IN MEMORIAM – Lazare Ponticelli, dernier Poilu (décédé le 12 mars 2008)

Lazare Ponticelli est né à Cordani, un petit village du nord de l’Italie dans la province de Plaisance en Émilie-Romagne le  (il aurait été déclaré à la mairie le ).

Il grandit dans une famille très pauvre de sept enfants qui vit à Cordani, un village de montagne. Son père travaille sur les foires et est aussi à l’occasion menuisier et cordonnier. Sa mère cultive le lopin de terre familial et trois fois par an descend travailler comme journalière dans les rizières de la plaine du Pô. Sa mère part en France pour essayer de gagner plus d’argent alors que son fils Lazare n’a que deux ans. Son père et son frère aîné meurent brutalement quelque temps après. Le reste de la famille décide alors de tenter aussi sa chance à Paris et laisse le petit Lazare chez des voisins

L’enfant commence à travailler dès l’âge de six ans, capturant des volatiles et fabriquant des sabots. Il utilise l’argent gagné pour prendre le train et se rendre à Paris qu’il considère comme « le paradis ». Ne sachant pas si ses économies sont suffisantes pour acheter un billet Piacenza-Paris, il décide de courir derrière le train jusqu’à la frontière française, avec ses sabots sur l’épaule pour ne pas les abîmer. Il débarque Gare de Lyon, en 1906 à 9 ans, sans savoir ni lire, ni écrire, ni parler français.

En France, il reste trois jours et trois nuits dans la gare, jusqu’à ce qu’un chef de gare le remarque. Celui-ci tente de l’interroger sur sa présence en cet endroit, mais Lazare, ne connaissant pas le français, ne peut que lui répéter le nom d’un bistrotier, point de passage des Italiens de son village travaillant à Paris et dont on lui a parlé avant son départ. Par chance, le chef de gare reconnait le nom et le conduit chez le cafetier dont la femme le prend sous son aile.

Il commence à travailler comme ramoneur à Nogent-sur-Marne, où réside une importante communauté italienne, puis devient crieur de journaux à Paris. Il garde d’ailleurs un souvenir vif du jour de la mort de Jean Jaurès le , car, à cette occasion, les gens s’arrachent ses journaux place de la Bastille. Il travaille également comme coursier pour Marie Curie.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, en trichant sur son âge, il s’engage dans le 4e régiment de marche du 1er régiment étranger, le régiment « Garibaldien » constitué majoritairement d’Italiens et dont l’encadrement français provient du 1er régiment étranger de Sidi bel Abbès. Il retrouve d’ailleurs l’un de ses frères, Célestin, et est envoyé sur le front à Soissons. Il participe aux combats dans l’Argonne.

En , il se trouve près de Verdun, lorsqu’il est démobilisé. En effet, avec l’entrée en guerre de l’Italie, il doit rejoindre l’armée italienne. Refusant de quitter l’uniforme français, c’est accompagné de deux gendarmes qu’il est amené à Turin. Il est enrôlé dans le 3e régiment de chasseurs alpins, les Alpini, et combat les Autrichiens dans les Dolomites.

Il connaît alors les fraternisations entre troupes autrichiennes et italiennes (beaucoup d’Alpini des Dolomites parlent l’allemand). Sa compagnie est sanctionnée par l’État-major, traduite en conseil de guerre et envoyée dans une zone de combats plus rude, à Caporetto au Monte Colovrat en Slovénie. Chargé d’une mitrailleuse, il est blessé sérieusement à la joue par un éclat d’obus lors d’une sanglante offensive italienne contre les positions ennemies. Il est opéré sur place à vif et envoyé en convalescence à Naples. Il retourne au front en 1918 à Monte Grappa, lors de la bataille décisive de Vittorio Veneto où il est confronté aux attaques au gaz qui tuent des centaines de ses camarades.

C’est là qu’il apprend la signature de l’armistice. Démobilisé et de retour en France en 1920, il fonde avec ses deux frères, Céleste et Bonfils, Ponticelli Frères, une société de fumisterie. Cette entreprise devient une petite multinationale assez connue dans le domaine de la construction et de la maintenance industrielle, principalement dans le pétrole et le nucléaire.

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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