IN MEMORIAM – Vice-amiral Amédée COURBET (décédé le 11 juin 1885)

Amédée Courbet, né le  à Abbeville et mort le  à Makung aux îles Pescadores, est un vice-amiral français.

Il se distingue particulièrement durant l’expédition du Tonkin au commandement de la « Division navale des côtes du Tonkin » (1883), puis au corps expéditionnaire du Tonkin (1883-1884) et enfin comme commandant en chef de l’escadre d’Extrême-Orient (1884-1885) durant la guerre franco-chinoise.

Après son baccalauréat, il part à Paris à l’institution Favart, et il suit les cours du lycée Charlemagne. À la fin de l’année scolaire 1845-1846, il obtient le second prix de mathématiques spéciales. En 1847, sur 126 élèves reçus, il entre dans les quinze premiers à l’École polytechnique, dans la promotion de Bouquet de la Grye.

Le , la Révolution éclate. Les polytechniciens s’élancent dans Paris insurgé. Anatole Courbet a le grade de sergent-major, et, à ce titre, entraîne et commande ses camarades.

Le directeur du journal Le National, Armand Marrast, devenu maire de Paris, fait alors la connaissance d’Anatole Courbet. Il lui propose de venir travailler avec lui, à la fois au journal et à l’hôtel de ville. Il devient également le secrétaire du gouvernement provisoire. Observant les hommes politiques changer d’avis régulièrement, Anatole Courbet est déçu. Il comprend qu’il ne sera jamais un homme politique. Il écrit cette phrase bien après ces événements : « Quand je pense qu’il y a aujourd’hui trente-six ans, je risquais ma peau dans les rues de Paris pour préparer l’avènement de ces polichinelles-là… Ce remords me poursuivra jusque dans la tombe… ».

Après cela, Courbet retourne à ses études et sort 56e à l’examen final. Ses examinateurs notent : « goût prononcé pour la Marine : pourra faire un bon officier ».

Lors de la promotion de 1849, nommé aspirant de 1re classe, il est dirigé d’office sur le port de Toulon pour être embarqué sur le navire L’Océan.

Il arrive à Toulon en octobre 1849. Son premier vaisseau à embarquer en tant que jeune aspirant est L’Océan. Ensuite, le , il embarque sur une corvette à voiles La Capricieuse. De Toulon il gagne Valparaiso, Gambier, Marquises, Tahiti, Macao…

Puis Courbet reçoit l’ordre d’embarquer sur L’Olivier qui a charge de poursuivre les pirates levantins pendant la Guerre de Crimée. Il est nommé enseigne de vaisseau en 1854 et lieutenant de vaisseau le . Sur le Coligny, il participe à une tournée des « presidios » espagnols au Maroc (Peñón de Vélez de la Gomera, Peñón de Alhucemas, Melilla et les îles Zaffarines).

Au début de l’année 1858, un ordre de mission l’envoie à Lorient pour faire du service à terre. Courbet n’aime guère cela. Il embarque sur le vaisseau-école Le Suffren. Ensuite, le , il est promu capitaine de frégate.

En , Courbet embarque sur Le Talisman pour une mission aux Antilles le . Il retourne aux Antilles à bord de La Minerve et, le , il est promu au grade de capitaine de vaisseau.

Nommé chef d’état-major général de l’amiral d’Hornoy, il monte à ce titre à bord du cuirassé Le Richelieu le . Pour la première fois, Courbet a en mains une flotte entière composée de neuf cuirassés et cinq croiseurs. Courbet remplit sa mission avec zèle. L’amiral Jauréguiberry le convoque à son cabinet le  pour lui proposer sa nomination à la fonction de gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, contre son gré, puisqu’il ne souhaite pas dépendre d’hommes politiques républicains.

Nommé au poste de gouverneur en juin, il devient à la fois officier colonial et administrateur civil. Il débarque à Nouméa le , est promu contre-amiral en septembre et reste gouverneur de Nouvelle-Calédonie jusqu’au , date à laquelle il remet ses pouvoirs à son successeur, Pallu de la Barrière. Son séjour calédonien, dans une conjoncture politique difficile, est émaillé de conflits avec le conseil municipal de Nouméa et avec une partie de la presse locale.

Les dossiers locaux qu’il a à traiter sont évidents : législation sur la presse, bagne, sauterelles, Malabars, fête nationale, collège de Nouméa, réorganisation de la justice, amélioration du fonctionnement des commissions municipales, opposition constructive au conseil municipal de Nouméa (conseiller Mourot, etc), arrêt de l’émigration des Néo-Hébridais.

Courbet quitte la Nouvelle-Calédonie pour Sydney, puis la France, le surlendemain, heureux d’être débarrassé de « cet odieux gouvernement ».

Le , une dépêche arrivée d’Indochine bouleverse la France entière : celle du massacre de plusieurs soldats et marins français par les Pavillons noirs.

Le , Courbet est nommé commandant en chef de la « Division navale du Tonkin ».

Il part pour la Cochinchine sur le Bayard, dont le nom reste inséparable du sien, et, le , il arrive devant Saïgon. Les ordres sont simples : agir et vite. Le 18 août, l’escadre écrase les forts de Thuận An et le 20, après une bataille féroce, la France emporte la ville contre les Annamites, grâce au contre-amiral Courbet. Le 25, le roi Hiep-Hoa signe un traité en reconnaissant le protectorat français.

Courbet se voit confier le  le commandement en chef des forces de terre (corps expéditionnaire du Tonkin) et de mer.

Le 16 décembre, il se distingue lors de la prise de Sontay aux Pavillons noirs, après avoir dirigé en personne l’offensive d’un monticule. Visible de tous et soumis au feu nourri des défenseurs chinois, il demeure d’un sang-froid absolu, inspirant le respect y compris aux soldats de l’armée de terre, qui n’ont guère l’habitude d’être commandés par un marin.

Il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur le 20 décembre.

Il est néanmoins remplacé à la tête du Corps expéditionnaire du Tonkin par le général Millot, ce qui l’affecte profondément.

Le 1er, il est nommé vice-amiral. Dans cette guerre franco-chinoise, les victoires s’enchaînent le  Bac-Ninh est pris ; puis Fou-Tchéou, Keelung, Penghu. Le , la dernière place forte aux mains des Pavillons noirs, Hong-Hoa, est prise à son tour.

Le , 600 soldats français, marchant sous le commandant Dugenne vers Lang-Son, sont attaqués par 6 000 réguliers chinois et 22 sont tués au cours de l’embuscade de Bac Le.

À la suite de cette affaire, la guerre limitée au Tonkin est portée sur le littoral chinois. Le , la guerre contre la Chine commence officiellement et il reçoit le commandement de l’Escadre d’Extrême-Orient, nouvellement créée en réunissant la Division navale des côtes du Tonkin avec la Division navale d’Extrême-Orient.

Courbet a sous ses ordres un aviso, trois croiseurs, trois canonnières, et deux torpilleurs. Les Chinois ont onze bâtiments de guerre, douze jonques de guerre et sept canots torpilleurs à vapeur.

Le vice-amiral Courbet descend du 23 au 26 août 1884 avec sa flotte la rivière de Min, pour détruire toutes les forteresses sur son passage. C’est la « descente de la rivière Min ». Courbet est alors surnommé « le terrible Coupa ». Les forts Mingan, Kimpaï, Blanc et la flotte chinoise sont réduits au silence au cours de cette bataille de Fuzhou.

Le , le gouvernement lui décerne la médaille militaire.

Courbet reçoit l’ordre de s’emparer de Formose ou, à défaut, d’en opérer le blocus. Il tente de convaincre le gouvernement que les forces dont il dispose ne lui permettront pas de se rendre maître d’une île quatre fois plus grande que la Corse. C’est peine perdue, il arrive donc sur place le 1er . Il faut attendre le  pour que Courbet, lançant ses canots porte-torpilles, coule plusieurs bateaux chinois dans la rade de Shei Pou. Dans un courrier adressé à son ministre de tutelle, il n’oublie pas de rappeler modestement le rôle des hommes qu’il a sous son commandement : « Avec des officiers et des hommes de cette trempe on peut entreprendre tout ce qui est praticable ».

Courbet fait appel au jeune capitaine Joffre, le 19 février 1885, et le nomme Chef de Génie du corps de Formose. Joffre sera chargé de reconstruire les fortifications de l’ile.

Courbet prend part de façon décisive à la campagne des îles Pescadores, fin mars 1885, et les Français occupent cet archipel chinois. Courbet est dès lors considéré en France métropolitaine comme un héros national.

Peu après, sa santé décline lentement, rongé depuis deux ans par le choléra. Dès le , ses forces diminuent. Le , l’agonie commence ; le soir à 21 h 30, le docteur Doué annonce « Messieurs, l’amiral Courbet est mort ». Il est mort à bord du Bayard, son navire. Du simple matelot à ses officiers, tous s’inclinent devant sa dépouille. Celle-ci est déposée dans un cercueil de plomb, un de chêne, un troisième en zinc et le dernier en teck.

La dépouille de l’amiral est ramenée en France à bord du Bayard. Le , le navire mouille aux Seychelles et le  à Port-Saïd. Le , le cercueil de Courbet arrive à Paris. Les marins du Bayard le transportent dans la cour d’honneur de l’hôtel des Invalides où les honneurs militaires lui sont rendus. Le ministre de la Marine, Charles-Eugène Galiber et le président du Conseil, Henri Brisson lui rendent un hommage officiel à la Chambre et au Sénat.

Le sabre de l’amiral Courbet a été déposé dans la chapelle « Marine » de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Par testament, il lègue « ses économies en espèces et ses valeurs mobilières » à la Société de sauvetage en mer de la baie de Somme. Il est enterré au cimetière de la Chapelle d’Abbeville.

  • Médaille militaire (13 septembre 1884)
  • Grand officier de la Légion d’honneur (20 décembre 1883)
  • Officier d’académie

 

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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