IN MEMORIAM – Lieutenant-colonel Frédéric CURIE, pompier et résistant (décédé le 16 décembre 1956)

Né le 20 février 1906 à Etupes (Doubs), le lieutenant-colonel Frédéric Curie est mort à Paris le 16 décembre 1956.

En 1930, il intègre l’école de Saint-Maixent et devient lieutenant au 46e RI. Puis, sur sa demande, en février 1934, il est affecté au Régiment des sapeurs-pompiers de Paris. Quatre ans plus tard, sa belle conduite au feu, lui vaut une médaille pour acte de courage et de dévouement. Il en obtiendra une autre en 1943.

Après les casernes de Drancy et de Château-Landon, le 1er septembre 1939, le lieutenant Frédéric Curie est nommé à la 4e compagnie (Vieux-Colombier). Il est l’adjoint du commandant de compagnie. Dès juin 1940, il oblige, devant témoins, un soldat de la Wermacht à le saluer. Ce dernier avait, semble-t-il oublier les règles militaires de base.

Début juillet 1940, il met en place, avec son chef, un ingénieux système qui permet de venir en aide à des soldats français évadés des colonnes allemandes de prisonniers. Les deux hommes leur procurent de faux papiers, les incorporent à la 4e Compagnie puis les démobilisent.

Mais une dénonciation fait découvrir le pot-aux-roses et les deux hommes sont arrêtés le 23 août 1940. Jeté en prison, Frédéric Curie est jugé le 8 octobre 1940 par un tribunal militaire allemand qui le condamne « au nom du peuple allemand » pour « falsification de passeports et sabotage des conventions de l’armistice » à 15 mois de prison. Employé au greffe judiciaire de Fresnes, il dresse des états incomplets de prisonniers afin de les faire libérer plus tôt.

Sitôt la liberté recouvrée, il est nommé à la tête de la 22e Compagnie à Vitry. C’est là que Frédéric Curie va mettre sur pied, dès 1942, le groupe de résistance indépendant qui sera baptisé officiellement « Sécurité-Parisienne » en janvier 1944. Le nom du groupe reprend les initiales des Sapeurs-Pompiers et de leur devise : Sauver ou Périr. « Sécurité-Parisienne » fait partie des « Forces Gouvernementales » chargées de préparer la mise en place du Gouvernement Provisoire de la République Française du général De Gaulle. Le groupe « Sécurité-Parisienne » sera reconnu par le Comité National de la Résistance (CNR) au sortir du Second Conflit mondial, comme membre du MCR, le Mouvement des Combattants de la Résistance dirigé par le docteur Pierre Favreau, dit docteur Pierre.

L’adjudant Joseph de Taddéo, qui fut membre durant l’Occupation du réseau de résistance Sécurité parisienne, et qui travaille à Chaptal, est l’auteur d’un rapport sur l’hélicoptère. Frédéric Curie s’intéresse très vite à ces possibilités en matière de sauvetage.

Le premier essai a lieu fin 1949 à l’héliport d’Issy-les-Moulineaux avec un Hiller 360 seul appareil, à l’époque, en état de voler en Europe. Suspendu sous l’hélicoptère, de Taddéo est le premier homme à voler dans le ciel de Paris dans cette configuration. Curie sera le second. D’autres essais seront organisés avec un Westland-Sikorsky 51 et un Bell 47G.

Frédéric Curie participa avec le médecin-général Robert, le médecin-général inspecteur Valérie André ou Paul-Émile Victor, à la création de la Ligue française de secours et de sauvetage aérien (LIFRASSA) qui mit au point une réglementation concrète du sauvetage aérien.

Le groupement hélicoptère verra officiellement le jour après la mort du lieutenant-colonel Curie, le .

En , Frédéric Curie, nommé lieutenant-colonel un mois plus tôt, se rend aux Pays-Bas lors d’inondations monstres qui feront près de 1800 victimes.

Il se rendra également en septembre 1954 à Orléansville en Algérie où vient de se produire un terrible séisme. Il y retrouvera Valérie André alors médecin-capitaine.

Frédéric Curie est désigné pour participer à l’organisation des secours du 10 septembre au .

Le , il réalise avec un Bell 47G la première liaison en hélicoptère entre la pointe du Raz et l’île de Sein. Une rue de l’île porte d’ailleurs encore son nom.

Il répond présent à toutes les sollicitations en France et à l’étranger pour des démonstrations. Il achète même au milieu des années 1950 avec l’ensemble de ses économies, preuve de son « jusqu’au-boutisme », un grain d’uranium qu’il va perdre sur l’héliport d’Issy-les-Moulineaux ; grain d’uranium qu’il va ensuite rechercher grâce à un compteur Geiger dont le capteur pend sous son hélicoptère.

Le , lors du Salon nautique, il est victime du premier accident de ce type : son hélicoptère s’écrase dans la Seine alors qu’il effectue des démonstrations et il évite une issue fatale grâce à ses réflexes et à sa présence d’esprit en cassant la bulle en plexiglas de son hélicoptère afin de pouvoir remonter à la surface.

Cet accident aura marqué l’homme autant physiquement que psychologiquement. Usé par un travail intense et harassant il meurt deux mois et demi plus tard.

La vie trépidante de Frédéric Curie s’achève donc au 26 rue Chaptal par une crise cardiaque la nuit du .

Le , les hommages lui sont rendus dans la cour de la caserne Champerret, le Quartier central du régiment de sapeurs-pompiers de Paris.

Le  à Étupes, la lourde dalle de marbre noir scellait la dernière demeure de Frédéric Curie. Une tombe surmontée d’une plaque commémorative du maître sculpteur Helbert représentant Frédéric Curie aux commandes de son Bell 47G et rappelant le triptyque de sa vie : Combattant de la Résistance, Entraîneur d’hommes, Pionnier du sauvetage aérien.

Frédéric Curie est aussi à l’origine de l’Ecole Nationale des Sapeurs-Pompiers. Enfin, grâce à son travail acharné, il devint le pionnier et le fondateur du Groupement Hélicoptères de la Sécurité Civile et du sauvetage héliporté en France. Le 15/09/07, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, a baptisé la base hélicoptère de Nîmes-Garons du nom de « lieutenant-colonel Curie ».

  • Légion d’Honneur
  • Croix de Guerre 39-45 avec deux palmes de bronze
  • Médaille de la résistance avec rosette
  • Médaille de l’Aéronautique
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
ARTICLES CONNEXES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Découvrez nos nouveaux produits dérivés dans la boutique TB.

 

M&O 287 de juin 2025

Dernières notes

COMMENTAIRES RÉCENTS

ARCHIVES TB