IN MEMORIAM – Aviatrice Jacqueline AURIOL (décédée le 11 février 2000)

De tempérament, Jacqueline Auriol, née Douet à Challans, en Vendée, le 5 novembre 1917, n’en manque pas. Elle le démontre, quand, placée chez les Ursulines, à Nantes, elle en rejette le règlement. Survient, toutefois, en 1931, sa première grande épreuve : la mort de son père.

Cette tragédie lui rend insupportable le remariage de sa mère en 1933 avec le conservateur du musée de Nantes, qui gagne pourtant son affection et l’initie à l’art. Le 26 février 1938, Jacqueline, fille de royalistes, bouscule encore les conven­tions en épousant Paul, fils du socialiste Vincent Auriol.

Elle épouse ensuite la cause de son beau-­père, bête noire de Vichy pour avoir voté, le 10 juillet 1940, contre les pleins pouvoirs à Pétain. Une période sombre débute malgré l’arrivée d’un second fils, Jean-­Paul. Lorsque Vincent Auriol choisit la clandestinité en 1942, Jacqueline, traquée par la Gestapo, ne cesse de changer d’adresse et d’identité. Mais la roue de la liberté ramène Vincent Auriol à la lumière et, le 16 janvier 1947, il est élu président de la République.

Voici Jacqueline à l’Élysée, coincée entre les mondanités et l’ennui. « Pour­quoi ne pas piloter ? », lui suggère Pierre Pouyade, héros du Normandie­-Niemen. Brevetée en 1948 après des cours amorcés le 6 juin 1947, la jeune femme prend un tel plaisir à la voltige aérienne qu’elle s’exclame : « C’est merveilleux ! »

Merveilleux, ça l’est jusqu’au 11 juillet 1949, jour terrible, hélas, où le bimoteur amphibie que la jeune femme a emprunté percute le plan d’eau des Mureaux. Le bilan médical est effrayant : Jacqueline entre dans un cycle d’opérations douloureuses, dont 16 aux États-­Unis. La chirurgie lui rendra sa beauté, mais au prix d’un va­-et-­vient entre la France, où elle passe le brevet de transport public, et les États-­Unis où elle empoche le brevet d’hélicoptère, avec un rêve : devenir pilote d’essai.

En 1951, elle bat le record de vitesse détenu depuis 1947 par l’Américaine Jacqueline Cochran. Première Européenne à franchir le mur du son, en 1953, elle enlève 5 fois le titre de femme la plus rapide du monde, entre 1951 et 1963. Admise entre­temps au Centre d’essais en vol, brevetée pilote d’essai, elle se dit fière d’être acceptée par les hommes exceptionnels dont elle partage le quotidien risqué.

L’âge la soustrait aux essais des prototypes les plus rapides ; elle renoue alors avec la décoration, passion née aux Beaux­-Arts, avant d’être fragilisée par la maladie et un accident de la route.

Cette femme admirable ne craignait pas la mort, frôlée en 56 lors d’une vrille. Elle avait même ressenti une forme d’apaisement, pensant : « Ça y est ! C’est le moment de ta mort, le moment le plus fascinant de ta vie. » Elle s’en était sortie, forte d’une sérénité qui ne l’abandonna pas, le 11 février 2000, quand elle partit pour son dernier vol.

  • Grand officier de la Légion d’honneur.
  • Grand-croix de l’ordre national du Mérite.
  • Médaille de l’Aéronautique.
  • Commandeur de l’ordre du Mérite sportif.
Carte Jacqueline Auriol par B. Freudenthal. Cliquer sur l’image pour accéder au site.
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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