IN MEMORIAM – Paul WEIL, résistant-déporté (décédé le 20 décembre 1980)

Issu d’une famille alsacienne installée à Versailles après la défaite de 1870, Paul Weil est né le 8 mars 1916 à Versailles. Il passe son enfance rue de la Paroisse et suit ses études secondaires au lycée Hoche. Paul Weil est étudiant en médecine lorsqu’éclate la guerre.

Exempté de service militaire en 1936 pour des raisons médicales, il sollicite le 1er septembre 1939 la permission du préfet de Seine-et-Oise d’être incorporé sans délai dans l’armée française, et « en tant que juif (…) d’être placé dans une zone dangereuse en en première ligne ».

Le 27 novembre 1939, il est affecté à la 22e section d’infirmiers militaires (caserne Mortier, Paris). En janvier-février 1940, il suit les cours de l’École des officiers de réserve de Rouen. Fait prisonnier le 19 mai 1940 dans sa formation sanitaire (hôpital d’orientation et d’évacuation n° 2) à Marcoing, il est interné au Fronstalag 101 à Cambrai (Nord). Il s’en évade le 30 octobre 1940 et rejoint alors Clermont-Ferrand où est repliée l’université de Strasbourg, vivier de la résistance estudiantine. Il y reprend ses études de médecine et devient l’assistant du Professeur Waitz.

Paul Weil s’engage dans le réseau Mithridate et, en décembre 1941, dans les mouvements Combat puis Franc-Tireur. Lors du procès de Riom (février-avril 1942), il est appelé avec deux camarades, par maître Spanien, l’un des avocats de Léon Blum, à résumer tous les soirs les comptes-rendus secrets du procès qui étaient ensuite envoyés à l’étranger et en particulier aux États-Unis. En dépit des consignes de censure données à la presse, les propos de l’homme politique rencontrent un large écho dans l’opinion.

Paul Weil est arrêté une première fois le 30 avril 1942 par la police française après avoir collé dans Clermont-Ferrand des affichettes appelant la population à manifester le lendemain devant la statue de la Liberté, place Lafayette. Il est relâché faute de preuves après son interrogatoire par un juge d’instruction complaisant.

Devenu chef de groupe au sein du mouvement Franc-Tireur, il est arrêté une seconde fois le 14 décembre 1942 suite à la destruction du siège du Parti populaire français à Vichy. Emprisonné à Clermont-Ferrand, à Cusset dans l’Allier (janvier 1943) puis à la prison Saint-Paul de Lyon (mai 1943), il est condamné le 23 juillet 1943 à cinq ans de travaux forcés par le tribunal d’État de Lyon pour activité antinationale et détention d’armes et d’explosifs.

Paul Weil est transféré à la maison centrale d’Eysses le 2 août 1943. Pendant tout le temps de son incarcération dans les maisons d’arrêt de Clermont-Ferrand, Cusset, Saint-Paul et Eysses, ce jeune médecin en formation transcrit quotidiennement ses sentiments et ses réflexions dans un journal intime destiné à sa fiancée. Embauché à l’infirmerie d’Eysses en octobre 1943, au moment où les détenus politiques obtiennent de tenir les postes généraux, il utilise le temps restant pour rédiger sa thèse et donner des conférences à ses co-détenus sur le cancer, la tuberculose ou encore l’alcoolisme.

En tant que responsable du service médical de l’infirmerie, il est soupçonné d’avoir utilisé son poste pour diriger l’organisation clandestine et donc tenu personnellement responsable des armes retrouvées enterrées dans la cour de l’infirmerie après la reddition des détenus qui avaient tenté une évasion collective le 19 février 1944. Le 23 février, il est contraint de « défiler » devant les corps de ses camarades qui viennent d’être fusillés par les gardes mobiles de réserve (GMR) dans la cour de la buanderie de la centrale d’Eysses. Il est violemment malmené par les hommes de la brigade spéciale de Limoges et mis au secret comme otage au quartier cellulaire. Le 30 mai 1944, Paul Weil et ses co-détenus sont livrés aux Allemands puis envoyés au camp de Royallieu à Compiègne.

Déporté à Dachau par le convoi du 2 juillet 1944 dit « train de la mort », il est transféré au camp de Stutthof (Prusse Orientale) le 18 septembre 1944. Evacué en Poméranie en février 1945, il parvient à s’évader le 11 mars 1945 à Putzig. Avec deux camarades, ils prennent possession de l’hôpital local pour soigner la population civile. A la demande d’un colonel russe nommé Voulichmann, Paul Weil sert comme chirurgien à l’ambulance soviétique 42/44 (42e armée). Il est rapatrié par Lübeck et accompagné jusqu’à la ligne russo-anglaise par un sous-officier chargé de faciliter son voyage. Paul Weil est de retour en France le 11 juillet 1945.

Il reprend alors l’externat à Paris et soutient sa thèse de médecine le 21 juin 1946 (Rôle du facteur Rh dans les accidents de la transfusion sanguine, Jouve, 1946, 72 p.). Inscrit à l’ordre des médecins de Seine-et-Oise le 11 juillet 1946, il devient quelques années plus tard chef du centre de transfusion sanguine de Versailles. De 1961 à 1979, Paul Weil est président de l’Amicale des anciens détenus d’Eysses.

En juillet 2004, pour rendre hommage au destin exceptionnel de ce médecin versaillais, le Conseil municipal a décidé de donner son nom au rond-point, carrefour des rues Champ-Lagarde et Vauban et d’apposer une plaque commémorative sur son immeuble au 87, avenue de Saint-Cloud, où il s’est éteint le 20 décembre 1980.

Paul Weil est titulaire de la médaille de la Résistance française par décret du 29 novembre 1946.

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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