10 août 955 : bataille de Lechfeld.
La bataille du Lechfeld, le « champ du Lech », s’inscrit dans la longue série d’affrontements qui ont émaillé l’histoire des empires de Rome, de Byzance, d’Occident ou de Chine, face aux Huns, aux Avars, aux Khazars, aux Onoghoures, aux Pétchénègues, aux Coumans, aux Tatars, aux Mongols et à bien d’autres peuples cavaliers venus des steppes à la recherche des richesses de ces empires.
Originaires de l’Oural et passés par l’Etelköz (région steppique située au nord de la Mer Noire), les Magyars s’installèrent en 895 à l’intérieur de l’arc carpatique puis entreprirent, durant soixante ans, des campagnes de pillage, d’abord en Moravie, royaume gravement défait à Bratislava en 907 puis dans le domaine carolingien en passant par la trouée pannonienne. Les Magyars ravagèrent l’Allemagne, la vallée du Rhône et jusqu’au sud de l’Italie, en 922-24, 933 et 947), ramenant un énorme butin et d’innombrables prisonniers, dont ils firent leurs serfs.
Il fallait mettre fin à cette guerre (dans le sens médiéval de harcèlement) par une grande bataille décisive obligeant l’ennemi à négocier : celle-ci eut lieu près d’Augsbourg, entre les rivières Lech et Schmutter.
Le Lechfeld vit s’affronter d’un côté environ 10 000 cavaliers lourds rassemblés, selon les sources d’époque, par Otton (en fait, probablement 3 500 à 4 000), et de l’autre environ 6 000 à 8 000 archers et cavaliers légers des Magyars.
À l’approche de l’ennemi, Otton fut pris de flanc par une partie des forces adverses : il se trouvait ainsi enserré par deux forces plus nombreuses, ce qui aurait pu causer sa défaite. Mais les Hongrois qui l’attaquaient sur son aile cédèrent à la tentation et mirent pied à terre pour faire main basse sur la caravane de bagages germanique. C’est ce qui les perdit : Otton envoya alors une partie de ses forces contre ces pillards, et, une fois ceux-ci éliminés, ses cavaliers lourds se regroupèrent puis chargèrent les lignes hongroises.
Malgré les flèches magyares, en grande partie détournées par les boucliers et les armures germaniques, l’armée d’Otton frappa la ligne adverse et l’enfonça. Horka Bulcsu tenta de feindre la retraite pour attirer les Germains dans une éventuelle poursuite afin de les désorganiser, mais les troupes d’Otton maintinrent leur ligne et les mirent en déroute. Les prisonniers furent soit exécutés, soit relâchés avec les oreilles et le nez coupés.
Leur défaite contraignit les Magyars à cesser leurs campagnes de pillage en Occident.
10 août 991 : bataille de Maldon.
La bataille de Maldon se déroule le près de Maldon, en Angleterre. Elle oppose une armée anglaise menée par Byrhtnoth, ealdorman d’Essex, à une troupe de Vikings, qui sortent victorieux de l’affrontement. À la suite de cette défaite, le roi Æthelred le Malavisé verse un tribut aux Vikings pour qu’ils quittent son royaume. Elle est relatée dans le poème en vieil anglais La Bataille de Maldon, qui brode sur la réalité en prêtant de nombreux discours aux guerriers anglais.
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Dans les années 980, le royaume d’Angleterre est confronté à une recrudescence des raids vikings : Southampton est pillée en 980, Portland en 982 et Watchet en 988. Les pillards ne viennent pas de Scandinavie, mais des établissements vikings dans les îles Britanniques, en Irlande, dans les Hébrides et sur l’île de Man.
Le manuscrit A de la Chronique anglo-saxonne rapporte, pour l’année 993, l’arrivée d’une flotte viking de 93 navires menée par le Norvégien Olaf Tryggvason. Elle pille Folkestone et Sandwich, dans le Kent, puis remonte vers le nord et attaque Ipswich, dans le Suffolk, avant d’arriver à l’embouchure de la Blackwater, dans l’Essex, près de la ville de Maldon. L’ealdorman d’Essex Byrhtnoth se porte à leur rencontre avec le fyrd de son comté.
L’entrée pour 993 du manuscrit A de la Chronique est confuse, comme en témoigne sa date erronée (993 au lieu de 991). Par conséquent, certains historiens, comme Niels Lund dans sa biographie d’Olaf Tryggvason pour le Dictionary of National Biography, considèrent que les 93 navires menés par Olaf Tryggvason ne sont arrivés en Angleterre qu’en 993-994. En revanche, Levi Roach estime que les détails donnés par la Chronique se rapportent bien à Maldon. Il souligne que le parcours proposé de la flotte viking est cohérent et suggère que le scribe responsable de la copie du manuscrit a pu sauter par erreur de l’entrée pour 991 à celle pour 993, réunissant sous une même entrée les événements survenus lors de ces deux années6.
La date exacte de la bataille peut être déterminée grâce à la mention de la mort de Byrthnoth dans les calendriers de plusieurs abbayes. Ceux de Winchester et Ramsey la datent du 11 août, tandis que celui d’Ely la date du 10. Dans la mesure où l’ealdorman est l’un des principaux bienfaiteurs de l’abbaye d’Ely, où il est également inhumé, le 10 août est la plus vraisemblable des deux dates.
Les différentes versions de la Chronique anglo-saxonne se contentent de rapporter que les Vikings remportent le combat et que l’ealdorman Byrhtnoth est tué. Le déroulement de la bataille est décrit de manière plus détaillée dans deux sources littéraires rédigées peu de temps après : l’hagiographie d’Oswald de Worcester rédigée par Byrthferth de Ramsey et le poème anonyme La Bataille de Maldon. Elles offrent une image romancée de l’affrontement, mais elles permettent également d’évaluer la manière dont les contemporains ont perçu cet événement. Un récit beaucoup plus fantaisiste apparaît dans le Liber Eliensis, composé au XIIe siècle, qui fait durer la bataille quatorze jours et la décrit comme une victoire anglaise.
L’hagiographie d’Oswald n’apporte qu’un nombre d’informations limité. Il décrit la stature imposante et les longs cheveux blancs de Byrhtnoth et rapporte que les Anglais fuient le champ de bataille après sa mort. Aux yeux de Byrthferth, l’ealdorman apparaît comme le champion de la chrétienté contre les forces des ténèbres que représentent les Vikings, dont il décrit les déprédations en termes apocalyptiques.
C’est dans le poème La Bataille de Maldon que l’on trouve le récit le plus détaillé de la bataille, bien qu’il soit incomplet (le début et la fin du texte se sont perdus). Il rapporte que les Vikings ont débarqué sur une petite île, couramment identifiée à Northey Island, qui est séparée des terres par l’estuaire de la Blackwater. De l’autre côté des eaux se trouvent les hommes de Byrthnoth. Les Vikings lui proposent de partir en échange d’un tribut, ce que l’ealdorman refuse. Ils demandent ensuite à franchir la chaussée qui relie Northey Island à l’Essex afin de pouvoir déployer leurs troupes. Byrthnoth accepte et, une fois l’estuaire franchi, la bataille s’engage entre les deux armées. Le poète décrit ensuite le sort de plusieurs guerriers anglais qui tombent héroïquement face à la horde d’envahisseurs anonymes. Byrhtnoth lui-même tombe face à l’ennemi et meurt après avoir recommandé son âme à Dieu. La mort de leur chef incite une grande partie des troupes anglaises à s’enfuir, mais plusieurs soldats rappellent le serment de fidélité qu’ils ont prêté à l’ealdorman et se battent jusqu’à la mort.
La défaite et la mort de Byrthnoth, qui est l’un des plus anciens et des plus importants ealdormen du royaume, a un retentissement considérable en Angleterre. Le roi Æthelred le Malavisé et ses conseillers (parmi lesquels l’archevêque Sigéric de Cantorbéry) décident d’acheter le départ des Vikings en leur versant 10 000 livres. Cette stratégie ne porte pas ses fruits, puisque dès l’année suivante, une flotte viking (peut-être la même) est active au large des côtes de l’est de l’Angleterre.
10 août 997 : les troupes d’Almanzor pillent et saccagent Saint-Jacques de Compostelle.
Une des plus célèbres expéditions d’Almanzor a lieu en 997, contre Saint-Jacques-de-Compostelle. La ville située en Galice, région qu’aucune troupe musulmane n’a jamais atteinte, pas même lors de la conquête du VIIIe siècle, intéresse le dirigeant de Cordoue qui à ce moment guerroie au Maghreb. La situation est d’autant plus sérieuse que Bermude II souhaite profiter de l’éloignement d’Almanzor pour rompre les liens de vassalité qu’il entretient avec ce dernier. Alerté, Almanzor souhaite démontrer sa puissance en menant un front au Maghreb et un autre en Europe. L’attaque de la cité de Saint-Jacques-de-Compostelle, connue dans toute la chrétienté, lui est alors suggérée par un noble lui-même chrétien et le une puissante armée musulmane quitte Cordoue pour la 48e expédition d’Almanzor. En traversant Coria et Viseu, l’armée est renforcée par plusieurs comtes chrétiens.
Le , les forces musulmanes sont aux portes de Saint-Jacques-de-Compostelle, désertée par ses habitants. Durant une semaine la ville est pillée et finalement incendiée, la basilique rasée mais la tombe de l’apôtre y reposant est conservée de même que la vie du moine chargé de sa conservation est épargnée. Les portes de la cité ainsi que les cloches de l’église sont transportées à Cordoue de même qu’un nombre considérable de prisonniers. Les comtes chrétiens ayant participé à la prise de la ville sont quant à eux généreusement récompensés.
Le saccage de la ville est considéré comme un affront à toute la chrétienté qui se répandra à travers tout l’Occident. Quant au roi Bermude, totalement dépassé par les évènements et incapable de protéger la ville, il voit son pouvoir et son autorité sapés.
Almanzor ou Al-Mansur, né à Algésiras vers 937-938 et mort à Medinaceli le , est un chef militaire et homme d’État andalusi. Al-Mansûr, qui signifie « le victorieux » en arabe, est devenu Almanzor en espagnol. Vizir du palais du calife omeyyade de Cordoue, Hichâm II (976-1013), il obtient, à force d’intrigues, d’assassinats politiques et de nombreuses victoires à travers la péninsule ibérique, tout pouvoir en al-Andalus de 978 à sa mort en 1002, fondant ainsi la courte dynastie amiride. Sa fulgurante ascension au pouvoir a été expliquée par une soif de domination, mais l’historien Eduardo Manzano Moreno souligne que « elle doit s’entendre au sein des complexes luttes internes au sein de l’administration ommeyyade » […] « Notre homme ne marcha pas sur le pouvoir en solitaire, il était appuyé par un réseau complexe de relations familiales (…). Dès la disparition d’Al-Hakam II, les grandes familles de l’administration cordouane décidèrent de se ranger en appuyant le vizir Almanzor. Sa domination met fin à l’influence que les fonctionnaires eunuques et des esclaves avaient alors. Son image de « champion de l’islam » a servi à justifier sa prise d’autorité gouvernementale.
10 août 1512 : bataille navale de Saint-Mathieu.
La bataille de Saint-Mathieu est une bataille navale qui oppose le pendant la guerre de la Ligue de Cambrai, une flotte anglaise de 25 vaisseaux commandée par l’amiral Sir Edward Howard à une flotte franco-bretonne de 22 vaisseaux commandée par le vice-amiral René de Clermont, au large de Brest. Il s’agit probablement de la première bataille au cours de laquelle un vaisseau fait usage de tirs par bordée, bien que ceux-ci jouent un rôle mineur dans l’issue du combat.
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, le roi d’Angleterre Henri VIII signe un traité avec le roi d’Espagne Ferdinand II et rejoint la Sainte Ligue contre la France et la Bretagne réunies par mariage depuis le .
En , Henri VIII confie à l’amiral Edward Howard dix huit navires pour organiser le blocus de la Manche et piloter un corps expéditionnaire en Guyenne. Pour fermer la rade de Brest, Howard occupe la presqu’île de Crozon et la pointe Saint-Mathieu. Les maisons sont incendiées, dont le manoir d’Hervé de Portzmoguer. Celui-ci commande depuis quatre ans la flotte de Bretagne et La Cordelière, caraque sorti d’un chantier morlaisien en 1498. Le , il est surpris au mouillage de Brest au cours d’une réception donnée sur ce formidable navire amiral pour accueillir, en présence du maire de Morlaix, l’amiral de France par intérim et la flotte normande. Pour repousser l’incursion anglaise vers le goulet de la rade, il doit rompre les amarres précipitamment.
Les deux principaux bâtiments de la flotte — la Marie-la-Cordelière et la Louise — s’avancent face à la flotte ennemie pour couvrir la retraite du reste de la flotte vers le port de Brest. Sous le feu anglais, la Marie-la-Cordelière met les voiles vers le vaisseau amiral anglais, le Regent. Le Sovereign et le Mary James se portent immédiatement à son secours et entourent la Cordelière ; quant à la Louise, elle doit faire face au feu plus puissant de la Mary Rose et, gravement endommagée, elle est contrainte à la retraite. La Cordelière est désormais seule au milieu de la flotte anglaise, à l’exception de la petite Nef-de-Dieppe qui harcelait les vaisseaux anglais. Les canons de la Cordelière démâtent le Sovereign et le Mary-James qui, devenus ingouvernables, se mettent à dériver en mer d’Iroise.
Hervé de Portzmoguer, le capitaine breton de la Cordelière, ordonne l’assaut du Regent. Des grappins d’abordage sont lancés et les deux vaisseaux se trouvent liés l’un à l’autre. Les hommes de la Marie-la-Cordelière se jettent à l’abordage du Regent, commandé par Thomas Knyvett, et investissent son pont, alors que les Anglais envoient des renforts en hommes à bord du Regent. La Nef-de-Dieppe manœuvre habillement et prend sous son feu ces nouveaux assaillants. Le pont du Regent est bientôt entièrement recouvert de sang, lorsque soudainement, alors que de petits incendies s’étaient déjà déclarés çà et là, la Cordelière explose, enflammant avec elle le Regent et l’entraînant par le fond. Les hommes à bord sont soufflés par l’explosion et presque tous tués. Seuls 20 marins bretons blessés sur les 1 250 que comptait l’équipage de la Cordelière sont sauvés et 60 marins du Regent.
Quelles ont pu avoir été les pertes anglaises ? Étant donné que le Mary Rose, de 500 tonnes, embarquait, pour cette expédition environ 700 hommes, et que le Régent faisait 1 000 tonnes, soit le double, il est donc permis de penser qu’il y avait certainement au moins un millier d’hommes sur le Régent au moment de l’explosion ; or comme seule une soixantaine d’Anglais ont été repêchés vivants, les pertes anglaises ont donc dû être au moins égales à celles des Bretons.
La destruction de la Marie la Cordelière, le jour de la Saint-Laurent (), est présenté en France comme un acte héroïque délibéré de la part du commandant Hervé de Portzmoguer. Il aurait prononcé les paroles suivantes : « Nous allons fêter saint Laurent qui périt par le feu ! » avant de mettre le feu à sa sainte-barbe pour éviter la capture. Il n’existerait, en réalité, aucune preuve que cette explosion ait été intentionnelle.
Dans les deux jours qui suivent, la flotte française s’étant réfugiée à Brest, Howard, rescapé sur le Mary Rose, incendie vingt-sept navires naviguant entre l’Iroise et la Manche, en capture cinq autres et débarque brièvement à Brest. Les anglais font plusieurs centaines de prisonniers avant de rentrer en Angleterre.
Malgré la perte du Régent et l’incapacité à investir la rade de Brest, sir Edward Howard est fait Lord High Admiral par le roi Henry VIII. Edward Howard sera tué le de l’année suivante, noyé dans son armure, en tentant de renouveler le même coup, cette fois contre les six galères de l’amiral français Prégent de Bidoux stationnées dans la rade de Brest, réputée imprenable.
La bataille de Saint-Mathieu est le premier duel d’artillerie navale documenté.
Le duché de Bretagne et le royaume de France sont, en 1512, deux entités distinctes, unies uniquement par le mariage de la Duchesse Anne au roi Louis XII de France. La combinaison des flottes française et bretonne est alors une première, et il s’agit de la première fois que des unités militaires de ces deux entités combattent côte à côte, vingt-quatre ans après la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488, la dernière bataille à les avoir opposées. Elle devient en Bretagne un symbole de l’union de la Bretagne à la France. Le poète breton Théodore Botrel écrit un poème héroïque à propos de ce combat. Alan Simon dans sa chanson Marie la Cordelière issue de la comédie musicale Anne de Bretagne (2008), fait également référence à ce combat.
10 août 1557 : bataille de Saint-Quentin (défaite française).
La bataille de Saint-Quentin est une victoire espagnole sur la France. Par cette victoire d’Emmanuel-Philibert de Savoie, lieutenant général du roi Philippe II d’Espagne, sur les troupes du roi de France, Henri II, aux ordres du connétable de Montmorency, qui y est capturé, Saint-Quentin passe aux Espagnols. La route de Paris est ouverte. Mais l’armée de Philippe II, pourtant forte de 60 000 hommes, ne marchera finalement pas sur la capitale des rois de France.
La résistance des Saint-Quentinois conduits par Gaspard de Coligny, parvenu dans la ville dans la nuit du 2 au 3 août 1557 avec 500 hommes armés fut héroïque et dura dix-sept jours, mais le massacre qui eut lieu sous ses murs laissa sa trace dans l’histoire.
La ville de Saint-Quentin, capitale du Vermandois, située à la croisée des chemins est-ouest et nord-sud, prospérait à l’époque de son pèlerinage réputé et de son commerce (blé, draps, guède…). Elle fut emportée d’assaut et s’abîma dans le sang et dans les flammes. Cependant la bataille de Saint-Quentin préfigure par plusieurs aspects la guerre moderne. Tout d’abord par l’utilisation d’un feu intense d’artillerie et d’armes à feu portatives concentrés sur une armée prise au piège, visant à l’anéantir alors qu’elle est immobilisée, démoralisée par une feinte stratégique et épuisée par une marche forcée et des contre-marches. De plus, la multiplicité des nationalités combattantes : si une grande partie des troupes qui combattirent à Saint-Quentin sous le drapeau espagnol étaient d’origines espagnole et italienne (provenant surtout de régiments napolitains), on comptait aussi dans l’armée de Philippe II bon nombre de soldats flamands et anglais, ainsi que de nombreux mercenaires (lansquenets en particulier) qui s’étaient engagés des deux côtés. Moderne, aussi par les conséquences d’un pareil massacre : il laisse les belligérants épuisés, au point que le vainqueur est incapable de pousser son avantage. Moderne enfin ; la crise morale et la prise de conscience humaniste chez le vainqueur ; l’hécatombe à Saint-Quentin fut telle que le roi le plus puissant de l’époque, Philippe II d’Espagne, prit amèrement conscience des souffrances que la guerre fait endurer aux hommes, voulut en laisser témoignage, et décida de modérer les ambitions héréditaires de sa lignée.
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Le 10 août 1557, jour de la Saint-Laurent, Montmorency décida d’avancer sur Saint-Quentin : il voulait que son avant-garde traverse la Somme en barques et renforce rapidement les assiégés, pendant que le gros de ses troupes se regrouperait temporairement dans un bois voisin, le bois de Montescourt.
Cependant, Montmorency, qui méprisait le duc de Savoie et ne lui reconnaissait aucune compétence militaire, décida soudain de modifier ses plans : il ordonna à ses troupes de quitter l’abri du bois et de se déployer en lignes parallèles pendant que l’avant-garde traversait la rivière. C’était une imprudence : les Espagnols pouvaient traverser la Somme par le pont de Rouvroy et surprendre les Français en pleine manœuvre. Mais le connétable pensait que ce pont était trop étroit pour que les Espagnols puissent y passer rapidement. Le contingent de troupes françaises de 2 000 hommes commandés par d’Andelot qui devait atteindre Saint-Quentin attend les barques qui arrivent avec un retard de deux heures, en nombre insuffisant. Sous le poids des hommes, les barques s’embourbent et chavirent. Une partie de la troupe réussit à traverser la rivière, mais elle fut reçue sur la rive gauche par les arquebusiers espagnols, dont le feu les décima : quelque 300 Français seulement réussirent à atteindre la ville, et le général d’Andelot fut blessé.
Pour compliquer encore la situation, les chevau-légers flamands du comte d’Egmont se mirent à harceler le flanc gauche des Français, obligeant une fois de plus Montmorency à faire retraite vers le bois, pendant que les cavaliers français de Nevers contenaient difficilement l’attaque espagnole.
Le pont sur la Somme, pont d’importance stratégique, était certes étroit, mais pas autant que le pensait le connétable, et les troupes du duc de Savoie réussirent à le traverser rapidement. Les Espagnols construisirent même un autre pont, fait de barques et de madriers. Leurs troupes purent alors traverser la Somme encore en plus grand nombre, pendant que les chevau-légers d’Egmont manœuvraient pour échapper à la contre-attaque de cavalerie de Nevers et allaient attaquer Montmorency, totalement isolé, jusque dans le bois.
Pris à la gorge, le connétable ne put qu’accepter le combat à l’endroit même et il fit déployer ses troupes du mieux qu’il put. Pendant qu’Egmont continuait à harceler l’arrière-garde française, l’infanterie de Philippe II s’était déployée et avançait d’un seul front. Le duc Emmanuel-Philibert commandait le centre, l’aile droite était sous Mansfeld et Hornes, et l’aile gauche sous Aremberg et Brunswick. Les deux ailes se jetèrent sauvagement sur les Français. Ceux-ci, déjà inférieurs en nombre, décimés par le feu roulant des arquebusiers espagnols, tombaient par files entières. La boucherie fut si effrayante que 5 000 mercenaires allemands qui devaient combattre du côté français se rendirent comme un seul homme, pendant que d’autres soldats tournaient les talons et se débandaient en grand nombre. Seul le centre résistait et recevait avec stoïcisme le feu de l’artillerie ennemie. Montmorency, voyant que tout était irrémédiablement perdu, se lança dans la mêlée pour y trouver une mort honorable. Il n’y réussit pas : un cavalier espagnol nommé Sedano le fit prisonnier, et reçut pour ce haut fait une récompense de 10 000 ducats qu’il partagea avec son chef, le capitaine Venezuela.
10 août 1678 : traité de Nimègue.
Les traités de Nimègue sont un ensemble de sept traités de paix et de commerce, signés, pour cinq d’entre eux, par la France (quatre traités de paix et un traité de commerce et de navigation, qui marquent la fin de la guerre de Hollande). Les dates indiquées sont celles qui apparaissent dans le corps des traités et non celles de la ratification la plus tardive. Ils ont été signés entre d’une part le royaume de France et d’autre part respectivement les Provinces-Unies (le ) : un traité de paix et un traité de commerce et de navigation ; l’Espagne (le ), un traité de paix ; le Saint-Empire (le ) un traité de paix en latin ; un traité de paix avec le prince-évêque de Munster et Paderborn (). S’ajoutent :
- Traité entre Le Saint-Empire romain germanique et la Suède le , en latin,
- Traité entre la Suède et les Provinces-Unies le ,
D’autres traités ont mis fin à la même guerre, qui n’ont pas été signé à Nimègue :
- Traité de paix de Zell (Celles en français, en Basse-Saxe), du , entre d’une part la France et la Suède et d’autre part le Brunswick-Lunébourg,
- Traité de paix de Fontainebleau du entre la France, la Suède et le Danemark,
- Traité de paix de Lund (« Lunden », dit aussi « Paix de Lund »), du entre le Danemark et la Suède.
- Traité de Saint-Germain-en-Laye () entre la France et la Suède d’une part, et le Brandebourg d’autre part, auquel s’ajoute dans la même ville entre Louis XIV et l’Electeur de Brandebourg seuls, un traité secret du . Il n’est pas décompté, étant secret à l’époque.
S’ajouteraient d’autres actes, Articles séparés, Protestations, Ratifications.
Ensemble, ils mettent fin à la guerre de Hollande. Ils ont été négociés dans leur majeure partie dans le cadre du congrès de Nimègue, ouvert le et clos le .
10 août 1792 : massacre des Gardes suisses (palais des Tuileries).
Lors de la révolution, les Gardes-Françaises prennent le parti du peuple et participent aux évènements révolutionnaires de 1789. Ils sont peu après versés dans la Garde nationale de Paris. Contrairement à la légende, la Garde suisse n’était pas contre-révolutionnaire, bien au contraire ; lors de l’envahissement du château de Versailles, le 6 octobre 1789, ses officiers ne réagissent pas ; et lors de la fuite de la famille royale, le 20 juin 1791, le colonel d’Affry vient se mettre à la disposition de l’Assemblée nationale. La maison militaire du roi de France est supprimée en 1791, à l’exception des Gardes suisses. Lors de la création de la Garde constitutionnelle du Roi, à l’automne 1791, Louis XVI demande la suppression de la Garde suisse, comme le stipule la Constitution, mais l’Assemblée nationale refuse et contraint le Roi à payer la solde d’une garde qu’il ne peut théoriquement plus employer et qu’il sait peu sûre pour sa personne. Lors du licenciement contraint de la Garde constitutionnelle, un an plus tard, la protection du monarque est théoriquement assurée conjointement par la Garde nationale, qui sert par quartier au château des Tuileries, et les Suisses.
Le plus célèbre épisode de l’histoire de la Garde suisse est la défense du palais des Tuileries, dans le centre de Paris, au cours de la journée du 10 août 1792. Ce jour-là, outre quelques gentilshommes et quelques domestiques du palais, mal armés, et un certain nombre de membres de la Garde nationale, dont le bataillon des Filles-Saint-Thomas et des officiers ayant récemment démissionné, les Suisses assurent la protection du bâtiment. De leur régiment, seule une compagnie de 300 hommes envoyés escorter un convoi de grains en Normandie peu de jours auparavant est restée dans sa caserne. Les gardes défendent un palais vide, puisque le Roi en est parti avant le déclenchement de la bataille pour se réfugier auprès de l’Assemblée législative. Et c’est sur la recommandation formelle du procureur syndic de la Commune, Roederer, et du maire de Paris, Pétion, à l’aube du 10 août, que les Suisses vont riposter par le feu, pour défendre le siège d’un corps constitué, en l’occurrence le pouvoir exécutif (incarné par le Roi dans la constitution de 1791).
Après l’échec de la journée du 20 juin, qui s’était soldée par un succès politique et pacifique pour le Roi, Pétion le Jacobin était résolu à provoquer une confrontation sanglante pour en finir avec la monarchie constitutionnelle.
Le corps principal du régiment des Suisses bat en retraite à travers le palais et se retire à travers les jardins, à l’arrière de l’édifice. À ce moment-là, près de la fontaine centrale, les gardes subjugués par le nombre de la populace sont morcelés en petits groupes et taillés en pièces. Ceux qui sont restés dans le palais sont pourchassés et tués, de même qu’un certain nombre de domestiques et de courtisans ne pouvant se mêler à la foule. Des 800 à 900 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou en tentant de se rendre aux attaquants, après avoir reçu l’ordre de Louis XVI de cesser le feu et de rendre les armes. En dépit de cet ordre, la responsabilité d’avoir fait couler le sang français sera l’un des motifs d’accusation du Roi lors de son procès. Une sculpture située à Lucerne, en Suisse commémore les officiers et les centaines de soldats du régiment des Gardes suisses morts en 1792.
Environ 60, faits prisonniers à l’hôtel de ville, sont massacrés là-bas. D’autres meurent en prison des suites de leurs blessures ou sont tués ultérieurement, pendant les massacres de Septembre. De leur côté, les révolutionnaires dénombrent à l’issue des combats du 10 août 300 victimes.
Certains des gardes tués lors de la prise du palais seront inhumés dans la chapelle expiatoire érigée à Paris sous la Restauration (aujourd’hui square Louis XVI). Le major Karl Josef von Bachmann, seul officier supérieur de la Garde suisse présent aux Tuileries lors du massacre et seul officier suisse jugé, est condamné à mort, puis guillotiné sur la place du Carrousel le , dans son uniforme rouge. Deux officiers suisses survivent et par la suite parviennent à devenir officiers supérieurs des armées napoléoniennes.
Parmi les gardes rescapés, 350 passent par les armées républicaines, dont beaucoup rejoignent les Vendéens ; 389 reçoivent en 1817 de la Diète une médaille commémorative officielle intitulée Treue und Ehre (« fidélité et honneur »).
Les 1er, 2e, 3e et 4e régiments suisses sont créés en 1805 et 1806 et employés par Napoléon Ier, à la fois en Espagne et en Russie. Le colonel général des Suisses est à cette époque Louis-Alexandre Berthier, prince de Wagram et de Neuchâtel, vice-connétable de l’Empire, puis Jean Lannes, duc de Montebello.
Sous la Restauration, les Bourbons font appel à des troupes suisses. Deux des huit régiments d’infanterie inclus dans la Garde royale de 1815 à 1830 sont formés de Suisses et peuvent être considérés comme les successeurs des anciens Gardes suisses. Le colonel général des Suisses est Henri, duc de Bordeaux, petit-fils du roi Charles X.
Lorsque le palais des Tuileries est envahi à nouveau, lors des Trois Glorieuses, les régiments suisses, dans la crainte d’un autre massacre, ne sont pas utilisés. Leurs unités sont définitivement supprimées le .
En 1832, des vétérans des régiments suisses dissous forment un autre régiment, la légion de Hohenlohe de la Légion étrangère, pour le service en Algérie.
10 août 1904 : naissance de Pierre Lafon, Compagnon de la Libération.
Pierre Lafon naît à Albi le 10 août 1904. En 1932, il obtient une licence de lettre et exerce comme professeur.
Réformé du service militaire, il n’est pas immédiatement mobilisé en 1939 mais est rappelé en avril 1940. Affecté à la caserne Vauban de Sète, il y suit les cours d’élève aspirant de réserve avant que l’armistice du 22 juin 1940 n’interrompe brutalement sa formation. Désireux de poursuivre le combat, il décide de se rallier à la France libre et part pour l’Angleterre. D’abord affecté à l’état-major à Londres, il fait ensuite partie du bataillon de chasseurs de Camberley. Après la dissolution de celui-ci, il est déplacé au camp d’Old Dean pour un stage d’élève aspirant. Promu à ce grade en mai 1941, il est envoyé à Beyrouth où il est affecté au bataillon du Pacifique (BP1) avec lequel il participe à la guerre du désert en Libye.
Au début de l’année 1942, la 1re Brigade française Libre Indépendante (1re BFL) du général Kœnig, à laquelle appartient le BP1, s’installe sur l’oasis de Bir Hakeim qu’elle fortifie en vue d’une attaque italienne. Le 28 avril 1942, au cours d’une patrouille à Rotonda-Signali, au sud de Bir Hakeim, une patrouille menée par l’aspirant Lafon est stoppée par une colonne ennemie. Faisant répliquer sa colonne au fusil-mitrailleur, il réussit à freiner le groupe italien et ordonne à ses hommes de retourner au camp alors qu’il reste seul avec son arme et quelques grenades. Bien que ses camarades l’encouragent à venir avec eux, il reste seul face aux italiens et, après avoir épuisé toutes ses grenades et que son fusil se soit enrayé, est tué par une rafale. Il est inhumé près de Derna.
Pierre Lafon est fait Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 11 Mai 1943.
10 août 1908 : naissance d’Henry Farret, Compagnon de la Libération.
Henry Farret naît le 10 août 1908 à Toulon au sein d’une famille à forte tradition militaire. Petit-fils d’un officier de marine, fils d’un saint-cyrien mort pour la France en 1918 et ayant deux frères à l’École navale, il suit les traces familiales en s’engageant dans l’armée. Intégrant Saint-Cyr en 1928 dans la promotion « Maréchal Foch » où il a pour camarade Jacques Massu, il en sort en 1930 avec le grade de sous-lieutenant. Affecté dans un premier temps au 54e régiment de tirailleurs indochinois, il est muté en décembre 1930 au 4e régiment de tirailleurs sénégalais (4e RTS). En septembre de l’année suivante, il rejoint le 2e régiment de tirailleurs sénégalais (2e RTS) au Soudan français. Promu lieutenant en 1932, il quitte le 2e RTS en septembre 1933 pour retrouver le 4e RTS. Il y reste jusqu’en juillet 1938 avec une parenthèse au 1er bataillon de tirailleurs sénégalais entre avril 1935 et juin 1937. En juillet 1938, il est muté au Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad.
Promu capitaine en juin 1940, Henry Farret commande un groupe nomade dans la province tchadienne du Kanem et se prépare à une contre-attaque contre les troupes italiennes venant de Libye lorsque survient l’armistice. N’admettant pas la défaite, il envisage de s’enfuir vers le Soudan anglo-égyptien voisin avant d’apprendre que le Tchad se joint à la France libre sous l’influence de Félix Éboué auquel Henry Farret se rallie. Déplacé dans la région du Borkou, il est d’abord chargé de la défense du territoire tchadien puis, en décembre 1942, il rejoint la colonne Leclerc. Affecté à la 1re compagnie de découverte et de combat du groupement Dio, il participe à partir de décembre 1942 à l’opération Gratuity destinée à chasser les troupes de l’axe de la région libyenne du Fezzan. Au cours de cette opération, il s’illustre lors de la prise de Mizda en janvier 1943. Engagé dans la campagne de Tunisie à partir de février 1943, il s’illustre lors de la bataille de Ksar Ghilane après laquelle il est promu chef de bataillon le 25 mars 1943. Trois mois plus tard, le 25 juin 1943, il reçoit la croix de la libération.
la colonne Leclerc étant devenue la Force L puis la 2e division blindée (2e DB), celle-ci suit une période d’entraînement au Maroc puis part pour l’Angleterre en vue de débarquer en France. En août 1944, à la tête d’un bataillon du régiment de marche du Tchad, Henry Farret débarque sur Utah Beach et prend part à la bataille de Normandie au cours de laquelle il se distingue pendant les prises d’Alençon et de Carrouges. Suivant la progression de la 2e DB, il participe ensuite à la Libération de Paris où il repousse une contre-attaque allemande dans le secteur du Bourget. Transféré à la 10e division d’infanterie du général Billote en septembre 1944, il est chargé de former et encadrer des troupes issues des FFI. À la fin de la guerre, il est promu lieutenant-colonel.
Après avoir suivi une formation d’officier d’état-major, il est envoyé à Madagascar où, en février 1947, il prend le commandement du détachement motorisé autonome de Madagascar. La même année, à la tête de son unité, il est confronté à l’insurrection malgache de 1947. De retour en métropole en août 1949, il devient en décembre suivant sous-chef d’état-major à la 5e région militaire à Toulouse. Il est promu colonel en avril 1951 et part pour l’Indochine où il commande un régiment dans la région de Sontay. Tombé malade, il est rapatrié en 1953 et, après une affectation en Allemagne, commande les troupes d’une subdivision militaire française. Il retrouve l’Afrique en novembre 1956 lorsqu’il est affecté dans l’est saharien avant d’être nommé commandant militaire de la Guinée française en mars 1958. Revenu en France en juillet 1960, il est affecté à différents postes d’état-major ou de commandement au sein de plusieurs subdivisions militaires. En août 1965, alors qu’il vient d’être nommé général de brigade, il prend sa retraite.
Henry Farret meurt le 24 août 1974 dans sa ville natale où il est inhumé.
10 août 1912 : naissance de Paul-Hémir Mezan, Compagnon de la Libération.
Enfant d’un couple de cafetiers-épiciers, Paul-Hémir Mezan naît le 10 août 1912 à Amiens, dans la Somme. En 1928, il entre à l’école normale d’instituteur d’où il sort major de promotion en 1931. Il effectue le début de son service militaire au peloton d’élèves officiers de réserve d’où il sort également major de promotion puis termine son service au 51e régiment d’infanterie. Peu satisfait de son métier d’instituteur, il démissionne et s’engage dans l’armée active en 1933. Il est affecté au 159e régiment d’infanterie avec le grade de sergent. De 1935 à 1937, il suit les cours de l’école militaire d’infanterie à Saint-Maixent-l’École. Il en sort avec le grade de lieutenant et est affecté au 8e régiment de tirailleurs tunisiens. Muté ensuite au 20e régiment de tirailleurs tunisiens avec lequel il participe à la construction de la ligne Mareth.
Paul-Hémir Mezan se trouve à Rabat où il suit un stage d’observateur en avion lorsque survient l’armistice du 22 juin 1940. Désireux de poursuivre le combat, il décide de se rallier à la France libre. Le 1er juillet 1940, en compagnie d’Alexandre Ter Sarkissoff, de Claude Guérin et de Pierre Puech-Samson, il se déguise en aviateur polonais et embarque sur un navire en direction de Gibraltar. Recueilli par les autorités britanniques, les quatre homme peuvent partir vers l’Angleterre où ils arrivent le 17 juillet. Arrivé à Londres, Paul-Hémir Mezan s’engage dans les forces françaises libres et est envoyé en Égypte en janvier 1941 dans une unité de Spahis. En septembre 1941, il participe à la mission Palewski chargée de rallier à la France libre les troupes françaises du Somaliland. Il est alors l’adjoint d’Edmond Magendie au groupe de pelotons méharistes.
En décembre 1941, il est muté au bataillon de marche n° 4 (BM4) et continue à opérer dans la région des Somalis jusqu’en avril 1942, date à laquelle il part avec son unité vers le Levant. Promu capitaine en septembre 1942, Paul-Hémir Mezan est intégré avec le BM à la 1re division française libre (1re DFL) avec laquelle il prend part à la campagne de Tunisie. Officier de liaison auprès des troupes britanniques de la 8e armée, sa parfaite connaissance de la ligne Mareth, à la mise en place de laquelle il a participé, est un atout pour les forces alliées dans le franchissement de cette position fortifiée. Muté au 22e bataillon de marche nord-africain (22e BMNA) en août 1943, il participe à partir d’avril 1944 à la campagne d’Italie. Débarqué à Naples le 20 avril, il prend part à l’attaque du Garigliano en mai puis à la libération de Rome les 4 et 5 juin.
Le 18 juin 1944, lors des combats autour de la colline de Radicofani, Paul-Hémir Mezan est en train d’installer un dispositif de défense anti-chars au hameau de Celle sul Rigo dans la commune de San Casciano dei Bagni. Il est alors atteint par un obus de mortier qui le tue sur le coup. Son corps, recueilli par des paysans locaux, est abrité au cimetière de Celle où il est récupéré par Germaine Sablon, alors infirmière à l’Ambulance Hadfield-Spears de la 1re DFL. Inhumé au cimetière de San Lorenzo Nuovo, il est ensuite rapatrié en France et inhumé à Dury dans son département natal.
Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 20 novembre 1944.
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Compagnon de la Libération
- Croix de Guerre 39-45 avec palmes
- Médaille Coloniale
- Military Cross (GB)
10 août 1916 : naissance de Bernard Fuchs, pilote et Compagnon de la Libération.
Fils d’un ancien employé des chemins de fer, Bernard Fuchs naît le 10 août 1916 à Wilwisheim, en Alsace annexée, à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front. Il fait ses études au collège mariste de Franois dans le Doubs avant de partir pour son service militaire en octobre 1938 au 1er régiment de dragons. En mai 1939, il devient élève officier de réserve et suis les cours de l’école d’application de la cavalerie et du train à Saumur. Son stage terminé, il est muté avec le grade d’aspirant au 9e régiment de cuirassiers où il se trouve encore au moment du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
En janvier 1940, il est détaché à l’école d’observateur en avion de Dinard et est promu sous-lieutenant en mars. L’école s’étant repliée devant l’avancée des troupes allemandes, il se trouve à Pau lorsqu’il apprend l’armistice à venir et entend l’appel du général de Gaulle. Le 21 juin, il embarque à Saint-Jean-de-Luz à destination de l’Angleterre. Engagé dans les forces françaises libres, il passe de la cavalerie à l’aviation et suit des cours de pilotage au sein de la Royal Air Force (RAF). Promu lieutenant, il est affecté le 11 novembre 1941 au Squadron RAF n° 154 puis aux Squadron RAF n° 610 et n° 19. À la fin de l’année 1942, muté au Squadron RAF n° 501, il comptabilise 80 heures de vol et 60 missions de guerre. Il s’est particulièrement illustré lors du raid de Dieppe au cours duquel il a participé à la dispersion des formations de Fw 190.
En juin 1943, il est promu capitaine et se distingue à nouveau deux mois plus tard en abattant un Bf 109 dans le ciel d’Abbeville. Réalisant des missions d’attaque au sol, il détruit au cours du mois de septembre plusieurs locomotives, un navire et un véhicule de transport de troupes allemand. Il reçoit le commandement du Flight B (escadrille B) de son Squadron le même mois puis, en octobre, s’illustre lors de nouveaux vols au-dessus de la France pendant lesquels il échappe à six Fw 190 et endommage trois cargos malgré les tirs de DCA. Le 20 décembre 1943, il parvient à photographier à basse altitude une base de lancement de V1. En mars 1944, il devient instructeur à la Fighter leader school de la RAF puis en juillet à la 9th Air Force américaine.
Après avoir été nommé chef de cabinet du général Valin, il participe à la libération de Paris le 25 août 1944 et hisse le drapeau français sur le toit du ministère de l’air. Le 11 novembre suivant, sur la place de l’étoile, il reçoit la Croix de la Libération des mains du général de Gaulle en présence de Winston Churchill. En décembre, il est nommé commandant du centre d’instruction de chasse et de bombardement de la base de Francazal. Il termine la guerre avec le grade de commandant avec à son actif plus de 280 heures de vol de guerre et 261 missions.
Commandant en second de l’école de moniteurs de Tours de juillet 1945 à mars 1946, il est ensuite à la tête du bureau des opérations du commandement de l’air en Indochine d’avril à octobre 1946. Il entre ensuite à l’école de guerre aérienne anglaise au Royal Air Force Staff College à Andover d’où il sort diplômé un an plus tard. Il est affecté à partir de 1948 à l’état-major des forces aériennes de l’union occidentale à Fontainebleau puis, promu lieutenant-colonel, prend le commandement du secteur de défense aérienne de Provence. En 1954, il est commandant du centre d’instruction des contrôleurs d’opérations aériennes à Dijon puis en 1956, devient chef de la section « armes de défense » à la division de défense aérienne du grand Quartier général des puissances alliées en Europe. Il reste à ce poste jusqu’en 1959, étant entre-temps promu colonel en octobre 1957.
De 1959 à 1962, il est affecté aux ambassades de France en Suède et en Finlande en tant qu’attaché militaire. De retour en France, il est auditeur à l’institut des hautes études de Défense nationale et suit les cours du centre des hautes études militaires. Affecté ensuite au quartier-général des forces aériennes alliées à Fontainebleau, il y occupe le poste de sous-chef d’état-major opérations-instruction de 1963 à 1966. Promu général de brigade aérienne le 1er juin 1964, il est mis en congé définitif du personnel navigant en 1966. Passé dans le civil, il devient président du marketing de défense chez ITT Europe à Bruxelles.
Bernard Fuchs meurt le 31 octobre 2005 à Paris et est inhumé à Brinon-sur-Sauldre dans le Cher.
10 août 1918 : mort du pilote de chasse allemand Erich Löwenhardt.
Erich Löwenhardt (né le à Breslau) est un pilote de chasse allemand de la Première Guerre mondiale. Il avait à son actif le troisième score le plus élevé de la chasse allemande durant la Grande Guerre après Manfred von Richthofen et Ernst Udet.
Löwenhardt était le fils d’un médecin. Il se lança dans une carrière militaire et entra dans l’école d’officiers (Hauptkadettenanstalt) de Lichterfelde. De là, il fut muté au 141e régiment d’infanterie qui fut engagé sur le front de l’est au début de la guerre.
Le , Löwenhardt fut nommé sous-lieutenant mais, fin octobre, il fut grièvement blessé et il séjourna à l’hôpital jusqu’en janvier 1915. Il fut ensuite à nouveau engagé sur le front de l’est où il sauva la vie à cinq soldats allemands blessés dans les Carpates, ce qui lui valut d’être décoré avec la Croix de fer de 2e classe.
Löwenhardt fut ensuite muté au Deutsche Alpenkorps (chasseurs alpins), puis, en octobre 1915, sur son propre choix, dans l’aviation. Après sa formation, il commença sa carrière comme observateur avant d’être muté, au début de l’année 1916, à la section aérienne de l’artillerie n° 265 afin d’être formé en tant que pilote. En mars 1917, il rejoignit la Jasta 10 (Jagdstaffel n° 10), qui faisait partie de l’escadre de Richthofen. Jusqu’à fin mars 1918 il a abattu 15 avions ennemis et, début avril 1918, à l’âge de seulement 20 ans, il fut nommé commandant de la Jasta 10.
De nombreux combats aériens, desquels il sortait toujours victorieux, s’enchaînèrent alors. Jusqu’à la fin du mois de juillet 1918, Löwenhardt, qui volait alors sur le nouveau Fokker D.VII, comptabilisait déjà 47 victoires. De temps en temps il remplaçait son commandant d’escadre dans sa fonction et, le , il obtint la plus haute décoration allemande, l’ordre « Pour le Mérite ». Le , près de Chaulnes, il a abattu son 54e avion ennemi, un avion britannique. Mais, le même jour, durant un combat avec des avions britanniques du Squadron 56, il entra en collision avec un autre appareil allemand piloté par Alfred Wenz de la Jasta 11. Les deux pilotes réussirent à sauter de leurs appareils respectifs, mais le parachute de Löwenhardt ne s’est pas ouvert et il se tua. Wenz, quant à lui, a survécu à l’accident.
10 août 1920 : naissance de Daniel Cordier (alias Caracalla), résistant et Compagnon de la Libération.
Après avoir été membre de la Fédération nationale des Camelots du roi, il s’engage dans la France libre dès . Secrétaire de Jean Moulin en 1942-1943 — au contact de qui ses opinions évoluent du nationalisme intégral maurrassien à une tendance plus libérale —, il consacre à celui-ci une biographie en plusieurs volumes d’une grande portée historique. Après la guerre, il est marchand d’art, critique, collectionneur et organisateur d’expositions, avant de se consacrer à des travaux d’historien et à la rédaction de son autobiographie Alias Caracalla (en trois tomes), et Les Feux de Saint-Elme.
Lors de sa mort, à 100 ans, le 20 novembre 2020, il était l’un des deux derniers compagnons de la Libération encore en vie.
10 août 1920 : naissance du pilote Henry Lafont, Compagnon de la Libération.
Henry Lafont naît le à Cahors. S’orientant d’abord vers les arts et métiers, il s’engage finalement en 1938 comme élève-pilote dans l’armée de l’Air.
Avec le grade de sergent, il combat en Afrique du nord pendant le début de la guerre. Refusant l’armistice, il fuit Oran le à bord d’un Caudron C.440 en compagnie de René Mouchotte et André Sorret. Après avoir atterri à Gibraltar, ils prennent le bateau pour l’Angleterre où ils arrivent le . Une fois sur place, Henry Lafont signe immédiatement un engagement pour la Royal Air Force.
Il suit une formation à Sutton Bridge au sein d’une Operational Training Unit puis il est affecté au Squadron no 245 avec lequel il effectue des missions de surveillance au-dessus de la mer d’Irlande. En , il est transféré au Squadron n° 615 basé successivement à Prestwick, Northolt, Kenley. Aux commandes d’un Hawker Hurricane, il participe à la bataille d’Angleterre pendant laquelle il effectue plus de cent missions. Il s’illustre particulièrement abattant deux avions ennemis les et . De juillet à , il est transféré à l’Operational Training Unit de Crosby-on-Eden, près de Carlisle. Il y forme plus d’une soixantaine de pilotes français.
Sur les 16 Français ayant pris part à la bataille d’Angleterre, seuls le colonel Lafont, Deport, Col J. de Mozay, capitaine Xavier de Montbron et le capitaine Perrin ont survécu. Leur participation à la bataille d’Angleterre, et leur affection dans des escadrilles anglaises, leur ont valu le droit de porter l’insigne de la Royal Air Force.
Passé aux Forces aériennes françaises libres, il se rend en au Liban où il intègre le Groupe de chasse Alsace en pleine formation. Participant à la campagne de Libye, il s’illustre au mois de mai en attaquant un bombardier ennemi puis en juin en faisant face à un ennemi supérieur en nombre, combat au cours duquel après avoir endommagé un Messerschmitt Bf 109 il est blessé et son appareil abattu. Au cours de cette campagne, il effectue une cinquantaine de missions de combat. Il est de retour en Europe avec son groupe de chasse Alsace au début de l’année 1943 et participe à compter de cette période aux missions préparatrices des offensives de 1944 puis à ces offensives proprement dites. À l’issue des deux dernières années de la guerre, il totalise 195 missions pour plus de mille heures de vol dont 230 en vol de guerre. Il termine le conflit avec le grade de lieutenant, deux victoires homologuées, une probable, un avion ennemi endommagé.
Choisissant de rester dans l’armée, il participe plus tard à la guerre d’Algérie pendant laquelle il reçoit un citation en 1960. Allant jusqu’au grade de colonel, il prend finalement sa retraite militaire en 1966. Restant en lien avec le milieu de l’aviation, il est de 1967 à 1984 directeur général du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget et directeur de la société immobilière de l’aéronautique. Il meurt le à Trémuson dans les Côtes-d’Armor.
10 août 1920 : traité de Sèvres.
Le traité de Sèvres, conclu le à la suite de la Première Guerre mondiale entre les Alliés victorieux et l’Empire ottoman, confirme l’armistice de Moudros. Ainsi, ce traité sera signé et respecté à la suite de cette demande, par le sultan Mehmed VI.
Par celui-ci, l’Empire ottoman renonçait officiellement et définitivement à ses provinces arabes et africaines. Le traité prévoyait également d’imposer à l’Empire de sévères reculs territoriaux au sein même de l’Anatolie. À l’ouest, la Thrace orientale, sauf Constantinople et ses abords, était cédée à la Grèce. À l’est, l’indépendance d’une grande Arménie était reconnue et une province autonome kurde créée ; en outre, les provinces orientales passaient sous mandat de la Société des Nations accordé à la France et au Royaume-Uni pour administrer Syrie et Liban, Mésopotamie et Palestine, en vue de leur indépendance.
Les détroits étaient par ailleurs démilitarisés.
L’Empire ottoman est alors tiraillé entre deux gouvernements concurrents : celui du sultan à Constantinople et celui de Mustafa Kemal qui a pris la tête d’un gouvernement émanant d’une Grande Assemblée nationale créée à Ankara le . Mustafa Kemal ne reconnaît pas la validité de ce premier traité qui minore drastiquement l’assiette territoriale de l’Empire. Ce traité n’est donc jamais ratifié par l’ensemble de ses signataires et, provoquant en Turquie un sursaut nationaliste autour de Mustafa Kemal, aboutit à la chute de l’Empire ottoman, à la proclamation de la république de Turquie, à une guerre victorieuse contre la Grèce et à la négociation d’un second traité plus avantageux pour la Turquie : le traité de Lausanne.
Le traité, signé le dans le salon du premier étage du musée national de céramique à Sèvres par des mandataires du sultan Mehmed VI, consacre le rétrécissement de l’Empire ottoman, qui ne garde en Europe qu’Istanbul et en Asie la partie occidentale de l’Anatolie, moins la région de Smyrne, soit un territoire de seulement 420 000 kilomètres carrés.
Les articles 62 à 64 prévoient la création d’un « territoire autonome des Kurdes » englobant le Sud-Est de l’Anatolie. Selon les articles 88 à 94, les vilayets de Van, Bitlis, Trébizonde et Erzurum doivent être intégrés à la république indépendante d’Arménie, la détermination de la frontière étant soumise à l’arbitrage du président américain Woodrow Wilson, selon ses « 14 points ». La France occupe la Syrie (avec une frontière bien au nord de l’actuelle) et se voit confier une zone d’influence comprenant la Cilicie avec Adana, et s’étendant jusqu’au nord, bien au-delà de Sivas. L’Italie, qui avait déjà le Dodécanèse depuis 1911, occupe la ville d’Antalya et toute la région avoisinante, et se voit confier une zone d’influence allant de Bursa à Kayseri, en passant par Afyonkarahisar. La Grèce obtient de son côté Smyrne et sa région dans l’Ouest de l’Anatolie, la Thrace orientale (qui comprend Andrinople et Gallipoli) et les îles d’Imbros et Ténédos. Istanbul, les côtes de la mer de Marmara et les Dardanelles sont démilitarisées. Les détroits sont placés sous le contrôle d’une commission internationale. Le passage devait rester libre en temps de guerre comme en temps de paix. Les provinces arabes, soulevées en 1916-1918 par la grande révolte arabe, sont détachées ; la SDN met plusieurs d’entre elles sous mandat de la France (Liban et Syrie) et du Royaume-Uni (Irak, émirat de Transjordanie et Palestine).
En comparaison avec ses 1 780 000 kilomètres carrés d’avant la guerre, le nouvel Empire ottoman n’est plus qu’un petit territoire composé en grande partie des steppes salées de l’Anatolie centrale, et aux possibilités de développement limitées à cause d’un système de « garanties » qui, entre autres, mettent les finances du pays sous la tutelle de commissions étrangères. Toutes les ressources du pays doivent être affectées par priorité aux frais d’occupation et au remboursement des indemnités dues aux Alliés (art. 231-266). Des commissions doivent dissoudre intégralement l’armée pour la remplacer par une force de gendarmerie. L’article 261 du traité prévoit en outre le rétablissement des Capitulations. Par ailleurs, la police, le système fiscal, les douanes, les eaux et forêts, les écoles privées et publiques doivent être soumis au contrôle permanent des Alliés.
Alors que ce document est signé par le gouvernement ottoman d’Istanbul, le gouvernement d’Ankara dirigé par Mustafa Kemal, ainsi que la plupart des Turcs, refusent catégoriquement ce traité et ses clauses. Craignant de voir leur pays partagé entre les Empires coloniaux européens, les Turcs se soulèvent en masse, s’enrôlent dans l’armée kémaliste et déclenchent la guerre d’indépendance turque en . Les kémalistes sont victorieux au bout de quatre années de conflit. Le traité de Sèvres, qui n’est pas ratifié par tous ses signataires, est finalement révisé par le traité de Lausanne (), conclu avec la Turquie moderne d’Atatürk. Mieux encore pour la Turquie, le traité de Kars, conclu en avec la Russie soviétique, lui permet de récupérer le territoire de Kars perdu en 1878 par les sultans et de bénéficier de l’armement soviétique dans sa lutte contre les Arméniens, les Grecs et la Triple-Entente. Les traités de Kars puis de Lausanne sont en revanche désastreux pour l’Arménie — à nouveau partagée entre Turquie et Russie — et pour la Grèce. Cette dernière qui, après s’être émancipée de la protection obligatoire que les grandes puissances lui avaient imposée à la suite de la guerre d’indépendance grecque et après avoir été à deux doigts de réaliser sa Grande Idée, perd tous ses acquis et doit, en plus, accueillir un million et demi de réfugiés grecs d’Asie mineure (tandis que plus de 300 000 autres, notamment dans la région du Pont et en Cilicie, doivent se convertir à l’islam et passer à la langue turque pour survivre) : c’est ce que les Grecs appellent la « Grande Catastrophe ».
10 août 1941 : mission de bombardement aérien de Berlin par des… soviétiques.
Le 10 août 1941, huit Petlyakov Pe-8 soviétiques du 432e régiment d’aviation de bombardement à long rayon d’action (TBAP) (à gauche), accompagnés de Yermolaev Yer-2 du 420e régiment d’aviation de bombardement à long rayon d’action (à droite), ont tenté de bombarder Berlin depuis l’aérodrome de Pouchkino, près de Leningrad.
Seuls quatre d’entre eux ont atteint Berlin.
10 août 1943 : mort du pilote de chasse soviétique Anatoli Vassilievitch Dobrodietski.
Né le à Kharkov, il prit des cours de pilotage à l’aéroclub de sa ville natale dès 1938 et reçut son diplôme de pilote civil, en 1940, à l’âge de 17 ans. Il rejoignit alors les rangs de l’Armée rouge, qui le dirigea sur le collège militaire de l’Air de Tchougouïev, dont il sortit breveté en .
Il fut envoyé sur le front en tant que leitenant (sous-lieutenant) et muté au 297.IAP (régiment de chasse aérienne), alors équipé de chasseur La-5, en , juste à temps pour participer aussitôt à la bataille de Koursk. Au cours de sa très courte carrière, du 15 juillet au 10 août, soit en moins d’un mois, et au cours de vingt-sept missions de guerre, il effectua deux tarans, abordage volontaire d’un appareil adverse en plein vol, les 15 juillet, date de sa première victoire, et le 10 août, lors d’un combat au cours duquel après avoir abattu un premier Bf.109, il en abattit un second par taran, trouvant la mort dans cette action désespérée. Cette dernière mission se déroulait au-dessus de Kharkov.
À titre d’hommage et de reconnaissance, la rue où il avait habité et le collège où il avait étudié (études qu’il avait par ailleurs précocement interrompues) avaient été rebaptisés et portaient son nom.
Anatoli Dobrodietski est crédité de 11 victoires homologuées, dont 3 individuelles et 8 en coopération, obtenues au cours de 27 missions et 11 combats aériens.
10 août 1961 : première utilisation par l’armée américaine de l’agent orange pendant la guerre du Viêt Nam.
L’agent orange est un mélange à parts égales de deux molécules herbicides : l’acide 2,4-dichlorophénoxyacétique (2,4-D) et l’acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T).
Découvertes dans les années 1940 par des équipes de recherches britanniques et américaines, ces molécules agissent en mimant une hormone de croissance végétale de type auxine : l’acide indole 3-acétique. Pulvérisées sur des plantes, elles provoquent une croissance incontrôlée, menant à la mort du végétal. Ce sont des herbicides sélectifs : lorsqu’ils sont pulvérisés sur des cultures de graminées (blé, maïs…), seules les adventices sont éliminées. Commercialisés en 1946, ces herbicides ont été largement utilisés à partir des années 1950. Spécialement fabriqué à l’intention des militaires, l’agent orange fut utilisé en des concentrations très supérieures à celles normalement utilisées lors d’utilisations agricoles.
L’agent orange, nom donné par les médias à l’herbicide orange, produit pour le département de la Défense des États-Unis par Monsanto et Dow Chemical, est en fait rose et brunâtre, et doit son nom aux bandes de couleur orange peintes sur les fûts dans lesquels il était stocké. De même furent baptisés les agents blanc, bleu, rose, vert et pourpre mais l’agent orange est le défoliant le plus connu car le plus utilisé pendant la guerre du Viêt Nam, la fin du conflit voyant même l’usage de l’agent « Super Orange » (agent orange II) encore plus dangereux.
Il fut ensuite utilisé pour empêcher les guérilleros vietnamiens de se cacher dans les forêts du Sud-Viêt Nam, pour détruire leurs récoltes, mais aussi afin de dégager les abords des installations militaires américaines et y prévenir les attaques. Des essais concluants au Viêt Nam ont lieu dès 1959 sous la présidence de Dwight David Eisenhower.
Ces opérations de guerre chimique débutèrent en 1961, le premier épandage ayant lieu le 10 août dans la province de Kontum au centre du pays. Le programme, intitulé opération Ranch Hand, débuta ensuite progressivement avec le feu vert du président John F. Kennedy en jusqu’à atteindre son apogée en 1965.
La contamination quasi systématique du 2,4,5-T par une dioxine a été révélée au public dans les derniers jours de 1969. C’est à ce moment que la dangerosité a été officiellement admise, ce qui conduisit, en , la Food and Drug Administration à l’interdire aux États-Unis, ce qui est une décision extrêmement rapide pour l’époque.
10 août 1986 : mort à 75 ans de Philippe de Scitivaux, Compagnon de la Libération.
Fils d’un officier de cavalerie tué pendant la Première Guerre mondiale, Philippe de Scitivaux naît à Rosnay dans l’Indre le , un an après son frère Xavier de Scitivaux. Il effectue des études au collège jésuite de Poitiers et au collège Stanislas de Paris puis entre à l’École navale en 1931. Affecté successivement sur le croiseur Tourville, le cuirassé Bretagne et le sous-marin Junon, il se spécialise ensuite dans l’aéronavale et obtient un brevet de pilote en 1937.
Avec le grade d’enseigne de 1re classe, il débute la guerre en combattant dans les airs pendant la bataille de France. Il remporte une victoire aérienne mais est blessé le . Soigné à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer et refusant de tomber entre les mains des allemands qui s’apprêtent à s’emparer de la ville, il embarque le sur un remorqueur belge qui le débarque à Hastings. De retour en France peu de temps après, il reprend le combat mais se trouve à nouveau confronté à l’avancée de la Wehrmacht. Parvenant jusqu’à Bayonne, il embarque sur un chalutier se dirigeant vers Casablanca mais le détourne vers Gibraltar.
Philippe de Scitivaux arrive à Londres en et s’engage aussitôt dans les forces navales françaises libres. Encore sous le coup de ses blessures, il est dans un premier temps affecté comme aide de camp de l’amiral Muselier. Le 1er octobre, après avoir été promu lieutenant de vaisseau, il est détaché à la Royal Air Force et, affecté au n° 245 Squadron, il prend part à la bataille d’Angleterre. De à , affecté successivement aux Squadrons n° 253, N° 249, n° 242 et N° 615, il effectue de nombreuses missions dans le ciel de la France et de la Belgique. Escortant des groupes de bombardiers ou attaquant des convois maritimes ennemis, il parvient à abattre deux avions et à couler deux navires. Le , il prend le commandement du Groupe de chasse Île-de-France avec lequel il poursuit les combats. Le , au-dessus de Condette, son avion est touché par un tir ennemi l’obligeant à sauter en parachute. Blessé et fait prisonnier, il passe quatre mois dans un hôpital avant d’être transféré dans un Oflag. Tentant de s’évader, il est transféré en Silésie. Après trois nouvelles tentatives d’évasion, il parvient finalement à s’échapper en et, parvenant à traverser toute l’Allemagne, il réussit à atteindre Paris au mois de mars. Reprenant immédiatement les missions aériennes, il termine la guerre comme capitaine de corvette et titulaire de trois victoires aériennes officielles.
De 1945 à 1946, Philippe de Scitivaux prend le commandement de la partie des troupes françaises de l’aéronavale partie se former aux États-Unis. De retour en France, il prend le commandement de l’aviso La Pérouse en 1949. Il est promu capitaine de vaisseau trois ans plus tard. En 1953, il commande la base aéronavale de Port-Lyautey avant de devenir professeur au Centre des hautes études militaires jusqu’en 1957. Promu contre-amiral, il commande l’arrondissement maritime de Rochefort puis est désigné commandant en chef pour le Pacifique de 1962 à 1964. Ensuite il préside pendant trois ans, la commission permanente des essais des bâtiments de la flotte. Promu vice-amiral en 1966, il est de 1967 à 1971 Préfet maritime de Toulon et Commandant en chef pour la Méditerranée. Elevé au rang de vice-amiral d’escadre en 1968 et membre du Conseil supérieur de la Marine en 1969, Philippe de Scitivaux est versé en 2e section le 1er . D’abord retiré en Polynésie française, il revient ensuite à Toulon où il meurt le . Il est inhumé à Anneyron dans la Drôme.