Josette Molland-Ilinsky est décédée le 17 février 2024, à l’âge de 100 ans.
Née le 14 mai 1923 à Bourges, elle grandit à Lyon. Elle rêve de devenir peintre mais ses parents souhaitent un autre avenir pour elle. Dotée d’un fort tempérament, la jeune femme obstinée intègre l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1939 et installe son atelier au-dessus du commerce familial.
L’invasion de la zone sud en 1942 n’épargne pas la ville et Josette décide d’entrer en résistance. Par le biais d’une camarade de classe hollandaise, elle se rapproche du réseau Dutch-Paris, fondé par Johan Weidner, un industriel lyonnais et Herman Laatsman, diplomate hollandais. Elle utilise son talent d’artiste pour s’opposer à l’Occupation et réalise des faux-papiers : des passeports, des laissez-passer, des logos français, allemands, hollandais et même des faux tampons officiels gravés dans des gommes. Josette voyage beaucoup pour remettre les faux-papiers qu’elle dissimule à travers ses croquis.
Son amie hollandaise ne revient pas d’une mission, arrêtée par la Gestapo. elle est arrêtée à son tour en mars 1944, dénoncée par sa camarade sous la torture. Pour sa défense, elle tente de faire croire aux officiers allemands que les faux-papiers sont seulement des entrainements de dessins. Face au “boucher de Lyon“ le bourreau Klaus Barbie, cette explication ne passe pas. La jeune femme subit la torture et les coups jusqu’à l’évanouissement mais ne dit rien. Elle est internée à la prison de Montluc.
A 20 ans elle est transférée à la prison de Fresnes, puis elle est envoyée au camp de Romainville et est embarquée le 11 août 1944 dans un convoi de 102 femmes, en direction du camp de Ravensbrück avant finalement d’être prisonnière au camp de travail forcé d’Holleischen. Dès ses premiers pas sur place, elle assiste à l’assassinat d’une femme par pendaison, accusée de sabotage. C’est la première image qu’elle a du camp. Là-bas elle est forcée de travailler dans des conditions atroces, elle fabrique des armes pour l’armée allemande, on l’affame et on lui inflige les pires sévices mais l’éternelle rebelle ne cède pas.
Par manque de nourriture, elle est contrainte de se débrouiller pour survivre : “j’ai même mangé un jour une taupe qui était endormie par le froid“. Puis un jour du printemps 1945, le camp est libéré elle retourne à Lyon.
A 22 ans, elle vient de connaître les pires moments de sa vie. Ses parents ont déménagé dans le sud de la France, à Nice et Josette décide de les rejoindre. Elle construit sa vie là-bas, à Falicon, se marie et devient ce qu’elle a toujours voulu être : peintre. Il est difficile pour elle de trouver les mots justes pour exprimer la dure réalité de ce quotidien inhumain, alors elle dessine l’innommable douleur.
Josette devient Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille de la Résistance, de la médaille Militaire, de la croix de guerre et passeuse de mémoire inébranlable.