9 août -48 : Pompée est vaincu par Jules César (dont les troupes sont très inférieures en nombre), à la bataille de Pharsale au cours de la guerre civile romaine.
Selon Plutarque, citant Asinius Pollion, historien présent lors de la bataille, les Pompéiens auraient eu 6 000 tués alors que les Césariens seulement 1 200. César quant à lui, évoque dans ses Commentaires sur la guerre civile la mort de plus de 6 000 légionnaires romains et de 9 000 auxiliaires pompéiens, soit un total de 15 000 hommes tués dans la bataille. Il énonce la prise de 180 enseignes et de neuf aigles de légion.
Plus de 24 000 soldats romains sont faits prisonniers par César, 20 sénateurs romains ainsi qu’une quarantaine de chevaliers sont tués, dont l’ancien consul de Rome Domitius Ahenobarbus. Du côté césarien, le dictateur affirme ne déplorer la mort que de 200 légionnaires et de 30 centurions.
Cette victoire écrasante ne met pourtant pas un terme à la guerre civile. César contrôle l’Orient, mais pas tout l’Occident. Certains pompéiens, comme Metellus Scipion et Caton, ne suivent pas Pompée dans sa fuite et partent en Afrique lever une nouvelle armée. Ils seront vaincus à la bataille de Thapsus en -46. César doit encore mener une éprouvante campagne en Espagne qui se termine par sa victoire à la bataille de Munda en -45. Cicéron, qui s’était rangé du côté de Pompée mais qui n’avait pas pris part à la bataille, se rend à César, ainsi que Brutus, qui en -44 sera l’assassin de César.
Après sa défaite, Pompée s’enfuit par mer vers l’île de Lesbos, à Mytilène où l’attendent sa femme Cornelia et son fils Sextus Pompeius. Il espère rassembler une autre armée pour continuer la guerre et recrute 2 000 soldats. Cependant, lorsqu’il quitte Lesbos pour Rhodes, toutes les portes lui sont fermées dans tout l’Orient. Il décide donc de partir en Égypte, sûr que le pharaon Ptolémée XIII l’accueillera favorablement car c’est lui, Pompée, qui, lors de la campagne de son légat Gabinius en Égypte, l’avait remis sur le trône. Cependant, lorsqu’il débarque sur la terre d’Égypte, il est assassiné et décapité par le tribun Septimus, un de ses anciens centurions de la guerre contre les pirates en -67, qui travaille désormais pour les Égyptiens, et par Achillas, un des régents de Ptolémée, sur ordre de ce dernier.
De son côté, César poursuit Pompée jusqu’en Égypte. Achillas lui montre sa tête, pensant s’attirer les faveurs de César, mais ce dernier le fait exécuter avec tous les instigateurs de l’assassinat de Pompée, et met sur le trône d’Égypte la sœur du roi, Cléopâtre. Quittant le Nil, César continue sa lutte en Afrique contre les armées de Caton et Scipion, ainsi qu’en Espagne où les deux fils de Pompée seront finalement vaincus à la bataille de Munda en -45.
9 août 378 : Bataille d’Andrinople.
entre l’armée romaine, commandée par l’empereur romain Valens, et certaines tribus germaniques, principalement des Wisigoths (Goths Thervingues) et des Ostrogoths (Goths Greuthungues), commandées par Fritigern. Il s’agit d’un des plus grands désastres militaires de l’histoire de Rome, comparable à la défaite de Cannes. Cette bataille n’est pas due à une invasion, mais à une mutinerie des fédérés goths établis dans l’Empire romain. Cette bataille est considérée par certains historiens comme à l’origine du déclin de l’Empire romain d’Occident au Ve siècle.
Lire : Le jour des barbares d’Alessandro Barbero, Champs Flammarion, 304 pages, 8 €.
Lire également sur TB : Les Goths à la nation gothique, les origines de l’idée de nation en Occident du Ve au VIIe siècle
Valens
9 août 681 : les Bulgares d’Asparoukh fondent la Bulgarie du Danube, en tant que khanat.
Asparoukh, Isperikh, Asparouk ou Isperik « faucon hobereau » (hypothèse turque) ou « qui a des chevaux brillants » (hypothèse iranienne), khan des Bulgares, déplace puis sédentarise son peuple pendant la période tardive des Grandes invasions en Europe orientale. Selon les sources historiques, dont une chronique bulgare listant les premiers chefs de ce peuple — L’Annuaire des khans bulgares —, il aurait vécu 61 ans et il serait mort en 701. Les textes ne disent en revanche rien sur son année de naissance. Les sources byzantines font d’Asparoukh le troisième fils du khan Koubrat, fondateur de l’Onogourie. Il est issu de la maison princière des Doulo, régnant depuis 628 sur le territoire de l’Onogourie, également appelé la Grande Bulgarie.
À la mort de Koubrat, Asparoukh reconnaît l’autorité de son frère aîné Batbayan à la tête des Doulo. Mais quand l’Onogourie se disloque sous les coups du khanat khazar lors de l’invasion en 671, une partie de la population (entre 120 000 et 150 000 personnes) franchit le Dniepr et émigre vers l’ouest, sous la direction d’Asparoukh ; un de ses frères au moins quittera aussi l’Onogourie à ce moment-là avec une partie des Doulo pour des terres plus sûres. Asparoukh et ceux qui l’ont suivi s’installent dans un premier temps (671-680) dans la région située entre le Dniepr et les Carpates, mais aussi sur une partie de la Valachie (sud de la Roumanie actuelle ) ; Asparoukh s’établit dans le delta du Danube, un endroit stratégique pour repousser les assauts répétés des Khazars.
Durant ces neuf années, les Proto-Bulgares lancent régulièrement des raids sur les territoires au sud du Danube, soit la Mésie (Moesia, en latin) peuplée de tribus slaves et la Thrace sous contrôle byzantin. La tradition attribue d’ailleurs à Asparoukh la fondation de la ville de Drastar (actuelle Silistra), à l’endroit même où il aurait franchi le Danube pour établir son pouvoir au sud du fleuve.
Un raid particulièrement important est organisé en 679, qui se termine par la bataille d’Andrinople (Edirne) où l’armée byzantine bat les Proto-Bulgares. Cependant, l’installation des Proto-Bulgares sur les rives du Danube et leurs fréquentes incursions au sud du fleuve provoquent l’inquiétude à Byzance, où l’on considérait que les territoires au sud du Danube faisaient partie intrinsèque de l’empire et que le contrôle n’en était donc perdu que momentanément. À cela s’ajoute la crainte que les Slaves, établis au sud du Danube depuis 600-610 seulement et auparavant sous le joug avare, ne s’allient aux Proto-Bulgares. L’empereur Constantin IV en personne vient donc à la rencontre des Proto-Bulgares en 680.
On peut considérer que la guerre a commencé en 672 déjà, mais durant sept ans, les Proto-Bulgares ne rencontrent aucune résistance byzantine, le pouvoir central mettant toute son énergie dans le conflit l’opposant au califat arabe qui atteint son paroxysme entre 674 et 678. Après avoir réglé ce problème, l’empereur Constantin IV peut alors porter toute son attention sur sa frontière septentrionale pour en éloigner la menace proto-bulgare. La première action véritable de la guerre est donc la bataille d’Andrinople qui permet de repousser le danger pesant sur la Thrace.
L’empereur décide alors de porter la guerre au-delà du Danube, dans la région du delta. Une armée byzantine forte de quarante mille hommes franchit donc le fleuve au printemps 680, mais sa méconnaissance d’un terrain que les militaires impériaux n’ont plus fréquenté depuis plus de 80 ans et la présence d’une population slave de plus en plus inamicale la mettent rapidement en difficultés et prouvent l’erreur stratégique de Constantin IV. Le départ de ce dernier à Messembria (Nessebar) pour « soigner son arthrite » achève d’abattre le moral des troupes qui sont battues à plate couture par les guerriers proto-bulgares.
Durant l’été et l’automne 680, les Proto-Bulgares envahissent peu à peu la Thrace, et Byzance n’a plus d’autre choix que de chercher la paix. En 681, les deux parties concluent donc un traité qui cède aux Bulgares la Mésie jusqu’à la rivière Iskar mais à l’exception d’Odessos (Varna actuelle). Cette cession est en réalité purement formelle, l’autorité byzantine étant absente depuis longtemps de la Mésie. Quant aux Bulgares, ils s’engagent à ne plus lancer d’offensives au-delà de la chaîne des Balkans. Des liens commerciaux s’établissent entre les deux pays – et Byzance aurait par ailleurs payé un tribut aux Bulgares pour éviter d’autres attaques.
Asparoukh s’installe alors à Pliska qui devient sa capitale.
681 est donc l’année où Byzance reconnaît le potentat d’Asparoukh. Dans l’historiographie bulgare, c’est la date généralement acceptée pour la fondation de la Bulgarie.
8-9 août 1809 : bataille de Pontlatzer Brücke.
Les 8 et à Pontlatzer Brücke, près de Prutz, 920 Tyroliens dirigés par Roman Burger tentent une embuscade au colonel Burscheidt à la tête de 2 000 soldats du 10e régiment d’infanterie bavaroise et du 2e régiment de dragons, qui appartenait à la 3e division Deroy. Les Tyroliens infligent 200 tués et blessés à leurs ennemis, tout en capturant 1 200 hommes et deux canons. Les pertes des rebelles sont de sept tués seulement.
9 août 1862 : Bataille de Cedar Mountain (guerre de Sécession).
La bataille de Cedar Mountain, connue aussi en anglais comme battle of Slaughter’s Mountain (bataille de la Montagne du Massacre) — ou battle of Cedar Run (bataille du Ruisseau des Cèdres), eut lieu le 9 août 1862, dans le comté de Culpeper (état de Virginie), pendant la guerre de Sécession. C’est une victoire confédérée.
Les forces de l’armée de Virginie (unioniste) sous le général de division Nathaniel Prentice Banks rencontrèrent et attaquèrent les troupes de l’armée de Virginie du Nord (confédérée) qui, sous le général de division Stonewall Jackson, avaient été envoyées par Robert E. Lee vers Gordonsville pour arrêter la progression des Nordistes vers la Virginie centrale.
Les Confédérés furent d’abord repoussés par les hommes de Banks, mais une vigoureuse contre-attaque menée par A.P. Hill donna la victoire aux Sudistes. Les pertes en hommes (tant tués que blessés) furent importantes : environ 2 300 du côté unioniste, contre 1 300 du côté confédéré (dont le général de brigade confédéré Charles S. Winder, qui, déchiqueté par un obus, mourut peu après). Le 7th Ohio Infantry Regiment fut engagé dans un combat acharné au corps à corps. Des trois cents hommes engagés du régiment, seuls cent en réchappèrent indemnes. Le 7th Ohio Infantry souffrit plus que tout autre régiment de l’Union dans cette bataille.
La bataille de Cedar Mountain fut la première bataille de la campagne de Virginie Septentrionale, qui se termina par la défaite des Unionistes lors de la seconde bataille de Bull Run.
9 août 1918 : dernier tir d’un Pariser Kanone sur Paris.
Les Pariser Kanonen (c’est-à-dire les « canons parisiens ») sont sept pièces d’artillerie à très longue portée utilisées au cours de la Première Guerre mondiale par l’armée allemande pour bombarder Paris. Par la longueur du canon, elles sont les plus grandes pièces d’artillerie en service durant la Grande Guerre.
Surnommés la « Grosse Bertha » par les Français, bien que ce nom désigne un autre canon pour les Allemands, les Pariser Kanonen tirent à plus de 120 km de distance.
Armes de la guerre psychologique destinées à terroriser la population, ces canons ont envoyé un total de 367 obus sur Paris et les communes environnantes, entre le et le , causant la mort de 256 personnes.
Le canon dit Pariser Kanone est conçu par l’état-major allemand comme une arme psychologique, destinée à terroriser les Parisiens, les désordres et les manifestations ainsi suscités étant censés pousser le gouvernement français à demander un armistice. C’est l’ingénieur allemand Rausenberger qui conçoit un canon de 750 tonnes, tirant depuis des plates-formes métalliques démontables.
Sept tubes sont construits dans les usines Krupp d’Essen et les usines Škoda de Plzeň.
- Longueur du tube : 34 à 36 mètres. Le tube était une juxtaposition de 3 tubes usagés de canons de calibre 380 mm, dans lesquels était inséré un tube réducteur au calibre 210 mm. Afin d’éviter la pliure, voire la rupture d’un tel fût, un solide haubanage partant d’un mât central renforce et soutient le canon sur toute sa volée.
- Calibre : 210 mm. Les munitions étaient toutes des obus de 210 mm chemisés entre 210 et 240 mm pour s’adapter à l’usure progressive du tube provoquée par l’effet d’arrachement des projectiles. Le tube était usé après 65 coups ; chaque obus était numéroté de 1 à 65. Ces obus devaient être tirés dans l’ordre, puisqu’ils étaient d’un diamètre de plus en plus élevé pour compenser l’usure du tube ; une erreur dans l’ordre de tir aurait pu se traduire par l’explosion du canon par suite du coincement du projectile dans le tube. Le 65e tiré, il fallait changer le tube, qui était alors renvoyé chez Krupp pour rechemisage et fabrication d’une nouvelle série d’obus.
- Diamètre du canon : 1 m au tonnerre
- Poids du tube : 175 tonnes.
- Poids du canon : 750 tonnes (avec la plate-forme de tir).
- Poids de l’obus : plus de 125 kg
- Charge propulsive : 150 à 200 kg de poudre selon la distance de la cible.
- Portée maximale : 128 km sous un angle de tir fixe de 55° (réglage de la portée par la charge propulsive).
- Vitesse initiale du projectile à charge maximale : 1 500 à 1 600 soit plus de Mach 5.
- Temps de vol du projectile : 180 à 210 secondes.
Les obus tirés étaient déviés de près de 1 600 mètres par la force de Coriolis.
L’obus tiré atteint l’altitude maximale de 40 km à l’apogée de sa trajectoire. Ce fut longtemps le record d’altitude atteint par un objet lancé par l’Homme (jusqu’à l’invention de la fusée V2 lors de la Seconde Guerre mondiale). Le projectile avait ainsi une trajectoire essentiellement dans les couches les moins denses de l’atmosphère, subissant moins de frottement, ce qui allongeait sa portée.
Le Pariser Kanone multiplie par quatre la portée maximale de l’artillerie de l’époque, la passant de 30 à 120 km.
En revanche, sa mise en œuvre est complexe :
- des plates-formes de tir doivent être aménagées, soit en béton (12 m2 et 4 m d’épaisseur), soit en adaptant des plates-formes en acier destinées aux canons de 380 mm ;
- le canon, très lourd, ne peut être acheminé que par voie ferrée, qui doit donc aller jusqu’à ces plates-formes ;
- l’affût de 575 t devait être descendu du train et mis en place pour recevoir le canon ;
- le tube doit être changé tous les 65 coups à cause de l’usure ;
- des abris pour les officiers, le personnel, les générateurs électriques, ainsi que des communications abritées entre ces installations doivent être aménagés avant la mise en œuvre du canon.
Les tirs étaient donc extrêmement coûteux.
8-9 août 1942 : Bataille de l’île de Savo (Pacifique).
La bataille de l’île de Savo (également connue sous le nom de première bataille des Salomon fut le premier engagement naval entre la marine impériale japonaise et la marine américaine durant la bataille de Guadalcanal dans le théâtre Pacifique de la Seconde Guerre mondiale.
En réponse aux débarquements alliés dans l’est des îles Salomon, le vice-amiral Gunichi Mikawa emmena la 8e flotte de la marine impériale japonaise, composée de sept croiseurs et d’un destroyer et basée en Nouvelle-Bretagne et en Nouvelle-Irlande, dans le détroit de Nouvelle-Géorgie pour attaquer les forces alliées. Les débarquements étaient couverts par huit croiseurs et quinze destroyers sous le commandement du contre-amiral britannique Victor Crutchley, mais seuls cinq croiseurs et sept destroyers participèrent à la bataille. Mikawa attaqua par surprise et mit en déroute la flotte alliée. Les Japonais coulèrent un croiseur australien et trois croiseurs américains tout en ne déplorant que des dégâts légers. La force de Mikawa se retira immédiatement après la bataille sans tenter de détruire les transports alliés réalisant les débarquements.
Les navires alliés et la force de débarquement se retirèrent des îles Salomon, cédant ainsi temporairement le contrôle des mers autour de Guadalcanal aux Japonais. Les troupes alliées débarquées deux jours auparavant sur Guadalcanal et les îles alentour se retrouvèrent dans une position précaire avec à peine assez de ravitaillement et de munitions pour contrôler les territoires conquis. Néanmoins, le fait que Mikawa n’ait pas détruit les transports alliés quand il en avait l’occasion se révéla une grave erreur stratégique, car les Alliés conservèrent leurs positions sur Guadalcanal et sortirent finalement victorieux de la campagne.
9 août – 2 septembre 1945 : offensive soviétique de la Mandchourie.
L’offensive soviétique de Mandchourie, aussi appelée invasion soviétique de la Mandchourie, officiellement nommée opération offensive stratégique en Mandchourie, fut l’une des dernières grandes opérations de la guerre du Pacifique, en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Déclenchée entre les deux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, elle vit la libération par l’Armée rouge de la Mandchourie, qui était alors le protectorat japonais du Mandchoukouo, ainsi que de divers territoires envahis par l’empire du Japon durant sa période expansionniste, comme la Corée. L’opération est également surnommée ‘opération Tempête d’août’ depuis 1983 par l’historien américain David Glantz.
C’est l’une des plus importantes opérations militaires de la Seconde Guerre mondiale, tant dans sa phase de préparation où environ un million d’hommes et des quantités importantes de matériel sont déplacées sur plus de 9 000 km à travers la Sibérie, que dans sa phase opérationnelle, le champ de bataille faisant plus de 4 000 km de large et 800 de profondeur. Elle se solde par une victoire soviétique contre l’armée japonaise du Guandong dans la guerre soviéto-japonaise. Selon de nombreux historiens, c’est le principal évènement qui accélère la capitulation japonaise, le 15 août 1945.
Le 1945, l’empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon et un cessez-le-feu est déclaré dans la région. Les gouvernements collaborateurs du Mandchoukouo et du Mengjiang cessent d’exister.
Commencée entre les deux bombardements atomiques américains, trois jours après celui d’Hiroshima et quelques heures avant celui de Nagasaki, l’attaque soviétique est, avec les frappes nucléaires, l’un des facteurs décisifs de la reddition du Japon. Le gouvernement japonais souhaitait notamment éviter l’occupation de son territoire national par les Soviétiques, ce qui aurait ruiné les espoirs de survie du système impérial.
Les Soviétiques profitent de leur présence sur place pour opérer un pillage en règle de la Mandchourie, notamment en démantelant et transférant en URSS l’essentiel des infrastructures et des installations industrielles de l’ex-Mandchoukouo, au grand dam du Parti communiste chinois. L’armée soviétique acquiert durant ces opérations une expérience dans les opérations amphibie et aéroportées.
Tchang Kaï-chek, n’ayant pas de troupes en Mandchourie, négocie avec les Japonais pour éviter qu’ils se retirent trop tôt, ce qui aurait eu pour conséquence la prise de contrôle de la région par les communistes. Il fait transmettre aux troupes japonaises restées sur place l’ordre de ne pas remettre leurs armes aux communistes et d’attendre l’arrivée des soldats du Kuomintang. Tchang ne peut cependant empêcher qu’une partie des territoires conquis par l’armée soviétique en Mandchourie soient investis par les troupes du Parti communiste chinois, qui gagne ainsi de précieuses bases d’opération, tandis que la guérilla communiste locale opère sa jonction avec les troupes régulières du PCC. Les communistes chinois installent leur pouvoir à Harbin et s’étendent vers le sud. La conquête définitive de la Mandchourie par les communistes est, à la fin 1948, l’un des faits décisifs de la guerre civile chinoise.
La position géopolitique de l’URSS se voit considérablement améliorée par cette offensive :
- la menace japonaise est écartée ;
- les empires coloniaux européens en Asie sont fragilisés ;
- l’annexion de Sakhaline et des îles du sud de l’archipel des Kouriles donne un accès au Pacifique à la flotte soviétique de Vladivostok, qui auparavant était enfermée dans sa rade. De plus, quelques industries encore en bon état sont installées dans le sud de Sakhaline, ce qui donne plus de valeur à ce territoire ;
- son armée occupe le nord de la Corée, ce qui permet la mise en place du régime communiste coréen et constitue le prélude à la guerre de Corée. Ici, l’URSS aurait pu obtenir plus, car les Américains étaient trop loin pour empêcher les Soviétiques d’occuper toute la péninsule ; leur proposition de division de la Corée sur le 38e parallèle, faite à la hâte, est acceptée par la partie soviétique, qui aurait pourtant pu aussi bien diplomatiquement que militairement occuper toute la péninsule.
Le renforcement de la position générale de l’URSS dans la région lui permet encore d’améliorer sa position dans les négociations avec la Chine : ainsi, alors que les accords de Yalta prévoyaient un retour au statu quo pour la Mongolie (c’est-à-dire, pour la Chine, un retour sous sa domination), Staline obtient qu’elle reste indépendante, c’est-à-dire un de ses satellites.
L’occupation du sud de l’archipel des Kouriles constitue encore aujourd’hui un différend territorial entre le Japon et la Russie, qui l’a hérité de l’URSS.
9 oût 1945 : bombardement atomique de Nagasaki.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le à 11 h 02 du matin, le B-29 Bockscar piloté par Charles Sweeney, parti de Tinian dans les îles Mariannes du Nord, largua la bombe atomique Fat Man sur la ville : elle explosa à 580 m d’altitude, à la verticale du quartier Urakami. Ce fut la seconde explosion nucléaire au Japon, trois jours après celle d’Hiroshima. L’objectif initial du B-29 était la ville de Kokura, dans le nord de Kyushu, devenue aujourd’hui un quartier de la ville de Kitakyūshū. Les trois tentatives échouent, d’une part à cause du mauvais temps, d’autre part à cause de la fumée venant de Yahata, située à seulement 7 km à l’est de Kokura, et qui avait été bombardée la veille. De plus, un écran de fumée avait été créé à Kokura par des ouvriers en brûlant des barils de goudron pour gêner un éventuel bombardement.
Cette bombe était une bombe au plutonium d’une puissance de 21 à 23 kilotonnes, différente de celle d’Hiroshima (uranium 235, d’une puissance de 15 kilotonnes), mais semblable à celle de l’essai Trinity, réalisé à Alamogordo, le .
Le scénario d’Hiroshima se reproduisit, à peine moins meurtrier. En effet, la topographie de Nagasaki en fait un site plus ouvert alors que les collines ceignant Hiroshima avaient amplifié les effets dévastateurs de l’explosion.
Quelque 35 000 des 240 000 habitants de Nagasaki furent tués, y compris 23 200 à 27 200 ouvriers japonais, 2 000 travailleurs forcés coréens, 150 soldats japonais, et huit prisonniers de guerre alliés. Si la cathédrale chrétienne d’Urakami, le principal lieu de culte catholique du Japon, presque à l’aplomb du largage (dit hypocentre), confondue avec un bâtiment portuaire, fut entièrement détruite, « le jardin de l’Immaculée », le couvent franciscain construit derrière la crête d’une colline au-dessus de Nagasaki par Maximilien Kolbe, fut épargnée. Initialement, le bombardier devait viser les quais Mitsubishi.