage. Message “CASTOR DECOLLAGE”.
  • Les pleins, en tenant compte des charges, personnel et matériels, ont été faits à 2 100 litres ; suffisamment pour la rotation aller-retour tout en tenant compte d’une période d’attente avant de parachuter.
  • Les 65 avions décollent au rythme d’un envol toutes les 20 secondes puis ils prennent leur cap. Altitude : 6 500 pieds QNH Hanoï.
  • En temps normal le Dakota parcourt 300 km en une heure, mais, avec les attentes et le temps de regroupement, le vol va durer 1 h 45 mn.
  • Il fait très froid dans les carlingues et la porte ouverte sur le vide crée en permanence des turbulences d’air glacé. 2 heures de vol c’est long avec le bruit.

09 h 15

  • Cinq B-26 avec réservoirs supplémentaires décollent de Cat Bi. Chef d’expédition assurant le rôle de DIA en l’air indicatif B-26 PC.
  • Heure limite de largage en principe limite extrême : 11 h 30.

09 h 45

  • Trois B-26 décollent de Cat Bi sans réservoirs supplémentaires.
  • La formation de B-26 se rend dans la région de Ban Dia (1483 J4 confluent du Song Ma et de la Nam Ban en contact avec TEXAS.

10 h 15

  • H-15, heure d’attaque pour les 3 B-26 sans réservoirs supplémentaires et du chef d’expéditions. Observation des zones rapprochées situées au nord et au sud des DZ (rayon : 4 km et straffing des points suspects).
  • Les 4 B-26 avec réservoir supplémentaire accompagnent la formation 2 B-26 de chaque côté à altitude plus basse et légèrement en avant. Mission : straffing des objectifs suspects et des villages de chaque côté du courant de transport (au moment ou sautent les parachutistes. Ligne de sécurité précisée sur photo.
  • Les B-26 sont chargés en armes de bord et bombes de 260 et de 220 livres.
  • Les 4 B-26 avec réservoirs resteront sur objectif jusqu’à H+3h Les 3 B-26 sans réservoir jusqu’à H+2 et seront relevés automatiquement par la base de Cat Bi.
  • Les 4 B-26 accompagnant la formation assurent le straffing et n’attaquent à la bombe que sur demande du DAK PC ou du B-26 PC

10 h 25

H-5 : fin de l’attaque des B-26.

10 h 30

  • Les 33 Dakota du 6e BPC arrivent par le nord. Ils doivent larguer sur NATACHA, comme au nord, couverte de rizières et de broussailles, traversée par un arroyo.
  • Longueur de la DZ 1 300 m, largeur 450 m. Gisement 345°. Rizière et broussailles en début de DZ. Un petit arroyo au centre. Largage par 3 avions.
SHD AIR : DZ Natacha. Face au sud, village de Diên Biên Phu, au coin haut gauche de la DZ.

Les consignes données au briefing ne sont plus valables et les leaders doivent transmettre de nouveaux ordres. Ils ont beaucoup de mal à se faire entendre à la radio. Une grosse pagaille sur les ondes.

Le grand nombre d’avion nécessite l’installation d’un PCIA au-dessus de la cuvette

Le lieutenant BENOIST assurera le rôle en B-26 relayé par le lieutenant GUILLEMIN en Privateer.

Deux officiers du 21e GAOA.

2 SB2C chargés à 3 bombes de 250 livres et 2 napalm orbitent sur l’objectif jusqu’à H+1h30 seront relevés par d’autres SB2C. Attaque d’objectifs sur ordre du DAK PC ou du B26 PC.

SHD AIR : DZ Natacha. Axe de largage au nord 200 m à l’ouest de la piste.
SHD : Terrain d’aviation, dossier de saut.

10 h 30

Après 1 h 30 de vol, le signal vert apparaît. Largages de 10 h 30 à 10 h 45 : 3 000 parachutistes largués. Parachutage par section de 3 avions, dix secondes entre les sections de 3 et une minute entre pelotons successifs et par sticks entiers 25 secondes de largage 25 hommes par avion.

En tenant compte qu’un para met 5 secondes pour passer la porte et qu’un C-47 vole à 170 km/h, le minimum à pleine charge. Il faut 2 minutes pour vider l’avion de ses 24 paras, soit une distance de 5 km. Les avions virent à gauche après largage et retour par itinéraire aller à 7 500 pieds.

Bigeard, 6e B.P.C.

 

Entre 10 h 35 et 10 h 45

Le 6e BPC saute le premier sur la DZ n° 759 – NATACHA en une seule passe et se pose en plein milieu des bo-doïs en train de conduire une séance d’instruction sur le tir au mortier et à la mitrailleuse. La DZ est située à 200 m au Nord-Ouest du village orientée Nord-Sud et mesure 1 300 m de long sur 450 de large.

La cuvette est occupée par le PC et éléments organiques du régiment 148 et un bataillon du régiment sur la région et par le Bataillon 910 du 148 et son PC, du régiment 148 de la Division 316, plus spécialement chargé de l’instruction des troupes régionales et de la Cie lourde 112 de la division lourde 351 (équipée de mortiers de 120 mm – 4 pièces). Ce groupement d’unité hétérogènes représente la valeur d’un bataillon renforcé et doté d’armes lourdes. Il n’a pas semble-t-il, été engagé depuis le mois de mai et doit achever vers le 10 novembre sa réorganisation.

Exception faite de la Cie 565/148, engagée à 30 kilomètres de l’agglomération, toutes les autres unités régulières ou provinciales se trouvent actuellement éloignées d’un minimum de 80 kilomètres de Diên Biên Phu.

Au nord la Cie 565/148 opère sur la piste Diên Biên Phu – Lai Chau dans la région sud de Muong Muon (1510).

Au Nord Est, un groupement composé d’unités régulières et provinciales et représentant la valeur d’un bataillon est engagé sur la RP 41 à hauteur de Luan Chau (1541)

A l’Est la répression de nos maquis rassemble actuellement un important groupement d’unités régulières et provinciales dans la région de Tuan Chau (1478) Muong Lam (1465) Régiment 176/316 au complet, 4 compagnies du régiment 148, 6 compagnies de TP de Son La et Lai Chau.

Au Sud-Ouest Le bataillon 920/148 stationne dans la région Sud-Ouest de Muong Khoua (4254) Il vient de la région de Pak Seng (4364) et achève actuellement sa réorganisation.

Deux autres bataillons couvrant la cuvette au loin, face à la frontière vietnamo-laotienne peuvent rallier Diên Biên Phu en deux jours de marche.

Le régiment 176 de la Division 316 est centré sur Lai Chau et sur la lutte contre les maquis.

Les Viets sont en plein exercice sur la DZ.

Les têtes de colonnes de la division 316 sont en train d’aborder Son-La.

De nombreux éléments, en particulier la 4e compagnie tombent franchement au Nord de la DZ NATACHA dans une zone broussailles et ont du mal à se regrouper. Le 6e BPC est reparti sur une longueur de près de 6 km.

Les 2e et 4e compagnies s’étalent entre le Nord et le Nord-Ouest de la vallée, à proximité de la piste pavie, à 500 m au nord du terrain d’aviation : la 1re progresse tant bien que mal près du village, la 3e est sérieusement accrochée près de la piste, le PC se trouve à peu près à 800 m à l’Ouest de ses emplacements encore plus à l’Ouest que la DZ OCTAVIE. Quelques-uns des hommes sont tombés dans un petit affluents de la Nam Youm

Le génie aéroporté et les hommes du GM 35e RALP ont bien atterri sur la DZ mais en plein sous le feu des Viêts.

La dispersion a joué en notre faveur. Pour tourner une troupe ou attaquer une troupe il faut la trouver et créer un axe de poussée. Chaque compagnie du bataillon largué a un point de regroupement différent. Dès l’arrivée au sol, l’éclatement s’ajoute à la dispersion. Les équipes qui partent en tous sens ou les combattants isolés contribuent à décontenancer l’adversaire qui cherche un axe d’effort.

Les Viêts semblent désorientés par cette arrivée massive dans toutes les directions.

Arrivés au sol les hommes se sont enfoncés dans les hautes herbes à éléphants qui masquent totalement la visibilité.

Après une période de regroupement confuse, le bataillon Bigeard entame la conquête de ses objectifs. Prises sous le feu intense des VM qui se sont rapidement ressaisis, tributaires d’un largage approximatif, les compagnies ont du mal à se regrouper. La situation au sol est confuse et interdit toute intervention de l’aviation.

Les transmissions  avec le PC volant sont difficiles.

Premier mort : Le médecin capitaine RAYMOND, médecin chef du GAP, touché par des projectiles pendant sa descente au sol pour sa première mission opérationnelle, un parachutiste tombe parachute dorsal en torche et mélange avec le ventral.

Le sous-lieutenant de réserve (ORSA) ALLAIRE, chef de section des armes lourdes du 6e BPC, atterrit isolé dans le ruisseau qui traverse la DZ, tombe sur la gaine d’un mortier en sortant de l’eau.

10 h 40

La 1re Cie attaquée par plusieurs groupes viets au Sud de la DZ aborde les lisières Nord-Ouest du village en même temps qu’elle poursuit son regroupement, deux sections donnent l’assaut aux Viets solidement implantés

Deux sections prennent pied dans les lisières mais ne peuvent déboucher étant prises à partie  par de nombreux tireurs et des armes automatiques embusquées.

La 2e Cie, larguée trop au nord, est gênée pour son regroupement.

Quelques paroles de soldats :

Mon parachute ouvert, je localise la gaine et tracte pour m’en rapprocher au maximum. Je tombe sur le parachute de la gaine et aussitôt commence le déballage, je suis seul, mon champ de vision est très limité par les herbes à éléphant qui font au moins deux mètres de haut. J’attends avec beaucoup d’impatience l’arrivée du reste du groupe. Les minutes passent, tout autour la bataille fait rage des rafales retentissent dans tous les coins. J’ai mis la pièce de 30 en batterie et engage une bande de cartouches. Je suis prêt à tirer, sans savoir dans quelle direction ! Le caporal Massé arrive enfin tout étonné que je sois seul, nous n’avons aucun moyen de nous localiser. Soudain débouchant à une dizaine de mètres devant nous, un groupe de Viets qui cherchent leur salut dans la fuite vers les collines qui sont proches de nous. Avant qu’ils nous aient repérés Massé qui a pris la place du chargeur me donne l’ordre “Feu” la pièce fait des dégâts, à cette distance il est difficile de manquer la cible.

11 h 00

  • La 3e Section de la 1re Cie  aborde le carrefour Nord de Diên Biên Phu.
  • Le lieutenant ALLAIRE, avec ses mortiers, s’installe au PC de BIGEARD mais ils n’ont pas retrouvé les munitions.
  • 17e Cie Parachutiste du Génie : 2 sapeurs blessés légers par accident de saut.
SHD Air : parachutage de l’opération Castor.
SHD ; Terrain d’aviation avant aménagement (vue du nord).
SHD : DZ Simone, axe de largage au 345° (longueur : 1 560 m / largeur : 510 m).
SHD ; DZ Simone, face au sud.

 

 

 

11 h 00

Le 2/1 RCP saute simultanément sur la DZ SIMONE, comme Sud. 1560 m sur 510 m. Gisement 345°. Obstacles sur la DZ : Digue remblai d’environ 1 mètre perpendiculaire à l’axe. Dans la moitié nord 2 arroyos, quelques arbres.

Nature des abords : Au nord la route et le NAM YOUM. À l’Ouest la route et le village de HONG NGOI TOI. Au Sud, rizières. À l’Est, terrain broussailleux.

Pas de contact avec l’ennemi au posé. Comme sur NATACHA, le largage est approximatif, ce qui empêche le bataillon d’intercepter des éléments vietminh, dont l’état-major du régiment 148, qui décrochent vers le sud-ouest, là où la brousse épaisse qui borde la Nam-Youm n’a pas permis de terminer le bouclage de Diên Biên Phu. Les paras sont à 2 kilomètres de leur objectif. Ils entendent les combats du 6e BPC.

Dans l’avion du lieutenant-colonel FOURCADE, les artilleurs parachutistes se préparent à sauter. Altitude de largage 200 m ! C’est enfin le VERT ! On pousse dehors les gaines radio du PC de l’opération, puis le colonel FOURCADE saute avec son équipe, enfin les artilleurs arrivent : le C.E. MILLOT, le lieutenant HENRION et son équipe, les 4 gaines des postes radio S.C.R. 609. C’est au tour du capitaine LE GALL. Hélas ! le rouge s’allume. Le pilote réalise qu’il a dépassé la zone de saut de plus de 2 km ! En effet la mise en place des gaines a pris beaucoup de temps. 

Tant pis ! Le capitaine LE GALL s’élance dans le vide, il ne sent pas que le largueur a essayé de le retenir, il veut être à la pointe du combat. Le lieutenant HUART, voyant son chef partir, bouscule le largueur et saute à son tour.

Dans l’air c’est le silence. Au sud, il n’y a pas de comité d’accueil, mais on le saura après. Le capitaine LE GALL scrute le sol, il voit sur sa gauche un village de paillotes qui ne lui inspire pas confiance, derrière lui se trouve une rivière de 20 mètres de large, et au-delà un troupeau de buffles dont la réputation est très mauvaise parmi nos hommes : ils ne foncent que sur les blancs, par l’odeur alléchés, sans doute… 

Contact avec le sol. Il abandonne son pépin sur le terrain comme prévu.

C’est toujours le silence. Pas de fumigène jaune qui devait être le signe de regroupement ! Cette solitude est écrasante au combat, on a envie de retrouver un camarade, à deux on se sent déjà plus fort. Soudain un bruit, c’est le Lieutenant HUART qui arrive, cela va mieux… Mais pourquoi les autres n’ont-ils pas sauté ? 

L’opération a-t-elle été annulée ? Peu à peu les bruits de la bataille entre les Viets et le bataillon BIGEARD, au Nord, se font entendre. Le capitaine LE GALL, largué à plus de 3 km au Nord de SIMONE, se trouve en fait de l’autre côté de la rivière à l’ouest, et plus près de NATACHA et du bataillon BIGEARD que de SIMONE… Que faire ? HUART lui dit qu’il a vu des hommes, de l’autre côté de la rivière, plus au sud. 

Ce doit être ceux du 2/1 RCP qui ont sauté sur SIMONE avec le C.E. MILLOT. Il faut les rejoindre. Le capitaine LE GALL qui avait repéré en l’air un ponceau décide de l’emprunter. HUART l’en dissuade, il a vu des Viets s’y installer. Ils choisissent alors de traverser la rivière en un endroit qui leur semble peu profond. L’eau ne monte pas au-dessus de la ceinture, heureusement pour l’armement, le sac et… les photos ! Tout à coup 2 hommes surgissent, ce sont 2 Thaïs à la mine affable. Ils se rallient immédiatement. L’un âgé d’une quarantaine d’années, ancien boy du commandant de l’ex-citadelle de Diên Biên Phu, l’autre âgé de 15 ans environ, fils d’un cuisinier de ce même commandant ; tous deux serviront de porteurs et continueront de servir au 35e quelques temps… 

Enfin le regroupement va se faire. Le pilote a su désobéir intelligemment.

Ayant réalisé qu’il n’avait pu larguer tout son personnel, il décide de faire un deuxième passage, malgré les ordres, et de quitter la formation. PAUGAM et JUTEAU font donc partie, eux aussi, de la première vague. Le capitaine LE GALL peut enfin serrer la main de son chef, le C.E. MILLOT, et chacun va s’efforcer de récupérer sa gaine, opération difficile dans une végétation où le camouflage de nos parachutes était tellement efficace ! Malgré tout, 3 des 4 gaines peuvent être retrouvées le jour même. Lors d’une OAP, il faut toujours prévoir des pertes en hommes et en matériels… 

11 h 00

DLO du 6e BPC : le canonnier NGUYEN-VAN-THAI tombe mortellement blessé après une belle action sur un groupe rebelle. Ce sera le premier mort au champ d’honneur du GM 35.

Les ordres du GAP 1 sont clairs pour le 6e BPC parachuté à la 1re rotation sur la DZ NATACHA :

  • Dans un premier temps, prendre pied le plus rapidement possible dans les lisières Ouest de Diên-Biên-Phu, puis occuper et nettoyer le village. S’installer de façon à appuyer la progression du II/1 RCP, de la DZ Simone aux hauteurs 400 m Est de Diên Biên Phu.
  • Dans un 2e temps et sur ordre, assurer la protection de la DZ Natacha pendant le largage de la deuxième vague. (1er BPC Artillerie mortiers lourds).
  • Dans un 3e temps, s’installer défensivement dans Diên-Biên-Phu face au Nord, à l’Ouest et au Sud, et assurer la protection des éléments lourds s’y trouvant.
  • Pour l’installation défensive de nuit, la liaison entre le 6e BPC et le II/1 RCP est à la charge du 6e BPC.

11 h 30

La 2e Cie est prise à partie par des éléments VM progressant en plein centre de la DZ sens Sud-Est – Nord-Ouest en utilisant le cheminement de “l’arroyo” qui coupe la zone de saut. La section qui arrive du Nord entreprend immédiatement le nettoyage du cheminement.

Un feu nourri de mortiers VM se déclenche sur la DZ. La 1re Cie du “6” est clouée au sol, la 2e  tient bon à l’est et la 4e progresse vers le nord. Les mortiers du bataillon sont toujours sans munitions, dispersées lors du saut. Il n’a que 3 projectiles.

Le lieutenant LEDUC, DLO, avec la section de mortiers du 6e BPC, n’attend pas les pièces du GM 35, pour établir un plan de feux. Il recevra la croix de guerre des TOE avec palme, 8 jours après, pour ses exploits.

Présence en l’air de B-26, de Helldiver de la 3F, un Criquet du 21 GAOA venu de Lai Chau, un Privateer de la 28F  faisant fonction de PCIA 28F7 en provenance de Cat Bi décollé à 9h45.

Contact radio avec PC BRÉCHIGNAC sur SIMONE.

Contact avec BIGEARD sur NATACHA.

11 h 50

DLO 6e BPC récupération du poste radio 609 dès le PC bataillon dégagé et installé par une patrouille commandée par l’adjudant-chef BARREAU, adjoint DLO.

Bigeard à la radio.

 

12 h 15

Un Criquet arrive et sert de liaison radio et dirige l’action des B-26.

Bigeard demande l’appui aérien, guidés par le Criquet, ils débouchent sur la vallée et traitent aussitôt la zone d’Est en Ouest du village. Le village de Diên-Biên-Phu est bombardé. Bombardement et straffing semblent efficaces et la densité de feu des Viets faiblit subitement. Malgré l’intervention des B-26, la tentative d’encerclement de Diên Biên Phu par la 1re  compagnie échoue. De nombreuses unités sont clouées au sol par un feu intense d’armes automatiques. Un grand nombre de postes radio ont été détériorés lors du saut. Au total 13 postes radio endommagés, ce qui explique les difficultés de liaison.

Les premiers bombardiers B-26 font leur apparition. Ils n’avaient pu intervenir avant tant la situation au sol était confuse ! L’offensive sur le village reprend avec plus de vigueur.

  • 8 F8F Bearcat en 1 000 livres pour village en 384 I 5.2.
  • 16 F8F Bearcat en 1 000 livres pour village  en 386 F 6.2.
  • 2 F8F Bearcat en napalm sur éléments VM en 124 H5.
  • 2 F8F Bearcat en napalm protection hélicoptère.
  • 10 F8F Bearcat en 500 livres sur dépôt 344 D 3.1.
  • 6 F8F Bearcat en 500 livres sur dépôt 344 D 3.1.
  • Détachement marine 8 Helldiver napalm et bombes 260 livres, profit Castor.

12 h 30

Une gaine de munition de mortiers trouvée et ouverture du feu.

Les couleurs des pots fumigènes attribues aux différentes unités n’ont pas été respectées et faussent les tentatives de regroupement. Ensuite, des petits drapeaux colores, flottant sur des longues perches, émergent des hautes herbes et attirent l’attention des paras isoles qui croient y voir un signal de ralliement ou un PC avec des antennes radio frappées de fanions. Par bonds successifs, ils se dirigent vers cet endroit qui n’est, en fin de compte, que la sépulture d’un grand chef thaï décorée aux couleurs de sa tribu. Mort récemment, sa tombe creusée au milieu de la DZ ne figurait pas sur les dernières photos aériennes prises par l’EROM 80.

Les Viets tirent sur le rassemblement de para regroupé au pied des mats ou flottent des drapeaux au milieu de la DZ.

Bigeard réussit le contact avec toutes ses compagnies. La 3e Cie vient renforcer la 1re Cie au sol. La 2e tient La 4e, après le regroupement progresse direction nord.

Le PC de BIGEARD est un trou au bord d’un sentier qui traverse une rizière.

le médecin lieutenant RIVIER du “6” et le Père CHEVALIER recherchent les blessés et les morts.

Par contre, Bruno n’a toujours aucune liaison radio avec l’avion PC qui orbite inlassablement au-dessus de la vallée ; le poste calé sur cette fréquence a eu l’antenne coupée par un projectile.

Des B-26 du GB 1/25 Tunisie, en attente d’intervention, continuent de voler on the top.

Le 1er BPC du commandant SOUQUET embarquent dans les avions : 722 hommes avec les autres détachements, les sapeurs et une batterie du 35e RALP et DLO et 28 gaines de matériel. 30 Dakota, 6 officiers d’artillerie.

13 h 10

DLO 6e BPC Liaison radio établie avec le DLO du 2/1er RCP. Pour le 35e RALP jonction est faite avec le bataillon BRÉCHIGNAC au moment où sa dernière section allait quitter la zone de saut.

B-26. Crédit : DR.
Bearcat. Crédit : DR.

La 1re  compagnie du 6e BPC manœuvre pour encercler le village de Diên Biên Phu par le nord. Après les 1er bombardements les Viets réagissent et tirent de nouveau bloquant les paras.

Bruno sollicite l’intervention des Invader en leur désignant directement le centre du village. Les B-26 piquent dans le hurlement de leurs moteurs.

SHD : 6e BPC implantations au 20 nov 1953.

Un troisième bataillon est parachuté au cours de l’après-midi. Le 1er BPC, commandé par le chef de bataillon SOUQUET, est rentré seulement la veille de l’opération « Mouette ». Il repartira avec la deuxième rotation, en même temps que la 1re compagnie étrangère parachutiste de mortiers lourds (1ère CEPML), l’antenne chirurgicale parachutiste n° 1 (ACP n° 1) et le reliquat du GM/35e RALP DLO.

13 h 15

Arrivée du 8e BPC à Hanoï et installation dans les quartiers du 6e BPC sauf 4e Cie installée quartier 2/1 RCP. Repas chaud le soir. Bataillon consigné à partir de 21 h 00.

Décollage de la deuxième vague.

13 h 30

Verticale de quatre B-26 et un Privateer jusqu’à H+4 14 h 30.  

14 h 30

Verticale de quatre B26, un Privateer et deux SB2C lors du largage de la 2e vague et du largage du matériel. Fin de mission à H+5 15 h 30.  

La 17e Cie Parachutiste du Génie a deux tués au combat, un blessé grave et deux blessés plus légers.

15 h 00

Parachutage 2e vague sur la DZ NATACHA, 41 Dakota encore des combats au sol. Quatre paras sont blessés par balle au cours de la descente 11 autres dont les équipements de saut sont défectueux, ont été stoppés à la porte par les moniteurs.

Le reste du GM 35, soit le PC et les deux batteries, la 1re et la 2e, va être largué sur la DZ NATACHA avec le 1er BPC du commandant SOUQUET. Les reconnaissances ont fait leur travail et les panneaux ont été mis en place un quart d’heure seulement avant le largage de matériels. 1er BPC (19/67 dont 5 autochtones /446 dont 195 autochtones)

Les 9 Dakota (7 de personnels, 2 de matériels) du 35e RALP sans compter ceux réservés aux munitions surgissent. D’abord, c’est le stick du capitaine CASTAIGNET qui est largué avec le PC T et les transmissions : 21 hommes et 2 gaines.

Puis ce sera le tour des 1re et 2e batteries, chacune à 2 sections de tir de 2 pièces, une section de commandement, et une section de protection, soit environ 75 hommes. Un chef de pièce qui avait oublié de confier sa culasse lors du conditionnement, saute avec celle-ci, il arrivera le premier au sol, sans casse ni pour lui ni pour la culasse, une chance !

Les 8 canons de 75 sans recul touchent le sol avec 40 coups par pièce. Dès l’arrivée, il faut appuyer le 1er RCP qui se bat au nord-est du village, tout en récupérant les matériels. Tout doit être déplacé à dos d’hommes : le canon qui pèse 80 kg démontable en 2 fardeaux, les munitions qui pèsent 12 kg chacune.  35e RALP complet à 11/28/155 dont 40 autochtones.

DLO 1er RCP saute sur NATACHA. Le regroupement du DLO s’avère laborieux. L’adjoint du lieutenant YZIQUEL, le maréchal-des-logis-chef TOUSSAINT, saute en fin de DZ alors que le lieutenant saute près de Diên Biên Phu. Quelques rafales de PM tirées par les rebelles.

Capitaine CLÉDIC, 2/1er RCP, 1re vague, à la tête de la 2e CIP Cie indochinoise de parachutistes, largué trop loin. Le soir, bivouac sur une colline qui s’appellera ELIANE 2.

Photographes CAMUS et LEBON parachutés avec 1er RCP.

Largage de matériel d’artillerie et de ravitaillements divers sur la DZ OCTAVIE par 24 avions en section de 3 appareils se suivant à 20 minutes d’intervalle et larguant à vue dans un circuit particulier pendant le parachutage du personnel. Circuit nord sur virage main gauche

Décollage de Gia Lâm, en premier du matériel du Génie et du matériel d’Artillerie, ensuite le matériel mortier, les outils de campagne, le ravitaillement logistique sur 3 sections, les vivres et de nouveau le ravitaillement logistique.

SHD : 20 novembre 1953, 2e vague.

1er BPC du chef de bataillon SOUQUET, avec le médecin lieutenant STAUB.

Le PC du GM 35  et 2 batteries de 75 Sans Recul du 35e RALP avec munitions et l’antenne chirurgicale n°1 du médecin lieutenant ROUGERIE (8 parachutistes avec 1 260 kg de matériel en paniers de 45 kg).

Dotation parallèlement parachutable avec la table d’opération le groupe électrogène et la tente 3 mats. Possibilité de traitement 80 hommes / 24 h.

Largage de la 1re CEPML (Cie Étrangère Parachutiste de Mortiers Lourds) avec 77 hommes (3/11/63) et 8 mortiers de 120 mm. Lieutenant MOLINIER : unité parachutiste éphémère de la Légion étrangère qui combat en Indochine. Créée le 1er septembre 1953 à partir d’éléments des 1er et 2e BEP, elle est rattachée administrativement au 1er BEP. Sa base arrière est située à Quynh Loï, au sud de Hanoi. Elle est dotée de 8 tubes de 120 mm.

Durée du largage 15 mn couvert par 2 Helldiver de la 3F (Aéronavale) et 4 B-26.

77 hommes et gradés, ainsi que 8 mortiers de 120 mm et 800 obus ont été largués. A 16 h 00, la compagnie est en position de tir. C’est une première dans l’armée française : une unité de mortiers lourds de 120 mm a été larguée au cours d’une opération aéroportée.

15 h 30

Trois B-26 vertical avec trois Privateer et deux SB2C jusqu’à H+6 16 h 30.

BIGEARD demande un nouveau bombardement aérien qui détruit le centre du village. La 3e Cie pénètre dans la partie est, la 1re Cie progresse au prix de farouches combats, maison par maison, contre la compagnie de commandement du bataillon 910. Matraqués, les Viets abandonnent leurs positions et tentent de décrocher vers le Sud. ALLAIRE, qui a récupéré d’autres projectiles, les talonne au mortier. Quelques irréductibles s’accrochent. Cependant, le village, ou ce qu’il en reste, est le théâtre de furieux combats. La 3e compagnie s’élance par l’est tandis que l’aile gauche de la 1re Cie remonte la grande rue et prend d’assaut chaque maison.

Au bout, le PC du régiment 148 est protégé par la compagnie de commandement du bataillon 910 qui livre un combat retardateur. Un sacrifice payant car le PC Viet-minh a le temps de décrocher et réussit à s’enfuir par le Sud-Ouest, là où la brousse épaisse qui borde la Nam-Youm n’a pas permis de terminer le bouclage de Diên Biên Phu, emportant leurs archives qui contenaient toute l’implantation Viet de la Haute Région du Laos à la frontière de Chine.

16 h 00

2 h 19 : mis en place à Laï Chau pour les évacuations sanitaires avec le médecin lieutenant THOMAS. L’ACM 21 (antenne chirurgicale mobile) se pose au sud de NATACHA où est installé l’antenne chirurgicale. Les 2 hélicos évacuent rapidement les 11 blessés de saut ainsi que le corps du médecin capitaine RAYMOND. Une trentaine des 41 blessés évacués par hélico sur Laï Chau. Les moins atteints sont soignés sur place par RIVIER, médecin du 6e BPC. À Laï Chau, le lieutenant THOMAS conditionne les blessés et les évacuent par Dakota vers Hanoï. Le corps du médecin RAYMOND est évacué également.

Déposent l’équipe de la 814e CTA (compagnie transmission air) avec 2 stations VHF et la station HF pour assurer le contact avec les B-26 du Tunisie, les Bearcat de l’Auvergne, du Saintonge, de l’Artois ainsi que le contact avec les unités paras. Repartent avec 15 blessés graves.

17e CPG a récupéré ses 6 gaines de matériel avec pelles pioches dames coupe-coupe explosifs et détecteurs 17e Génie AP à 2/11 dont 2 autochtones/63 dont 25 autochtones.

Une patrouille de 2 Helldiver Ganga envoyés en reco sur les axes nord.

Le DLO du 1er RCP installé à 400 m à l’ouest de D4.

Mise en place des tirs d’arrêts « BOUTON D’OR » et « VIOLETTE ».

Hanoï, 8e BPC, briefing sur caisse à sable.

Le 1er BEP mis en alerte aéroportée à Hanoï.

Les Viets s’échappent vers le sud sur  la rive droite de la rivière.

Hélicos Sikorsky H-19 en évacuation sanitaire (Crédit : ECPAD).

17 h 30

Nuit tombante, BIGEARD a installé son PC dans Diên Biên Phu dont il tient les entrées. Sapeurs paras en lisière est DBP, 2/1 RCP et 6e BPC à l’est du village.

Au soir à la tombée de la nuit le “6” tient les lisières ouest et sud. Les trois ou quatre mille habitants de l’agglomération ne se sont pas enfuis. Ils avaient pris un peu de distance au moment des combats ; ils reviennent déjà.

17 h 45

DLO 6e BPC début d’installation pour la nuit dans la partie sud-ouest de Diên Biên Phu.

18 h 00

Le 2/1 RCP atteint la lisière sud-est du village et opère la jonction avec les deux autres bataillons en provenance de SIMONE.

Le 1er BPC, renforcé des 2 batteries du GM 35 RALP et d’une Cie de mortiers de 120 mm couvre NATACHA. Le 35e RALP met en place les tirs d’arrêt pour la nuit. Le capitaine Pierre LORILLON chargé de l’équipe de liaison avec l’aviation est avec BIGEARD.

SHD : 35e RALP, tirs d’arrêts mis en place.
SHD : 6e BPC – Dispositif 20 novembre à 18 h 00.
Les premiers morts.

En fin d’après-midi

Les combats se calment. Chacun panse ses plaies. Les Viets ont perdu 115 des leurs et 40 armes. ; les autres armes ayant été récupérées avant de se replier. Plus de 20 000 cartouches, des grenades, des explosifs, 2 téléphones et des câbles, du matériel d’instruction, les documents du bataillon 910 et de la compagnie 226 sont tombés entre les mains des paras. En lisant les documents saisis, on s’apercevra qu’outre les unités mentionnées par le 2e Bureau, deux compagnies lourdes de matériel sur le village de Diên Biên Phu du bataillon 675 appartenant à la division 351 se trouvaient sur place, appuyant du feu de leurs mortiers et de leurs canons SKZ l’infanterie engagée contre les parachutistes.

15 paras sont tombés (11 au 6e BPC, 2 sapeurs, 1 au 35e RALP, 1 au GAP 1). 47 sont blessés dont 13 lors de l’atterrissage au sol. 1 827 hommes sont installé à Diên Biên Phu.

6e BPC :       

  • 2e classe VU NGOC TAN
  • 1re classe  DUPUY
  • Sergent GAILLARD, 2e séjour en Indochine, évadé des camps Viets
  • 1re classe VARDANEGA
  • Sergent MARTELLINO, 2e séjour en Indochine, évadé des camps Viets
  • Caporal DAN DINH GIA
  • Caporal PIEPLU
  • 2e classe NGUYEN VAN GAT
  • Caporal-Chef BOUTIN
  • 2e Classe DOAN VAN CHOT
  • Caporal BARBET

Le Père CHEVALIER, Padre aumônier para, porte assistance aux blessés et administre les agonisants. Il participe à l’installation de L’ACP.

Les artilleurs du 35e RALP doivent récupérer leurs munitions : 4 200 coups en 4 jours, soit 50 tonnes à transporter à dos d’hommes ou de femmes, car les Thaïs et leurs épouses, aident avec leur sourire coutumier, à cette noria entre les zones de saut et la position de groupe. D’ailleurs ces positions évolueront, compliquant ainsi cette manœuvre. La 1ère position sur le terrain de sport de la citadelle qui devra être abandonnée dès le 21.

Bilan parachutage : 1 664 hommes ont été largués sur la DZ NATACHA, 697 hommes sur SIMONE, total 2 361 mais 24 hommes ont été largués par erreur sur SIMONE, étaient destinés à NATACHA.

  • 6e BPC : 654 hommes,
  • 2/1 RCP : 569 hommes,
  • 1er BPC : 700 hommes,
  • Cie mortier 1er BEP : 77 hommes,
  • 17e Génie : 69 hommes,
  • 35e RALP : 173 hommes,
  • BAPN et EM : 104 hommes,
  • GATAC : 1 homme,
  • Journalistes : 2 hommes,
  • Antenne chirurgicale : 7.

Heureux de ce succès, le général NAVARRE adresse le message suivant au général GILLES : “Je vous prie de transmettre mes chaleureuses félicitations aux troupes parachutistes qui ont sauté sur Diên Biên Phu dans la première vague — Je n’ignorais pas le danger de cette entreprise, mais connaissant leur valeur, je n’ai jamais douté du succès. — Le général COGNY y joint ses plus affectueuses félicitations — Signé : NAVARRE, commandant en chef.”

 

18 h 30

Le général COGNY réunit les journalistes dans son bureau de la citadelle à Hanoï.

Le commandement a l’intention d’utiliser autant de troupes qu’il est nécessaire pour tenir Dien Bien Phu jusqu’à ce qu’il ne soit plus utile aux actions tendant à repousser les Vietminh hors du territoire Thaï.

Compléter le point fixe de Lai Chau près de la frontière chinoise par un autre pôle d’attraction.

Je resterai ici aussi longtemps que je le jugerai utile à mes desseins.

La nuit tombe, il fait froid ; moins de 5° C. Il n’est pas question de faire du feu pour ne pas être repéré, les hommes s’enterrent et essaient de se réchauffer comme ils le peuvent.

Deux avions de la 1re section se posent à Lai Chau pour être en mesure des réaliser des EVASAN sur Hanoï, décollage limite Laï Chau 18 h 15 local avec une IPSA.

SHD : Premier déploiement des unités le 20 novembre au soir. Manoeuvre de la 1ère vague : 6e BPC au nord, 2/1 RCP au sud.

 

Pascal PECCAVET
Pascal PECCAVET
Ancien pilote d'hélicoptère sur Gazelle au sein de l’aviation Légère de l’armée de Terre (ALAT) pendant 18 ans cumulant 2 500 heures de vol. Ancien combattant de la guerre du Golfe et de la Somalie. Attaché Principal d’Administration d’État dans l’Éducation nationale. Adjoint gestionnaire d’un établissement scolaire. Commissaire aux Armées de Réserve (en attente d'affectation). Membre de l’Union Nationale des Combattants de Saint-Paul-lès-Dax (Landes). Historien chercheur pour l'ECPAD. Historien "War Studies". Spécialiste de la guerre d’Indochine. A rejoint l'équipe rédactionnelle de THEATRUM BELLI en janvier 2024.
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