mardi 19 mars 2024

CHRONICORUM BELLI du 2 décembre

2 décembre : fête des Saint-Cyriens.

Le 2 décembre constitue une date symbolique pour les Saint-Cyriens. Chaque année en effet, ils commémorent la victoire de l’Empereur Napoléon 1er lors de la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre 1805. Une occasion de rendre hommage à la fois au fondateur de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, créée en 1802, et aux premiers Saint-Cyriens tombés au champ d’honneur lors de cette bataille.

Pourquoi désigner cette commémoration annuelle sous le nom de « 2S » ? Il faut savoir que les Saint-Cyriens utilisent un calendrier qui leur est propre. Chaque mois de l’année scolaire est associé à une des neuf lettres composant le mot… Austerlitz. La lettre « A » désigne le mois d’octobre, jusqu’au mois de juillet, assigné à la lettre Z. Août et septembre étant des mois de permissions, ils ne sont pas comptabilisés. Ainsi, au S correspond le mois de décembre. Le 2 décembre devient donc le « 2S ».

La tradition du « 2S » remonte au Second Empire. La veille de la date anniversaire, les officiers célébraient cette bataille victorieuse à coups de traversins et de matelas dans les dortoirs de l’école. Le jour même, ils s’attelaient à la confection de vêtements pour la nuit d’Austerlitz, fameuse veillée aux flambeaux de l’Empereur. À partir des années 1920, les officiers reconstituent à petite échelle les combats. En 1956, les élèves de la promotion « Franchet d’Espèrey » recréent une fidèle reconstitution, tradition toujours perpétuée à ce jour sur le terrain de l’école à Coëtquidan.


2 décembre 1547 : mort à 62 ans d’Hernan Cortès (près de Séville – Espagne).

Avec 500 soldats espagnols il conquiert l’Empire aztèque (Mexique) pour le compte de Charles Quint. Cette conquête, qui vient à la suite de la colonisation d’Hispaniola par Christophe Colomb en 1493, puis de la conquête de Cuba par Diego de Cuellar en 1511, est une étape fondamentale de la colonisation espagnole des Amériques au XVIe siècle.

Cortés en est récompensé en obtenant le titre créé pour lui de marquis de la Vallée d’Oaxaca (20 juillet 1529).

Il est cousin au deuxième degré de Francisco Pizarro, qui s’empare quelques années plus tard de l’Empire inca.


2 décembre 1804 : Napoléon sacré Empereur

Le , le consul à vie Napoléon Bonaparte reçoit la délégation du Sénat lui présentant le sénatus-consulte promulgué le , qui le proclame empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er.

À la suite de la proclamation, il est demandé au peuple sous la forme d’un plébiscite, d’accepter l’« hérédité de la dignité impériale ». Les résultats de ce plébiscite sont de 3 572 329 oui contre 2 569 non, soit plus de 99,9 % d’approbation.

Napoléon refusant que le pape Pie VII bénéficie d’une entrée solennelle à Paris, une rencontre fortuite est organisée entre les deux hommes en forêt de Fontainebleau le . Accueilli au château de Fontainebleau avec les honneurs militaires dus aux chefs d’État, le pape y reste pendant quatre jours. Pendant ces quelques jours, il reçoit de nombreux hommages et notamment celui de Joséphine de Beauharnais qui lui confesse que son mariage avec Napoléon en 1796 n’avait été qu’un mariage civil, une union nulle au regard du droit canonique. Devant cet état de fait, Pie VII se montre intransigeant et annonce qu’il n’assistera pas au couronnement à moins que le couple ne produise un certificat de mariage catholique. Le cardinal Joseph Fesch, oncle de Napoléon, règle l’affaire. Il prononce le mariage au palais des Tuileries dans la nuit du 1er en présence du curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Talleyrand et du maréchal Berthier.

C’est le  que Pie VII arrive à Paris et se voit installer dans le pavillon de Flore des Tuileries. Bien que le nouvel empereur souhaite réduire le rang du pape à celui d’un simple chef d’État temporel, il doit reconnaître, à sa surprise, l’importante ferveur soulevée par sa présence à Paris, comme en témoigne Hortense de Beauharnais : « Le pape fut partout recherché, respecté, et il dut se convaincre que la Révolution française n’avait pas dû détruire une religion que la liberté de conscience établie rendait encore plus sacrée. » Le , les membres des différentes institutions lui rendent visite, tandis que les derniers détails de la cérémonie sont discutés avec Cambacérès et Portalis par ses représentants.

Le matin du , à neuf heures, le cortège du pape quitte le palais des Tuileries, encadré par quatre escadrons de dragons commandés par le grand écuyer Armand de Caulaincourt. Après avoir revêtu les ornements pontificaux à l’archevêché, Pie VII fait son entrée dans la cathédrale Notre-Dame vers 10 h 30. Dans le même temps, le cortège impérial commandé par le maréchal Joachim Murat se met en route à son tour. Comprenant 25 voitures dont celle qui transporte le couple impérial de même que les princes Joseph et Louis Bonaparte, il est accompagné de nombreux escadrons représentant les différents régiments d’artillerie ou de cavalerie. Après un détour à l’archevêché pour revêtir son manteau et les insignes de la Légion d’honneur, Napoléon fait lui aussi son entrée dans la cathédrale.

La cérémonie, longue de près de cinq heures, et qui voit le sacre de Napoléon 1er et de Joséphine de Beauharnais, se termine ainsi : après avoir été sacrés, l’empereur et l’impératrice montent sur l’estrade. Le pape les bénit en prononçant ces mots : « Sur ce trône de l’Empire que vous affermisse et que, dans son royaume éternel, vous fasse régner avec lui, Jésus-Christ, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, qui vit et règne avec Dieu le père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. » Puis Pie VII donne l’accolade à l’empereur et dit : « Vivat Imperator in aeternum », ce à quoi répond l’assistance par des « Vive l’Empereur » et « Vive l’Impératrice ». C’est alors que Napoléon prononce son serment civil mentionné dans les témoignages. Enfin, le héraut d’armes, Michel Duverdier, proclame majestueusement : « Le très glorieux et très auguste Napoléon, empereur des Français, est sacré et intronisé ! »

Le Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David.

Ci-dessous : Marche du Sacre de l’Empereur


2 décembre 1805 : victoire d’Austerlitz (actuelle Tchéquie).

Napoléon Bonaparte impose son génie tactique à l’empereur d’Autriche et au tsar de Russie. Ayant renoncé après les évènements de Trafalgar à envahir l’Angleterre, ses troupes regroupées dans la région de Calais se sont redéployées à une vitesse foudroyante en Europe Centrale. Dans une situation toutefois précaire, susceptible de s’aggraver avec l’arrivée de nouveaux renforts autrichiens, Napoléon simule un retrait partiel du plateau de Pratzen, où se situe le village d’Austerlitz, incitant ses adversaires à attaquer sans attendre. Profitant en outre d’un brouillard masquant ses réserves, Napoléon peut surprendre ses ennemis sur leur flanc et les mettre en déroute. Les pertes austro-russes s’élèvent à près de 7 000 pour 1 288 Français. 50 drapeaux sont enlevés à l’ennemi et vont orner la voûte de l’église Saint-Louis des Invalides. En outre, le bronze des 180 canons pris à l’ennemi est employé pour fondre la colonne Vendôme, à Paris (copie de l’antique colonne Trajane qui célèbre à Rome la victoire de l’empereur romain sur les Daces). Les écoles de Coëtquidan reconstituent chaque année cette victoire retentissante qui vit pour la première fois tomber au combat des jeunes officiers de la toute nouvelle école spéciale impériale militaire de Saint-Cyr.


2 décembre 1851 : coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte contre la Deuxième République


2 décembre 1852 : Louis Napoléon Bonaparte proclame le Second Empire et devient Napoléon III


2 décembre 1870 : fin de la bataille de Loigny.

Dans le cadre des opérations destinées à forcer le siège de Paris, après avoir repoussé les Bavarois le 9 novembre à Coulmiers, victoire malheureusement inexploitée, l’armée de la Loire doit se heurter à nouveau à des forces supérieures en nombre qui cherchent à reprendre Orléans. Les corps d’armée sont composés de troupes disparates, lignards ayant rallié après les défaites de l’été en Alsace et en Lorraine, et surtout volontaires mobilisés après la chute de Napoléon III au sein de régiments de marche, formés rapidement et équipés avec le matériel difficilement réuni. Aux ordres du général de Sonis, le 17e Corps, installé en défensive autour du village de Loigny soutient pendant plusieurs heures le feu des Bavarois. Galvanisé par l’exemple de son chef blessé au combat et le sacrifice des zouaves pontificaux (sur 300 hommes, 198 tombent devant Loigny, et, avec eux, 10 des 14 officiers qui les commandent), autant que par l’enjeu de livrer bataille en un si prestigieux anniversaire, le 17e Corps est néanmoins contraint à la retraite par le repli des 15e et 16e Corps sur sa gauche. Pour couvrir le mouvement, le 37e de marche ne se rend qu’après avoir épuisé toutes ses cartouches.


2 décembre 1891 : naissance du peintre allemand Otto Dix

Otto Dix est issu d’un milieu ouvrier (son père, Franz Dix, travaillait dans une mine de fer), mais reçoit une éducation artistique par sa mère, Pauline Louise Dix, qui s’intéressait à la musique et à la peinture. Après avoir suivi les cours du professeur de dessin Ernst Schunke pendant sa jeunesse, Otto Dix prend des cours à Gera de 1905 à 1909 auprès de Carl Senff, qui doute de l’avenir de son élève en tant que peintre.

Une bourse d’études fournie par le prince de Reuss lui permet d’entrer à l’École des arts appliqués de Dresde, où il étudie entre 1909 et 1914. Johann Nikolaus Türk et Richard Guhr figurent parmi ses professeurs. Dix s’essayera au cubisme, au futurisme et plus tard au dadaïsme.

Quand la guerre éclate, il est appelé sous les drapeaux lors de la mobilisation générale et est envoyé dans un camp d’entraînement. Son entraînement dura « étonnamment longtemps » — ce qui lui permet de poursuivre ses activités artistiques —, Otto Dix n’est envoyé sur le front à l’automne 1915 que parce qu’il se porte volontaire. L’année suivante, il reçoit une formation de mitrailleur et participe à de nombreuses campagnes en Champagne, dans la Somme ou en Russie dont il sortira vivant, malgré plusieurs blessures. Il a alors en tête des images d’horreur qu’il essaie d’oublier en peignant, comme en témoigne Les Joueurs de skat en 1920.

Son œuvre la plus aboutie témoignant des expériences traumatisantes vécues lors de la guerre est le portefeuille de cinquante eaux-fortes, Der Krieg, publié en 1924. Il parlera ainsi de cette expérience : « Le fait est que, étant jeune, on ne se rend absolument pas compte que l’on est, malgré tout, profondément marqué. Car pendant des années, pendant 10 ans au moins, j’ai rêvé que je devais ramper à travers des maisons en ruines (sérieusement), à travers des couloirs, où je pouvais à peine passer. Les ruines étaient toujours présentes dans mes rêves… »

De 1919 à 1922, il étudie également à Düsseldorf, avant d’adhérer au mouvement réaliste et satirique Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité). Il enseigne ensuite les beaux-arts à Dresde à partir de 1927.

En 1923, il épouse Martha Lindner dont il réalisera plus de 70 portraits au cours de leur vie commune. Ensemble, ils auront trois enfants : Nelly (1923-1955), Ursus (1927–2002) et Jan (1928–2019).

En juin-juillet 1929, il prend part à l’Exposition des peintres-graveurs allemands contemporains organisée à Paris à la Bibliothèque nationale et y présente les eaux-fortes ArtistesPortrait de l’artiste et Portrait d’homme et la lithographie Portrait de femme.

Après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes en 1933, Otto Dix, alors enseignant à l’université, est l’un des premiers professeurs d’art à être renvoyé, persécuté parce qu’il est considéré comme « bolchévique de la culture » par les nationaux-socialistes. La même année, menacé de prison et de camp d’internement, il commence une « émigration intérieure » dans le sud-ouest de l’Allemagne (à Randegg en 1933, puis à Hemmenhofen en 1936), près du lac de Constance, où son épouse Martha a fait construire une maison et un atelier, et où il se met à peindre des paysages.

En 1937, ses œuvres sont déclarées « dégénérées » par les nazis. Quelque 170 d’entre elles sont retirées des musées et une partie est brûlée ; d’autres sont exposées lors de l’exposition nazie « Art dégénéré » (Entartete Kunst). À titre d’exemple, il peint la toile intitulée La Tranchée en 1923 ; déclarée « art dégénéré », elle a probablement été détruite par les nationaux-socialistes Il compose également son triptyque La Guerre entre 1928 et 1931. Le but de cette œuvre n’est pas de provoquer angoisse ou panique, mais de « simplement transmettre la connaissance du caractère redoutable de la guerre, pour éveiller les forces destinées à la détourner ». Ce triptyque, vu comme une prolongation du tableau précédent, est présenté une seule fois dans une exposition à Berlin en 1938 ; il est ensuite interdit par les autorités nationales-socialistes.

En 1938, Otto Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Durant ces temps difficiles, il peint une représentation de saint Christophe dans le style des grands maîtres à la demande de la brasserie de Köstritz.

Il participe par obligation à la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental en 1944-1945. Il est fait prisonnier en Alsace par les Français.


2 décembre 1980 : Romain Gary se suicide (Paris).

Compagnon de la libération, capitaine de l’armée de l’air française, diplomate, écrivain, Romain Kacew est né à Vilnius (Lituanie) en 1914. Après avoir émigré en France (1929), il s’engage dans l’armée de l’Air (1935) où il franchit les grades de sergent à capitaine. Il rejoint les Forces françaises libres et participe à de nombreuses missions de bombardement en Allemagne et se comporte avec beaucoup de courage et de maîtrise. Après la guerre, il poursuit parallèlement une double carrière de diplomate et d’écrivain défrayant régulièrement la chronique avec ses succès tant littéraires que féminins. Prolifique, dévorant la vie mais ne s’en satisfaisant pas, il se tire une balle, laissant malicieusement la postérité démêler l’imbroglio de ses géniales mystifications littéraires.


2 décembre 1984 : accident chimique de Bhopal (Inde).

L’explosion d’un réservoir de 40 tonnes de MIC (méthyle isocyanate) dans l’usine Union Carbide laisse échapper un nuage toxique qui tue sur le moment 323 personnes et dans les jours qui suivent plusieurs milliers. Le bilan officiel serait aujourd’hui de 7 500 morts, au moins 20 000 selon les associations.

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